« Moi, je vous emmerde. Par définition, sachez que je vous déteste, tous autant que vous êtes. Vous ne servez qu'à égayer un peu ma vie. Je fume, je bois, je me drogue parfois. Tant pis si ça ne vous plaît pas, non seulement j’en ai rien à foutre, je me ferai un plaisir de vous cracher ma fumée dans la gueule. Ne pensez jamais pouvoir prétendre à une quelconque place dans ce cœur aussi glaciale qu’une grotte en Antarctique, vous êtes simplement comme des insectes, vous vous empêtrez dans ma toile. Mais peut-être, commencez-vous à vous poser quelques questions ? Pour tout vous dire, du plus loin dont je me souvienne, j’ai toujours eu cette haine aveugle, cette rage destructrice qui animait mon esprit. Ce cocktail Molotov de mauvais sentiments qui pourrait exploser à tout moment. Je suis ce que votre maman qualifierait de dangereux, à ne pas fréquenter, approcher ou regarder avec trop d’insistance. Sachez dès maintenant à qui vous avez affaire. Je n’ai rien de ces êtres pitoyables qu’ont besoin de quelqu’un d’autre pour survivre, ces choses si pathétiques qu’elles ne peuvent exister en tant que tel et à part entière, ils ont oublié l’usage du "je" ou du "moi", et ne sont maintenant plus que réduits à l’état de "nous" aussi dégueulasse que vomitif. Je me placerai toujours avant les autres, question d’intelligence. Je suis un être infâme, une âme errante, pourri jusqu’à la moelle. Je suis le nouveau cavalier de l’apocalypse présent que pour semer la peur, la déchéance et le chaos. Je n’ai que faire de votre monde trop lisse, trop parfait auquel vous aspirez. Je me fiche de vos rêves de bonheur, de vos espoirs sans lendemain, de votre vie et de vous en général, vous êtes encore plus insignifiants qu’un vulgaire pion sur un échiquier. Alors, je vous entrainerais dans ma chute, je vous noierais dans un océan abyssal de malheur. Et lorsque votre souffrance aura atteinte son paroxysme, lorsque vous suffoquerez de désespoir après avoir trop longtemps macérer dans ce gouffre ; lorsque vous me supplierez de vous achever, je vous regarderais crever avec la plus grande satisfaction du monstre que je suis. Désormais, vous êtes prévenus, Invité, vous continuez à vos risques et périls. »
Noir. Le soleil vient de rendre son dernier souffle, son dernier rayon. Paix à son âme. L’espoir est mort. Vive le désespoir. Les ténèbres ont pris le pas sur le monde. Goinfre monstrueux. L’obscurité va tout engloutir à son passage. Elle ne laissera pas même une ruine, un vestige. La Mort, masquée dans sa cape, s’en donne à cœur joie. Étincelle diabolique qui allume ses yeux. Ce sont les tempêtes qui se lèvent, l’ouragan qui s’annonce. Vaste tourbillon qui déciment toute chose en travers de son chemin. La terre tremble. Le sol se dérobe sous tes pieds. De larges crevasses se forment à peu partout. Les volcans explosent, lave et cendre se répandent dans ce mélange toxique. Tout prend feu à son approche et finit en cendre presque aussitôt. C'est le cataclysme, l'Apocalypse avec un A majuscule. C'est la fin du monde. Et lors du jugement dernier, t'iras tout droit moisir aux enfers. C’est l’heure de la réminiscence, de passer ta vie un revue. Alors, tu te souviens. C’est le commencement. L’embryon de la vie. Le fœtus dans le ventre de sa génitrice. Tu te rappelles d’ta mère, fantôme doucereux, silhouette maladive. Elle errait dans les couloirs du grand manoir, âme en peine, âme perdue. Tu ne comprenais pas comment un corps si frêle avait pu un jour donné naissance à quatre jeunes hommes de votre stature. Pour justifier cette honteuse faiblesse, on te lâchait que la maladie l’avait frappé, quelques temps après ta venue au monde. Sans doute as-tu été celui qu’a entreprit d’achever cet être déjà bien vulnérable. La vie n’est point une partie de plaisir, seuls les plus fort méritent de survivre. Simple sélection naturelle. L’homme ne devrait point prétendre à dépasser cela. On en voit le résultat, tous ces sous-fifres, sang-de-bourbe et merdes ambulantes qui pullulent dans nos rues, toujours plus de bouches à nourrir. On aurait mieux fait de tous les égorger à la naissance, ou les noyer, comme dans l’ancien temps. Quoiqu’ils