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 mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion.

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MessageSujet: mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion.   mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion. EmptySam 15 Déc - 0:28

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Son cœur battait si vite dans sa poitrine, cognant en elle, si fort qu’elle en entendait chaque pulsion résonner dans le creux de ses tempes. Elle sentit une goutte de sueur froide glisser le long de son dos pour se perdre dans le creux de ses reins alors qu’elle faisait un nouveau pas vers son lit. Elle craignait de tomber à nouveau sur un enseignant, qu’on ne la croie pas, qu’on ne voie pas la peur qui habitait ses yeux. Car elle n’était pas là de son plein gré, elle ne savait même pas ce qu’elle faisait à déambuler dans les couloirs à une heure aussi tardive. Elle se souvenait à peine de cet étrange rêve qui petit à petit s’estompait, reculant dans des endroits cachés de sa mémoire, endroits auxquels elle n’avait pas accès. Elle réprima un nouveau frisson, se rendant bien compte qu’elle finirait par tomber malade si elle continuait de se réveiller chaque nuit les pieds nus et sans rien d’autre que sa légère chemise de nuit sur le dos alors que le château était si froid, surtout à cette époque de l’année. Elle aurait voulu s’effondrer, évacuer cette boule de nerfs qui s’était formée dans sa gorge, menaçant d’exploser à chaque instant. Ivy n’était pas le genre de fille à pleurer pour un rien, elle ne cherchait pas la pitié des autres, ne cherchait pas à ce qu’on la plaigne ou qu’on s’intéresse à elle pour les mauvaises raisons, mais cela faisait à présent la septième fois depuis le début du mois qu’elle se retrouvait à des lieux de son lit sans avoir aucun souvenir de la façon dont elle était arrivée là. Elle collectionnait les retenues car ne se souvenait pas qu’on les lui avait infligé, car personne ne la croyait quand elle racontait que c’était des crises de somnambulisme, cela lui arrivait bien trop souvent pour que la chose soit crédible. Et elle concevait qu’on ne la croie pas. C’était tout de même étrange de voir toujours cette même fille à la même heure approximativement se promener dans les couloirs alors qu’elle n’était pas censée y être, étrange de voir qu’elle agissait différemment de d’habitude, elle si sérieuse et si peu encline à violer les règlements, mais personne ne réfléchissait aussi loin. Les professeurs voyaient une élève hors de son lit et lui infligeaient la punition d’usage sans se demander pourquoi elle continuait de parcourir le château alors qu’elle s’était déjà faite attraper plusieurs fois depuis le début de l’année. La jeune femme glissa sa main sous ses yeux, essuyant les quelques larmes qui y avaient perlé. Elle n’en pouvait plus. Physiquement autant que psychologiquement, elle était épuisée. Elle n’osait plus dormir de peur de sortir de son lit, finissant par céder au sommeil quand elle ne tenait plus debout. Elle gardait la tête haute, faisait en sorte que personne ne remarque le malaise qui l’habitait depuis que ses absences étaient revenues en puissance, mais elle savait qu’elle ne pouvait garder un tel secret pour elle seule. Elle avait besoin d’en parler, besoin de chercher à comprendre. Ses absences s’étaient calmées pendant quelques temps, la laissant tranquille, tant et si bien qu’elle avait cru qu’elle s’en était enfin débarrassé, mais elle réalisait à présent que cela n’avait été que le calme avant la tempête. Quand enfin elle arriva à son lit, il était l’heure pour tout le monde de se réveiller et de se préparer à la journée de cours qui s’étendait devant eux.

Elle fut irritable toute la journée durant, prête à exploser sur le premier qui viendrait la contrarier. Elle ressentait l’effet de la fatigue, s’endormant presque à chaque heure de cours qui passait, incapable de garder les yeux ouverts et d’écouter ce qu’on lui racontait. Elle finit par être renvoyée d’un cours et forcée d’aller s’allonger tant elle semblait dormir debout. Elle avait fait passé un mot à Orion plus tôt dans la journée et dormir quelques heures avant de le retrouver ne lui ferait pas de mal aussi décida-t-elle d’écouter le conseil de son professeur et de monter se coucher. Elle jeta un œil au miroir qui se trouvait sur sa table de chevet et elle comprit pourquoi on l’avait forcée à aller se reposer. La fatigue se lisait dans son regard, on voyait qu’elle avait perdu du poids, que ses yeux étaient plus ternes qu’à l’ordinaire. Il n’émanait pas d’elle cette force et cette confiance qu’on lui connaissait. Ivy soupira et se glissa dans ses draps, se laissant bercer dans les bras de Morphée qui ne mit pas plus de quelques minutes à venir la cueillir. Pourtant son sommeil fut agité, peuplé de rêve étrange qui ne lui correspondait pas. Le feu était leur point commun, comme si chaque scène qu’elle voyait se passait au cœur même d’un énorme brasier. Elle se voyait, heureuse, mais le sourire qu’elle affichait n’était pas le sien. C’était le sourire d’une personne froide, sans cœur. On lisait dans son regard une immense satisfaction, comme si elle avait enfin accompli une tâche qui lui tenait à cœur. Mais le sourire n’était pas le seul à ne pas lui appartenir. Ce n’était tout simplement pas elle qui était représenté, mais bien quelqu’un d’autre, comme si elle avait sur terre un double maléfique. Car il n’y avait aucun doute sur la cruauté du personnage, il suffisait de voir son regard dur, ce sourire carnassier, c’était celui d’un chasseur qui venait de tendre un piège à sa proie. Cette image lui faisait encore froid dans le dos alors qu’elle ouvrait les yeux, chamboulée par ce nouveau cauchemar. Elle se hâta de se lever et de se rendre au lieu de rendez-vous convenu. Elle avait de l’avance, mais elle avait besoin de s’éloigner de la chaleur étouffante de sa salle commune, besoin de s’éloigner des autres élèves qui lui demandaient comment elle allait alors qu’il était clair qu’elle n’allait pas bien.

