Cela faisait déjà plus d'un mois que Rohàn avait embrassé sa petite serdaigle, et il n'avait pas entre temps été plus loin, occupé à d'autres choses, d'autres pensées. Les jours avaient défilés sans qu'il ne les voient passé, et au fur et à mesure que le temps s'éclaircissait, que les vacances de Noël s’effaçaient dans les esprits, le serpentard se rendait compte qu'il n'avait plus beaucoup de temps pour mettre ses plans en marche ; que ce soit vis à vis de l'ombre, vis à vis de son père, de son mariage, mais surtout, vis à vis d'Amadeus et d'Alesya. Cela pouvait paraître puéril aux yeux de tous, et même Rohàn commençait à se dire qu'il avait trop tardé pour que ce geste ne soit encore interprété comme une vengeance, ne se souvenant même plus lui même vraiment de tout ce qui avait entrainé sa décision de se servir de la jeune fille, mais il ne pouvait plus revenir en arrière, tout simplement parce qu'il s'était mouillé.
Il aurait du simplement la mener en bateau, lui dire de belles paroles sans jamais se laisser alpaguer, mais au final, il s'était confié à elle, sommairement, il avait réellement écouté ce qu'elle lui racontait, et il avait gardé un œil sur sa famille après, repensant à ce qu'elle lui disait. Même s'il se battait avec sa sœur, jamais il n'imaginerait qu'elle pourrait un jour s'enfuir avec un membre du camp opposé, ou qu'elle tente réellement de lui faire du mal, qu'elle coupe les liens. Mina était toute seule, avec ses amies certes, mais ce n'était pas avec Amadeus qu'elle pourrait se confier, et il avait tendance à confondre femme et fragilité, s'imaginant qu'elle pleurait chaque soir dans son dortoir. Rohàn avait beau faire le fort et l'insensible, il n'en restait donc pas moins qu'il se souvenait de la gamine qui le regardait avec des yeux brillants quand il était enfant, et ca, plus que la vengeance, lui donnait envie de continuer son jeu de séduction.
Ses sentiments ne s'étaient cependant pas transformés, et s'il était capable d'apprécier son physique, il n'était pas amoureux de Mina – d'ailleurs, était-il seulement capable de l'être, amoureux ? Une petite partie de lui soufflait qu'il se voilait la face, mais il n'était pas près d'admettre ce qu'il ressentait pour Charles, et la meilleure façon de continuer à garder la tête dans le sable était bien de se trouver une nouvelle occupation.

Depuis quelques jours donc, il avait recommencé à suivre la demoiselle à travers Poudlard, apparaissant dans son champ de vision, lui jetant des coups d'oeil durant les repas, tout en évitant que son frère ne s'en rende compte. Elle ne lui paraissait pas plus malheureuse qu'avant, mais il savait très bien que cela pouvait n'être qu'un masque, et n'arrivant pas à trouver un moment de calme pour lui passer un message, Rohàn finit par décider de prendre les choses en main. Le destin l'avait aidé la première fois, mais il ne pouvait pas toujours compter là dessus pour arranger les choses, et ce fut au détour d'un couloir qu'il croisa la route de la jeune femme, sortant vu l'heure et la direction assurément de la bibliothèque. Ne remarquant aucune personne spécifique qui pourrait s'opposer à ses actions ou cafter aux Goyle, il se permit donc d'attirer Wilhemina à lui en enroulant son bras autour de sa taille, les yeux joueurs.
« Alors mademoiselle, on se promène? » lança-t-il d'une voix de dragueur, avant de lui faire une bise sur la joue et de s'écarter pour reprendre une distance plus adéquate entre eux. Avec un peu de chance, cela suffirait pour que ce soit enfin elle qui initie le prochain contact, mais il n'était pas certain qu'elle soit déja « à point ».
« Plus sérieusement, comment ça va ? Tu m'a manqué, j'espère que tu le sais ! » Il était quelque peu en tords, lui qui avait plus ou moins sous entendu qu'il voulait passer du temps avec elle, et être un véritable ami, réapparaissant plus d'un mois après. C'était largement suffisant pour effacer l'affront du baiser, certes, mais c'était peut-être aussi trop pour qu'elle s'en souvienne ou s'en fasse encore à ce sujet, et Rohàn n'aurait peut-être pas énormément de temps – ou de patience – pour recommencer à zéro. En tout cas, il arrivait encore comme le cheveu sur la soupe, s'incrustant dans la vie de la serdaigle sans lui laisser le choix, avec ses sourires chaleureux qui cachaient pourtant bien peu de compassion, et ses manières affables qui ne trompaient plus personne.

