T'as jamais vraiment aimé la forêt interdite. Déjà parce que dans le nom même, il y a un petit indice qui te laisse à penser que tu ne dois pas être là, surtout pas après la tombée de la nuit et surtout pas à moitié ivre. Genre... Forêt Interdite, pas Forêt " venez trainer là c'est sans risque ", pas Center Park, même si tu te retiens de le dire, consciente qu'il comprendra pas la référence. Foutus sorciers coupés du monde moderne. Tu te demandes s'ils savent ce qu'ils se passent dans les forêts du genre, dans les films d'horreur moldus, surtout pour la blonde de l'histoire... T'es sûre tes gardes, du coup, mais clairement t'es la seule vu le boucan qu'il fait. Tu tournes la tête et tu jettes un regard assassin par-dessus ton épaule, marmonnant : « Be quiet, he's gonna hear us ! » parce qu'en plus des créatures qui peuplent la forêt ( et tu sais qu'elles sont là, il n'y a aucun doute, t'as manqué de marcher dans du crottin de centaure il y a deux minutes ) il y a le foutu garde-chasse qui rode surement. Faut dire, vous n'avez pas été discret. Tu ne pensais pas qu'il était possible de faire autant de bordel en remontant le parc après une fête clandestine dans un recoin oublié près du lac. En y regardant bien, vous faisiez surement plus de bruits que la fête en elle-même, à rire, à trébucher, une belle bande d'abrutis se bousculant les uns les autres... et puis Byron McFarlane s'est ramené et le groupe s'est éclaté. T'en as vu courir jusqu'aux portes en chênes, d'autres filer vers la volière, certains sont partis vers les serres mais toi... toi t'as bêtement suivi Ash jusqu'à trouver refuge dans la forêt. Tonnerre d'applaudissement pour ta capacité à prendre des décisions décentes quand t'es ivre. Pour le moment, cependant, tu évites d'y penser. Le monde tourne un peu et t'es presque certaine que le garde-chasse vous a suivi. Avec ta chance, de toute façon, ça ne t'étonnerait même pas à vrai dire... quoi que ça pourrait être pire, vous pourriez vous retrouver dans les pattes d'une bestiole peu amicales. T'es pas sûre de ce que tu préfères. T'as ta baguette, tu pourrais te défendre mais tout le monde connait tes capacités magiques alors à moitié perchée... nope, pas bonne idée. Et Ash, cet imbécile, t'as l'impression d'avoir Attila sur les talons, armée de Huns comprise dans le lot. A nouveau tu te retournes, tentant de mémoriser où sont les racines pour éviter de te vautrer : « Shut up ! » sauf qu'en le regardant, tu te retrouves avec un sourire sur le visage, à vouloir lui en coller une mais à être contente que ce soit lui, le boulet avec qui tu te retrouves en galère. Tu peux pas t'empêcher de l'emmerder, c'est mutuel d'ailleurs, c'est comme ça depuis un sacré moment, entre franche camaraderie et vannes. T'es contente de les retrouver, de le retrouver, t'avais l'impression que les choses avaient un peu changées mais tu tentes de ne pas y penser, tu vas juste au contact pour le faire chier. Dans la foulée, tu oublies un peu le danger et te te retrouve à le pousser pour plaquer une main sur sa bouche, tentant d'ignorer la petite voix qui 1. te pousse à t'approcher encore, parce que t'as compris, depuis le temps et 2. te dit que t'as quand même sacrément tendance à flirter quand t'es enivrée. Mentalement, à grands coups de batte, tu bousilles ta conscience, enchaînant au feeling.

« I said shut your pie hole you twat ! » Tu rigoles, presque ouvertement, mais tu sais que vous faites trop de bruit alors plantée devant lui, tu lui jettes un regard qui, tu l'espères, va sembler sévère. T'espère surtout que t'es pas en train de loucher comme une conne, à vouloir être plus sérieuse et raisonnable. C'est la forêt qui te rend nerveuse, t'es pas comme ça normalement. Pour un peu, tu chopperais presque la flasque de Whisky pur-feu qui traine dans la poche de ta veste en jean, te disant que ça pourrait aider... sauf qu'être encore plus ivre dans ce dédale magique et végétal, ça semble aussi un peu con. Tu recules, légèrement, tu le lâches après avoir été un peu trop près et tu hésites entre sortir l'alcool et éviter. T'es surement parano, Byron est probablement parti dans l'autre sens, les créatures sont surement loin à cause de votre raffut mais t'es sur la défensive... « Did you hear that ? » - Tu fais tellement demoiselle en détresse, flippée de la vie, que tu pourrais t'en foutre des baffes si t'étais pas occupée à scruter les alentours. Vivement qu'il annonce avoir un plan ou connaître un endroit sauf, tiens... T'en aurais presque oublié qu'une des raisons pour laquelle Ash et toi, vous vous entendez si bien, c'est votre amour mutuel pour les plans foireux...