Ils avaient découvert la Salle sur Demande dès leur première année. C’était devenu l’un de leur lieu de rendez-vous de prédilection, celui où ils se trouvaient pour se retrouver loin du regard des autres. Le simple fait qu’elle ait suggéré cet endroit plutôt qu’un autre était la preuve qu’elle avait besoin de son meilleur ami, qu’elle avait besoin d’alléger ce poids qu’elle portait en elle sans en connaître la nature exacte. La jeune femme avait fait un détour par les cuisines pour leur prendre des provisions. Les elfes la vénéraient, elle adorait descendre dans cet endroit et passer du temps en leur compagnie. Elle les trouvait amusant et les voir ainsi se mettre en quatre pour la contenter lui mettait du plomb dans la tête. Elle prenait conscience que tous n’avaient pas la chance de vivre une vie comme la sienne, qu’elle n’était pas la plus à plaindre de son sort. La demoiselle passa par trois fois devant le mur avant qu’une porte ne s’y matérialise. En entrant, elle découvrit une pièce où se trouvait un feu de bois et un canapé. Ils n’avaient besoin de rien d’autre, si ce n’était l’un de l’autre. Et elle avait grandement besoin d’Orion, de ses conseils, de ses bras protecteurs, de ce sentiment de sécurité qu’il lui insufflait chaque fois qu’il se trouvait à ses côtés. La jeune femme posa le panier aux côtés du canapé avant de s’y asseoir, repliant ses pieds sous elle et contemplant les flammes qui dansaient devant elle. Elle eut l’impression qu’un écho de souvenir voulait se glisser dans son esprit, mais le souvenir lui échappa et reparti aussi vite qu’il était venu. Quand enfin la poignée se tourna, elle détourna le regard et sourit au vert et argent qui venait de pénétrer dans les lieux. Elle se leva pour aller à sa rencontre, se glissant dans ses bras sans le laisser prononcer un mot. Elle enfouit son nez dans sa poitrine, s’imprégnant de son odeur. Déjà, elle sentait son cœur s’alléger, mais elle comprenait qu’il lui faudrait bien plus que cela pour chasser tous les nuages de son esprit. « Je suis contente de te voir … » dit-elle enfin, brisant le silence. Elle glissa sa main dans celle d’Orion, l’entraînant vers le canapé pour qu’ils y prennent place. Elle baissa le regard, faisant tourner sa bague machinalement. Elle préférait le laisser engager la conversation, ne sachant pas elle-même par où commencer …
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MessageSujet: Re: mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion.   mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion. EmptyMar 25 Déc - 16:58

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Ivy & Orion


My love, leave yourself behind beat inside me, leave you blind.
My love, you have found peace, you were searching for release.


« Dégage Weasmoche, avant que je te colle la raclée de ta vie ! » lâcha-t-il en la poussant brutalement contre le mur du couloir du troisième étage. Merlin qu'il haïssait cette fille. Elle se prenait pour une princesse, avec ses grands airs méprisants et sa très vague ressemblance à Bellatrix Lestrange. Clairement, elle se prenait pour ce qu'elle n'était pas, en soit, une sang-pur venant d'une digne famille qui portait un nom important. Depuis quand Weasley était un patronyme de Serpentard ? Il soupira et s'essuya d'un geste rageur ses lèvres humides. Il avait été à deux doigts de lui sauter au cou, de céder et de l'achever comme ça, en public, devant des tonnes de témoins. Rien que la présence de la brunette l’exécrait, il ne tenait plus lorsqu'elle était dans le coin. Dangereuse, donc. Puisqu'il suffisait d'un faux pas, d'une bavure pour que sa famille retourne dans l'ombre et qu'il rejoigne les autres mangemorts ou leurs descendants à Azkaban. Or, il était bien trop ambitieux et brillant pour se retrouver bêtement dans les ténèbres, prisonnier d'une cage pour le restant de ses jours. Fichue Weasley, cette sale traitre à son sang lui paierait un jour ou l'autre d'être venue au monde. Un crime, en soit.
Tout en se retournant pour faire face à la cohue qui s'était regroupée lorsqu'ils avaient commencés à se jeter des insultes au visage, Orion cracha par terre, frustré et croisa le regard de sa petite sœur : Orphée. Il serra les dents et se retint de justesse de ne pas céder à ses pulsions meurtrières. Il ne voulait pas qu'elle le considère comme un faible qui préférait renoncer à un combat plutôt que d'affronter une adversaire. Elle esquissa un frêle sourire, petit geste qu'elle avait l'habitude de lui offrir à lui et à lui seul quand elle voyait qu'il semblait au plus mal. Ça réussit à le calmer instantanément et il expira longuement tout en bousculant les quelques élèves qui le séparaient de sa sœur. A peine arrivé à ses côtés qu'elle lui sauta dans les bras et qu'elle lui murmura des paroles de morts à l'encontre de la fausse Serpentard qui l'avait provoqué sans, pourtant, piper mot. Orion ricana doucement et sa bonne humeur sembla reprendre le dessus sur ces derniers évènements qui furent malgré tout assez violents. Orphée avait ce pouvoir sur lui, celui de lui rendre le sourire, de le calmer sans même qu'elle n'ait besoin de faire quoi que ce soit. Elle était son rayon de soleil, celle qui la ramenait toujours à terre sans mésaventures. Tous les deux se dirigèrent par la suite, bras dans les bras, jusqu'à la Grande Salle pour diner ensemble.