ne survivaient pas bien longtemps non plus en ce temps là. Mais nous nous égarons. Ton père était tout le contraire. Il était – est toujours – de ceux qu’inspire une espèce de respect mêlée à une certaine crainte à tout ce qu’il croisait. C’est un de ces grands hommes, que vous ne voulez pas compter dans vos ennemis ou être responsable de leur mauvaise humeur, question de survie tout simplement. N’allez cependant pas croire un instant, que ce dernier puisse être honnête. Instable, double et rusé, des traits qui reviennent dans la famille. Voyant bien que la frêle créature féminine qui avait par trop de fois portée sa progéniture ne tiendrait plus le coup bien longtemps, il trouva quelques potiches pour jouer ce rôle d’éducatrice si important dans la jeunesse d’un jeune homme. Petit dernier donc d’une fratrie de quatre, à la fois choyé par les parents et dédaigné par les frangins. Paradoxe vivant. Une enfance courte. La survie, l'adaptation est plus importante. La maturité est arrivée très tôt, pour te laisser une chance de rattraper les autres. On ne rigole pas avec l'éducation chez les Karkaroff. Tous les moyens sont permis pour punir les récalcitrants. Vous êtes tous passés par là, toi un peu plus que les autres. Privilège du dernier. Tu te souviens clairement de ces sortilèges que tu recevais de plein fouet. Tête baissée, gamin pris en faute. De la douleur atroce, insoutenable qui s'ensuivait. Elle s'infiltrait partout, ne laissant que des ruines. Destruction programmée. Lambeaux de peau lacérés. Boyaux déchirés. Veines explosées. Supplice abominable. Y'a rien de comparable. Elle ne laissait que ton cadavre. Squelette désarticulé. Incapable de marcher. Écroulé. Réduit à l'état d'un moins que rien. Les premières fois, il te fallait plusieurs jours pour ressembler de nouveau à quelqu'un. Traumatisme ancré dans ta peau. Aussi physique que psychologique. Mais le temps s'écoulait. Ton corps s'habituait. T'encaissais, les dents serrées. Jambes tremblotantes mais debout. Pantin taillé dans le bois brut de la souffrance. Insensibilité prononcée. Aussi sensible qu'un rocher. Tu ne ressens plus rien. Gouffre amer. Néant des sentiments.

Il est encore vivant. C'est bien ça le plus amusant. Quelques mouvements de moignons, derniers soubresauts de vie, témoin d’un souffle qui s’expire. L'approche du dernier soupire. Rire diabolique qui monte dans la gorge dans un sourire carnassier. Folle lueur qui s’allume dans tes yeux. T’es le maître de leur destin. Le petit enfant diablotin. Tu leur infliges toutes sortes de souffrances et parfois, mais plus rarement, tu leur accordes ta clémence. Déjà, t’as la soif du pouvoir et du sang. Ce carmin si précieux, source de vie et conséquences de la mort. Du haut de tes huit ans. T'es un bon garçon, t'as bien compris la leçon. Tu renverses les incestes sur leurs carapaces, t’arraches leurs petites pattes. Joli petit tas au milieu de la fourmilière. Comme un cimetière à ciel ouvert. Tu les plonges dans l’eau, sans qu’ils ne sachent nager. Tu les regardes lentement se noyer, se débattre en vain avant de suffoquer. Les petits tressautements s’atténuer progressivement, avant d’être simplement réduits à néant. Un spectacle si fascinant. Ou alors, encore mieux. T'y invoques le feu. Ta colère comme réacteur. Phénomène magique dévastateur. Douces langues écarlates qui dansent et s'amuse. Tout brûle et tout se consume, devant tes yeux émerveillés. Leurs carapaces rougissent, ils se tordent encore. Leurs petits corps fondent dans un joyeux crépitement. Fumée qui s'envole, ne laissant que leurs restes noircis. Les cendres retourneront toujours à cendres. T'es là pour t'en assurer. Criez, pleurez, souffrez, tu les regarderas agoniser. Soudain éclat de clarté. Comme un éclair fulgurant de lumière. Forme nacrée qui se profile au loin. Longues oreilles qui se faufilent jusqu'à toi. Il te fixe du carmin de ses yeux, te nargue du nivéen de son pelage. Y'a comme une fascination, une certaine admiration. Tant de candeur, tant d'innocence dans l'éclat de sa blancheur. Tes traits s’adoucissent, comme n’importe quel enfant, doucement tu lui souris. Tu descends de ton piédestal de