Du feu. Des flammes. Des cris assourdissants, et une lumière aveuglante. Elle a peur. Elle est saisie. Saisie, comme si rien ne pouvait la sauver. Comme si, elle était prisonnière. Prisonnière de son abominable cauchemar. Elle veut sortir, désespérément. Mais une force la retient, la retient à ce qui demeure son affliction ; pourtant bien réelle. Elle avait mis tant de temps. Elle avait mis tant de temps, à se remettre, à se relever de cette histoire. Se complaisant de cette éternelle mascarade qu'était devenue sa propre vie. Elle se complaisait, et se persuadait d'aimer ce qu'elle était devenue ; c'était le cas. Cedrella regarda autour d'elle. Le vide. Le vide, à perte de vu. Le vide, ainsi que les décombres l'illustrant. « Tu m'as tuée. » La jeune femme se retourna vivement. Elle se retourna, et ce fut là qu'elle l'aperçut. Une petite fille, traînant sa poupée sur le sol, habillée d'une robe virginale et blême, comme son visage d'enfant. « Tu aurais pu me sauver, et tu ne l'as pas fait. » Non. Elle n'était que le fruit de son imagination. Elle n'était que le fruit de sa culpabilité. Le fruit du malin, prêt à la détruire à petit feu, et de la plus douloureuse des manières ; salement. Ce n'était pas elle. Ce n'était pas Tessa ; cet être ne lui voulait aucun bien. Cette silhouette la regardait, semblant la condamner, semblant l'accuser. Ses cheveux blonds s'envolant au gré du vent, de la tempête qui était sur le point de se préparer. Des fines gouttes de pluie tombèrent sur le sol, éteignant les flammes peu à peu, comme si Tessa avait le moindre contrôle sur la météo. « Je sais ce que tu te demandes en ce moment. » Cedrella fronça légèrement les sourcils, reculant, lorsque la petite tenta de s'approcher d'elle. « Tu te demandes pourquoi nous, et pas toi ? » Son cœur battait à tout rompre, comme si celui-ci voulait sortir de sa poitrine, n'en pouvant plus de son éternelle névrose. Comment faisait-elle pour mettre des mots, sur ce que Cedrella ressentait, jour après jour ? Tessa était dans sa tête, dans son esprit ; son subconscient se jouait d'elle. « Tu veux trouver un sens à tout cela ? Il n'y en a pas. Il n'y en aura jamais. Pour la simple et bonne raison que tu es simplement vouée à vivre avec ce que tu as fait. Ta vie ne sera que simple chaos, et désormais tu sais, que ta bavure ne sera jamais pardonnée. Jamais. » Un bruit d'explosion, et elle disparut. Elle disparut, et le feu reprit à nouveau, l'encerclant. Cedrella se mit à genoux, et hurla de toutes ses forces, implorante. Jamais, je ne te le pardonnerai. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais...Jamais.
Cedrella se releva brusquement, la respiration saccadée ; le cœur en miettes. Ce fut avec joie qu'elle retrouva les murs de son école, et l'aura rassurant de ses camarades. Mais pourtant, elle n'arrivait pas à se sortir ces images de la tête. Ces images pourtant fausses, bien que tout lui avait paru des plus vrais. Sa petite sœur. Le chapiteau détruit. Avec les années, elle pensait avoir réussi à chasser ces souvenirs macabres, et funestes ; elle s'était fourvoyée, lourdement trompée. La rouge et or se leva précipitamment du canapé. Elle s'empara de son ours en peluche, ce présent que sa sœur lui avait confié, et se dirigea vers le lit pour rejoindre Heolym, d'instinct. Seule sa présence arrivait à la calmer, dans ses nuits tourmentées. Ce fut à pas de loup qu'elle s'était approchée de son lit. À pas de loup, qu'elle entra dans ses couvertures, essayant tant bien que mal de ne point le réveiller. Mais elle put constater que cela fut cause perdue, lorsqu'elle l'entendit s'agiter légèrement. Merde. « Désolée de t'avoir réveillé. » S'excusa-t-elle, contrite. Cedrella se sentait tellement bête, de se réfugier sous les draps de son meilleur ami, son époux, telle une enfant. À croire que le courage Gryffondorien avait lui aussi ses limites. Ella chercha le bouton de la lumière, détestant le noir complet. « Cela me fait tellement de mal de le reconnaître, tu sais. Mais... » Commença-t-elle, d'une voix morne. « Tu avais raison. Manger trop sucré le soir ne fait pas bon ménage avec le sommeil. Moi qui te prenais pour un rabat-joie ! » Un fin sourire illuminant son visage, elle lui jeta un regard du coin de l’œil, polissonne, puis elle ajouta. « Rectification, tu restes tout de même un rabat-joie. » La légèreté, l’espièglerie, demeuraient maîtres, lorsqu'elle tentait tant bien que mal de dédramatiser une situation. Tout ce qu'elle espérait en cet instant, était qu'il ne la tuerait pas, pour avoir écourter sa nuit de sommeil. « Je peux dormir avec toi ? Je ne me sens pas de dormir toute seule. » Reprit-elle, plus sérieusement, son ton demeurant presque une supplication ; Cedrella avait besoin de lui. Elle avait besoin de lui, plus que tout au monde ; et ça la tuerait.