La journée avait été particulièrement longue. Ses cours l'ennuyaient de plus en plus et il se trouvait las de rester encore quelques mois de plus à Poudlard. Même s'il avait toujours adoré cette école, Orion avait besoin de changement et voulait s'aventurer dans cet avenir incertain qui l'attendait à sa sortie de sa septième année. Il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait faire. Probablement continuerait-il ses études dans une université magique pour se cultiver davantage, mais surtout pour continuer à rester le meilleur dans les domaines de la sorcellerie, noire ou non. Il était doué, particulièrement pour les domaines qui lui semblaient importants comme la métamorphose, la défense contre les forces du mal (quelle hilarité), les potions et les sortilèges. Il aurait pu être un parfait auror si ses ambitions n'étaient pas tournées vers les forces maléfiques. Ah ça... On ne pouvait nier qu'il avait un certain penchant pour tout ce qui était foncièrement mauvais. De nature fasciné par la souffrance et le maux du monde, il ne pouvait en être autrement qu'il rejoigne les forces de l'Ombre et suive les idéaux de son paternel - pourtant tant redouté. Ainsi, en plus d'être de nature machiavélique, il suivait les convictions ancestrales de sa famille sur la suprématie des sangs-purs et se faisait une joie, donc, de goûter à tout ce qui était prohibé.
Sa soeur le sortit de ses moroses pensées en lui secouant légèrement le bras et il esquissa un sourire presque tendre à son égard. Elle était la seule à mériter autant d'amour et de respect de sa part. Enfin, presque. Il y avait une autre demoiselle dont il avait une haute estime à Poudlard. Son regard bleuté se posa naturellement sur la table des Lions d'or et, c'est avec une pointe de déception qu'il remarqua son absence. Elle lui avait envoyé un mot le matin même pour qu'ils se donnent rendez-vous dans la salle sur demande, signe qu'elle n'allait pas fort ou qu'elle avait besoin de lui parler. Ce n'était jamais bon signe dans ces moments-là et Orion détestait sentir l’inquiétude ronger ses tripes. C'était un sentiment dont il était peu habitué à ressentir et qui le rendait particulièrement et davantage violent contre ses camarades de classe. Perdu dans ses réflexions, le petit prince Dolohov ne lâcha pas un mot du repas, se contentant de serrer la main d'Orphée de temps à autre ou d'écouter vaguement les bribes de ragots qui circulaient à sa table. Quand, enfin, vint l'heure du dessert, le brun se leva et, tout en embrassant sa cadette sur le front, promit à Eliot de le rejoindre un peu plus tard dans leur dortoir. En attendant, il lui confiait son bien le plus précieux et s'échappait dans les méandres du château, s'enveloppant dans la cape obscure de la nuit qui avait pris ses marques depuis quelques heures déjà.

Il ne mit pas tellement de temps à monter jusqu'à la Salle sur demande, au septième étage. Depuis le temps, il connaissait les passages les plus rapides pour la rejoindre. A peine arrivé dans le couloir, Orion ne put s'empêcher de sourire en voyant la porte de ladite salle l'attendre comme toujours au même endroit. Ivy était déjà là. Elle devait sûrement l'attendre comme à son habitude sur un canapé moelleux qui avait vu sur un feu de cheminé - ou avec un peu de chance, peut-être l'attendrait-elle sur un lit. Il pénétra dans les lieux sans frapper, se sentant chez lui alors qu'il ne vivait pas là. Mais c'était du pareil au même, il était chez lui là où Ivy posait les pieds. C'était sa meilleure amie, son amie d'enfance, l'autre demoiselle qui avait un minimum d'importance à ses yeux. Une tornade brune lui sauta au cou sans qu'il ne s'y attende mais, cela ne l'empêcha pas de répondre avec plaisir à son étreinte et à la serrer aussi fort qu'il le pouvait. Ivy, c'était sa bouffé d'oxygène dans les moments les plus nauséeux. Elle était toujours là, depuis toujours. « Je suis contente de te voir … » murmura-t-elle, le nez contre sa chemise. Il descendit et remonta ses mains qui encerclaient son dos pour lui faire comprendre sans besoin qu'il n'ouvre la bouche que le sentiment était partagé. Elle lui prit alors les mains et l'entraina jusqu'au petit canapé, fidèle reposoir lors de leurs nuits à deux. Il ne fut que quelques secondes au jeune homme pour remarquer les cernes violacées qui entourer les yeux bouffis et rougis de sa lionne. Il fronça les sourcils, en se demandant ce qui lui causait tant de mal. La fatigue, visiblement. Il glissa doucement une de ses mains dans la sienne et la ramena jusqu'à ses lèvres où il y déposa un léger baiser sur le revers de sa paume. « Tu sembles fatiguée, amour. » lâcha-t-il en caressant ensuite sa joue, scrutant avec attention son si joli minois tiré par la fatigue. Il savait bien que quelque chose n'allait pas, il s'en doutait. En général, ce n'était pas pour rien qu'elle le faisait venir ici. Durant un quart de secondes, il se demanda si ce n'était pas ses cauchemars qui revenaient la hanter. Étant souvent habitué à dormir à ses côtés - même très très souvent - Orion avait eut l'habitude d'être réveillé par les soubresauts de la brunette dans son sommeil ou par ses hurlements. Parfois, même, il se réveillait en sursaut en se rendant compte que le lit était vide et qu'elle n'y était plus. Peut-être qu'elle s'était enfin décidée à se confier à lui sur ce sujet qui semblait véritablement épineux, puisque jamais ils ne se cachaient quoi que ce soit.
Il se rendit compte qu'elle avait préparé un panier de nourriture et se pencha pour le ramasser. Il l'ouvrit sans rien lui demander et y sortit les cookies qu'elle avait réussi à piquer dans les cuisines. Amusé, il lui jeta un coup d'œil complice avant de sortir sa baguette et de faire apparaitre deux verres de lait. Comme lorsqu'ils étaient petits et qu'ils se racontaient des secrets sous les draps.    
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MessageSujet: Re: mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion.   mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion. EmptyMar 25 Déc - 22:08

