One More Night

« Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. » ► RIMBAUD

McCawley allait réellement souffrir. La soirée romantique qui nous avions prévu était bien entendu tombée à l’eau. Je commençais à me dire que nous n’étions vraiment pas faits pour être ensemble… Trop différents, ou trop semblables, trop anesthésiés par rapport aux histoires d’amour et aux sentiments… Handicapés des sentiments, nous n’étions que ça. Des enfants qui pensaient tout connaitre de l’amour et qui étaient déjà bien trop déçus. Mais j’étais capable de passer au-dessus de tous ses aprioris, du fait qu’il me prenait pour une diva narcissique et cruelle, qu’il m’utilisait pour rendre jalouse une autre fille. Parce qu’après tout j’avais fait pareil. Mais qu’il me prenne pour ne idiote, qu’il me laisse en plan en plein milieu de la piste de danse, sans aucune autre explication… Je ne pouvais pas le supporter. Après avoir passé mes nerfs aux abords de la forêt interdite j’avais pensé m’introduire dans la salle commune des poufsouffles pour lui balancer ses quatre vérités mais c’était trop risqué et ce n’était pas du tout mon style… De m’accrocher comme cela a un homme, c’était eux qui devaient me courir après, j’étais Salamandra Malefoy et pas une roturière de bas étages comme toutes ses minettes qui se prenaient pour les reines. Alors j’avais changé d’avis et avais décidé de rejoindre les cachots. Peut-être pas pour participer à l’after qui devait déjà être bien entamé, je n’étais pas vraiment d’humeur mais j’avais bien l’intention de lui faire comprendre que je n’avais aucun besoin de lui, lui montrer qu’il n’était pas irremplaçable et que même si nous devions être mariés je pouvais vivre une histoire d’amour à mon aise avec quelqu’un d’autre. Je ne savais pas si je voulais le tromper, si j’allais le tromper, mais il fallait qu’il comprenne. « Sans rire… » Lâchai je en croisant deux jeunes se bécoter dans un coin du grand hall. C’était n’importe quoi, les jeunes de nos jours n’avaient plus aucune pudeur remettant mes cheveux en place, un sourire amusé sur le visage je m’approchai d’un pas rapide d’eux avant de les apostropher sèchement : « Non mais sérieusement vous ne pouvez pas aller faire ça ailleurs ? Vous êtes vraiment écœurants ! Dépêchez-vous de sortir d’ici ou alors je me verrai dans l’obligation de vous enlever des points et vous savez que j’adore ça. » Finis je en faisant un clin d’œil avant de les observer récupérer leurs vestes et se presser vers une salle commune ou une salle désaffectée. Si je ne pouvais pas être heureuse ce soir-là alors personne ne le serait.

Sans m’embêter je passai au milieu d’un groupe couple, allant même jusqu’à marcher sur la robe, bien trop longue d’une demoiselle qui me lança un regard mauvais avant de voir à qui elle avait à faire et de garder ses réflexions pour elle. Bientôt, je me retrouvai dans les cachots, les bruits de la fête arrivaient déjà jusqu’à mes oreilles, j’avais une terrible envie de les rejoindre en réalité alors, allant troquer ma longue robe de bal en robe de soirée, beaucoup plus confortable je me glissai jusqu’au fin fond des cachots et m’approchai de la table à alcool. J’en avais bien besoin pour tout dire. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait la fête ainsi, il fallait dire qu’à Poudlard, ce n’était pas toujours la joie. C’était bien mignon comme école mais il n’y avait pas beaucoup de fêtes dignes de ce nom. A peine quelques dizaines de minutes plus tard, j’avais quasiment oublié mes soucis de début de soirée, dansant au milieu des autres élèves, qui n’étaient pas tous des hommes en couples sans intérêt je me faisais aguicheuse. Après des semaines, presque des mois sans draguer un bel apollon j’étais ravie de retrouver mes vieilles habitudes de croqueuse d’hommes. M’arrêtant pour rejoindre à nouveau la table à boisson je me pris un autre verre, je ne savais même pas ce qu’il y avait à l’intérieur mais cela m’était égal. C’était de l’alcool, c’était fort et ça faisait du bien. Jetant un œil autour de moi je remarquai un jeune homme, qui m’avait toujours fait de l’œil depuis son arrivée en septembre. Un bulgare… De Durmstrang, c’était décidément sexy. J’avais eus l’occasion de faire un peu connaissance avec lui, étant préfète, je ne pouvais que l’aider à s’intégrer mais il n’avait pas vraiment eut besoin de mon aide. Ce n’était pas plus mal, j’aimais les hommes qui savaient se débrouiller par eux-mêmes. Même si je le connais plutôt mal. M’approchant de lui d’une démarche féline je posai ma main sur son épaule, le surprenant surement dans sa conversation je lui susurrai à l’oreille : « Dis-moi, beau bulgare, m’accorderai tu quelques minutes de ton précieux temps ? » Je doutais qu’il ose me dire non, mais après tout je pouvais commencer à douter de mes capacités à séduire les hommes. Je m’étais faite larguée, puis abandonnée par mon fiancé… C’était d’une tristesse. Mais j’avais bien envie de faire tourner la chance avec Sixte.

