« Vous n'êtes pas sérieux tout de même ?! » Aucune réponse ne se fit entendre dans le salon aux murs d'ocres sombre du couple de sorcier londonien. L'horloge continuait son bruit incessant tandis qu'un chat aux poils tombant abondamment partout continuait de faire sa toilettes sur un fauteuil qu'il rendait inutilisable par la sorcière au tailleur jaune criard et à la chevelure blonde. Quelques jours plus tôt, la petite famille avaient accueillis parmi eux un petit garçon aux yeux aussi ocres que les murs et aux cheveux -déjà présent sur son crane- aussi bruns que ceux de sa mère. La femme au rouge à lèvres parfaitement appliqué souffla, retournant près du fauteuil occupé et chassa le chat d'un geste de la main. S'installer dans un geste théâtral était nécessaire, ou plutôt naturel chez la vieillissante Rita Skeeter, n'ayant alors rien contre boire un grand verre de Gin à cet instant précis. La femme à la cinquantaine passée avait pris des rides et de l'âge, depuis la grande guerre. « Nous l'aimons bien comme ça aussi, on ne voit pas le problème. » Son regard azur se posa sur son fils unique à la petite trentaine. On ne pouvait nier leur parenté, des cheveux aussi clairs que leurs yeux, un petit nez retroussé et une mâchoire marquée. C'était bien son fils, son garçon qui n'avait pas suivi sa voir, vaillant herbologiste avec un désir d'aventure, respirant le calme et l'intelligence des Serdaigles. « Mais ça perd tout son sens ! Tu t'imagines, avec une lettre en moins à ton prénom ? » La main sur le front elle s'étala contre le dossier moelleux abîmé par les griffes du chat persan. Une lettre en moins, tout ceci pour une lettre en moins au prénom d'un bébé qui aurait pu ignorer ce détail toute sa vie, si cela ne faisait pas une affaire d'état dans la famille Skeeter en ce week-end de l'année deux mille trois. La belle-fille portant le nourrisson n'osait que peu répliquer face aux incessantes jérémiades et attaques de sa chère provocatrice belle-mère. Que dire, quoi dire face à une femme aux arguments intarissables et à la si forte capacité à toujours tout tirer à son avantage. Une ruse extrême qui se pavanait sur des talons hauts si haut que seul la magie l'aidait à tenir debout, non une quelconques prestance. « C'est le ministère qui en a décidé ainsi en faisant cette erreur...Et puis, ce n'est pas comme si cela aurait une répercussion sur toute sa vie c'est un bébé encore. » dit-elle d'une petite voix. Elle n'avait pas véritablement l'habitude de tenir tête aux gens, trop patiente et aimante peut-être. Elle était tout comme son mari une brillante herbologiste, ancienne Gryffondor elle portait la douceur maternelle que Rita n'avait pas vraiment eu avec son enfant et qu'elle continuait à ne pas avoir. « On parle du prénom de mon petit-fils ! Bien sûr que cela aura des répercussions sur sa vie! » Dit-elle en soupirant, la fatigue d'être entourée d'incapables sûrement. « Il aura...Un nom reconnu, c'est un Skeeter. Et sera supposément un sorcier brillant... -pas comme son père ni sa mère, évidemment.» La dernière partie de la phrase murmurée, elle se contentait d'observer le sol à travers ses lunettes aussi excentriques que le restant de sa personnalité. « Je veux bien un vers de whisky pur feu, Gavin. » dit-elle à l'intention de son fils, sans même le regarder. « Moi aussi chéri. » Ajouta son épouse, assise en face d'elle. Le silence regagnait la pièce, malaise entre deux femmes ne se comprenant pas depuis le début. La femme réfléchie et calculatrice opposée à la sérénité d'une femme courageuse persuadée que tout peut être sauvé, certes hippie et droguée aux plantes tout comme son époux, mais sereine. Non sans difficulté la jeune maman se leva hors de son fauteuil et vint déposer son fils dans les bras de sa grand-mère, à sa grande surprise. Un petit gars qui ne se souviendrait absolument pas de ce moment là, mais elle, elle ne l'oubliera certainement jamais. L'idée d'être grand-mère ne l'avait jamais effleuré, trop jeune, trop occupée par ses écrits pour tomber face à deux grands yeux et un petit nez retroussé. « Inigo. Quel prénom...original. »  Toute le drame fait autour de son prénom s'éteignit comme un feu arrosé par de l'eau fraîche, étouffé par le début de pleurs qu'elle tentait de calmé en le serrant contre elle. Elle n'avait peut-être pas tant oublié ce que c'était, le bonheur d'avoir un bébé. Dans l'attente du retour de Gavin, un silence s'était installé entre les deux femmes ne semblant s'apprécier pour diverses motifs. Mais ni l'une ni l'autre n'avait l'envie de pinaillé pour le moindre détail. Le temps semblait totalement figé, compté. Le grand homme aux cheveux blonds revint enfin avec la bouteille de whisky-pur-feu et trois verres, qu'il remplit un a un en respectant le silence installé. Chacun savait que le moment arrivait, que c'était là. Des mois auparavant, elle avait été mise au courant. Les deux biologistes comptaient voir du monde, visiter, explorer...avec une femme enceinte, leur rêve avait été mit en suspend le temps que l'enfant naisse, ce qui était à présent le cas. Le verre en main, Rita observait son fils sans la moindre expression sur le visage, cherchant à lire au fond de lui ce qu'il ressentait, pensait. La première gorgée du liquide brûla l’œsophage des trois sorciers. Le bruit du verre posé sur la table en bois résonna dans la pièce. « Nous partons le mois prochain. » dit alors le père, les yeux baissés. « Si vous en avez marre de cette immonde peinture murale -vraiment répugnante et de mauvais goûts- vous n'avez qu'à refaire d'intérieur, pas déménager à l'autre bout du monde. » Le Venezuela était leur première escale, il y avait plus prêt. La totalité de l'Amérique du sud serait leur maison, voyageant d'un point à un autre avec un nourrisson, certes, mais personne ne pouvait les faire changer d'avis, ces gens impulsifs et têtus. « On en a besoin pour nos recherches... Tu viendras nous voir. » « Au moins à ses anniversaires ou Noël. » Enchaînèrent-ils l'un à la suite de l'autre.