« Maman ne peut pas rester chéri. »

Le petit garçon en question contemplait sa mère, ses yeux étincelant de larmes nouvelles. Il ne comprenait pas, et ne comprendrait certainement jamais. Et cela détruisait indéniablement le cœur de Stasya. Où puisait-elle cette force ? Comment pouvait-elle lamentablement abandonner son seul fils, la perle de ses yeux ? Elle se faisait violence pour ne pas laisser couler ces gouttes d’eaux salées qui se trouvaient à l’orée de ses paupières. Elle devait être forte, elle ne devait pas transmettre sa peine à Hendrik. Inspirant profondément, elle caressa tendrement le visage parfait de son fils. Il avait hérité de ses cheveux, et du regard provocateur de son père. Père qui n’existait plus aujourd’hui. Tout était si compliqué, si ardu, elle ne voyait pas d’autre solution, elle ne pouvait gâcher le destin de son fils par sa seule bêtise. Déglutissant difficilement, se trouvant à la hauteur d’Hendrik, elle commença d’une voix douce :

« Mon amour, maman va partir d’accord ? Mais, je reviendrai, on se reverra très vite, je te le promets. Mais toi, tu dois me promettre de ne pas pleurer Drik, je ne veux pas que tu pleures parce que je vais revenir, je te le jure, je te le jure. »

Le petit garçon acquiesça, ne comprenant pas tout à fait ce que sa mère cherchait à lui faire comprendre. Bien entendu, Stasya ne pouvait revenir plus tard, elle ne pourrait plus le toucher, l’embrasser, le câliner, le voir grandir, …

« Tu seras heureux, tu vas aller vivre quelque temps avec des gens formidables qui t’aimeront autant que moi et qui te donneront tout ce que je n’ai pas pu t’offrir. »

Hendrik, qui commençait doucement à intégrer les nouvelles, se mit à pleurer sans réellement savoir pourquoi. Le garçon de deux ans qu’il était, comprenait seulement que sa mère allait le laisser pour une durée indéterminée, et il ne voulait absolument pas la quitter. Enlaçant sa mère, il accrocha ses petites mains à ses longs cheveux blonds ondulés.

Stasya répondit à l’étreinte de son fils bien aimé, le serrant fort contre elle, sachant pertinemment qu’elle ne le ferait plus jamais de nouveau. Laissant malgré elle une larme tranchante perler sur sa joue, elle l’essuya maladroitement, et tenta de reprendre contenance. Forçant Hendrik à la lâcher, elle encadra son visage de ses mains, et lui souffla :

« Je t’aime tellement Hendrik. Ne l’oublie jamais, jamais. Je serai toujours avec toi, n’importe où, où que tu sois, je serai là. »

Déposant un baiser sur son front, respirant une dernière l’odeur de savon et de vanille qui s’échappait des cheveux de son fils, elle se redressa. Une femme arriva, un air compatissant sur le visage. Se penchant vers Hendrik, elle lui tendit la main, lui demandant s’il voulait venir jouer avec les autres enfants. Mais le petit garçon ne semblait absolument pas enjoué par cette proposition, et se précipita vers sa mère, entoura ses jambes de ses petits bras, défiant cette femme qu’il ne connaissait pas, d’un seul regard. Comprenant qu’elle avait affaire à un enfant plus que borné, elle appela deux autres collègues. Les femmes attrapèrent Hendrik, tout d’abord par le bras, puis voyant qu’il s’accrochait plus férocement à sa mère, durent employer la manière forte. Elles finirent par l’attraper, et l’une des trois femmes le prit dans ses bras. Le petit blondinet s’égosillait en criant « Maman », et tenter de frapper celle qui le retenait de force.

Le cœur de Stasya se déchira douloureusement, et les larmes inondèrent ses joues. Posant une main devant sa bouche après avoir murmuré un dernier « je t’aime » à l’adresse de son fils qui continuait à se débattre tout en implorant son nom, elle tourna les talons, et sortit de l’établissement. Elle savait que c’était la meilleure chose à faire pour lui, jamais elle ne pourrait regretter d’avoir pris cette décision. Après tout, elle sauvait l’avenir, et peut-être même la vie de son unique fils, son unique amour.

