au détour d'un couloir

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Charly contempla ce qu'il avait fait dans le miroir. Un pistolet tatoué sur sa fesse gauche. Et deux petites filles marquées sur sa jambe droite. En réalité, il n'avait pas fait cela de ses propres mains. Il avait seulement quémandé Absolem de lui faire ces tatouages. Pourquoi ? Sans doute sur un coup de tête à vrai dire. Il en avait envie, terriblement besoin. Quelque chose de nouveau, qui le définisse plus. Et il l'avait fait aussi pour une personne chère. Gabriel. Peut-être qu'il apprécierait les tatouages qu'il avait fait. Le jeune Scamander avait choisi le pistolet pour représenter quelque chose de sauvage, de viril. Quelque chose d'ambigu représentant ce qu'il s'était passé dans les bois. Et les deux filles représentaient les versions féminines et animées de lui-même et d'Absolem, à la recherche du pays des Merveilles. Il avait aussi renforcé ses abdominaux, dans l'espoir que Gabriel tombe un peu plus sous son charme. « On en reparlera, Charly. » Une bonne semaine s'était passée depuis cette partie de jambes en l'air et Charly n’avait pas eu le temps de revoir Gabriel. Il était bien un ange. Il apparaissait quand bon lui semblait mais lorsque le cinquième année le cherchait, il devenait alors introuvable. Certes, ils n’étaient pas de la même année, cependant être de la même maison devait forcément les obliger à se rencontrer, au moins dans la salle commune ou alors dans les couloirs du septième étage. Que nenni, l’ange s’était volatilisé. Alors Charly avait fini par abandonner l’idée de le chercher, préférant retourner à sa vie, sachant qu’il referait surface bien assez vite.

Parfois, il jeta quelques coups d’œil à l’horloge. La Défense contre les Forces du Mal. C’était bien comme cours mais à force, ça tournait en rond. C’était toujours la même sauce. On commençait un cours et on étudiait un nouveau méchant et comment le combattre. Et la cinquième année arborait un programme particulièrement ennuyant. On révisait surtout tout ce qui avait été acquis pendant les quatre premières années pour les BUSES. Autant dire, que c’était du vu et du revu nécessaires pour certains élèves qui portaient de sombres lacunes, mais terriblement soporifiques pour des élèves qui avaient excellés pendant leur première partie de scolarité. Le cours se divisait en deux temps, et aujourd’hui, le temps était à la théorie. Alors que le professeur passait un diaporama sur les Strangulots et autres êtres de l’eau, Charly reçut une boule de papier chiffonné derrière la tête. Curieux, il s’en empara avant d’observer l’image animée représentant un garçon avec le doigt pointé et qui disait en boucle Taré. Avant même qu’il put tourner la tête pour voir qui était le commanditaire, la sonnerie retentit, synonyme de la fin du cours pour les cinquième années.

En cette matinée, il avait une heure de trou. Une heure où il pourrait flâner à souhait. Au diable les BUSEs ! Ils n’étaient qu’en octobre après tout, les révisions pouvaient attendre. Cependant, leur professeur leur avait chargé de rendre une dissertation sur les être de l’eau et leur capacité à piéger les victimes pour la semaine prochaine. Très dur, il faut s’y plonger dès aujourd’hui avait-il annoncé à toute la classe. Sans doute, Charly irait-il à la bibliothèque. Avançant dans le couloir tout en rêvassant, il entendit une injure à son encontre. Freaky. Et il eut la surprise de se recevoir un coup de poing en plein œil lorsqu’il tourna la tête. « Alors, Scamander, toujours aussi fou ? » Trois garçons. Des Sangs-Purs, sans doute, qui le méprisaient terriblement par sa manière d’être gentil et trop naïf. Un autre intervint en foutant un coup de pied dans la figure du cinquième année, arrachant par la même occasion des cris horribles de douleur. « Hey, Scamander, on dit que t’aime sucer des bites ? Ce n’est pas bien, petite pédale, t’as envie de la mienne ? » Ton moqueur et sournois, ce fut au tour du troisième de répliquer, arrachant alors le sac du jeune homme pour le balancer à terre, renversant par la même occasion livre, cahier et encrier. C’est beau d’avoir des muscles, mais si on ne peut pas s’en servir, à quoi cela pouvait être utile ?

