"Qu'est ce que tu fais ?" La demoiselle sursauta avant de faire volte face. Pacôme se tenait là, droit comme un i, la jaugeant d'un regard curieux et un brin agacé.
"Y'à quoi là dedans ?" Demanda t-elle malicieusement. Mais sa question ne fut suivi que d'un silence tendu. Pacôme se rapprocha doucement, tendit la main pour frôler le poignet de son interlocutrice, avant que ses doigts n'aillent caresser la pierre froide du bassin qui se trouvait derrière elle.
"Là dedans ?"Finit-il par répéter d'un air absent.
"C'est une pensine non ?" Cette fois, c'était une question qui n'appelait pas de réponse.
"Pourquoi t'as foutu des souvenirs là dedans ? T'as honte ?""ça ne te regarde pas." La voix du jeune homme était soudain glacée.
"On va se fiancer Pacôme, évidement que ça me regarde." Cette fois, il l'attrapa par les épaules pour la tourner brusquement face à lui, braquant ses yeux bleus aciers dans les siens.
"On va se fiancer oui. Et alors ? Tu crois que je t'aime ? Tu crois que j'ai envie de tout partager avec toi sous prétexte que nos familles veulent qu'on soit ensemble ? Tu rêves trop ma pauvre."" Et qu'en penserait ton oncle s'il apprenait que tu ne cautionnes pas ce mariage ?""Et qu'en penseraient tes parents s'ils apprenaient que tu fais copain copain avec des sangs-mêlés et des sangs-de-bourbes ? Tu me dégoûtes, le simple fait de te toucher me donne la nausée." La jeune fille eut l'impression de se recevoir une gifle en plein visage, mais elle n'en montra rien. Elle était une ancienne Serpentard, elle valait mieux que ça.
" Vous mériteriez tous de finir à Azkaban, comme tes putains de parents, avec vos idéaux à deux balles qui ne tiennent pas la route. Complètement tarés, voila ce que vous êtes."Sors d'ici Salamandra." Cracha Pacôme, soudain plein de haine.
" Oh ne t'en fais pas, je n'avais pas l'intention de rester plus longtemps ici, je vais plutôt aller m'amuser avec mes amis SANGS-DE-BOURBES ! Avec eux au moins, je peux avoir des discussions dignes d'intérêt." "Tu me fais honte, tu n'es qu'une conne. "Elle partit en claquant la porte tandis que le jeune homme réprimait ses tremblements de rage, observant les étranges filaments argentés qui miroitaient à la surface de l'eau.
Chapitre 1 : félicitation, c'est un garçon.
"Pacôme est un enfant très doué. Il adore apprendre, nous sommes vraiment fiers de lui." Lançait la mère, les doigts plongés dans la chevelure châtain de son fils adoré alors que celui ci jouait avec son nouveau dragon miniature domestique. Son oncle Terenzio était venu avec sa fille, Faustine, du même âge que Pacôme. Et comme d'habitude, madame Ovis ne pouvait s'empêcher de faire l'éloge de son garçon unique. Son garçon prodige, surdoué, au QI exceptionnel, au physique adorable... Elle exhibait son fils comme s'il s'agissait de la septième merveille du monde, et paradait avec lui à la moindre occasion. Terenzio écoutait avec plaisir les nuées de compliments alors que de son côté, il semblait que Faustine mette du temps à dévoiler ses pouvoirs magiques.
"Je ne sais pas... elle n'a encore jamais usé de magie, j'ai parfois l'impression qu'on s'est trompé d'enfant le jour de l'accouchement...On nous a refilé une maudite gamine moldue." Faustine acceptait les reproches sans ciller, observant son cousin qui ne lui offrait que des sourires narquois. Ils n'avaient même pas 8 ans.
" Il te plait, le dragon Pacôme ?"Ce dernier leva vers son oncle un regard brillant de joie.
" Oui oncle Terenzio ! Il est trop cool !"" Très bien ! Je t'en ramènerais un autre la prochaine fois, une femelle. Comme ça tu pourras commencer un élevage. Tes parents m'ont dit que tu en rêvais." Le petit garçon eut un large sourire de bonheur avant de se lever pour serrer son oncle dans ses bras fluets. Puis, tirant la langue à Faustine qui l'observait toujours, il courut vers l'escalier pour retourner dans sa chambre...
* * *
"Pacôme ?"Ce dernier apparut presque aussitôt dans l'encadrement de la porte, pressentant qu'on allait bientôt l'appeler sans doute.
"Oui maman ?" Son père passa au même moment derrière sa femme, l'air soucieux et la respiration haletante.
"Ils arrivent bientôt, Bianca.""Oui oui." Elle attrapa son fils, pressant ses paumes tièdes contre les tempes de l'enfant.
