Weasley. Il y avait quelque chose de risible dans son attitude. Quelque chose qui n'incitait qu'à la moquerie, aux yeux pernicieux de Judah qui, de loin, l'observait avec attention. Tristam Weasley était indiciblement différent de sa sœur, se répéta-t-il pour la énième fois, l'air pensif, repensant à la solaire et insupportable Galadriel. Celle-ci donnait franchement à Lothbrock l'envie d'être meurtrier : elle était insupportable. Sur et en dehors du terrain de Quidditch, en plus. Elle n'avait strictement rien pour plaire au taciturne et sombre Judah – si ce n'était, peut-être, que sa force d'esprit ; mais là encore, d'autres facettes de sa personnalité le rebutaient et l'empêchaient d'éprouver rien que du respect pour la capitaine de l'équipe – qui, pourtant, n'avait jamais osé la confronter directement. C'était peut-être le regard de la belle, qui promettait mille revanches funestes à quiconque l'embêtant. Non. Ca ne pouvait pas être ça. Judah ne connaissait ni la peur, ni l'appréhension : c'était un fonceur con comme ses pieds, il ne fallait pas l'oublier. La seule raison pour laquelle il n'avait jamais fait guerre ouverte avec Joy, était que c'était moins drôle. Et c'était peut-être pour ça qu'il s'était rabattu sur lover boy, le joli cœur qui servait de jumeau à Weasley. Tristam. Weasley bis. Judah n'aimait, viscéralement, pas les jumeaux – sauf peut-être les deux tarés qui lui servaient de meilleurs amis. Ca ne mettait qu'en exergue qu'il avait perdu le sien, son double, sa vie, son jumeau, son Eddard, à un âge si précoce. Enfin. Il ne se permit pas d'y penser plus longtemps ; et, voyant que le regard bleu de Weasley bis s'était attardé sur lui, il fit brusquement volte-face pour se soustraire à sa vue et s'enfuir lâchement dans les couloirs. Il y avait toujours cette... peur, appréhension, impression qui le poursuivait, en présence de Tristam Weasley. Cette impression qu'il allait le reconnaître et qu'il allait le dénoncer. Et si, en soi, Judah n'avait vraiment pas peur de Tristam ; en revanche, il redoutait un peu plus les conséquences de ses actes sur sa vie et, surtout, sa scolarité.

Tu n'es pas assez vigilant songea-t-il en entendant des pas calqués sur les siens, dans son dos. Il carra la mâchoire, s'attendant à trouver n'importe qui du château mais, à sa grande surprise un « Lothbrock » résonna sur les murs, rebondissant jusqu'à ses oreilles de diable. Un mot, un nom, proféré par Weasley bis à ne pas en douter ; aussitôt Judah fit-il volte-face, agréablement surpris, pour darder d'un regard peu amène le serdaigle. Les deux jeunes hommes s'observèrent longtemps sans rien dire, les yeux de Judah qui, comme deux brasiers, descendaient méthodiquement sur le corps de Tristam pour l'analyser. Offensé ? Énervé ? Violent ? Nerveux ? Il se posait chacune de ces questions sans cesser de le détailler, pensant aussi à la raison pour laquelle Weasley l'avait suivi et interpellé. « Weasley. » finit-il par lâcher, du bout des lèvres, après un silence interminable, pour l'inviter à parler mais Tristam n'en fit rien (ce qui arracha à Lothbrock un discret soupir agacé). Sa curiosité n'était pas encore piquée et, pour l'instant, il voyait le silence de Weasley comme une sorte d'entrave. Que préparait-il ? Il ne peut se souvenir de rien, se souvint-il lui-même, le doute venant lentement s'insinuer en lui. On n'a jamais entendu parler de gens se souvenant après un Oubliettes sans aide médicale spécifique, si ? Quoiqu'il était vrai que Tristam avait bien disparu après son agression, direction Ste Mangouste. Et si... ? Finalement, la voix de Weasley résonna à nouveau, lui disant d'un air tendu qu'ils avaient à parler. Judah restait résolument silencieux, finit par s'approcher d'un pas ou deux de Weasley pour mieux le darder droit dans les yeux. Au bout d'un second silence interminable, n'y tenant plus, il soupira d'un air excédé : « eh bien parle ! Je n'ai personnellement rien à te dire, Weasley. » Il ne pouvait pas se souvenir, se convainquait-il. C'est impossible.