Maytook,

Je fais partie de la meute…

La nuit était sombre lorsqu’elle s’est réunie dans la clairière de la forêt. Je n’étais pas nerveuse, j’étais plus impatiente que nerveuse, seule avec les autres du clan, ma mère n’est pas venue tout de suite mais j’ai fini par apercevoir son visage. Tu sais à quel point ce genre de rituel peut-être long, je n’ai pas fait attention à tout ce qui se disait, à la sage, je regardais le ciel Loki.
Je regardais la lune…
Tu ne t’es jamais demandé pourquoi c’était elle qui régissait notre existence ? C’est à la fois frustrant et étrange, elle était si belle ce soir-là et j’avais l’impression qu’elle nous regardait comme n’importe quelle maman aurait regardé le visage de son nouveau bébé. Parce que ce rite célèbre une véritable naissance, tout ce qu’on a pu vivre avant n’a plus d’importance, tout ce qui compte, c’est ce qui suivra…A condition d’en survivre.

Je me suis retrouvé au milieu de nulle part, sans vraiment comprendre comment je m’y étais retrouvé, tout ce que je savais c’est que je devais l’attendre. Mon père.
Et j’ai fini par le voir. Est-ce que tu sais que c’est la première fois que je le voyais sous sa véritable apparence ? Tu aurais adoré, son pelage est clair, comme la couleur de ses cheveux, ses yeux jaunes me fixaient, j’aurais presque pu croire qu’il savait qui j’étais, peut-être reconnaissait-il mon odeur mais lorsqu’il a bondit vers moi, je savais que je n’étais plus sa fille…Pour ça…Je devais renaître, tu comprends ?

J’avais envie de fuir, de courir, se serait mentir que de dire que je n’ai pas eu peur à ce moment-là. Au lieu de ça, j’ai regardé la lune. Je l’ai fixé jusqu’au dernier instant ! Et j’ai senti alors cette vive douleur ! J’ai crié, je m’en veux de l’avoir fait quelque part mais c’était une horrible douleur. Mon père a tellement de force, je me suis demandé si j’en avais eu autant lorsque j’ai tué mon propre frère. Je me suis demandé s’il était fier de moi, je me suis demandé si j’allais réussir, si j’allais survivre.

J’ai voulu retenir mes larmes, mais c’était impossible. Un mélange de douleur et de fierté.
Je sentais sa langue lapé le sang, je sentais ses crocs me broyer les os et la seule chose que j’étais capable de faire c’était de lui faire confiance. Je savais qu’il ne me tuerait, je le savais et pourtant, il avait tant de raison de le faire, après tout j’ai tué le fils qu’il voulait, et tu sais comme moi à quoi nous, femelle, nous servons.
La douleur était horrible, je sentais ma peau se déchirer, et je pouvais entendre les cris de ma mère suppliant mon père d’arrêter ! Il allait me tuer, et moi je pensais qu’il voulait leur montrer à tous. Je dis peut-être beaucoup de bêtise, la souffrance était tellement forte que j’ai peut-être tout simplement imaginé les cris de ma mère, imaginé les yeux de mon père sur moi. J’ai senti le contact frais de la terre sous moi, je me suis roulée sur le côté, et je L’ai regardé : La lune.

Et j’ai juré, j’ai juré dur comme fer que je ne mourrai pas ce soir-là ! J’ai regardé la lune jusqu’au dernier moment et je lui ai promis que je reviendrai la voir, je lui ai promis que je serai l’un de ses meilleurs enfants. C’est son image que j’ai vu en dernier, et c’est le visage de mon père que j’ai vu au réveil. J’ai réussi, Maytook.

Mais tout ça, ce n’est que le début, nous avons tous les deux les moyens de changer beaucoup de chose, je crois en toi…

Crois en moi…

Luna.