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Heloym Cartwright
HRIen depuis le : 04/04/2014 Parchemins écrits : 61 Statut : † DEATH IS MY LOVER AND HE WANTS TO MOVE IN. (MARIÉ À CEDRELLA GODSWORTH)
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Sujet: Re: « For worse or for better. » Heloym Mar 20 Mai - 21:22
(SUZANNE COLLINS) ▽ “ How come I never know when you're having a nightmare ? ” I say.
“ I don't know. I don't think I cry out or thrash around or anything. I just come to, paralyzed with terror, ” he says.
“ You should wake me, ” I say, thinking about how I can interrupt his sleep two or three times on a bad night. About how long it can take to calm me down.
“ It's not necessary. My nightmares are usually about losing you, ” he says. “ I'm okay once I realize you're here. ”
Heloym n'arrivait même plus à s'insurger contre le Ligare Carcerum. Comme tout le monde, les trois premiers jours, il s'était plaint toute la journée, sans s'arrêter, dans le vain espoir que Kingsley Rosenbach l'entendrait au détour d'un couloir et lèverait la malédiction ; puis il avait lâché prise, avait abandonné. Ceci dit, être lié à Cedrella Godsworth, ne le dérangeait pas outre-mesure : en plus d'être sa meilleure amie sur terre, la jeune femme s'avérait aussi être sa sœur de cœur et, surtout, son épouse. Au fond, resté collé à elle H24 n'était pas tant différent que d'habitude. Le sommeil et les douches posaient problème, bien évidemment... mais bon. Ils s'en accommodaient, plus ou moins. Cette semaine, ils dormaient chez les Pouffsouffle. Profitant du départ d'un de ses camarades, Heloym avait arrangé le dortoir des garçons pour que le minuscule canapé qui s'y trouvait se place à proximité de son lit : il y dormirait ce soir, et Ella sur la couche rustique. Ils échangeraient certainement de place le lendemain, ou la journée d'après si Ella ne se montrait pas trop opiniâtre. Tout ce sortilège appelait à une logistique et un esprit pratique qu'il n'avait jamais eu. Du coup, il laissait Cedrella s'en occuper. Elle s'en démerdait bien. Normalement, les respirations apaisées et apaisantes des autres garçons de son dortoir, additionnées aux hululements discrets des hiboux dehors, suffisaient à le bercer et à le plonger dans un sommeil profond et salvateur. Ce soir là, pourtant, rien ne vint : dormir était impossible. Le monde des rêves et des cauchemars lui avaient toujours ouvert grand les bras et il pouvait compter sur les doigts de ses deux moins le nombre de fois où les insomnies avaient frappé. Il glissa un coup d'oeil vers Ella, après que le couvre-feu soit passé d'une solide heure, mais elle dormait paisiblement et il n'eut pas le cœur de la réveiller.
