Cela fait maintenant quatre ans que le Seigneur des Ténèbres n'est plus. Quatre ans que le monde des sorciers est revenu à la pseudo “normalité” qui le caractérisait auparavant. Quel ennui... Enfin, le calme n'est que de surface, bien sûr. Les foyers ne sont pas si sûrs que l'on ne croit, les rues pas si sécurisées que cela et les événements divers bien loin d'être sans raison aucune. Car l'on a cru pouvoir détruire le Monde des Ténèbres comme on détruit un château de cartes. Mais chacune de ses composantes, chaque pierre de l'édifice construit par Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-le-Nom continue d'exister à part entière.
Parmi ces réminiscences de Lord Voldemort, on trouve notamment un homme, du nom de Wilkes. Il faisait partie d'une bande de Magemorts comportant Avery, Rogue et Rosier. John, de son prénom, réussit à passer entre les mailles du filet une fois que la guerre fut finie. C'est ainsi qu'il put migrer en France pour quelques années. Il y rencontra Isabelle Duchemin, future mère de sa future fille. Issue d'une noble famille française de sang-purs, elle était tout ce qui lui correspondait. Ambitieuse, hautaine et désireuse de perpétrer une lignée de sang-purs tout en exécrant ces immondices qu'étaient les sang-mêlés et les moldus.
En 2004 naquit Athénaïs. Elle reçut ce prénom un peu pompeux (voire même carrément il faut bien se l'avouer) en hommage à la déesse grecque de la guerre, de la sagesse et de la stratégie militaire. Quiconque connaissant Athénaïs au jour d'aujourd'hui poufferait de rire à cette lecture. Pourtant ce prénom semblait convenir parfaitement à ses parents qui voyaient en leur fille la consécration de leurs projets d'avenir. En prenant le meilleur de chacun d'eux, leur fille serait quelqu'un d'exemplaire, une sang-pur aux capacités exceptionnelles. Une de celles qui pourraient faire triompher leur cause.
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Comme ils furent déçus. Plus le temps passait, plus les années défilaient, plus il s'avérait que leur fille n'avait rien d'exceptionnel. Pas de don particulier, pas de prédisposition particulière, pire encore il leur semblait que leur enfant était en-dessous de la moyenne. Elle n'était pas débile, ça non, mais elle ne brillait par son intelligence.
Comme elle est mignonne ! Quelle jolie chevelure blonde, quel charme elle a ! entendaient-ils souvent. Oui, Athénaïs, dès son plus jeune âge, charmait les foules de par sa beauté. Oui mais voilà, tel n'était pas le dessein qu'avait pour elle ses parents.
John Wilkes se renferma un peu plus sur lui-même au fur et à mesure que les années passaient. Sa fille grandissant, il voyait s'épanouir son échec, sa honte presque. Il ne la regardait même plus en face. Cela lui faisait trop mal. Alors il s'investissait un peu plus dans ses actions de Mangemort, délaissant son foyer et cette tête blonde qu'il cherchait à tout prix à fuir. Quant à Isabelle, reléguée au rang de femme au foyer ainsi qu'elle avait toujours voulu l'éviter, la jeune sorcière bascula petit à petit dans une dépression qui lui fermait les yeux sur le monde qui l'entourait.
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Poudlard, enfin. Lorsque Athénaïs avait pour la première fois posé les yeux sur le château plusieurs fois centenaire, un frisson lui avait parcouru l'échine. Son regard clair et pétillant avait parcouru les tours du château avec un espoir renouvelé. Une envie de tout donner. Elle avait à présent quatorze ans. Son enfance s'était déroulée sans trop d'encombre, sans coups d'éclats et sans déception majeure. Mais elle savait. Elle sentait bien qu'elle était la honte de ses parents. Oh, gentiment. Comme nous l'avons déjà dit ce n'était pas l'intelligence qui la caractérisait. Elle ne saisissait pas tous les tenants et les aboutissants, toute l'étendue de leur déception. Mais elle percevait tout à fait leur attention déclinante, comment dans les réunions de famille et autres dîners officiels elle était reléguée au rang de tapisserie. Une jolie tapisserie, certes. Mais une tapisserie tout de même. Avec le temps elle avait appris à ne pas s'en formaliser, à composer avec. Elle avait même fini par en faire un atout. Puisque tout le monde la pensait simplette, elle pouvait sans problème laisser traîner ses oreilles dans les conversations les plus importantes. Mine de rien, elle apprenait beaucoup tout en ne laissant rien transparaître.