Il avait l'air d'un adolescent idiot, avec ce sourire et cette façon d'aborder les filles, d'un adolescent normal qui se souçiait de ses amies et des petites sœurs, n'hésitant pas à l'interpeller devant d'autres élèves, comme s'il était tout à fait logique que Rohàn Lestrange se montre agréable et souriant. Il y avait peu de personnes qui avaient le droit à ce traitement, mais on ne pouvait pas vraiment le qualifier de traitement de faveur ; il était aussi vide de sens qu'un cerveau de blonde, pour le serpentard. Il ne faisait pas ça par simple gentillesse, par plaisir, même s'il appréciait Mina, il l'aurait plus abordé de façon sérieuse ou discrète, comme un vrai serpentard. Qu'il se montre ainsi au grand jour, sous les projecteurs, mettait peut-être la puce à l'oreille. Ce n'était cependant pas un fardeau, loin de là, que de sourire ainsi et de se montrer tactile avec la serdaigle ; il mettait ça sur le compte de sa relation avec Charles. Se taper un gryffondor, c'était mauvais pour la méchanceté pure et dure, on finissait par s'attendrir un peu.
Il l'avait donc étreinte rapidement, et embrasser sur la joue, maintenant le souaffle était dans son camp pour lui parler, l'ignorer, ou se jeter à son cou – même si elle avait plus de tenue que ça. Il espérait franchement provoquer une bonne réaction chez lui qui prouverait qu'il savait toujours lire les gens, qu'il était toujours capable d'anticiper la plupart des comportements, et le petit sourire timide vint récompenser ses efforts. Un rougissement aurait été parfait, mais il n'était pas non plus mauvais joueur, il prenait ce qui venait.
Ses paroles le firent sourire encore plus et il secoua la tête affirmativement, se demandant intérieurement pourquoi elle avait l'air si surprise. Ah, peut-être parce qu'il était sensé être un bâtard sans cœur. L'idée d'en rajouter une couche en mélodrame, se tenir le cœur avec un air malheureux et s'exclamer « quoi, tu ne me crois pas ? » lui vint, mais il l'écarta très vite ; il n'était pas le meilleur acteur qui soit pour jouer correctement ce genre d'émotions.

Toutefois, Mina, comme à son habitude, était capable de le surprendre. Pas par ses paroles, il se doutait quand même l'avoir surprise puisqu'elle avait sursauté quand il l'avait touché, mais par le petit coup de poing qu'elle vint lui mettre. Sa force de bébé oiseau ne lui arracha même pas une once de douleur, mais c'était le fait qu'elle se sente assez à l'aise avec lui pour s'embarquer dans une relation de ce type qui était étonnant. Ce n'était certes pas vraiment la façon dont la plupart des jeunes filles amoureuses se comportaient – frapper le mec de ses rêves n'était pas vraiment bon pour soi, sauf s'il était masochiste – mais c'était quand même une recherche de contact. Le sourire qui vint orner ses lèvres fut alors beaucoup plus sincère : il était très à l'aise dans les relations tactiles. « Ah, tu veux jouer à ça ?! Tu te permets de frapper le grand Lestrange, ça va barder pour toi ma chère! » L'attrapant par le poignet sans brutalité, il l'attira juste assez pour pouvoir lui ébouriffer les cheveux et lui pincer la hanche, une punition tout à fait appropriée à ce qu'il avait « subi ». Mina pouvait protester contre ce traitement, mais il avait une réputation à tenir, il fallait au moins qu'il réponde à cet affront imaginaire, et qu'il emmène leur relation sur le terrain des rires. Tout cela servait à la rendre plus confiante, mais il en retirait quand même une certaine satisfaction ; ce n'était pas souvent qu'il pouvait s'amuser ainsi, sans trop d'arrières pensées. Ne la lâchant toujours pas, il l'attira encore plus, pour mettre son bras autour de ses épaules, cette fois dans une accolade plus câline, plus protectrice. Il l'engloutissait presque, de cette façon, la différence de taille se faisant un peu sentir. Elle serait obligée de lever la tête pour le regarder dans les yeux, et lui avait une magnifique vue sur son décolleté.. Les joies de l'uniforme ~