Parfois, entre nous, il avait envie de briser le sortilège. De s'écarter d'elle au delà du périmètre de sécurité, de souffrir ce qu'il avait à souffrir, et d'abandonner tout derrière lui : magie, monde magique et le reste. Mais il savait la valeur de ces choses aux yeux de sa meilleure amie. Il savait qu'elle ne le pardonnerait jamais de la priver de magie : c'était son monde à elle, son monde chéri, auquel elle avait toujours appartenu malgré qu'il s'y soit toujours senti étranger. Il ne pouvait pas lui faire ça. Elle mérite tellement mieux que tout ça, songea-t-il en la énième fois en caressant pensivement son visage endormi du regard, en contrebas par rapport à lui qui était sur le lit. Heloym se laissa aller dans sa contemplation sans trop y penser, fasciné, les bras de Morphée l'attirant vite pour danser, danser, danser dans le plus profond de la nuit. Il lui sembla, toutefois, qu'il n'avait fermé les yeux qu'un quart de secondes quand il sentit un minuscule corps – lui semblait-il – se glisser contre lui après avoir soulevé un coin de sa couverture. Machinalement, le brun s'agita, grogna sous sa respiration en reculant sur le matelas pour permettre à Cedrella – qui d'autre ? – de s'allonger. « Désolée de t'avoir réveillé. » Il grogna à nouveau comme toute réponse, fermement décidé à se retourner pour se coucher, après avoir passé un bras machinal protecteur autour de sa taille. Mais elle ne l'entendait pas de cette oreille. Il vit à travers ses paupières closes qu'elle allumait la lampe de chevet ; il grogna à nouveau. « Cela me fait tellement de mal de le reconnaître, tu sais. Mais... Tu avais raison. Manger trop sucré le soir ne fait pas bon ménage avec le sommeil. Moi qui te prenais pour un rabat-joie ! » Il avait ouvert un œil fatigué, cerné et de mauvaise humeur. Pourtant, à la fin de sa phrase, un petit rictus vint relever le bout de sa bouche dans un demi-sourire endormi et amusé. Tendre.
« Je suis pas un rabat-joie. » mâcha-t-il, la langue pâteuse, en prenant une moue boudeuse ; mais, au même moment, elle rajoutait : « Rectification, tu restes tout de même un rabat-joie. » Il leva les yeux au ciel, faussement exaspéré, en gigotant un peu pour trouver une position plus confortable, appuyant sa tête sur son bras pour la darder de ses deux grands yeux noirs. Lentement mais sûrement, son sommeil sans rêve disparaissait de son visage pour laisser derrière lui une moue contrariée et boudeuse d'avoir été réveillée. « Je peux dormir avec toi ? Je ne me sens pas de dormir toute seule. » Il grommela. « Comme si tu me laissais le choix. » Avant qu'elle ne prenne la mouche et se vexe, Heloym resserra son emprise sur son corps pour la serrer contre lui et lui embrassa le bout du nez, affectueux. Il n'avait jamais été particulièrement proche ou tactile avec Ella. Pourtant, dans ces moments rares d'intimité, toutes ces petites marques d'affection lui venaient impulsivement, naturellement. Ca lui semblait juste bien, sur le moment – même si, il se souvenait d'avoir regretté des affections trop entreprenantes une fois ou deux. Ella le connaissait mieux que personne. Il savait qu'il pouvait se révéler à elle fragile et lui demander de dormir avec elle toutes les nuits de l'année ; l'inverse aussi était vrai. En fait, il était ravi de dormir avec elle. Le sommeil venait toujours plus facilement et les cauchemars lui étaient plus volontiers épargnés. « T'as fait un cauchemar ? C'est... c'est Tessa encore ? » marmonna-t-il, un ton plus bas, ses yeux se baissant un quart d'instant sur la peluche qu'Ella avait apporté avec elle dans son lit.
