Elle s'admira une derrière fois face à la glace, vérifiant s'il ne manquait rien ou si, au contraire, il ne fallait pas qu'elle retire un élément. Comme d'habitude, elle avait accordé un grand soin à son apparence mais avait prévu les choses à l'avance, ce qui avait fait qu'elle n'avait pas pris beaucoup de temps pour se préparer. « Attention à toi, ta perfection risque de briser ce miroir. » lança une de ses camarades de dortoir en passant derrière elle, un air rieur sur le visage. Cette demoiselle portait un rire qu'Ashara n'avait plus sur ses traits depuis quelques temps. La « rupture » de son amitié avec Amadeus l'avait rendu froide et triste. Ensuite, une semaine après l'évènement, la mort de son père n'avait pas arrangé les choses, loin de là. Pourtant, pour cette soirée, elle avait décidé de faire des efforts. Elle avait troqué la couleur du deuil pour [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qui semblaient rendre le tissu doré par endroits selon la lumière. Sa robe bustier s'évasait à hauteur de ses cuisses en une fantastique traîne souple. Pour ce bal, elle avait souhaité être reine. Ashara avait toutes les raisons de sourire ce soir, ou en tout cas, de faire semblant : premièrement, son cavalier était Lucian Zabini. Ils se connaissaient avant même qu'ils n'aient posé les pieds à Poudlard. Du même âge, ils avaient le sang pur et s'entendaient très bien. De ce fait, elle était à l'image même de la cavalière idéale pour Lucian et c'était réciproque. Puis, leurs visages étaient suffisamment bien assortis pour que leur duo fasse de l'effet.
Alors, elle ne devait plus tirer la gueule. Il fallait qu'elle montre au monde entier qu'elle n'était plus une ombre et qu'elle comptait briller de milles feux, comme elle aimait tant le faire quand elle était dans son état normal.

Ce fut donc dans un bon état d'esprit qu'elle descendit les marches qui allaient la mener à la Grande Salle. Elle avait choisi de descendre seule plutôt qu'accompagnée d'amies. Lorsque des réceptions étaient données chez les Velaryon ou les Selwyn, elle avait pour habitude de débarquer avec Ophélia parce qu'à elles deux, elles parvenaient toujours à faire plus que fortes impressions. Sauf que sa soeur n'était pas d'humeur à la suivre ces temps-ci, certainement parce qu'Ashara n'était plus très amusante ou même distrayante depuis fin novembre. Elle ne participait même plus aux fêtes décadentes qui pouvaient se dérouler dans la Salle sur Demande ou bien elle y était que physiquement, mais pas mentalement. Même la petite Breanne devait se demander pourquoi Ashara ne s'intéressait plus autant aux potins qui pouvaient circuler dans le château. Qu'importe pour ces gens : son objectif était de passer une bonne soirée.

Arrivée dans le Grand Hall, elle fronça les sourcils en voyant le monde qu'il y avait. C'était normal, mais les bousculades - même mineures - l'excédaient. Elle n'avait pas envie que sa robe soit bousillée par des idiots qui se risqueraient à piétiner sur sa traîne. Quoique, on pourrait aisément lui rétorquer que si elle aurait opté pour une tenue moins longue, elle ne serait pas si ennuyée par ce petit soucis.
Il s'avéra qu'elle n'aurait pas à utiliser de grands moyens pour échapper à cette foule. Des regards s'étaient tournés vers elle. Des filles qui allaient se permettre de critiquer - les plus correctes commenteraient simplement - et des jeunes hommes qui allaient s'extasier durant trois bonnes minutes sur sa robe qui mettait la fine silhouette d'Ashara en valeur. Elle se fraya aisément un chemin parmi eux et constata avec horreur qu'elle s'était mise à chercher Amadeus des yeux sans pour autant le trouver. Ils s'évitaient tellement - avec un soin indéniable, car ils ne s'étaient plus croisés depuis l'histoire - qu'elle ignorait avec qui il se rendait au bal et qu'elle pouvait être certaine d'être sur le point de crever de jalousie une fois qu'elle le verrait avec sa cavalière suspendue à ses bras musclés. Rien qu'en y pensant, elle avait envie de gerber un bon coup et de s'en retourner à la salle commune des Serdaigle. Mais la fuite n'était pas la solution. Et d'ailleurs, un superbe Adonis l'attendait.

Balayant les lieux de son regard azur, Ashara le repéra rapidement : il se tenait debout près des portes colossales ouvertes de la Grande Salle et semblait chercher quelqu'un des yeux également. Peut-être Ashara, celle-ci n'en savait rien et n'en avait cure. Elle se dirigea vers Lucian de sa démarche gracieuse et légère, sa traîne se mouvant derrière elle. Sa longue chevelure d'un blond miel agrémentée d'une mèche argent - elle était née avec ça et on n'avait jamais compris pourquoi ses cheveux n'étaient pas d'une couleur aussi unie que ceux de ses cadettes - ondulait derrière elle. Ashara n'avait jamais apprécié les coiffures complexes et elle s'était simplement contentée d'un brushing sans faste, car elle savait que sa robe et ses bijoux sauraient faire la différence. Elle était indescriptible, scandaleusement divine. N'importe qui aurait conclu que Lucian avait bien de la chance de se rendre au bal avec Ashara. Un petit sourire mutin aux lèvres, elle l'aborda avec un air jovial. « Toujours aussi parfait. » D'aussi loin que cela pouvait remonter, Ashara avait toujours trouvé Lucian séduisant, avec son regard séducteur, sa démarche... elle aimait toute sa façon d'être. Le voir dans un costard impeccable était encore meilleur. « J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps, je t'avoue que je ne me suis pas dépêchée pour descendre. » déclara-t-elle, exquise, un rire aux lèvres.