« Comment ça se fait que j'ai réussi à te faire peur comme ça ? T'avais l'air plongée dans tes pensées, quelque chose te tracasse? » Une fois de plus, si les serpentards l'avaient vu ainsi, ils auraient surement ri de façon hystérique ; lui, s'inquiéter pour les tracas d'une Goyle ? Mais pourtant, c'était en train d'arriver, et il ne fallait pas croire que tout se rapportait à sa vengeance.
Enfin, un peu quand même.

Spoiler:

On allait encore dire de lui qu'il pervertissait les jeunes filles innocentes, mais Mina était tout à sa place dans ses bras, petite chose qui lui arrivait à peine au menton. Il lui sourit avec un rire dans la gorge et dans les yeux, s'amusant à souffler sur son front pour faire voleter sa frange. Pauvre petite serdaigle martyrisée, vraiment. Laissant son naturel charmeur revenir à l'attaque, il garda ses mains sur les hanches de l'adolescente, sans jamais descendre plus bas, pour l'instant, laissant la demoiselle s'habituer au contact avec lui. S'il était honnête avec lui même, il se serait avoué que ca faisait du bien, d'avoir une amie dans les bras et de partager une étreinte qui ne tournait pas au sexe. Mais il ne l'était pas, donc, passons à la suite des évènements ~
Une question passa ses lèvres, pour se rapprocher toujours un peu plus de Mina, avoir sa confiance et répondre à ses attentes de protection et d'amitié, cherchant à se démarquer des autres hommes de sa vie qui, eux, ne la laissaient pas vivre comme elle l'entendait. Rohàn, lui, pouvait le faire – au moins un peu. Son sourire, une nouvelle fois, prit une profondeur plus carnassière alors qu'elle lui parlait de blondasse à éliminer, ayant lui aussi une certaine personne dans sa ligne de mire. Des problèmes de filles, cela impliquait des garçons, s'il se souvenait bien des crises qu'avait pu piquer Alesya dans sa jeunesse, aussi leva-t-il un sourcil curieux vers la Goyle pour en savoir un peu plus. Elle ne pouvait pas le laisser en plan, avec si peu d'informations, comment pourrait-il s'immiscer dans sa vie si elle ne l'aidait pas plus que ça...
« Ah, les blondes. On a beau dire ce qu'on veut, elles ne sont quand même pas futées, hein? » Il suffisait de regarder les Malfoy. Bon, il n'avait rien contre eux, techniquement, mais ca ne volait pas toujours très haut dans leur manoir, et leur couleur était tout sauf naturelle. Rien ne valait une solide base brune, foncée et revêche, ou rousse, pour témoigner de ses origines anglaises. Le blond platine décoloré et leur tendance à faire un peu trop gaffe à leurs cheveux était suspect, pour des sorciers qui se respectent. « Si tu as besoin d'aide pour cacher un corps, tu sais où me trouver. »
… Il rigole, hein. Enfin, ou pas. Papa lui avait bel et bien appris quelques sorts pour s'assurer de ne jamais se faire choper avec un cadavre dans les bras, mais c'était facile à deviner tout seul, que foutre le feu à un cadavre assez fort permettait de le réduire en cendres. Ou que le filer à des acromentulas, c'était un moyen simple et efficace de ne jamais revoir le corps. Mais il n'allait pas s'étendre sur le sujet, juste signifier à Wilhemina qu'il était tout à fait d'accord pour qu'elle mette un terme « définitif » à son problème. Avec un peu de chance, il pourrait même la voir porter le coup fatal, ce qui était plutôt excitant.