One More Night

« Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. » ► RIMBAUD

Décidemment je sentais que la soirée allait être déplaisante en tous points. Le ton cassant de Sixte n’était pas lié qu’à ses origines et j’eus soudain envie de pleurer. Je n’arrivais pas à croire que toute ma vie s’écroulait petit à petit devant mes yeux sans que je ne puisse rien faire. Tout d’abord, ma lycanthropie, même si cela faisait bien longtemps que j’avais à supporter cette malédiction elle me pesait toujours autant, ensuite, l’échec de mon couple avec Tobias, je pense que jamais je ne me suis sentie aussi salie et humiliée… Pour ne rien arranger, mes parents m’avaient inventé des saletés de fiançailles avec un sang mêlé… Je n’étais même pas au courant du fait qu’il n’était pas sang pur… En quoi mes parents auraient voulu le répéter ? Et surtout, comment la famille McCawley avait-t-elle été mise au courant de ma lycanthropie ? Mais bon Dieu, pourquoi des fiançailles ? Comme si c’était utile pour garder notre secret. Et en plus, je jetais le déshonneur sur ma famille on léguant un sang mêlé à mes enfants… De ce fait, j’espérais vraiment ne pas en avoir… Avec moi, s’éteindrait cette possible honte… Mais je savais bien que, chez les sangs purs, un couple sans enfant n’était pas un beau couple. Mais nous n’étions pas un beau couple, je le savais bien, nous étions tout sauf assortis, et en plus, il n’y avait pas de sentiments, et un couple sans sentiments n’était jamais un beau couple, j’étais bien placée pour le savoir, cela faisait partie de mon quotidien… Laissant échapper un léger rire je me reculais un peu, ayant remarqué qu’il n’appréciait pas vraiment ce contact plutôt rapproché… « Un couple ? Oh je t’en prie laisse-moi rire ! On est tout sauf un couple. Cette histoire n’est qu’une grosse blague je suis toujours en train de me demander ce qu’on fout ensemble. Non mais allo quoi… As-tu déjà vu un couple aussi mal assorti ? C’est d’une tristesse… Mes parents n’ont vraiment pas pensé à mon image en nous présentant. » Je secouai la tête, plutôt agacée, je doutais qu’il comprenne, sachant que selon toutes les personnes de ce château, nôtre couple s’était créé tout simplement sans qu’il n’y ait d’histoires de fiançailles ou je ne sais quoi d’autre. Alors que c’était tout l’inverse… « Et puis, en plus je ne pleure pas, ce n’est pas comme si j’avais été déçue, j’aurais dû m’y attendre, tous les hommes sont des ingrats quand il s’agit de la compagnie d’une femme. Une fois qu’ils ont eu ce qu’ils voulaient, tu ne peux plus leur arracher un regard. » J’avais l’air d’une fille frustrée qui n’avait pas eus de relations depuis des années alors que j’étais en plein de dedans et que je n’avais jamais eus de passage à vide mais je commençais à être lassée de tout ça…

Buvant un nouveau verre je haussai un sourcil alors qu’il tentait, vainement de paraitre moins froid, moins détaché… Le fixant d’un regard mi blasée mi intéressé je répondis en m’appuyant contre un mur du cachot : « Je viens t’arracher des griffes de l’ennui… Non plus sérieusement, si tu ne veux pas de ma compagnie, je trouverai surement un autre homme pour m’arracher à ma triste solitude, mais je dois avouer que ce n’est pas pour rien que c’est toi que je suis venue voir, en dehors du fait que les gens de l’Est tiennent généralement beaucoup mieux l’alcool. » Je fis un léger sourire, je connaissais peu Sixte en réalité, il était plus proche de ma cousine, Alesya, mais je pouvais tout de même tenter ma chance. Sinon, je trouverai bien quelqu’un d’autre. Mes yeux brillèrent dans l’obscurité ambiante des cachots. Je fis la moue, je venais de voir Tobias entrer dans la pièce, je ne voyais pas avec qui il était mais c’était surement une de ses nouvelles conquêtes… Il en avait toujours de nouvelles, en vérité je n’avais été qu’une passade pour lui, il s’était amusé avec moi, m’avait arraché tous les sentiments possibles et m’avait tout balancé à la tête par la suite… Je comprenais peu à peu que j’avais vraiment été une idiote sur ce coup là. Naïve, innocente… Et en plus il était au courant de ma lycanthropie, j’étais sure qu’à chaque instant il pouvait rependre la rumeur comme une trainée de poudre… J’étais en danger à cause de lui. Me rapprochant légèrement de Sixte je demandai presque implorante honteuse d’être dans cette situation : « S’il te plait ne pars pas… Je ne veux pas avoir l’air d’avoir été abandonnée devant Tobias… » Mon dieu, Salamandra Malefoy n’était pas comme ça, ce n’était pas moi… Je n’arrivais pas à croire que je lui avais demandé ça, alors pour faire passer la gêne je pris un autre verre, espérant assez m’embrouiller l’esprit pour ne plus y penser. Il allait peut être avoir pitié, je ne savais même pas si c’était ce que je préférais…