Invité
Sujet: Re: « For worse or for better. » Heloym Ven 23 Mai - 17:36
« Ta sollicitude me va droit au cœur. » Lâcha-t-elle, faussement outrée, face à ses propos. Un sourire se dessina sur ses lèvres, lorsqu'elle aperçut l'ombre d'un rictus sur le visage d'Heloym. Son sourire pouvait panser bon nombre de ses blessures, mais elle demeurait bien trop fière pour le lui témoigner ; ils l'étaient tous les deux, dans un certain sens. C'était lourd. Tellement lourd. Parce-que terrée dans son silence, seule elle, connaissait la triste vérité. Elle pensait à des maux d'estomac. Elle pensait, que ce n'était que passager. Que cette boule qu'elle avait au ventre, allait tôt ou tard disparaître ; elle s'était une nouvelle fois fourvoyée. Elle pensait, que sa jalousie envers Gaenor n'était dû qu'à sa simple envie de le protéger, que ce n'était que le fruit de son extrême possessivité. Mais non. Ella était bel et bien tombée dans son piège, pieds joints, sans s'en rendre compte, sans le vouloir. Elle le détestait. Elle le détestait, pour ce qu'il avait réussi à faire naître en elle. Elle le haïssait, d'avoir réussi à faire fondre ce qui demeurait autrefois sa prison de glace. Elle se haïssait davantage, de n'avoir su capter les mauvais desseins du destin, qui l'avait lié à lui ; désespérément. Heloym était comme de la kryptonite, mais pourtant, elle ne pouvait s'en défaire, ou ne serait-ce qu'y penser. Au fond d'elle, Cedrella le savait. Elle savait, qu'il demeurait le seul qui avait le pouvoir de lui détruire la vie. Comme quoi, il y avait des choses que l'humain ne pouvait point contrôler. Ces sentiments résonnaient en elle, tel un véritable chant d'affliction, la dévastant de la plus délicieuse des manières. Car en plus d'être médiocre, il pouvait arriver à l'être humain d'être heureux d'être malheureux. Un frisson lui parcourut tout le corps, lorsqu'elle sentit ses bras l'encercler. Ils avaient souvent dormi dans le même lit, dans leurs nuits ravageuses, et la proximité ne l'avait jamais dérangé plus que cela ; au contraire. Mais elle ne saurait expliquer ce qu'elle ressentait, ni pourquoi ses hormones étaient des plus farçeurs, en cet instant. Ella ne put s'empêcher d'échapper un rire mutin, lorsque Heloym déposa un léger baiser sur son nez, comme un frère ferait à sa petite sœur ; chienne de vie.
Cedrella se renfrogna, face aux dernières paroles d'Heloym. Il était l'une des rares personnes qui savait. Qui connaissait ce passé qui la rongeait, qui la tuait. Mais bien qu'il soit tout pour elle dans ce monde, cela demeurait l'une des seules choses sur lesquelles Ella détestait s'étaler. Heloym ne devait pas avoir cette vision d'elle. Cette vision maussade. Cette vision torturée. Mais pourtant, elle se savait vulnérable face à lui ; il la rendait faible. Il la rendait faible, mais pourtant, elle cherchait toujours réconfort dans ses bras, et en ses paroles rassurantes. Ses yeux fixaient les siens, cherchant une réponse, qu'elle n'avait pas. Elle se risqua à poser une main sur ses cheveux, afin de les recoiffer, chose qui devait l'agacer, elle supposait. Elle gagnait du temps, pour la simple et bonne raison qu'elle ne savait que dire. Tessa la poursuivait, et il le savait. Il savait, que son cerveau pouvait parfois lui jouer des tours, s'amuser d'elle. Il devait la prendre pour une folle, une cinglée. Mais pourtant, elle adorait ces moments où il se taisait pour l'écouter, et sans aucun jugement. « Disons qu'elle s'est montrée foutrement originale, cette nuit. Je t'assure, on aurait dit qu'elle sortait tout droit de l'exorciste, c'était effrayant ! » Finit-elle par dire, voulant paraître le plus détachée possible. Ella se tourna légèrement, plongeant son regard vers le plafond, qu'elle trouva soudainement des plus attrayants. Le regard d'Heloym se perdit un instant sur sa peluche, et la jeune femme arbora un sourire, presque désolée. « Tu dois sûrement me trouver ridicule. » Constata-t-elle, baissant les yeux vers monsieur Tucksedo, ainsi nommait par Tessa. Lui aussi, faisait parti de son éternelle déchéance, mais pourtant, il l'aidait à surmonter ses nuits cauchemardesques. Dans le fond, Cedrella n'était qu'une pauvre gamine. Une gamine apeurée, qui ne voulait pas grandir. Le monde des adultes était tellement moche, et tellement ennuyeux. Mais paradoxalement, elle s'était vue obligée de grandir plus vite que les autres ; la vie le lui ayant obligé.