« Dépêche-toi, on va être en retard Blaise. »

Attrapant son manteau, il l’enfila et descendit dans le hall. Annah s’impatientait, vérifiant dans son sac à main si elle avait bien tous les papiers qu’il fallait. Le porte-au-loin pour se rendre à Moscou était prévu à 15h, et il était déjà 14h45. Son mari avait toujours la fâcheuse habitude de ne jamais être en avance. Elle se souviendrait toujours de leur premier rendez-vous, certes, arrangé par leurs parents respectifs, mais le jeune homme qu’il était à l’époque était arrivé plus de 20 minutes en retard, et lui avait raconté un mensonge plus gros que Poudlard. Pensive, un léger sourire effleura ses lèvres rosées et pulpeuses. Elle avait été chanceuse, elle devait bien le reconnaître. Elle qui pensait ne pas aimer cet homme qu’on lui imposerait de force, récalcitrante à l’idée de le rencontrer dans ce restaurant, il lui avait tout de suite plu, avec son sourire charmeur, et ses yeux noirs comme le néant. Fort heureusement, cet amour s’était avéré réciproque.

Blaise déboula soudainement dans le hall, embrassa le front de son épouse, et sortit du manoir. Annah le talonna, et ils se mirent en route au point de rendez-vous qui se trouvait non loin de chez eux. Elle avait tellement hâte de le rencontrer, de le voir enfin en vrai, d’avoir enfin un enfant.

Il y a à peu près six mois de cela, Annah avait de nouveau fait une fausse couche, la deuxième. Bien qu’elle avait été terassée, et totalement anéantie, elle avait tout de même décidé de réessayer, mais les médecins l’avaient prévenu qu’il y aurait peu de chance que cela marche, car il semblerait que son utérus rejetait férocement n’importe quel petit être qui commençait à grandir dans son ventre. Ils ont donc trouvé la solution de l’adoption. Bien que depuis toujours elle voulait un enfant à elle, qui aurait grandi dans son ventre, Annah avait dû se rendre à l’évidence. Sachant que l’adoption en Angleterre était longue, ils s’étaient renseignés dans d’autres pays, et avaient été mis en contact avec une certaine Stasya. Cette jeune mère avait tout perdu très rapidement, endettée jusqu’au cou, et elle souhaitait une vie meilleure pour son fils unique de cinq ans. Et tout c’était très vite déroulé ; les papiers, le voyage pour aller récupérer le petit garçon, la préparation de la chambre, tout. Et aujourd’hui, c’était le jour J.

Les deux jeunes époux se positionnèrent autour du porte-au-loin en forme de pelote de laine, et atterrirent bien vite à Moscou. Annah regarda autour d’elle, complétement perdue. Elle n’était jamais venue ici, et ne parlait pas un seul mot de Russe. Blaise attrapa sa main avec tendresse, et commencèrent à avancer dans les rues bondées de Moscou. Au contraire de sa femme, il savait parfaitement où se rendre. Il était déjà venu ici, avec son père plusieurs fois, et parfois avec son travail au ministère de la Magie. Au bout d’un certain temps de marche, ils arrivèrent devant un grand immeuble blanc. Le centre d’adoption pour enfant sorcier. Lançant un regard confiant à Annah qui semblait plus nerveuse qu’autre chose, ils entrèrent dans le bâtiment.

Après s’être présentés, avoir rempli les derniers papiers pour ramener le petit Hendrik avec eux, ils furent conviés à rejoindre la salle de jeu, là où les enfants restaient le plus clair de leur temps. Il ne fallait pas longtemps à Annah pour reconnaître le petit garçon blond qu’elle avait vu en photo il y a quelques semaines de cela. Incertaine, elle regarda Blaise les lèvres pincées. Comment se présenter à cet enfant qui ne comprendrait certainement pas ce qu’il faisait là ?