Une main dans la poche, l'autre tenant une pomme fraîchement entamée, Gabriel quittait la grande salle pour se rendre au premier étage, devant rencontrer là un potentiel rendez vous. Il avait cette allure décontractée et nonchalante du mec qui avait passé une excellente nuit et un début de matinée assez calme pour ne pas froisser sa bonne humeur relative. Il se sentait léger et apaisé, tranquille. Sortant distraitement un bouquin de potion de son sac, il se mit à monter les marches magiques en relisant une potion un peu complexe dont il devait connaitre les propriétés et les spécificités sur le bout des doigts pour la semaine suivante. Pas question de décevoir le beau Monsieur Flint, ce sexy professeur de potion qu'il bouffait des yeux à chaque cours. Être aussi beau à presque 35 ans relevait du miracle. Il fallait le reconnaître, ce professeur était parfaitement baisable. Pire que ça, même.

En croquant dans sa pomme avec appétit, il posa le pied droit sur le couloir du premier étage, avançant tranquillement pour quitter les escaliers enchantés et s'enfoncer plus profondément dans les entrailles du château. Il était en train de déchiffrer un ingrédient compliqué lorsqu'une voix moqueuse et peu amicale résonna à ses oreilles « Alors, Scamander, toujours aussi fou ? » Un craquement assez moche résonna ensuite. Comme un poing que l'on enfonce dans la gueule de quelqu'un. En l'occurrence, Charly. Le beau Charly, le mec innocent et naïf qui n'avait des muscles que pour faire joli. Un deuxième bruit peu rassurant résonna et Gabriel referma son bouquin d'un geste sec avant de presser le pas. « Hey, Scamander, on dit que t’aime sucer des bites ? Ce n’est pas bien, petite pédale, t’as envie de la mienne ? » Il vit rouge. Putain d'homophobe de merde. Il avait de quoi humilier le type, qu'il reconnaissait comme un Serpentard vaniteux et creux, avec des capacités intellectuelles équivalentes à celle d'une pierre.

Apparaissant à l'angle du couloir qui voyait la scène se dérouler, il découvrit Charly à terre, au milieu de ses affaires explosées et éparpillées. Trois élèves aux couleurs de Serpentard l'entourait, sourires goguenard et cruels aux lèvres. D'un geste vif et précis, il envoya sa pomme à la tête du dernier qui avait parlé. « Hey, Karowsky ! T'as déjà demandé à ton petit frère de goûter à ta bite ? Parce que dans mon souvenir, il avait adoré la mienne. Un mec mignon, un peu con mais baisable ... Thomas, non ? Le petit Tommy, avec son sourire tordu et ses petites dents de vampire ... » Son adversaire vit rouge. Il avait en effet un frère du même nom, collant parfaitement à la description. Un petit frère gay mais ça, il n'en savait rien. Il venait juste de réaliser que le beau Gabriel disait vrai. « Tu vas voir s'il aimera toujours autant ta queue quand je te l'aurais écrasée ! » Le balourd fonça sur le beau blond en rageant. Gabriel n'eut qu'à faire deux pas sur le côté pour le laisser s'écraser tête la première contre le mur derrière lui. D'un coup de livre, il tapa violemment sur la tête déjà bien sonnée de son adversaire, lâchant d'une voix méprisante « Ce que tu peux être con, Donald. Va donc pleurer dans les miches de maman et fou la paix à Charly. »