T’as le cœur qui bat un peu trop fort alors que tu scrutes les alentours, te tordant le cou pour tenter d’anticiper le moindre danger. L’idée de la forêt interdite, les cours de SACM, les mises en garde répétées depuis que t’es entrée à Poudlard, tout ça revient un peu trop fort et tu te sens idiote. C’est plus fort que toi, pourtant, tu paniques. Tu ne devrais pas. Au pire, Byron n’est pas si loin, t’as qu’à hurler pour attirer son attention et le faire débarquer, si jamais vous vous faites attaquer… au pire, surtout, Ash est moins empoté que toi et pourra bien vous défendre. Sauf qu’il a bu, et toi aussi, et en plus toi t’es nulle avec une arme dans les mains, capable de t’auto-lancer un croche-patte en tentant de balancer un protego basique. Tu repenses aux insultes que t’as pu prendre pendant tes années ici. T’es pas douée, t’es la ‘demi-cracmole’. Tu serres les dents, un peu en rogne. Au moins tu cours vite. Au moins tu sais te servir d’un portillon de métro sans t’emmêler dedans, pas comme les trois quarts des sorciers… non pas que ce soit utile présentement. Tu inspires, profondément, et puis tu sursautes. Deux bras s’enroulent autour de ta taille et les mains du Serpentard viennent se loger sur tes reins. Protecteur, avenant même. Tu lui jettes un regard sombre, un peu suspicieux mais sa chaleur filtre à travers tes fringues et te rassures un peu alors pendant un instant, tu détends tes épaules et tu te calmes, te fendant même d’un sourire à son égard alors que trop calme, il murmurait : « Shh, be quiet… »

Il a l’air fier, assuré et pendant un instant, tu te demandes si cela ne vient pas du fait que pour une fois, il peut mener la danse, savoir ce qu’il fait, avoir le dessus. En temps normal, dans vos aventures foireuses et autres plans à la con impliquant punitions potentielles et danger éventuel, t’es trop instable, trop changeante pour réellement être canalisée mais là, dans la forêt, tu dois bien reconnaître que t’as peur et que la présence d’Ash n’est pas du luxe. Quelque part, alors que c’est toi qui t’es précipitée vers les bois, c’est lui qui contrôle la situation, un peu du moins. Lui qui peut te défendre, lui qui peut te calmer, aussi, le temps que t’évites de partir en hurlant comme une harpie, terrifiée par un papillon de nuit s’approchant trop de ton visage. Il semble aussi percevoir ta détresse et quand bien même t’es soulagée de ne pas avoir à le dire ouvertement, t’es un peu vexée. T’as ton orgueil, après tout, t’aimes pas vraiment que Ash sache que t’as besoin qu’il s’approche un peu, t’aimes pas dépendre des gens, comme ça, surtout pas d’un Serpentard. Après tout, ‘Humilité’ n’est surement pas le mot de passe vers la salle commune des Verts et Argents et tu te demandes combien de temps tu vas entendre parler de cette fois où Ash aura dû te tenir la main dans la forêt interdite pour éviter que tu flippes comme une folle. Tu soupires, lui parles, tu l’écoutes d’un air distrait, cherchant à nouveau un intrus, ne voulant pas en plus hurler comme une gamine si on vous saute dessus : « Relax, it's nothing. We're too close from the edge of the forest, nothing's gonna hurt us... well except for me ! »
et pendant une seconde, tu te dis qu’au final, c’est pas une bestiole magique qui va te sauter dessus, plus un jeune homme qui se tient un peu trop près pour que tu ne remarques pas la manœuvre. Visage contre ton cou, souffle contre ta peau, il te tient un peu plus chaud et tu sens son nez qui repousse tes mèches blondes alors qu’il vient mordiller ton épiderme, la jointure tendre de ton épaule. Tu soupires, tu roules des yeux, voulant faire mine d’être agacée et puis il insiste un tout petit peu trop et pendant une seconde, tu sens tes genoux qui se font la malle. Great. T’es la pire des girouettes, clairement, flippette trop occupée à penser à autre chose pour être consistante dans sa crainte. Great, truly.