Il était temps qu’elle s’ouvre sur ce sujet qui la rongeait depuis trop longtemps, qu’elle mette le jeune homme dans la confidence. Elle n’avait pas voulu lui cacher l’existence de ses absences, moments qu’elle appelait ainsi faute de mieux, mais n’avait pu se résoudre à lui parler de ces longues heures dont elle ne se souvenait rien et qui semblaient se produire de plus en plus souvent. Elle n’avait pas pu lui parler de ces moments oubliés, car elle ne savait pas comment les décrire, quels mots mettre sur ces instants de sa vie qui ne laissait aucune trace dans sa mémoire pourtant excellente. Mais c’était surtout la peur qui lui avait noué la gorge, l’empêchant de se confier à ce sujet. Car elle était terrifiée. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait, qui elle voyait, ce qu’elle pouvait fabriquer durant ces longs moments oubliés. Elle n’en connaissait ni la cause ni la raison et s’était déjà retrouvée dans de drôles de situations. Elle avait vu le regard de certains de ses camarades changer du jour au lendemain et n’avait pu s’empêcher de se demander si quelque chose ne s’était pas produit durant l’un de ses trous noirs, mais aucun n’avait voulu se confier sur ce sujet à la rouge et or qui restait avec toutes ses questions, questions qui se multipliaient au fur et à mesure que le temps passait. Son corps était fatigué, mais son esprit aussi. Elle semblait être sujette à un conflit intérieur dont elle ne connaissait pas la nature, et pourtant elle sentait bien que quelque chose ne tournait pas rond en elle. Il lui arrivait de revoir par bribes de souvenirs ce qu’elle avait fait durant la nuit, des paroles, mais plutôt que des souvenirs cela semblait être des rêves. Car jamais elle n’aurait pu dire de pareilles choses, tenir de pareils discours. Jamais elle n’aurait pu agir comme elle semblait l’avoir fait. Et pourtant les quelques bleus qui étaient apparus sur son corps semblaient confirmer les flash qu’elle avait eu ces derniers temps. Elle s’était réveillée une nuit entrain de lire des ouvrages qu’elle n’aurait jamais consulté en temps normal, des ouvrages traitant d’une magie noire, très noire, une magie qui ne l’intéressait pas. Elle s’était éveillée entrain d’écrire une lettre, sans en connaître le destinataire et sans en comprendre le contenu. Elle avait d’abord cru à des crises de somnambulisme, mais elle comprenait à présent que c’était quelque chose d’autre, quelque chose de bien pire, comme si quelqu’un avait pris possession de son corps et devenait de plus en plus puissant. Elle sentait quelque chose grandir en elle et devenir de plus en plus influent.

La jeune femme frissonna alors qu’il prit sa main dans la sienne et vint glisser un baiser sur ses phalanges. Son cœur manqua un battement, sentiment familier quand elle se trouvait aux côtés du vert et argent. Elle sentit son estomac se contracter, comme il le faisait chaque fois qu’elle se trouvait à une certaine proximité. Elle n’avait presque aucun souvenir d’enfance où Orion ne figurait pas, aucun moment heureux de sa vie que le Serpentard n’avait pas vécu avec elle, mais plus encore, aucun moment marquant où il n’avait pas été à ses côtés. Dans le meilleur comme dans le pire, le jeune Dolohov ne l’avait jamais abandonnée, l’ayant soutenue dans chacune des épreuves de sa vie. Quand ses parents étaient morts, ils étaient restés ensemble pendant plus d’une semaine sans jamais se séparer de plus de quelques minutes. Il lui avait tenu la main durant tout l’enterrement et s’était assuré de son bien-être chaque jour depuis. Avant déjà, il parvenait à sécher les larmes qui coulaient sur ses joues quand le père de la demoiselle se montrait violent. Il parvenait à la faire sourire alors qu’elle se retrouvait au plus bas, trouvant toujours les mots, le petit truc à faire pour que la lumière revienne sur son visage. Ils avaient grandi ensemble, avaient fait les quatre cents coups ensemble, et dans le fond, leur relation avait évolué. Elle ne savait pas trop en quoi, tout ce qu’elle savait c’était qu’il était toujours là pour elle, prêt à répondre présent dès qu’elle le lui demandait. Comme il l’avait encore fait ce soir, prêt à tout laisser tomber pour accourir à son secoure, ce qui laissait la jeune femme des plus perplexes quant à la relation qui les liait à présent.