« Blaise … lâcha-t-elle perdue. »

Le concerné, connaissant son épouse sur le bout des doigts, prit les devants, et s’avança vers le petit garçon qui se trouvait assis à une table. Il était en train de dessiner une sorte de dragon vert qui ressemblait certainement plus à une grosse larve crachant du feu. S’agenouillant à la hauteur du blondinet qui ne semblait pas avoir aperçu sa présence, Blaise finit par rompre le silence :

« Il est pas mal ton dragon, peut-être un peu obèse. »

Le concerné leva son regard verdâtre vers lui, fronçant ses petits sourcils. Fort heureusement, il était anglais, tout comme sa mère, cela faciliterait l’échange.

« Il est pas obèse, il a juste pas digéré ce qu’il venait de manger. »

Hendrik leva les yeux au ciel, comme s’il prenait l’homme à ses côtés pour un parfait abruti. Surpris, Blaise se tourna vers Annah qui était restée derrière, et lui fit signe d’approcher. En attendant que sa femme arrive, il reprit la conversation.

« Autant pour moi Hendrik. »

Le blondinet qui avait repris son dessin, le fixa avec surprise.

« Comment tu sais mon nom ? Je te connais pas toi. »

« Je suis Blaise, en fait, je suis ton nouveau papa. »

Interloqué, Hendrik ne comprenait pas ce que cet homme noir lui disait. Il n’avait plus de peur et ce depuis longtemps, il n’avait même pas le souvenir de ce que c’était censé être un père. Voyant une jeune femme brune arriver vers eux, un fin sourire sur son visage de porcelaine, le petit garçon les fixa intensément.

« Vous allez m’emmener avec vous ? Comme maman a dit ? … J’ai pas envie. »

Se doutant que cela n’allait pas être chose aisée de ramener le petit garçon avec eux, Annah prit la place de son mari qui se redressa avec souplesse, passant une main sur son visage. Lui qui pensait que ça serait simple, qu’on lui aurait déjà dit que quelqu’un venait le chercher, ils n’étaient pas prêt de rentrer à Londres.
Contemplant le dessin d’Hendrik, Annah lui accorda un sourire réconfortant.

« Tu sais, on habite dans une très grande maison, avec un très grand jardin. Et tu as déjà ta chambre de prête chez nous. »

Haussant les épaules, le concerné reprit son dessin sans porter plus d’intérêt à cette femme qui voulait le ramener chez elle. N’importe quoi. Perdant peu à peu espoir, elle se voyait déjà rentrer sans ce petit garçon chez elle.

« S’il te plait Hendrik. Ta maman t’a confié à nous, pour que tu sois heureux. »

S’en suivit mainte phrase de réconfort, de promesses en tout genre, de description de sa future vie. Après une bonne heure à délibérer, Hendrik finit par accepter, et partit chercher ses quelques affaires personnelles avec une femme de l’établissement. Soulagée, Annah ne pouvait s’empêcher de sourire bêtement. Ils allaient enfin être une véritable famille, au complet.

« Oui, j’arrive, s’écria Lucian d’une voix exaspérée. »

Il était las de tous ces dîners à répétitions qui semblaient interminables, et où il fallait se comporter comme un gentleman. Du haut de ses 13 ans, le fils Zabini commençait déjà à remettre en question l’éducation de son père. Il en avait plus qu’assez de devoir jouer le parfait fils prodigue, rescapé de Russie il y a 8 ans de cela. On ne cessait de le considérait comme une petite chose fragile, qui risquait de s’écrouler à n’importe quel moment. Mis-à-part son père, qui sévissait dès qu’il le jugeait bon, et donnait une éducation cadrée à son fils. Sa mère quant à elle, jouait le rôle de la plus adorable, celle qui se préoccupait du moindre de ses besoins, dès qu’il faisait un caprice, elle lui donnait ce qu’il souhaitait, et avec les années, Lucian avait clairement compris ce petit jeu, et s’en donnait à présent à cœur joie. Malgré tout, le jeune homme aimait ses parents, bien qu’ils ne soient pas véritablement les siens, ils l’avaient recueilli sous leur toit, lui avaient sauvé son avenir, et lui avaient offert tout ce qu’il voulait. Lucian était loin d’être malheureux.

