Je suis bien, là. Une fin de weekend de Septembre. A penser à tout et à rien, à laisser ses idées vagabonder. Penser au foyer que je n’ai rejoins que quelque semaine avant de finir le reste de l’été chez un fonctionnaire. Oui, c’est comme cela que je passe toutes mes grandes-vacances. Deux semaines à Bristol, auprès des miens qui ne le sont plus. De ces personnes qui sont passées de membre d’une famille à vagues inconnus. La plupart sont partit, on trouvé un travail et cette année, j’ai eu l’impression de passer pour une parfaite inconnue. Puis j’ai du redire une fois de plus mon excuse, minable, bidon ; j’ai du leur dire l’excuse qui m’avait fait abandonner ceux qui m’avaient recueillit. Tu ne sais pas à quel point il est pitoyable de dire que tu travailles dans un restaurant en France devant des gamins à l’avenir désespérément limité à cette ile pluvieuse.

Sous un quelconque arbre, je suis donc allongée. Je crois que je fais un peu tâche, toute en noir au milieu de tout le vert d’un gazon moelleux et confortable. Avec mon boursoufflet somnolant au même rythme que moi, éternellement posé sur ma tête, en l’occurrence, mon front. Mais peu importe. Il semblerait que je ne trouve nulle part ma place, de toute manière, alors autant ne pas y penser. Et respirer.

Le silence est un bien qui se fait rare.

C’est dans un calme parfait que j’oublie ce que j’ai fait le jour même. Quidditch ? Non, il n’y avait jamais d’entrainement le dimanche. Peut-être un peu de révision. Si c’est le cas, je pense qu’elles n’ont servit à rien. De toute manière, ce n’est pas comme si j’avais pour habitude de réviser tôt le matin à cause de ma flemme le soir. Ah, si. J’ai vu Ezechiel. Je crois que. Je crois qu’on s’est donné rendez-vous mardi, ou mercredi. Je ne sais plus. Il faudra que je revienne le voir la bouche en cœur pour lui demander. C’est le jour de la sortie à Pré-au-Lard. Il voulait me dire quelque chose, mais aussi, se moquer des gens de chez Pieddodu.
Evidemment que j’étais partante.

Mais aujourd’hui même, rien, nada. Je n’ai que Bob sur le front pour me faire éternuer à intervalles régulières. Puis il prend l’air et mange autre chose que ce que je porte. L’herbe. Les insectes. Tout bien réfléchit, je ne veux même pas savoir ce qu’il mange. Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas vraiment ce qui est écrit dans le petit guide d’élevage que l’on m’a vendu avec pour un galion de plus. Aha, j’aurai du l’économiser, ce pauvre galion partit en fumée pour des broutilles.

Quelqu’un vient. L’avantage lorsque le parc est un peu déserté des élèves, c’est que l’on peut entendre les pas d’une personne. Comme dans un film. Sauf qu’au lieu que je me dise « Oh wahou, comme dans un film, je le savais que j’étais James Bond ! », j’ai juste envie de pousser un soupir. Génial. Quelqu’un vient me déranger dans mes profondes réflexions sur l’alimentation de Boby. Je me redresse. Je plisse les yeux.
Arsène Black.
Je me laisse tomber sur le dos. Et merde. Bien Saffra, fait comme si tu ne l’avais pas vu. D’ailleurs, peut-être est-ce que c’est son cas ? Après tout, qui remarquerait une touffe de cheveux noirs se dressant au milieu d’un océan d’un vert chewing-gum ? Personne. Absolument personne, et encore moins Arsène.

Arsène, c’est le gars que tu repères facilement. Il est réputé pour avoir un nom détestable, et justement, il a le bon goût de le détester, ce qui t’économise un mollard imaginaire à lui envoyer. Ensuite, il est blond. Je veux dire, c’est pas que j’ai un faible pour les blonds, mais j’ai un faible pour les blonds – et punaise, lui, il a la classe. En fait, il parait que son grand-père aussi puait la classe à trois kilomètres, même s’il n’était pas blond. Imagines deux secondes Sirius Black en blond ! Je crois qu’il n’y aura simplement pas eu de guerre sang-pur sang machin, tout simplement. Enfin bref, Arsène c’est aussi accessoirement ma plus courte liaison qui a brûlé pendant trois semaines chrono. A bien y réfléchir, je crois que si on s’était mis en couple, c’était uniquement pour qu’on ne fasse pas de remarque lorsqu’on passait mystérieusement notre temps ensemble. Tu vois ce que je veux dire ? Ce n’est pas comme avec Krum qui lui est un très bon ami. Non, non, le blond, tu le quittes, et t’évites de trop taper la discute après. Discuter de quoi ? Des trois semaines de baise non-stop avec lui ? Wahou. Glauque.

L’autre raison qui me force a espérer bien fort qu’il ne m’ai pas vu est que. Et bien, disons qu’il s’est rendu compte d’avoir oublié un briquet apparemment aux armoiries de sa famille la dernière fois qu’on était ‘en couple’. C’est ce qu’il m’a dit par hiboux, visiblement tout aussi enclin que moi à ne pas se parler, et je lui ai répondu qu’il n’en avait pas besoin vu qu’il n’aimait pas sa famille. Qu’il avait une baguette, depuis quand les sorciers ont-ils des briquets. Et surtout. Surtout que je ne l’avais pas vu.
Ensuite, je n’ai plus répondu à ses autres demandes qui me disaient si réellement, je ne l’avais pas retrouvé. Aha. Bien sûr que si que je l’avais. Sauf qu’avant qu’il ne me dise qu’il l’avait perdu, je savais pas que c’était à lui. Et je l’ai parié en jouant aux osselets avec un gosse de Pré-au-Lard. Ce n’était pas ma faute ! Il avait qu’à être plus précautionneux. Et puis, en temps normal, je gagne tout le temps aux osselets.. Comme quoi son briquet était inutile.

Aller Saf. Referme les yeux. Laisse Bob retourner sagement sur ton front. Et tout ira bien.