« Tu sembles fatiguée, amour. » Elle soupira, reposant sa joue sur la main fraîche du vert et argent. Elle ferma ses yeux, savourant cette sensation de bien-être qui l’envahit à l’instant, sensation que seul lui pouvait lui procurer. À nouveau son cœur se figea, savourant ce moment qu’elle n’aurait voulu briser pour rien au monde, mais pourtant elle le devait, car elle ne voulait pas garder ce secret pour elle plus longtemps. Pourtant, elle ne savait pas comment lui expliquer ce mal qui l’habitait, qui la rongeait. Elle prit le temps de réfléchir, de trouver ses mots. Comment faire pour lui raconter sans qu’il ne la prenne pour une folle ? Mais elle voyait dans son regard qu’il était réellement inquiet pour elle. Elle sentit une vague de chaleur l’envahir et lui adressa un faible sourire avant de détourner le regard, gardant la main d’Orion dans la sienne, comme si elle tirait sa force du jeune homme. Ses yeux bleus se perdirent dans la contemplation du feu qui crépitait dans la cheminée alors qu’il plongeait dans le panier pour en sortir les cookies savamment dérobés plus tôt et faire apparaître deux verres de lait. Elle en but une gorgée avant de mordre dans un des biscuits, savourant ce moment de complicité, écho de ceux qu’ils avaient connu déjà durant leur enfance. Elle finit tout de même par baisser le verre et le cookie avant de redevenir sérieuse, prête à se confier. « Je ne sais pas trop par quoi commencer … » Elle soupira, baissant le regard, fouillant dans sa mémoire pour trouver le fil rouge de son récit. « Tu sais qu’il il m’arrive d’avoir des cauchemars, ou même de me lever sans m’en rendre compte. » Elle fit une pause, cherchant ses mots. « Ca … Ca avait fini par se calmer, n’est-ce pas ? » Elle ne pouvait en être certaine, n’ayant pas toujours conscience de ce qu’elle faisait durant la nuit, mais elle avait passé tellement de soirée dans ses bras qu’il était bien placé pour savoir si oui ou non il y avait eu un moment de calme dans son sommeil. « Eh bien … C’était le calme avant la tempête. » dit-elle d’une voix frêle dans laquelle il put sentir toute la fatigue et la peur qui l’habitait. « Il ne se passe plus une nuit durant laquelle je ne me retrouve pas dans un endroit autre que mon lit. Il m’arrive même d’avoir des absences durant la journée. Je suis en cours et quand je reprends conscience, je suis ailleurs, dans un autre cours, à table, entrain d’étudier. Et je suis incapable de dire ce que j’ai fait entre les deux. » Sa voix se brisa. Elle reprit son calme, ne sachant pas trop ce qu’elle pouvait dire de plus. « J’ai … J’ai peur Orion. Je ne comprends pas ce qui m’arrive, ce que je fais pendant ces trous noirs, j’ai peur de dormir, de me réveiller entrain de faire des choses qui ne me ressemblent pas. » Sa main s’était légèrement mise à trembler, témoignant du stress qui faisait battre si vite son cœur. « Je ne sais pas quoi faire, vers qui me tourner … J’ai l’impression de devenir folle. » Sa phrase n’était devenue qu’un murmure, car ce mot lui faisait peur sans qu’elle ne sache pourquoi. Et puis elle réalisa à quel point ce qu’elle racontait semblait absurde, idiot. « Je suis désolée, ça doit te paraître tellement fou. Et puis, qu’y peux-tu, n’est-ce pas ? Je ne devrais pas t’embêter avec ces histoires à dormir debout … » Elle se rendait compte que tout cela était absurde, idiot même, dans le fond, peut-être était-ce réellement des crises de somnambulisme, ou peut-être pas …
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MessageSujet: Re: mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion.   mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion. EmptyDim 30 Déc - 21:14

D'aussi loin qu'il se souvienne, Ivy avait toujours été présente dans sa vie. Tout comme sa petite sœur, elle représentait une ancre fiable, une lueur parmi ses propres ténèbres, une rose rouge dans son champ d'épines. Malgré le patronyme qu'elle portait, la demoiselle en était à l'extrême opposé, ne partageant nullement les convictions de ses ancêtres, ce qui avait toujours picoté Orion. Il n'aimait pas le fait qu'elle ne s'intéresse pas aux mêmes matières que lui, à cette branche de la magie qui était inéluctablement la plus pure de toutes puisque le pouvoir était sans fin. Cependant, il respectait son choix, l'adorant bien trop pour lui tenir grief d'être la personne qu'elle était. Il ne pouvait pas refaire le monde et encore moins décider pour sa meilleure amie. Ainsi, le serpent ne supportait pas de la voir aussi triste, aussi vide de lumières et aussi silencieuse. Elle qui, d'habitude, riait jusqu'à en perdre haleine, qui illuminait le château par sa simple présence, qui fascinait par son bonheur contagieux. Véritablement inquiet sur ce brusque changement de comportement, Orion souhaitait plus que tout qu'elle s'ouvre à lui et lui fasse part de ses soucis qui lui plombaient le moral. Ça devait réellement être grave pour qu'elle soit si accablée.
Avec un certain plaisir non-dissimulé, il la regarda prendre son verre de lait pour tremper un cookie dedans et le mettre à sa bouche ensuite. A chaque fois qu'il la savait d'humeur morose, Orion s'arrangeait pour lui donner toujours quelques friandises au chocolat à lui manger. Ça avait toujours le don de chasser d'un revers de la main les nuages ombrageux qui voilaient son ciel. Il espérait, intérieurement, que ça ne soit pas grave et qu'il puisse la soulager de ses maux qui la rongeait. Décidément, Orion haïssait vraiment la voir aussi malheureuse.