Heloym se trouvait là, à côté d'elle, et pour une fois, la rouge et or ne savait que dire. Heloym. Il lui arrivait parfois de lui en vouloir, sans aucune raison. Peut-être souffrait-elle de son indifférence perpetuelle ; indifference blessante, assassine. Son bonheur, c'était tout ce qu'elle souhaitait. Son bonheur, ferait le sien. Il le méritait, plus que quiconque. Il n'y a point plus affreux, plus dévasteur, que d'éspérer que la personne aimée trouve le bonheur, avec quelqu'un d'autre. D'instinct, Ella s'empara de la main d'Heloym, peut-être dans un élan désespéré. À contrario du jeune Poufsouffle, Cedrella était quelqu'un de très tactile, qui avait besoin de tendresse, et d'en donner ; c'était plus fort qu'elle. Ils étaient tellement différents, tous les deux enfermés dans une spirale, et visiblement, ils semblaient tous les deux dépassés, chacun dans leur éternelle névrose. Ella posa sa main contre celle de l'adolescent, la sienne demeurant bien plus grande. Son regard se perdit un instant vers les alliances, scintillant légèrement sous le reflet de la lampe. Elle l'aimait. Et même si elle ne voulait pas de cet amour, il demeurait bien présent. Elle l'aimait. Elle l'aimait, de tout son cœur bousillé, fracassé. Mais pourquoi avaient-ils fait cette démarche, de se marier ? Cet amour brulant, destructeur, n'était point partagé ; elle n'était pas stupide. « Pourquoi ? » Ella se pinça les lèvres de gêne. Elle avait commencé, et maintenant, elle se devait de continuer. Elle soupira, et relâcha la main du jeune homme, lourdement sur le matelas, n'osant faire face à son regard. « Qu'est-ce-qu'on a essayé de se prouver ? » Cedrella voulait qu'on l'achève sur-le-champ, au nom du ciel. « Tu es de loin la personne qui compte le plus pour moi, dans ce monde. Tu le sais, ça ? » Il le savait. Elle ne le lui avait jamais confessé, mais il savait, qu'il demeurait son centre de gravité, celui qui l'avait empêché de s'écrouler, de sombrer. Peut-être que cette histoire de Ligare Carcerum était en train de tout gâcher. Peut-être, qu'elle était en train de tout gâcher, en cet instant même, et que sa franchise lui faisait une nouvelle fois défaut. « Mais des fois, j'ai comme l'impression qu'on ne se fait plus confiance. Parfois, j'ai l'impression que tu m'échappes, et pour dire vrai, je n'ose pas te retenir. » À ces dernières paroles, Ella se mordit la lèvre inférieure, confuse, perdue. Cedrella finit par prendre son courage à deux mains, et tourna son visage vers celui qui demeurait son meilleur ami. Pour dire vrai, Ella regrettait fortement d'avoir allumé la lumière ; elle voulait disparaître.