Cherchant une chemise à se mettre sur le dos dans son placard, il ne put s’empêcher de regarder de nouveau sa robe de sorcier toute neuve qui se tenait là, proprement sur un cintre. Il avait tellement hâte d’aller à Poudlard, de pouvoir enfin exercer la magie à son gré. Enfilant une chemise de couleur beige, il passa une main dans ses cheveux blonds, et descendit rejoindre les invités. Après les avoir salués, écouté les dames s’extasier devant son joli minois, il se rendit dans la cuisine, grignoter un des plats qui allait bientôt être servis. Leurs trois elfes de maisons s’attelaient à la tâche avec soin.

« Qu’est-ce qu’il y a de bon Jinky ce soir ? »

Leur dernière petite elfe de maison, apporta au garçon un bout de poulet cuit. Connaissant bien son jeune maître, elle savait pertinemment qu’il venait manger avant le repas, ce qui exaspérait son père. La remerciant, il mangea son morceau de poulet, et repartit à la réception, rejoindre ses quelques amis appartenant tout comme lui à des familles de haute société.

La soirée se déroula sans embuche, pour une fois, et lorsque tous les invités furent partis Lucian remonta dans ses chambres, las. Sa chambre se trouvait aux couleurs des Serpentards, depuis cet été exactement. Son père tenait absolument à ce qu’il finisse dans sa maison, et bien qu’ils ne soient pas du même sang, il était clair qu’ils se ressemblaient par bien des points. Lucian était du genre imprévisible, et s’emportant facilement pour un oui ou pour non. Malin et perspicace, il savait exactement comment s’en sortir dans n’importe quelle situation, et comment finir par avoir ce qu’il désire le plus. En plus de tout cela, il avait été un garçon très intelligent, qui s’intéressait à tout. Pour Blaise, il n’y avait aucun doute là-dessus, il serait envoyé à Serpentard. Et Lucian espérait vraiment faire partie de la maison des verts et argents, pour rendre son père fier de lui. Dans deux jours, il partait pour Poudlard jusqu’au vacance de Noël, et il avait hâte d’y être.

Depuis ses quatorze ans, Lucian avait très bien su gérer son arrivée à Poudlard. A vrai dire, il s’était de suite imposé chez les verts et argents. Il faut dire qu’avec son patronyme, s’était chose aisée que d’être à la fois connu et respecter au château. Et ceci convenait tout à fait à Lucian. Ce dernier trouva de suite des amis proches, en qui il pouvait avoir entièrement confiance. Le jeune Zabini se montra très attentif en cours, et rendait toujours ses devoirs à l’heure. Se montrant à la fois poli et courtois avec ses professeurs, il était désigné comme étant un parfait élève modèle. Bien entendu, ce petit rôle commença à s’effriter au fur et à mesure du temps, de façon à ce que Lucian prenne davantage confiance en lui.

Avec le temps, le jeune homme se rendit compte qu’il pouvait manipuler son petit monde comme bon lui semblait. Tout ce qu’il voulait, il l’avait, d’une manière ou d’une autre, quitte à ce que ce soit les autres qui fasse le boulot à sa place. Ses notes ne chutèrent pas et sa réputation ne cessait d’accroître. Il comprit bien vite qu’il avait un charme fou et qu’il plaisait aux demoiselles. Il a donc eu plusieurs petites histoires, mais à chaque fois cela ne dure que quelques semaines, et encore si la fille et chanceuse. Il ne couche jamais rien qu’un soir avec la fille, ou alors c’est que vraiment, c’était le coup d’un soir. Il passe du temps avec la demoiselle en question, mais il se lasse très vite, et finit par la jeter. Ce qu’il fait qu’il a de nombreuses ex-petite copine à son tableau de chasse.