Brusquement, elle reposa le verre de lait sur un plateau près d'elle et lâcha un long soupir. Orion se redressa un peu mieux sur le canapé, prêt à lui ouvrir grands les bras si elle avait besoin de lui. « Je ne sais pas trop par quoi commencer… Tu sais qu’il m’arrive d’avoir des cauchemars, ou même de me lever sans m’en rendre compte. » Orion fronça les sourcils en la regardant avaler sa salive. Il savait parfaitement de quoi elle parlait car plusieurs fois il l'avait retrouvé à milles lieux de leur lit, lorsqu'ils passaient une nuit ensemble - ce qui était plus courant qu'on ne pouvait le penser - ou dans un état second. Il ne comptait plus les fois où elle s'était réveillée en criant, sortant d'un cauchemar pour le moins réel et où elle s'était par la suite recroquevillée dans ses bras, plus que jamais apeurée par ce qu'elle semblait avoir vu. A ses yeux, la lionne était juste encore sous l'effet du traumatisme d'avoir perdue ses parents si tôt. Bien que son paternel ait été le pire des exemples, Ivy les avait aimé et avait été plus qu’attristée par leur mort. « Ca … Ca avait fini par se calmer, n’est-ce pas ? » Orion ne put qu'acquiescer lentement. Il est vrai que l'année dernière, ça ne lui était que rarement arrivé mais rien n'avait alarmé le jeune homme qui considérait tout ceci comme normal. Des troubles du sommeil, ça pouvait arriver à n'importe qui. « Oui, effectivement. Tu semblais plus sereine lorsque tu dormais, l'année dernière. » murmura-t-il en se grattant le menton. A bien y réfléchir, c'était même la seule année où il l'avait connu où elle faisait toutes ses nuits sans soucis. Pas une fois, elle ne se levait du lit, ou ne se réveillait en hurlant de peur. Il remarqua alors les cernes de la jeune femme et jura intérieurement. Comment se fait-il qu'il ne les ait pas remarqué jusque là ? C'était donc, ça. Son petit problème avait recommencé. « Eh bien … C’était le calme avant la tempête. Il ne se passe plus une nuit durant laquelle je ne me retrouve pas dans un endroit autre que mon lit. Il m’arrive même d’avoir des absences durant la journée. Je suis en cours et quand je reprends conscience, je suis ailleurs, dans un autre cours, à table, entrain d’étudier. Et je suis incapable de dire ce que j’ai fait entre les deux. » Nouveau soupir. Il savait très bien ce dont elle parlait et il était plutôt gêné que cette situation commence à poser problème. Lors de ces fameuses absences, Orion avait découvert une toute autre partie de sa Ivy. Son opposé extrême qui semblait cependant avoir le même amour démesuré pour lui. La seule différence, au final, c'était qu'elle était beaucoup plus sombre que lorsqu'elle était éveillée. Plusieurs fois, elle l'avait interrogé sur la magie noire et plusieurs fois ils en avaient parlés calmement. Jusqu'alors, il ignorait si elle était juste curieuse ou si elle était dans une de ses fameuses crises étrange où elle perdait tout contrôle de son corps. C'était comme si... Comme si elle n'était plus la même personne durant ce laps de temps.

« J’ai … J’ai peur Orion. Je ne comprends pas ce qui m’arrive, ce que je fais pendant ces trous noirs, j’ai peur de dormir, de me réveiller entrain de faire des choses qui ne me ressemblent pas. » Il l'aperçut commencer à trembler et se rapprocha le plus doucement d'elle, afin de la rassurer et de la calmer. Il détestait lorsqu'elle se sentait aussi apeurée, aussi perdue. Elle semblait perdre toute raison de vivre et ça lui brisait le cœur. Sa vie serait tellement triste sans sa petite lionne. « Je suis désolée, ça doit te paraître tellement fou. Et puis, qu’y peux-tu, n’est-ce pas ? Je ne devrais pas t’embêter avec ces histoires à dormir debout … » souffla-t-elle en baissant la tête tandis qu'il se colla à elle et la serra dans ses bras, d'un geste protecteur. Calmement, il la berça et caressa ses longs cheveux bruns avec tendresse. Il ne fallait pas qu'elle craque, pas maintenant, jamais. Il la voulait pour lui le reste de sa vie et elle devait être forte, il n'arriverait pas à la garder proche de lui, sinon. Ou, on pourrait s'en prendre à elle par ses faiblesses en tentant de le blesser, lui. Car, jamais, dans le futur, il ne sera considéré comme un homme bien. « Shht, Ivy. Calme-toi. » lui conseilla-t-il en embrassant son front. Il fallait qu'il l'aide, ça semblait être vital pour la demoiselle. Et si, renoncer à ce côté sombre de la demoiselle l'aidait à s'en sortir, alors il le ferait. Car rien ne comptait plus que son propre bonheur.
Après avoir attendu que ses tremblements cessent et que son palpitant batte plus lentement, Orion prit ses joues entre ses mains et la releva quelque peu. Alors qu'il la regardait droit dans les yeux, il remarqua vraiment qu'elle manquait de fatigue et que cette situation ne pourrait pas durer. « Je peux t'aider, Ivy. » dit-il avec un bref sourire tandis que ses pouces caressaient avec délice ses pommettes seyantes « Simplement, je ne suis pas sûr que tu sois d'accord, car je ne ferai pas appel à de la magie blanche pour résoudre ton soucis... » Il fit la moue. Il savait que sa compagne détestait le fait qu'il soit devenu le parfait petit étudiant dépendant de cette magie obscure et qu'elle était entièrement contre. Elle avait beau essayé de le raisonner, de temps à autre, ça finissait toujours par une dispute et elle baissait les bras durant un temps, pensant certainement que c'était un combat perdu d'avance pour le moment. Sauf, que la magie noire lui était indispensable. Il ne se voyait pas vivre sans maintenant qu'il avait autant de pouvoir entre ses mains d'homme. De plus, il était persuadé d'avoir aperçut quelque chose sur les problèmes de sommeils et les troubles du comportement. En l’occurrence, soit il s'agissait d'une possession par un ou une sorcière ne faisant plus partie de ce monde, soit c'était une maladie qu'on appelait schizophrénie. Chez les moldus comme chez les sorciers lambdas, c'était une maladie qui ne se guérissait pas, mais pas pour Orion qui savait comment s'y prendre pour éradiquer ce poison qui lui retirait toute joie de vivre.