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Heloym Cartwright
HRIen depuis le : 04/04/2014 Parchemins écrits : 61 Statut : † DEATH IS MY LOVER AND HE WANTS TO MOVE IN. (MARIÉ À CEDRELLA GODSWORTH)
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Sujet: Re: « For worse or for better. » Heloym Sam 31 Mai - 22:10
« Ta sollicitude me va droit au cœur. » Pourtant, elle devait savoir. Elle devait le voir. Heloym semblait parfois indifférent à Cedrella. C'était comme si il s'en fichait d'elle, comme si il la voyait sans vraiment la voir, comme si il la considérait comme acquise, éternellement posée dans le paysage. Et pourtant, il ne se passait pas une seconde de sa journée sans qu'il ne pense à elle, son bien-être, ses sourires, ses jolis yeux, les cauchemars qui s'y cachaient. Il l'aimait beaucoup, Cedrella, un peu trop à son goût. Il lui avait tout donné, sans s'en rendre compte, sans qu'elle s'en rende compte elle-même. Elle était tout, à ses yeux, il était tombé de très haut et de manière très violente pour elle. Sa vie gravitait autour de Cedrella, autour de la manière dont elle le regardait en coin, autour de la manière dont elle souriait quand elle était heureuse, autour de la manière dont elle fronçait les sourcils quand elle était contrariée. Sa sollicitude était infinie, et éternelle. Mais comme avec tout, dans tous les domaines possibles et imaginables, Heloym était incapable de lui montrer. Il la connaissait mieux que personne : il ne savait même pas pourquoi il prenait la peine de lui demander quel cauchemar l'avait conduit dans ses draps. Elle était hantée par sa petite soeur, sa petite Tessa. Plutôt que de ramener le sujet, songea-t-il, il aurait dû tout faire pour le lui faire oublier en la serrant dans ses bras sans lui laisser la possibilité de s'échapper. Oh, oui, ça aurait été bien. Construire un fort de coussins et de draps comme quand ils étaient gamins pour s'y câliner et s'y reposer en paix jusqu'au petit matin. Parfois, leur enfance entrecoupée d'insouciance et de cauchemars lui manquaient. Et d'autres fois, il était arrivé de progresser enfin dans la vie, elle à ses côtés, toujours à ses côtés.
Pour avoir un sursis, Ella passa sa main dans les cheveux du jeune homme, ce qui eut le mérite de le faire fermer un instant les yeux en grognant. Il n'essaya pas de se soustraire à son toucher, toutefois, ayant plus la réaction d'un chat flegmatique arraché à son sommeil paisible. Non, en fait, on aurait dit de ces chiots qui avaient été élevés parmi les chats et qui n'avaient plus la force de les combattre, devaient souffrir et subir sans mot dire. Il était tant habitué à elle, ses mots à n'en plus finir, ses phrases qui s'additionnaient, ses caresses inopinées, ses moues adressées uniquement à lui, qu'il pouvait tout lui laisser faire. Heloym laissa à la jeune femme le temps de trouver ses mots et de les mettre dans le bon sens dans sa bouche. « Disons qu'elle s'est montrée foutrement originale, cette nuit. Je t'assure, on aurait dit qu'elle sortait tout droit de l'exorciste, c'était effrayant ! » de Il ne put s'empêcher de grimacer à la référence cinématographique : il avait gardé un très mauvais souvenir du film. En fait, il avait passé la moitié du temps à demander à Cedrella si c'était possible d'être possédé sans le savoir ; et l'autre moitié à broyer ses doigts entre les siens tant il était angoissé. Ella s'efforçait d'adopter un air indifférent et un ton détaché par Heloym n'était pas dupe. Toutefois, il ne se permit pas la moindre remarque, espérant enterrer derrière eux le sujet et tout ce qu'il soulevait. Il ne voulait pas accabler son amie plus que cela. « Tu dois sûrement me trouver ridicule. » Le pouffsouffle fronça légèrement des sourcils sans comprendre, avant de soupirer légèrement quand ses yeux rejoignirent à nouveau monsieur Tucksedo. « Jamais. » sourit-il légèrement à l'adresse de la jeune femme avant de s'emparer de la peluche d'une main. Il la faisait danser sous les yeux de la gryffondor, dans le but de la dérider, tandis qu'il empruntait une voix rauque et amusante digne des plus grands dessin animé : « Ella n'est jamais ridicule parce que c'est toujours Heloyyyym. » singea-t-il avant d'écraser gentiment la peluche sur le visage de Cedrella dans un bref rire de gamin.