cruauté. Celui sur lequel toute la souffrance t’a poussé. De ta démarche royale, tu frôles l’inconnu. Ta paume caresse le doux pelage blanc. C’est un contact agréable, doux et rassurant. Le temps se fige dans un merveilleux moment. Ou tu n’étais rien qu’un enfant normal, une de ces têtes blondes aux grands sourires que l’on présentait fièrement à collègues et patron, comme espérant en avoir une exclamation. Alors, ravis, ils auraient leur large sourire aux lèvres, pour s’étendre à quel point il est mignon. Armé jusqu’au dents, ancré dans leur âme, ce bouclier d’hypocrisie, qu’aucune lance de franchise ne pourrait percer. Pourtant, quelque chose brisa, la magie de l’instant. Quelqu’un arrivait. Léger bruissement de feuilles sous ses pas. Ça t’a toujours fait pensé au craquèlement d’os que l’on broie. Cet individu qu’approche réveille en toi ce monstre inconnu. Cette créature tapie dans l’ombre, noirceur de ton âme. D’un geste rageur il sort de sa prison de chair. Le lapin prend conscience du danger que trop tard. Tu l’as déjà égorgé. Les éclaboussures écarlates tâchent ta chemise et son pelage. L’animal est souillé et le monstre satisfait. Il n’a pas supporté cette candeur. La bête l’avait mérité, s’exposant lui même aux griffes de plus fort que soi. Lorsque tu relèves la tête, c’est le regard soucieux d’une de tes nourrices que tu aperçois. Elle ose te demander pourquoi. Tu hausses simplement les épaules. Voyant qu’elle n’en tirerait pas plus de toi, elle soupire, te dit de lui donner tes vêtements, car il était difficile de faire partir le sang. Tu le sentais cette gêne que tu lui instaurais, son regard qui s’était détournait de ton œuvre et qui cherchait à te fuir. Tu le sens, ce délicieux parfum de peur qui émane de tout son corps, c’est une bien agréable senteur. Et le rictus sur tes lèvres s’élargit de plus belle. La nourrice déglutit, ses yeux s’écarquillent, comme ceux d’un immonde poisson. Ce qu’elle peut être laide, elle avait de quoi faire un procès à la nature qui l’aurait ainsi faite. Cependant, tu te lèves docilement, abandonnant ces distractions, pour rentrer à la maison. C’est qu’il n’y avait pas grand chose à faire, pour un enfant de ton âge, et de surcroit atteint d’hyperactivité. Heureusement que le domaine, regorgeait d’animaux, pour exacerber toute ton imagination tordue. C’était mieux que quelques pauvres jouets, presqu’une obsession, toujours trouver de nouvelles façons d’inciter la vie à les quitter. Tu te prenais un peu pour un artiste, tu trouvais l’inspiration dans leur sang, lisais l’avenir dans leurs entrailles, comme un bohémien malfaisant. Les années se sont écoulées et bientôt, la situation devint ingérable et on ne put te garder à la maison. Entre ta mère qui te donnait tout ce que tu voulais, tes frères qui étaient partis étudier, les nourrices qui tremblaient bien trop à l’idée même de devoir te réprimander. T’as hérité du caractère colérique de ton père, ce bouton qui vous transformait en monstre sanguinaire. Les limites étaient floues, on ne savait jamais si l’on pouvait franchir la ligne ou non. Il fallait rester prudent. Savez-vous combien il est difficile de marcher constamment sur un terrain miné, en sachant à tout instant que vous pourriez perdre l’un de vos membres ? Si vous voulez connaître ce genre de frissons, vous auriez pu vous enrôlez dans la famille, elle fait toujours un équivalent bien convaincant. Cependant, vous savez aussi, qu’il n’est jamais bon d’avoir deux alphas dans le même endroit. Il fut décidé que tu serais envoyé dans un internat privé magique, pour continuer la suite de ton règne de terreur. Toi qui avait été habitué à la solitude te retrouvais parmi une centaine de nouveaux camarades de jeu et ce n’était peut-être pas pour te déplaire. Tu t’es très vite fait une place de choix, te tailler la part du lion. Non sans éviter des problèmes de comportements, ainsi que quelques débordements. Toutefois, on ne fait pas d’omelettes sans casser de œufs. Et la fortune Karkaroff était suffisante pour payer une nouvelle aile de dortoirs à l’internat pour maintenir son fils dans l’établissement, pour le plus grand malheur de tes camarades.