"Mon bébé... Tu sais qu'il y a des gens qui ne sont pas comme nous... Mais il y aussi des gens qui nous veulent du mal et... Tu vas aller vivre un petit peu moment à Rome, chez ton oncle Terenzio, celui que tu aimes bien, tu sais. Avec Faustine." Pacôme garda le silence, digérant l'information en tentant de l'analyser pour comprendre...
"Combien de temps ?"Demanda t'il finalement.
"Je ne sais pas." Du haut de ses onze ans, le garçon jeta un bref coup d'oeil à son père. Ce dernier tenait déjà sa valise. Dans une cage, ses deux dragons s'agitaient.
"Tu vas prendre le portoloin." Sa mère lui prit la main pour la poser sur un pendentif, le pendentif qui portait les armoiries de la famille Ovis.
"Quand ce sera fini, on viendra te chercher Pacôme, je te le promets. On rentrera vite à la maison ensemble. " L'enfant attrapa ses affaires que son père lui tendait. Il avait une telle confiance aveugle en ses parents qu'il ne se doutait pas qu'en réalité, c'était la dernière fois qu'il les voyait. Ils se dirent au revoir comme s'ils ne se quittaient que pour quelques heures...
Quelques secondes plus tard, Pacôme se tenait face à sa cousine.
"Salut Pacôme." Lâcha t'elle froidement.
"Bonjour Faustine."* * *
Pacôme poussa sa cousine contre le mur alors qu'il la dépassait dans le couloir, ricanant au passage avant de rejoindre son oncle dans la salle à manger. Il venait de recevoir sa lettre pour Poudlard. C'était SON jour.
"Pacôme ! Viens là toi !"Son oncle l'attrapa par l'épaule pour lui ébouriffer les cheveux.
" Je suis vraiment fier de toi, tu es bien le fils de ton père !" Faustine apparut dans la pièce, s'asseyant en silence alors que l'elfe de maison s'approchait pour remplir son assiette. Mais Terenzio n'appréciait guère son mutisme.
"Et toi Faustine... Comme d'habitude ? Pas de lettre, pas de pouvoir, pas de magie... rien. Tu es contente d'être le fardeau de ton père, n'est-ce pas ? ça te plait de faire de moi la risée des voisins... ?" "Non papa..."Murmura t'elle d'une voix rauque. Pacôme lui donna une tape à l'arrière de la tête alors qu'elle approchait la fourchette de sa bouche. Elle se piqua la lèvre supérieure et il eut un rire moqueur, partagé avec Terenzio. L'oncle avait donné à son neveu ses mauvaises habitudes, en tyrannisant sa propre fille car elle ne possédait aucun pouvoir magique, Pacôme avait vite pris goût à la cruauté et le fait que son oncle soit toujours en train de l'encourager n'arrangeait rien à son envie de constamment rabaisser celle qui se tenait à ses côtés. Lorsque Pacôme était arrivé, son oncle avait prétendu que malmener Faustine pouvait l'aider à déclencher sa magie, mais plus le temps était passé et plus son alibi s’étiolait pour ne faire place qu'à une rancœur et une haine évidente...
* * *
"T'as pas l'impression de te comporter comme un con ?" Faustine était en train de passer une serviette sous l'eau pour soulager sa pomette qui prenait peu à peu une teinte bleue violacée. Son oncle l'avait frappé. Encore.
"Pourquoi ça ?""Tu répètes exactement les mêmes gestes que lui, à croire que tu as envie de lui ressembler... Tu vas me tabasser toi aussi ?""Non." "Ah ?""J'ai pas envie de te taper, Faustine... ""Pacôme..."Ce dernier s'était rapproché de sa cousine et l'aidait à nettoyer son visage ensanglanté.
"Tu sais à Poudlard, y'à des sangs-mêlés et des sangs de bourbes en cours avec nous... J'ai une amie Salamandra, elle est persuadée qu'ils valent autant que nous. Je ne comprends juste pas... Pourquoi. Mais quand je lui ai parlé de toi, elle m'a dit que je devais avoir mes propres opinions et discuter un peu avec toi sans Terenzio... " "Je t'aime." Pacôme se figea. Son coeur loupa un battement alors que ses pupilles se dilataient sous la surprise.
" Je te hais un peu aussi, mais je t'aime surtout, Pacôme. Je suis amoureuse de toi depuis qu'on a 5 ans au moins... Je ne veux pas que tu deviennes comme Terenzio, s'il te plait, il faut que tu sois logique... tu sais bien qu'on est pareil..." Elle lui prit la main pour la serrer contre sa poitrine, comme un bien précieux qui l'avait pourtant déjà fait souffrir... Trop secoué pour réagir avec discernement, Pacôme se recula. Comme un automate, il se redressa et quitta la salle de bain, les pensées trop confuses pour réussir à s'exprimer et le coeur en déroute, laissant sa cousine seule, à genoux sur le carrelage froid.