Parfois, il pouvait s'avérer aussi léger qu'un gamin de cinq ans ; et puis, l'instant suivant, aussi grave et sage qu'un homme ayant trop vécu. Il se demandait parfois comment la jeune femme supportait ce caractère changeant, bipolaire, versatile. Comment elle faisait pour le supporter tout court. Un léger silence s'installa et, très rapidement, Heloym se sentit tourner de la tête ; se serrant machinalement un peu plus contre Ella, il sentit ses paupières se fermer sans pouvoir les arrêter, le rythme des respirations de la brune l'apaisant lentement mais sûrement. Elle s'empara de sa main et, pendant un instant, les doigts du brun cherchèrent les siens avant de s'affaisser, retournant aux affres de la semi-somnolence. Il était bien parti pour reprendre son cycle de sommeil là où il l'avait laissé quand la voix de la gryffondor résonna, contrastant avec la quiétude silencieuse ambiante. « Pourquoi ? » Heloym cligna douloureusement des yeux. « Hm ? » marmonna-t-il à peine alors qu'elle relâchait subitement sa main, qui retomba mollement sur le matelas. Il cligna à nouveau des yeux sans comprendre, se les frotta avec l'autre main, en glissant vers Cedrella un regard interrogatif. « Qu'est-ce-qu'on a essayé de se prouver ? » Il comprit soudainement qu'elle parlait des alliances à leurs doigts. De leurs noms liés malgré tout. Du mariage, qui n'en était pas vraiment un, juste une démarche administrative. Il aurait dû lui offrir un énorme mariage en plein air, avec des gâteaux, des invités et des boissons pétillantes. A la place, ils avaient fait la fête toute la nuit, à deux, la musique trop forte, l'alcool trop présent dans leurs sangs. Ca avait suffi à Heloym. Peut-être qu'Ella voulait plus. « Tu es de loin la personne qui compte le plus pour moi, dans ce monde. Tu le sais, ça ? » Il resta silencieux à la contempler, à la fois surpris et encore dans le gaze du sommeil. Il hocha lentement la tête. Mais elle ne le regardait pas, pour une fois.
« Mais des fois, j'ai comme l'impression qu'on ne se fait plus confiance. Parfois, j'ai l'impression que tu m'échappes, et pour dire vrai, je n'ose pas te retenir. » Heloym s'en voulait beaucoup. Il avait l'impression qu'elle ne savait pas. Qu'elle ne comprenait pas. Qu'elle était aussi imperméable que lui à tout ce qui pouvait se passer dans sa tête, dans son coeur. Il aurait aimé qu'elle voit. Enfin, elle tourna le regard vers lui et il ne lui offrit que son visage le plus calme, le plus détaché. On ne pouvait ni lire le trouble dans son coeur, ni la colère dans ses veines. Juste cette sérénité relaxante et dérangeante, avec ses grands yeux vides. Il pressa ses lèvres sur le front de Ella, puis vint embrasser sa joue, son nez, son autre joue, tandis que ses mains se glissaient entre les draps pour la serrer contre lui. Il enfouit son nez dans son cou en la serrant toujours plus fort, ne lui laissant pas d'autre choix que de subir cette étreinte inattendue. « Et tu sais que tu es la plus belle chose qui me soit jamais arrivée ? Que tu es la personne la plus importante pour moi, celle pour qui je pourrais crever sans hésiter une seule seconde ? Celle que j'aime le plus au monde. » Il ne pouvait pas lui dire ce qu'il voulait prouver. Il ne pouvait pas lui expliquer pourquoi. Lui parler de sa peur phobique de l'abandon. De ces visions horribles qui se multipliaient, d’elle qui partait sans se retourner. Il ne pouvait pas. « Si je t'échappe, fais moi la promesse que tu me rattraperas toujours. Parce que les garçons comme moi, c'est nul et ça a besoin des filles comme toi pour leur rappeler que c'est beau d'aimer et qu'ils ont ailleurs où aller. » Il resta longuement silencieux, le nez toujours enfoui dans son cou, les mots soufflés à même sa peau. Il y déposa un baiser avant de se détacher pour la regarder dans les yeux, cheveux tout ébouriffés, les yeux plissés, la moue indécise entre tendresse et distance. « Parfois, je me perds, tu le sais bien. Je me perds partout et n'importe comment. Mais toujours, je sais que tu seras là pour me guider vers la maison. Alors je n'ai pas peur. Parce que je t'ai toi. »