Spoiler:

Terminant de placer correctement son nœud papillon, Lucian se contemplant quelques instants dans le miroir. Il s’était toujours trouvé beau, et ce depuis sa plus tendre enfance. Il faut dire que les compliments qu’il avait reçu étant garçon de la part de la gente féminine rencontrée lors de soirées mondaines, n’avaient fait qu’améliorer l’estime qu’il avait de lui. Et en arrivant à Poudlard, il avait très vite compris que son charme était un atout majeur, et ce, pour tout ce qu’il pouvait entreprendre. Surtout avec les filles. Jamais il ne s’était regardé dans la glace en se disant qu’il n’était pas à son avantage. Lucian Zabini était toujours à son avantage, et ce dans n’importe quelle tenue, n’importe quelle situation. Il s’appliquait à l’être, et y arrivait parfaitement. Ce n’était donc pas étonnant qu’il se trouve encore mieux que d’ordinaire en portant un costard.
Ecoutant son meilleur ami parler de la jeune fille qu’il emmenait au bal, le serpentard s’écroula sur son lit, ne sachant pas très bien si c’était une bonne idée d’allait à ce bal ou non. Il fallait avouer qu’il y avait quelques points positifs, déjà il s’y rendait avec Ashara, tous les autres garçons allaient l’envier, c’était plus que certain. Ainsi, il pourrait aussi peut-être rendre jalouse la jeune femme qui ne cessait d’hanter ses pensées. Jeune femme qu’il n’aurait pu inviter, et ce même s’il l’avait voulu. Un élève ne pouvait inviter une professeure au bal, cela semblait inconvenant, et les rumeurs fuseraient à vive allure. Quoi que, il pourrait toujours l’inviter à danser. C’était une possibilité, bien qu’elle paraisse plus utopique qu’autre chose. Il n’avait pas la certitude qu’elle accepterait, il avait beau lui avoir sauvé la mise l’autre jour dans le couloir, alors qu’elle était en piteux état, il n’était pas certain d’avoir changé l’image qu’elle pouvait avoir de lui.

Lâchant un soupir, il se réconforta en se disant qu’après ce bal, il y aurait l’After dans les cachots. Fête organisée avec soin par l’Ombre, il ne pouvait que s’y rendre, boire et draguer quelques demoiselles bien trop ivres pour comprendre ce qu’il pourrait leur dire. Ca pourrait certainement lui changer les idées. Se redressant, il vit Hélios fin prêt, et enfin ils sortirent de la salle commune pour se rendre à la Grande Salle, là où se déroulait le bal. Déjà, une foule d’élève s’agglutinait dans le hall, certains attendant leur cavalière, d’autres arrivants en groupe, gloussant bêtement en voyant quelques garçons vêtus de costumes ne leur seyant visiblement pas. Un brouhaha incessant emplissait ses oreilles, se frayant un passage parmi ses camarades, il se posta vers les portes de la Grande Salle, ne sachant pas vraiment où attendre Ashara. Il aurait pu demander à n’importe quelle fille de ce château de l’accompagner à ce bal, elles auraient toutes acceptées, mais il préférait y aller avec une fille qu’il connaissait, et qui n’allait pas se comporter comme une gourde toute la soirée. Au moins, il était certain de ne pas s’y rendre mal accompagné. Et puis, il connaissait Ashara depuis toujours, ils avaient tous deux la même vision des choses, à quelque chose près, ils s’entendaient donc très bien.

Hélios finit par l’abandonner, alors qu’il rejoignit sa cavalière. Lui adressant un signe de tête, il le laissa filer, certain de le recroiser à l’after, plus tard. Cherchant sa cavalière parmi la foule, il ne tarda pas à la voir, encore plus renversante que d’habitude. Ashara était très belle, et ce depuis toujours, et elle l’était encore plus dans cette robe aux reflets dorés, mettant en valeur sa silhouette. Non, vraiment, Lucian ne pouvait nier, il était chanceux d’aller au bal avec la belle Serdaigle. Un fin sourire ornait ses lèvres, et elle lâcha ;

« Toujours aussi parfait. »

Le concerné lui adressa un sourire en coin, avant de répondre ;

« Et toi, tu es tout simplement exquise. »

Personne ne pourrait le contredire là-dessus, c’était indéniable. La jeune femme rajouta d’une voix rieuse ;

« J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps, je t'avoue que je ne me suis pas dépêchée pour descendre. »

Lucian n’était pas non plus quelqu’un de très à cheval sur l’heure, c’était plutôt le contraire, il se faisait souvent attendre. Il aimait se faire désirer à vrai dire. Mais ce soir, Hélios l’avait pressé pour rejoindre sa partenaire, il en avait donc fait de même. Lui tendant l’un de ses bras, il lâcha un sourire aux lèvres ;

« Ca en valait la peine. On y va ? »

Patient, il attendit qu’elle accepte son bras tendu. Lucian avait très vite acquis les bonnes manières, surtout lors des nombreuses soirées mondaines auxquelles il devait assister. C’est d’ailleurs souvent durant ces soirées qu’il rencontrait Ashara, et d’autres enfants de sang-purs. Il n’était donc pas dépaysé par le bal, et toutes les façons dont il fallait user par politesse, et aussi par pur séduction. Ce n’était pas dans ses cordes de se comporter comme un goujat avec la gente féminine, il se montrait toujours très gentleman, ce qui jouait grandement, en plus de son charme naturel.