Une partie de son cerveau ressemblant fortement à la voix d'Amadeus commença à lui gueuler dessus qu'il n'était pas sensé trouver ça excitant, surtout en serrant la jeune fille bien contre lui, mais il l'envoya se faire foutre, bien décidé à oublier les années d'ignorance et de restrictions disant qu'on ne touchait pas aux sœurs des copains. Il se tapait bien Morrigan, pourquoi pas Mina ? Légalement, il était plus dans son droit, d'ailleurs.
Les paroles suivantes de l'adolescente le firent redescendre sur terre et il la serra de plus belle, transformant l'accolade en quelque chose de moins innocent aux yeux des passants. Prenant sa voix la plus agréable et chaleureuse, il se permit d'enfoncer un peu plus le clou, de voir jusqu'où la petite serdaigle allait le laisser faire. « Au contraire, je trouve ça plutôt flatteur d'être vu en ta compagnie rapprochée. À moins que tu sois gênée ? Aurais-je un concurrent qui risquerait de mal le prendre? » Oui, un concurrent. C'était suffisamment direct pour que Mina ne se fasse pas d'illusions sur ce qu'il sous entendait, mais sans l'annoncer aux oreilles de tous, restant toujours dans une sorte de secret, pour éviter que ça ne remonte aux oreilles de Zane ou Amadeus. « Mais oui, ca ne fait rien. J'aime vivre dangereusement et t'es pile à la bonne taille pour faire ça. » Adjoignant le geste à la parole, il posa son menton sur son front, riant silencieusement, voulant voir une nouvelle fois la demoiselle s'énerver et le frapper un peu. Plus elle serait gênée, moins elle penserait clairement.

Spoiler:

C'était fou ce qu'il pouvait dire comme âneries dans le simple but d'arracher un sourire à la jeune Goyle, pour qu'elle abandonne ses idées noires et qu'elle se concentre sur sa personne. Il pouvait presque passer pour quelqu'un d'agréable, avec ces phrases préfabriquées et rabachées par des dizaines d'autres avant lui, pour un jeune adulte un peu sarcastique, certes, mais somme toute normal, avec ses blagues et son étreinte. Sauf que, non, Rohàn n'était pas le stéréotype du mec bien dans ses baskets, de l'adolescent de base qui ne pensait qu'en positif et en arrogance. Oh, certes, il l'était arrogant, et à juste titre, mais il savait ce qu'il valait, et il savait que ce masque qu'il portait devant Mina n'était que ça, un masque. Un masque horriblement faux qu'il lui tardait de pouvoir arracher. On dit parfois qu'en se forçant toujours à sourire, cela finit par venir naturellement, mais Rohàn pourrait vous prouver le contraire, se montrer gentil ne vous rendait pas des points de karma. Il n'y avait aucun risque pour qu'il fasse de cette attitude sa marque de fabrique, faire le mal autour de lui et envoyer bouler les gens était beaucoup plus amusant selon lui.