A Poudlard elle était une élève moyenne. En dessous de la moyenne, même. Son manque de travail doublé de son inattention notoire lui firent redoubler sa seconde année à Poufsouffle. Ah, Poufsouffle, parlons-en. Une autre déception de ses parents. Sa mère n'était pas allée à Poudlard mais il est certain que si elle y avait été, elle aurait sans nul doute fait partie de Serpentard, tout comme son père. La maison des sang purs par excellence, la maison des familles nobles. Encore une fois Athénaïs avait déçu ses parents sur ce point. Elle avait atterri dans la maison des loosers, des victimes, de ceux qui n'avaient pas le courage nécessaire pour aller à Griffondor, pas l'intellect suffisant pour Serdaigle et pas le fiel pour Serpentard.
Oui elle était belle. Quelques années de plus confirmèrent ce constat. De sa mère elle avait hérité ses beaux yeux bleus et sa chevelure blonde. Mais contrairement à elle, elle avait les traits fins et joliment dessinés, à l'image de son père. Elle gardait une taille fine et un poids plus que modeste sans fournir d'efforts, sa corpulence faisant pâlir de jalousie toutes les sorcières s'adonnant désespérément aux sortilèges d'amincissement. Sa longue chevelure blonde cascadait le long de son dos, ses yeux bleus vifs ressortaient sur son teint de porcelaine... Et son corps devenait celui d'une femme. Une jeune femme aux proportions non loin de la perfection. La perfection, oui elle avait pu l'atteindre. Pas de la manière dont l'avaient imaginé ses parents. Raison pour laquelle ils s'étaient depuis longtemps désintéressé de son cas. Lorsqu'elle rentrait pour les vacances, elle trouvait une maison fantôme. Oh, habitée bien sûr. Mais sa mère passait ses journées enfermées dans sa chambre à lancer des sortilèges à chaque araignée qui passait et son père ne se montrait que le soir, mangeant son repas en silence. Parfois il lançait des regards furtifs à sa fille. De temps en temps il arquait un sourcil étonné. Comme si il était surpris de ce qu'elle devenait. Faite, et bien faite, elle avait les formes qui fallait là où il les fallait, une grâce naturelle dans ses mouvements et dégageait un charme envoûtant. La surprise passée, son père replongeait dans sa torpeur habituelle, ne voyant pas le potentiel d'Athénaïs là où il était, trop occupé à se désoler de là où il n'était pas.
Quelqu'un d'autre le vit pour lui. Un des membres de l'Ombre repéra Athénaïs et lui proposa de rejoindre leurs rangs. La jeune femme, flattée qu'on l'apprécie, accepta sans plus attendre. Elle ne se leurrait pas un seul instant sur l'origine de cet intérêt. Mais elle ne s'en formalisait pas. Au contraire, elle s'en amusait, en usait et en abusait. Elle accomplit plusieurs missions pour le compte de l'organisation, usant de ses charmes comme d'armes redoutables et de sa naïveté comme bouclier. Elle était réputée si inconsciente qu'il lui était facile de se glisser dans les conversations, de copiner à droite et à gauche, de séduire de jeunes âmes hypnotisés par son regard bleu azur et sa chevelure aux couleurs des champs de blé.
[...]