Chapitre 2 : Pardon.
"Ah Pacôme ! Vas ouvrir la porte !" Le jeune homme, désormais en sixième année, se leva de ses devoirs pour aller ouvrir la porte d'entrée, où six hommes se tenaient là. Souriant, ils entrèrent. Pacôme les connaissait déjà, ils étaient des amis de longues dates de son oncle et de ses parents. Il avait déjà discuté avec eux et, évidemment, ils partageaient les mêmes idéaux que Terenzio. Ce n'était pas la première fois qu'ils se réunissaient, pourtant, c'était la première fois que Pacôme sentait un frisson glacé remonter sa colonne vertébrale en les voyant. Comme un mauvais pressentiment, même s'il n'aurait su dire pourquoi. Attrapant ses affaires, il prit la decision de monter finir son travail dans sa chambre, ne souhaitant pas prendre part à la discussion qui ne manquerait pas de dériver très vite sur les moldus, les esclaves et le gouvernement. Il croisa Faustine dans l'escalier, et ils échangèrent un bref regard, sans un mot... Sans doute l'aurait-il retenu s'il avait su qu'en descendant, elle tomberait nez à nez avec des hommes assoiffés de violence. Une cible parfaite pour son oncle qui ne supportait même plus la présence de sa fille dans la même pièce que lui...
Une heure plus tard, un hurlement tira Pacôme de sa concentration et reconnaissant la voix de sa cousine, il se hata de redescendre. Elle était nue. Etendue sur le sol, tremblante, le visage couvert de larmes. Des salauds... qui s'amusaient. Son oncle s'aperçut de sa présence.
"Pacôme ! Mon enfant prodige ! Tu veux ta part toi aussi ? Tu veux laisser une petite marque avant qu'on passe au dessert ?" Tous les yeux se braquèrent sur lui, mais de tous les regards, le plus difficile à affronter fut celui de Faustine.
"Non merci.""Mais si, fais le, tu vas voir comme ça fait du bien. Je sais que tu es comme ton père, tu déteste les moldus... Tu ne souhaites pas punir ta cousine pour son impureté ?" Terenzio se rapprocha de son neuveu, il sentait l'alcool. Il attrapa Pacôme par le bras pour le pousser vers sa cousine. L'homme qui venait de la torturer lui offrit un sourire. Terenzio tendit sa baguette à Pacôme...
"Vas y mon garçon ! Montre nous que tu es un vrai homme !"...
* * *
Pacôme vomit le repas complet dans les toilettes. De la sueur inondait son front. Il avait envie de hurler, de crier, de taper. Envie de crever, de se tuer, de se jeter du haut d'une tour pour s'écraser au sol. Il tremblait, fiévreux et nauséeux... Il se dégoûtait. Une vague de haine envers lui même l'obligea à se frapper la tête contre le mur, le faisant s'effondrer au sol. Il attrapa sa baguette et la brisa en deux alors qu'un cri semblable à celui d'un animal agonisant s'échappait d'entre ses lèvres... Voila. Faustine était morte. Mise à mort de ses propres mains, sous les acclamations de Terenzio. Ils l'avaient torturé, et tué... Faustine, sa cousine, son sang, ses cris. Et son regard accusateur le hanterait pour toujours.
Salamandra entra dans les toilettes. Elle ne savait pas, elle ne saurait jamais. Il avait honte. Ses vacances d'été avaient viré au cauchemar. Comme pourrait-il à nouveau se regarder dans un miroir en sachant qu'il avait commis un meurtre ?
Les bras de sa meilleure amie l’enlacèrent et le bercèrent alors que des sanglots secouaient le corps du jeune homme. Le temps sembla s'étirer durant d'interminables heures... A Poudlard, il avait cru qu'il parviendrait à oublier... Il avait passé sa première journée dans un brouillard qui avait la couleur du sang... Faustine, Faustine, Faustine qui avait dit qu'elle l'aimait... Faustine qui n'avait pas de pouvoir, sa vie misérable avait pris fin. Et lui qui, sur son piédestal, n'avait jamais rien craint, tremblait à présent devant le regard dur d'un fantôme.
"Tu as cassé ta baguette !" ... Celle ci trônait au sol, vestige d'un acte qu'il ne se pardonnerait jamais.
"J'ai pas fait exprès, Sally... j'ai pas fait exprès." Elle le serra plus fort contre elle.
" C'est pas grave. On ira t'en chercher une autre chez Olivander."* * *
Oubliettes...