De toute façon, même en faisant des efforts, il ne pouvait s’empêcher de laisser glisser quelques mots qui, eux, avaient une signification plus lourde que la simple blague, et c'était aussi ça, l'intérêt de parler avec Mina. Qu'entendrait-elle, dans ses paroles et ses regards ? Elle avait été élevée en compagnie d'Amadeus, de Zane, elle savait de quoi ils étaient tous capables. La collant à lui pour éviter qu'elle ne retombe dans une vision négative de lui, il entreprit ensuite de la faire rougir, avec succès, puis l’embêta encore un peu. C'était une technique qui avait bien marché, étant gosse, sur sa sœur, la narguer de sa taille en posant son menton sur le haut de sa tête. La serdaigle n'avait pas fini sa croissance, il était normal que Rohàn la surplombe, mais c'était toujours aussi satisfaisant de taquiner une fille à ce sujet. La laissant se débattre un petit peu, le brun finit par la laisser s'écarter, lui redonnant son impression de liberté pour ne pas l'oppresser plus qu'il ne l'avait déjà fait. À son sourire et ses fausses excuses, il lui rendit un sourire ravageur, afin qu'ils soient à égalité.

Ses paroles suivantes le firent jubiler intérieurement. Plus elle se rebellait, plus l'idée de pousser les choses plus loin ferait son chemin dans son esprit. Par contradiction, elle voudrait prendre le pouvoir sur lui, lui rendre la pareille, mais se faisant, elle tombait dans son piège sans efforts supplémentaires de sa part. Il n'eut pas trop à forcer sur son regard dubitatif, un sourcil levé, alors qu'elle lui affirmait ne pas avoir été gênée de se retrouver dans ses bras. Bah voyons, et le rougissement c'était sur commande ? Rohàn ne put s'empécher de lui répondre en susurrant d'une voix grave un « Mais je n'en doute pas une seconde, Mina.. » en réponse à son affirmation sur les cadavres. C'était tout autant un aveu qu'elle était capable de se débrouiller seule sans problème, qu'une pique qu'elle pourrait interpréter dans le sens inverse.

La voir s'approcher, sans avoir à l'attirer lui même, le força au silence et l'immobilisation. Il n'osait faire un geste de peur qu'elle ne s'enfuit comme une biche effarouchée, il ne voulait pas la forcer si elle faisait bien ce qu'il pensait. Mais il était difficile d'ignorer le sentiment de fierté et d'accomplissement qui se propageait en lui. Sa mission était presque accomplie, tout du moins, la phase la plus difficile. Il serait beaucoup plus simple ensuite de mettre à bien sa vengeance... et ses yeux se posèrent sur les lèvres de l'adolescente, qui n'osait clore totalement la distance pour l'embrasser. Soit, elle lui laissait donc un choix, elle se laissait une toute petite marge d'erreur. Il était bien malheureux pour elle que Rohàn ne soit pas le genre d'homme à attendre indéfiniment que sa partenaire soit prête, aussi reprit-il l'initiative, glissant une main dans ses longs cheveux tout en comblant la distance. Il ne se contenterait pas d'un simple baiser chaste, il voulait qu'elle sente contre lui son corps d'homme, qu'elle associe ce baiser à d'autres plaisirs, à d'autres zones que ses lèvres. « J'aime beaucoup ta façon de prendre des risques. » Une dernière phrase pour alléger la peur qui avait peut-être envahi la serdaigle, avant qu'il ne clame ses lèvres dans un baiser tendre, et long. Sa main libre glissa le temps du baiser le long de ses épaules, suivant la courbe de sa colonne vertébrale pour finir dans le creux de ses reins, tandis qu'il s'évertuait à voler son oxygène et à rendre l'expérience la plus agréable possible. À Mina maintenant de lui montrer si elle appréciait ce qu'il lui offrait, ou non...