Les deux acolytes du dénommé Donald hésitèrent. Le plus stupide osa quand même lancer un poing fermé vers la gueule du beau blond, qui n'eut aucun mal à esquiver, renvoyant à la place un coup bien placé à l'entre-jambe. « Le premier qui profère encore une parole grossière à l'égard d'un des membres de ma maison, je lui démonte la gueule. C'est clair ? » Le nouvel eunuque hocha vigoureusement la tête en laissant des larmes de douleur dévaler ses joues. Inquiet pour ses propres parties, l'autre acquiesça aussi avant d'aller chercher leur camarade assommé qui gisait au pied du mur. Ils filèrent ensuite sans demander leur reste, ne s'étant pas attendu à cet ange blond capable de violence. Sans pitié. Entre homme, on évitait les coups du genre. Lui n'avait aucun honneur, il n'avait pas hésité une seule seconde à frapper en plein dedans. Gabriel attendit que les trois mecs se soient cassés avant de venir s'agenouiller devant Charly pour observer les dégâts.

« Putain mec ... c'est moche. Attends, je vais t'asseoir. » Doucement mais sans trainer, Gabriel releva son ami pour l'asseoir contre le mur du couloir. D'un sort, il rassembla toutes les affaires du jeune Serdaigle, réparant ce qui avait été brisé pour tout ranger dans le sac prévu à cet effet. Puis, délicatement mais avec une certaine fermeté, il s'empara du menton du beau brun pour observer les dégâts plus attentivement. « Tu vas avoir besoin d'aller à l'infirmerie. Tu dois avoir le nez pété et l'arcade sourcilière explosée. Ah, la lèvre inférieure aussi. Tu pisses le sang quoi. » Il jeta un rapide coup d'oeil aux alentours avant de hausser les épaules et de demander d'une voix tranquille « Tu peux marcher ? »

Ses mains tremblotèrent sous l'effet d'une douleur si inattendue. Charly ne l'avait pas venu venir. Pas du tout. Ces mecs-là n'avaient jamais eu besoin de recourir à la violence avec lui. Juste des insultes diverses et variées qu'habituellement, le Serdaigle ignorait, ne trouvant guère l’utilité de répliquer. Sauf que là, le harcèlement avait pris des proportions beaucoup plus immenses. Maintenant, ils avaient recours à la violence. Le coup de poing dans la joue ajouté au coup de pied dans l'arcade avaient eu pour effet de sonner le pauvre Charly. Il avait hurlé à deux fois de douleur. Et le cinquième année avait toujours été contre la violence, il détestait ça. Il n'aimait pas se battre. Et il avait surtout peur des batailles. Alors forcément, se servir des poings l'avait cruellement déstabilisé et sans défense, il avait du contraint de se laisser faire. Dans les vapes, le jeune Scamander essayait de suivre ce qui se passer. Des engueulades, des injures fusillaient à travers le couloir du premier étage. « Le premier qui profère encore une parole grossière à l'égard d'un des membres de ma maison, je lui démonte la gueule. C'est clair ? » Cette voix, Charly n'avait eu guère de mal à l'identifier. Certes, il la connaissait mieux lorsqu'elle était de manière sensuelle et envoûtante, mais même colérique, il savait à qui elle appartenait. A l'ange. Il était de retour. Toujours au bon moment, pile lorsqu'il le fallait. C'était comme s'il avait un GPS intégré pour trouver Charly et sa trace.

« Putain mec ... c'est moche. Attends, je vais t'asseoir. « Tu vas avoir besoin d'aller à l'infirmerie. Tu dois avoir le nez pété et l'arcade sourcilière explosée. Ah, la lèvre inférieure aussi. Tu pisses le sang quoi. » Moche, c'était le moins qu'on puisse dire. Euphémisme. Charly observa des tâches rouges bordeaux. Du sang. Qui coulait doucement. A petit feu. Si il avait bien peur de quelque chose avec la bagarre, c'était les blessures. Et le sang. Une peur bleue. Le voyant s'étaler sur sa main, le beau brun paniqua soudainement. « Aaaaah ... aaah ... du ... du sang. » Il commençait à trembloter beaucoup plus, ignorant la dernière phrase de son septième année. Il avait peur. Beaucoup plus peur que la douleur qui le dominait.