Après l’internat, vint Poudlard. Plus de magie, plus de conneries. T’as enfin pu te procurer une de ces baguettes magiques dont tes frères étaient si fiers. C’est un peu le passage d’initiation. L’entrée dans le monde des adultes. C’est l’initiation à la Karkaroff, autant sur la magie que sur la vie. Ton propre père se donnait la peine de te donner les cours. Alors toi, du haut de tes quatorze ans, tu as senti que c’était bien important. C’est peut-être le seul cours que t’as jamais travaillé sérieusement, en partie parce que le professeur t’intimidait, une certaine peur de ce qu’il pourrait t’infliger, si tu ne le faisais pas. T’avais beau avoir bien mûri, ces sortilèges parfumé au sang de la souffrance t’avaient marqué à jamais. Ils avaient détruit quelque chose en toi, sans doute le peu de raison qu’il te restait. Bien sûr, selon la volonté de ton père, tout ceci était fait exprès. Il avait fait de son fils un résistant, un homme, un vrai. Il a taillé au couteau ce sourire cruel sur tes lèvres. Exorciser toute pitié qui résidait encore. Il a crée un monstre sans cœur. Ôter le peu de chance qui te restait d’aspirer à la normalité. L’esprit ravagé, d’horreur et d’atrocités. Toute innocence à jamais oubliée. Tes frères se sont chargés du reste. Entrainé dans leur havre de décadence. Toutes ces fêtes underground. Pupilles dilatées, veines défoncées aux stups, tu te laisses embourber, dans ce plaisir éclatant. Tu te sens surpuissant, tu veux t’élever jusqu’au point culminant, frôler quelque astres en passant, baigner dans le firmament. Chaos insondable de la fratrie réunie. Capable du pire et du plus horrible. Là où tout n’est que désordre, sexe, trouble et calamité. T’y as sans doute goûté trop tôt, à la chair qui t’est maintenant si chère. Cela a sans doute conduit à quelques débordements, murmurés à travers les couloirs. Les têtes qui se retournent, les regards qui se font craintifs. Tu adores cette position de force, cette terreur que tu leur inspires. Tu es sans doute le pire. Suivant d’abord le chemin de tes autres frères, avant de simplement les dépasser. T’enfoncer encore plus loin. T’as cette démence dans ton être, cette aura dangereuse. Elles dissuadent les plus téméraires à se mettre au travers de ta route. Jamais, tu ne te laisserais intimider. Pas même les professeurs. Ceux que t’es censé écouté pendant la durée de toute une journée. Bien insurmontable, lorsqu’on connaît ton hyperactivité. T’as appris à en jouer. T’as fini par en abuser, tu n’y es pour rien si tu fais toujours dans l’excès. T’as cette malice dans les yeux, cette provocation dans tes gestes, l’insolence dans tes paroles. Tu aimes voir cette veine palpiter sur leur tempe, la colère leur rougir les joues, la rage envahir leur bouche, les poings qui se serrent devant ton rictus amusé. Tu n’aimes pas les cours, tu n’aimes pas apprendre, qu’on en sache plus que toi, tu vis sur tes acquis, persuadé d’avoir raison. T’as sûrement trop d’arrogance dans le sang. Tu te fous bien des conséquences, homme d’action, tu aimes toutefois aussi parler, embobiner, manipuler. Tout est bon pour distraire sa majesté. Ta conscience est morte, calcinée quelque part, emportant tes scrupules dans leur chute. Faut bien faire apprendre leur leçon, à toute cette vermine qui prolifère le long de ces corridors. Que tous ces sous-fifres s’inclinent devant la noblesse qui t’ait dû. Toi et le reste des sang-purs. Tout ceux qu’à tort, on a déchu. L’heure de la vengeance a sonné. Le rouage est enclenché, bien huilé par vos soins. Ce n’était qu’une question de temps en temps, après tout. Les meilleurs retrouveront leurs trônes et le reste se contentera des haillons. On ne peut écraser éternellement tant de haine et de rancœur. La colère finira par éclater. Beaucoup sont comme toi, de vrais sorciers de hauts rangs, complotant dans l’ombre, attendant leur heure. Et peu à peu, le vent semble tourner et les rictus s’élargir. L’heure est enfin revenue.