Depuis l'emprisonnement de son père, Athénaïs peine à garder son sourire candide qui est l'un de ses atouts les plus décisifs. Rongée par l'angoisse, elle n'a de cesse d'imaginer les pires scénarios. Son père torturé, menacé, brimé par ces Aurors qui ont le culot de venir arrêter chez eux des sang-purs de longue date alors que les sang-mêlés continuent de proliférer comme de la mauvaise herbe. Dans sa maison à Poudlard, il y en a à la pelle. Les pires sont certainement ceux qui lèchent les bottes des sang-purs, conscients que le vent tourne et que l'heure de leur châtiment approche. Athénaïs n'est pas du genre à haïr facilement. Aussi les gratifie-t-elle d'un regard méprisant que ces idiots prennent pour un charme mystérieux. Quelques fois, elle repère dans le château des gens qui pourraient servir les besoins de l'Ombre. Elle en fait donc part à qui de droit et c'est alors elle qui doit les appâter. Qu'ils soient filles ou garçons. Athénaïs, en plus de son succès incontesté auprès de la gente masculine, possède une capacité assez étrange à copiner avec succès avec quasiment tout le monde. Avec le temps elle a apprit à se faire sa place dans l'Ombre. Elle apprécie tout particulièrement la compagnie de Viktor Flint, en sixième année à Serpentard. Elle voit ce garçon comme une énigme à résoudre, un danger qui sommeille et surtout comme quelqu'un de bien trop bien pour elle. Il lui arrive souvent de se dire qu'elle devrait cesser de lui parler, le jeune homme ayant certainement mieux à faire surtout si on considère qu'il est ami avec Elizabeth Bloodworth. Effectivement Athénaïs a beau se sentir utile aux yeux de l'organisation, elle n'oublie pas qu'elle n'est après tout que la blonde écervelée que tout le monde prend un peu en pitié. Mais Viktor n'en demeure pas moins toujours avenant avec elle, allant même jusqu'à la défendre lorsqu'elle se fait trop chahuter. Par Alfie, notamment. Membre de l'Ombre lui aussi, il était une année en dessous d'elle avant qu'elle ne redouble. Ils sont à présent dans la même année et partagent les mêmes cours. Au grand dam d'Athénaïs. En effet le jeune homme n'a de cesse de la malmener. De la plus simple pique verbale à l'humiliation en public, il ne manque pas une occasion de tourmenter la demoiselle. La plupart du temps Athénaïs s'en sort avec une pirouette, un sourire étincelant, un mouvement de hanches gracieux ou un regard flamboyant. Mais il arrive que sa sensibilité soit heurtée. Elle prend alors bien garde à ne rien laisser transparaître. Gourde oui, mais hypersensible, ça non ! Il lui tarde de voir comment les choses vont évoluer maintenant que Remington Bloodworth a pris la tête de Poudlard. Les camps vont se renforcer, chacun va devoir choisir sa place, ce qui signifie davantage de missions de recrutement pour elle. Quant à ses jolies oreilles, elles continueront de traîner pour le compte de sa famille d'adoption. Athénaïs se sent fourmiller d'excitation. Plus que jamais elle veut apporter sa pierre à l'édifice, de quelque manière que ce soit. Elle ne préfère pas penser à sa mère, recluse chez elle et aux abois depuis que son père a été emmené. Elle n'est peut être pas la plus intelligente qu'il soit, mais s'il y a bien une chose dont elle est sûre, c'est qu'elle ne veut pas ressembler à sa mère plus tard. A quoi cela lui a-t-il servi d'être intelligente et talentueuse puisqu'aujourd'hui elle ne fait rien d'autre que maudire le jour de la naissance de sa fille ? D'intelligence physique, Athénaïs est persuadée pouvoir parvenir à faire son chemin à sa façon. D'une manière ou d'une autre, ses atouts physiques serviront ses intérêts. Ou ceux des autres, allez savoir.