Lui, il en profite pour ajouter : « You know, if you want me to really shut up, you could always kiss me... » et là où tu voulais lever les yeux au ciel pour sembler agacée, tu te retrouves à te mordre l’intérieur de la joue pour ne pas trop sourire. Tu murmures, pourtant, presque aussitôt, un peu menaçante, un peu orageuse : « or I could knock your teeth out, that’d work too » mais perdue entre l’angoisse qui se dissipe peu à peu, l’ivresse qui s’impose encore un peu et l’amusement soudain face à la situation, t’arrives pas vraiment à rester sombre. Tu tournes légèrement la tête vers lui, puis tu feintes, jetant un dernier regard par-dessus ton épaule. Tu veux jouer les fières, parce que t’aimes pas l’idée qu’il en profite pour jouer les héros alors t’ignores la boule dans ton ventre et tu te redresses un peu, finissant par faire un pas vers lui, minime mais assez pour briser le peu d’espace qu’il restait entre lui et toi.

Tu l’observes, dans la pénombre et du sens un semblant de sourire qui te retrousse les lèvres, petit à petit. Il a l’air amusé, lui, content de sa soirée. Autant en profiter, surement, ça semble relativement décent comme idée, la compagnie n’étant pas mauvaise. Tu hausses légèrement les épaules et tu fais mine de t’approcher, voulant essayer, après tout. Fut un temps, t’aurais donné cher pour approcher Ash mais c’est loin, tout ça. T’as grandi, t’as changé, ton crush est passé… et pourtant tu t’approches, parce que yolo, parce que merde à la fin, vous allez être coincé là un moment le temps que le garde-chasse se barre, autant en profiter. T’as une main qui glisse, tu cherches la poche arrière de son jean, dans laquelle tu glisses et puis tu souris, amusée, pressant tes hanches en avant, vers lui, te mordant la langue. Tu vas pour fermer les yeux et l’embrasser, ayant vraisemblablement décidé de ne pas y aller au coup de boule pour le faire taire mais un faisceau lumineux balaye les arbres pas loin et tu sursautes. « Shit. Shit. Shit. That’s Byron, I can hear his damn keys » alors ta main quitte le jean du Serpentard et choppe ses doigts alors que tu te dégages de son étau, reculant vivement, manquant de trébucher, partant à reculons sur le chemin pour t’éloigner en surveillant l’autorité qui approche.

T’es pas foutue de dire s’il est loin mais c’est pas grave, tu veux pas prendre de risque, pas comme ça. T’as un poids dans le ventre, pourtant et alors que tu files, entrainant Ash avec toi, tu réalises que c’est plus vraiment de la peur. Plutôt de l’agacement, d’avoir été interrompue, parce que la direction que venait de prendre subitement la soirée te plaisait plus que jouer à cache-cache avec le lycanthrope. Tu râles, tu jures, à voix basse et tu tires plus fort sur la main du Serpentard, tournant brusquement et t’arrêtant dans la foulée, acculée contre un mur, l’attirant dans ta direction mais pas tout à fait, le lâchant alors. « Shut up, you idiot, I’m sure that was your plan, that’s why you followed me, you wanted to scare me so you could enjoy it… » tu siffles, un peu trop vive, parce que ça sonne un peu trop comme un aveux quant à ta peur. Ta main file, tu tends ton majeur dans sa direction mais tu souris et dans la seconde qui suit, tu te cambres un peu contre l'arbre et tu murmures : « what are you waiting for ? »

Tu pourrais te sentir facile et cheap mais en fait t’en as rien à battre. T’es grande, tu fais ce que tu veux, t’as pas de compte à rendre si tu veux t’amuser. Autant chasser le mal par le mâle… autant dissiper les restes de frayeur efficacement. Cette fois, de toute façon, t’es pratiquement certaine que vous êtes trop loin de la lisière –sauve et sécurisée- de la forêt pour que Byron vous trouve et trop silencieux –ou presque- pour qu’on vous repère. Tu souris, tu bouffes ta lèvre inférieure pour tenter de contrôler un peu ton expression, tu t'impatientes... Il jouait un peu plus tôt, autant qu’il recommence et que tu puisses dissiper l’impression d’avoir mal interprété une blague douteuse et des contacts ‘amicaux’.

Ouais, le contact amical de ses yeux, droit dans ton décolleté, bien entendu.