Ils jouaient à un jeu dangereux, mais Rohàn avait envie d'envoyer chier pour quelques minutes la pseudo conscience qui s'acharnait contre lui avec une voix étrangement proche de celle d'Amadeus. Sa petite sœur méritait après toute sa totale attention, et même si elle n'était pas méchante ni mesquine, elle restait une Goyle, une serdaigle, qui pouvait très bien ruiner sa réputation si elle en avait envie, ou hurler au loup et se réfugier dans les bras de l'un de ses frères. Il fallait qu'il soit plus rusé, plus fin, qu'il sache la manipuler et lui faire, aussi, passer du bon temps sans qu'elle ne referme comme une huitre. Il avait déjà effectué un travail de sape en plusieurs temps, l'approchant chaque fois un peu plus, mais aujourd'hui, il sentait qu'il pourrait aboutir, au moins en partie, à tirer de la jeune femme une partie de sa vengeance. Elle était belle et un peu dans la lune, si innocente à lever son beau visage blanc vers lui, les traits un peu tirés comme pour deviner ses pensées coupables. Tellement innocente qu'il éprouvait quelques remords à l'utiliser pour une chose aussi idiote qu'une vengeance contre son frère, mais il avait choisi depuis la rentrée de ne pas laisser passer ce genre d'actes, qu'importe le prix à payer.
Leur discussion n'avait rien de très important, n'était là que pour combler le malaise qui se faufilait entre eux, cette tension sous jacente que Rohàn avait tout fait pour agrandir. Mina semblait ne pas trop savoir quoi faire, semblait ne pas reconnaître réellement ce qu'il faisait comme une tentative de drague, perdue entre ses souvenirs d'enfance et son formatage par ses frères pour ne le voir qu'en ami. Il faisait céder ses protections et ses a priori un à un, mais c'était un travail bien long pour récolter si peu d'attention.. à moins qu'elle ne soit enfin prête à aller un peu plus loin.
L'ayant laissé faire le premier pas, son instinct reprit vite le dessus et il attira totalement la jeune femme à lui, l'embrassant avec son expérience en essayant d'y mettre un peu de chaleur pour la faire tomber un peu plus, la laissant choisir le moment où il faudrait s'arréter. Ne grognant donc pas de la voir se retirer, surtout qu'elle ne s'opposa pas à rester dans ses bras, il se lécha les lèvres en comparant sans trop le vouloir ce baiser avec d'autres. Ses lèvres étaient douces mais hésitantes, comparées à celles plus fermes et aventureuses de Charles. Elle n'avait pas non plus le goût interdit de Morrigan, n'était qu'une enfant, au final, faisant se sentir sale Rohàn comme il ne l'avait jamais été. Elle était trop jeune... mais c'était trop tard.

Son petit discours bredouillé le fit sourire, et il la laissa se trouver des excuses pour continuer ce qui se passait. Oui, elle ne risquait pas grand chose, après tout. Mais si elle voulait des risques... il pouvait lui en donner, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus s'en passer. Et là, il aurait beaucoup plus de choses à se reprocher, et elle aussi. « Je pense qu'à nous deux, on fait le poids face à Amadeus, non ? » Son cher meilleur ami ne dirait rien si sa sœur lui tenait tête, mais surtout, si jamais elle ne lui disait rien, de base. Il n'avait pas envie qu'il soit tout de suite au courant, parce qu'il trouverait le moyen de les arrêter, et au final, alors qu'elle venait cette fois l'embrasser d'elle même, il n'avait pas envie qu'il le sache tout court.
La serrant encore contre lui, il approfondit le baiser pour lui donner une passion qui manquait au premier, cherchant à lui faire expérimenter plusieurs sentiments et lui laisser un souvenir marqué de leur rencontre. Même s'il n'avait pas, au fond, de sentiments pour elle, l'action était agréable et commençait à lui plaire, physiquement. Glissant sa main encore plus bas, il les fit reculer jusqu'au mur le plus proche, pour appuyer la jeune femme un peu plus contre son corps avant de laisser ses lèvres en paix, la regardant et récoltant les fruits de ce petit moment sur son visage aux joues rosies, aux yeux écarquillés, appréciant sa poitrine se soulevant plus rapidement. Elle était plus jolie encore qu'à l'accoutumée, et ferait surement des ravages si elle revenait dans la grande salle dans cet état.
« Est ce que c'est assez risqué à ton goût ou veux-tu plus? »
Posant un baiser dans son cou, il attendait sa réponse, espérant qu'elle serait positive. Il avait beaucoup de choses à lui apprendre, à lui faire vivre, si elle était prête pour cela.