La voyant visiblement hésiter, il se rapprocha d'elle afin de tenter de l'influencer comme il le pouvait. Il prit son visage entre ses doigts et frôla ses lèvres, terrible bourreau qu'il était. Puis, au bout de quelques secondes, il l'embrassa pleinement, possédant ses lèvres avec légèreté et bonheur. Il connaissait par cœur le goût de ses baisers, l'ayant bécoté plus d'une fois dans sa vie. Il passa sa langue sur la bouche de la demoiselle et la sentit répondre avec empressement. Il ne put empêcher son organe vital de battre plus rapidement et sa respiration s’accéléra indéniablement. Merlin, qu'elle lui faisait de l'effet. Il mit bien vite fin au baiser en comprenant qu'il était capable d'aller plus loin et de la déshabiller sans ménagement, oubliant alors ce qui l'avait conduit jusque ici : elle n'allait pas bien et avait besoin de lui. Et ce n'était probablement pas de petites galipettes au lit qu'elle attendait de sa part à cet instant. Il se sépara, donc, doucement de ses lèvres pulpeuses et se nicha au creux de son long cou. « Tu sais que je ne te ferai jamais de mal, pas vrai ? » susurra-t-il sensuellement à sa belle. Puis, il déposa un dernier baiser brûlant sur son épiderme sucré.

Son choix, sa décision.
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MessageSujet: Re: mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion.   mais j'espère tant te manquer, tant me démarquer. ϟ Orion. EmptyMar 1 Jan - 9:57

Sa présence, déjà, l’apaisait. Son frissonnement intérieur s’atténuait, laissant place à la douce chaleur caractéristique à leurs moments en tête à tête. Il avait cette aptitude, chasser en un regard tout ses tracas, tous ses maux. Mais elle savait que cette fois, si elle ne sortait pas ce qu’elle avait sur le cœur, la peur serait de nouveau là, bien vivace. Elle la sentait se terrer petit à petit dans les tréfonds de son âme, mais prête à lui ressauter à gorge dès qu’elle le pourrait, dès qu’ils se seraient séparés en somme. Tout n’était pourtant pas tout rose entre eux, malgré leur apparente complicité, ce lien qui semblait les unir depuis toujours, ils avaient connu le revers de la médaille, ces instants de doute quant à leur amitié, bien que ce mot avait toujours semblé trop faible pour décrire ce qui l’unissait au vert et argent. Ils en avaient connu des tempêtes, car si différents sur tellement de point. Lui bercer depuis toujours dans les obscures sorcelleries, adorant la magie noire à un point qu’elle ne comprenait pas. Elle, bercée dans la lumière, incapable de se laisser séduire par cet aspect de son monde qu’elle savait incompatible avec le sien. Pourtant, elle respectait son choix, le comprenait. N’avait-elle pas elle aussi cherché à rendre son père fier étant plus jeune ? N’avait-elle pas envisagé d’apprendre cette même magie pour suivre Orion, pour qu’ils soient moins différents ? Mais cette magie ne semblait pas l’accepter, ou peut-être était-ce qui n’y arrivait pas, voilà pourquoi elle n’avait jamais réussi à accomplir un seul sort de cette obscure entité. Pourtant dieu savait que sa baguette avait accompli des méfaits dans le passé, étant la digne héritière de son premier possesseur elle aurait dû accomplir de grande chose avec cette dernière, maîtriser mieux que quiconque les incantations sombres. Celles-ci, après tout, faisaient partie de son sang, se glissaient dans ses veines à chaque pulsion de son cœur. Mais Ivy avait décidé depuis longtemps de renier ces origines diaboliques, infernales, cette partie de son histoire qu’elle se sentait incapable d’assumer. Trop de choses s’étaient passées à cause de ce sang, à cause de cette prédisposition. Elle ne voulait pas répéter les erreurs du passé, les erreurs de son sang, aussi préférait-elle garder une certaine distance avec ce qui fascinait tant Orion. Ils s’étaient déjà disputés à ce sujet, comme à propos d’autres choses, mais au final ils avaient conclu qu’ils se complétaient. Elle était la lumière du jour, lui représentait l’obscurité de la nuit. Et dans le fond, elle le rendait heureuse et c’était tout ce qui comptait.

Cependant, depuis quelques temps, des doutes s’étaient immiscés dans son esprit. Des doutes quant à eux, à cette relation qu’ils partageaient, relation qui ne portait pas de nom, car tellement compliquée à décrire. Ils n’en avaient jamais établi les termes, prétendant qu’ils étaient amis quand on leur posait la question. Pourtant, leur amitié était particulière. Elle n’était jamais tombée amoureuse, n’avait jamais pu coucher avec un autre que lui, car oui, ils partageaient souvent un lit, n’hésitant pas à franchir la ligne que l’amitié imposait pourtant. Et puis il y avait ce sentiment de jalousie qui lui déchirait les entrailles quand elle le voyait regarder une autre, quand elle entendait parler d’une de ses conquêtes, sentiment qui lui brûlait le cœur, mais qu’elle ne parvenait pas à contenir. Et ce regard … Oui, elle était là aussi durant cette fameuse soirée où il avait dansé avec une née-moldue. Elle avait compris qu’il ne connaissait pas ses origines, qu’il ne la connaissait pas du tout même, pourtant elle n’avait pu s’empêcher de remarquer ce regard porté sur elle, un regard fiévreux, brillant. Il ne l’avait jamais regardée de la sorte et c’était cela qui, dans le fond, lui avait fait le plus mal. Elle avait compris qu’il pouvait lui échapper, qu’il pouvait rencontrer quelqu’un d’autre. Mais elle ne lui en avait pas parlé, préférant taire ses sentiments plutôt que de les mettre dans une situation embarrassante.