C’est un souffle froid qui balaie le couloir. L’atmosphère qui se glace sur son passage. Il a ce sourire carnassier sur les lèvres, celui qui dévoile ses dents blanches qui ressemblent à s’y méprendre à des crocs. Il a cette lueur folle qui tangue dans son regard. Une démarche confiante qui lui confère des airs de prédateur. Il est sur son terrain de chasse, le sommet de la chaine. Les autres, les proies, s’écartent de son passage, par respect peut-être, par crainte sûrement. Aucune d’entre elle ne veut se retrouver dans ses griffes. On ne sait jamais ce qu’il se passe dans les méandres obscurs de son esprit. Il a cette instabilité, cette imprévisibilité qui le rend encore plus dangereux. Beaucoup dormirait mieux de le savoir interné, bien attaché et enfermé entre d’épais murs recouverts de coussins. Aujourd’hui, pourtant, le Karkaroff a envie de jouer. Il a déjà sa victime en tête, sa brebis égarée préférée. Le voilà qui va la chercher. Alesya, son ancienne amie, sa nouvelle fiancée. Maintenant qu’il a posé ses sales pattes dessus, il a bien l’intention d’en faire sa chose. Vladislav s’est mis en tête de la briser, de la plier en deux à son bon vouloir. Il ne supporte pas son orgueil trop enflé, ses envies de liberté. Il veut en faire une poupée, une décoration pour son beau manoir, un outil pour assurer sa descendance, la pureté de son sang. Ce n’est pas par hasard que le dernier Karkaroff s’est retrouvé, contre son avis, fiancé à la Lestrange. Deux nobles familles, dont la pureté devient rare dans ce monde souillé, à protéger donc. Et cela, le Karkaroff l’a compris, même si cela ne lui plaisait pas plus que ça, il a appris à faire avec. Faute de mieux, il tourne cet imprévu à son avantage. Alors Vlad cherche, attaque, tantôt brutalement de front, tantôt sournoisement au détour d'un couloir, peut-être. Il veut la rendre folle, se délecter de sa terreur. Qu'elle s'attende à tomber sur lui à chaque pas et même lorsqu'elle ne bouge pas. Il veut réduire ses défenses à néant, annihiler sa résistance. Il insiste, il persévère, obstiné qu'il est, il ne lâchera pas l'affaire. C'est maintenant son jouet. Il ne supporte pas l'idée qu'un autre que lui la touche, que d'autres doigts que les siens la frôlent. Le monstre grogne et dévoile ses crocs. Il mord griffe et lacère. Et Dieu sait que nombre d'obstacles se dressent sur sa route. Et cela ne rend que la chasse plus excitante encore. Ils sont nombreux, ces preux chevaliers déterminés à la protéger, à le tenir éloigné, lui et ses griffes acérés. Dans sa quête pour la briser, le Karkaroff s’est mis à dos une nouvelle poignée de personne. Le frère, le cousin, on s’en doutera. Ils n’ont pas l’air de réaliser à quel point Vladislav ferait une merveilleuse addition à leur famille de dingues. Mais la honte est sur leur dos. On notera aussi Zane, l’ex-ami du Karkaroff et l’ex tout court de sa nouvelle fiancée. Rares sont ceux qui ont su se frayer un chemin quelque part dans l’espèce d’organe atrophié qui lui sert de cœur, auxquels il a vraiment su tenir. Zane et Alesya en ont fait parti, pendant un moment, jadis, il y a bien longtemps. Inséparables, comme les trois doigts liés d’une seule main. Trop rares pour durer, sans doute, Karkaroff a toujours été doué pour tout gâcher. Et cela ne semble plus tellement l’affecter. Pour parvenir à ses fins, il n’a cure de ces quelques œufs cassés, dommages collatéraux mais sûrement nécessaire. Vladislav n’a pas besoin d’amis, seulement de quelques victimes. Et, lentement mais sûrement, le Karkaroff sait qu’il est en train de réussir, il taille son effronterie comme l’océan déchainé sur la falaise. Il la fait tituber, chanceler, jusqu’au jour où elle finira par s’écrouler afin de mieux ramper à ses pieds. Et le Serpentard sourit de plus belle à cette simple pensée. Juste à temps d’attraper sa brune à la volée...