La jeune femme redescendit sur terre, commençant à conter ce qui semblait tant la troubler. Un an. Voilà ce qu’elle avait connu, sans les cauchemars, sans les réveils bouleversants. Un an où elle avait pu dormir paisiblement, où elle n’avait pas quitté son lit, les bras du jeune homme, un an sans trous noirs, sans absences inexpliquées. Mais comme elle le lui avait dit, c’était le calme avant la tempête. « Oui, effectivement. Tu semblais plus sereine lorsque tu dormais, l'année dernière. » Elle acquiesça. C’était le cas. Son sommeil était plus paisible, moins agité. Pour la première fois depuis sa plus tendre enfance, elle s’était surprise à rêver. Les autres nuits, quand elle ne faisait pas des cauchemars, ce n’était qu’un immense trou noir qui semblait l’aspirer qui peuplait ses rêves. Elle finissait alors par se réveiller en sursaut avec l’impression de s’être effondrée. Elle réalisa alors qu’elle n’avait jamais demandé à Orion si il avait été présent lors de l’une de ses absences, elle ne lui avait jamais demandé comment elle se comportait quand elle s’éteignait. Car c’était ainsi qu’elle appelait ce sentiment. Elle avait l’impression d’être une lumière qu’on étouffait petit à petit pour laisser place à un sentiment d’obscurité. Et ce sentiment était bien vivace dans son esprit, car elle avait ce sentiment que cet Autre, celle qui prenait sa place, était en tout point son opposé, sombre, attirée par la magie Noire, pensant différemment. La rouge et or avait ce sentiment car il lui arrivait souvent de se réveiller de ses absences avec des traces de ses sentiments ressentis par l’autre.

Il se colla à elle, protecteur. Elle sentit les battements affolés de son cœur se calmer, sa respiration redevenir régulière, comme si elle se calquait sur celle du jeune homme. La demoiselle enfouit son visage dans le cou d’Orion, humant son odeur qui l’apaisa petit à petit, effaçant la peur de son regard. « Shht, Ivy. Calme-toi. » Elle sentit la moiteur de ses lèvres sur son front et eut le sentiment qu’enfin les choses s’arrangeraient. Elle leva son regard humide vers le vert et argent, reconnaissante de l’avoir à ses côtés. Il prit son visage dans la coupe de ses doigts et à nouveau, elle se sentit fondre. Sans lui, que serait-elle ? Rien, pas grand chose. C’était dans son regard qu’elle avait l’impression d’être entière, d’exister pleinement, vivante. Si elle ne l’avait pas, voilà longtemps qu’elle aurait cédé aux affres de la folie qui petit à petit prenaient leur droit sur son corps. Car elle les sentait, les flots, la marrée, prête à l’emporter. Mais cela, elle n’osa pas lui raconter. Elle sut pourtant qu’il le verrait dans son regard, car si on y regardait d’un peu plus près, il n’y avait pas la trace de l’éclat habituelle de ses yeux, mais bien une ombre, tapie au fond de l’inconscient de la jeune femme, prête à la dévorer, la consumer.

« Je peux t'aider, Ivy. » Elle se figea. Comment ? Comment était-ce possible ? Elle avait lu tellement de livres, des récits, des journaux. Personne ne semblait connaître ce mal qui l’habitait, car ce n’était pas un cas normal de trouble de la personnalité, elle le savait. Cet autre, cette chose, ce n’était pas une personne normale, pas une sorcière normale, elle le sentait. « Simplement, je ne suis pas sûr que tu sois d'accord, car je ne ferai pas appel à de la magie blanche pour résoudre ton soucis... » Elle se raidit, encore ce sujet si épineux. Ivy soupira, baissant le regard tout en songeant aux dires de son ami. Elle aurait pu accepter, prête à tout pour se débarrasser de cet autre encombrant, mais l’était-elle réellement ? Car elle n’arrivait pas à s’imaginer utiliser la magie noire pour s’en sortir. De plus, elle doutait que l’Autre ne le laisse pas faire. Elle hésita, longuement. Orion glissa ses doigts sur son menton, attirant le visage de la jeune femme au sien, glissant ses lèvres sur les siennes avant de l’embrasser avec plus de ferveur, de passion. Elle ne résista pas, entrouvrant ses lèvres pour lui rendre son baiser. Elle sentit une douce chaleur s’emparer de son ventre, des millions de papillons s’envolèrent. Elle en voulait plus, avide de lui, de ses baisers. Mais il fut plus rapide et brisa leur étreinte, ils ne devaient pas dévier de ce qui les préoccupait réellement. « Tu sais que je ne te ferai jamais de mal, pas vrai ? » Sa tête dans le cou de la jeune femme, il pouvait sentir la pulse de son cœur affolé, dieu quel effet il lui faisait. Elle soupira. « Je sais. » Elle hésita. « Mais je ne suis pas sûre de pouvoir le faire. Pas avec la magie noire. » Son ton s’excusait presque pour elle, sachant pertinemment qu’il serait déçu. « Et si je sais que tu ne me ferais jamais de mal, je ne suis pas certaine qu’elle ne t’en ferait pas. » dit-elle dans un murmure. Elle se redressa alors, son regard se perdant les flammes du feu. Une lueur glissa sur ses traits, une ombre. « Elle ne se laisserait pas faire. » dit-elle avec une voix qui ne ressemblait pas tout à fait à la sienne. Mais la lueur passa, Ivy revint sur terre, désorientée. Elle avait à présent cette certitude que cet Autre n’était pas une sorcière ordinaire. C’était une femme, une sorcière venant d’une autre époque, d’un autre temps, une sorcière puissante. Elle frémit. Cet Autre était son phénix sombre, prêt à se défendre si il se sentait attaqué, prêt à la défendre elle aussi, car après tout elle était son enveloppe charnel, mais elle savait qu’un jour ou l’autre elle devrait l’affronter et n’était pas certaine de pouvoir lutter. « Elle est dangereuse Orion, nous ne devrions pas la sous-estimer. » l’air d’Ivy était grave, son ton décidé. Elle avait peur pour lui à présent, car si cet Autre l’aimait autant qu’Ivy, elle n’aurait aucun mal à le détruire si il s’opposait à elle.
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