« Et celle-ci Jill? » On lui tendit une robe en dentelle à l'affreuse couleur violette, une moue impatiente sur les lèvres. Haussant les sourcils Daenerys ne prit même pas la peine de répondre tant c'était évident qu'elle ne porterait jamais ça. « Bas quoi, c'est pas mal? » La Serdaigle se contenta de lever les yeux aux ciels et de poursuivre ses recherches dans les étalages de la boutique de seconde-main. Elle avait les moyens de s'acheter des vêtements dans des boutiques beaucoup mieux situées et fournies par des designers réputés dans le monde sorcier, mais par principe elle préférait éviter et suivre ses amis dans les magasins moins chers et plus originaux. Non pas que l'originalité soit toujours bonne à prendre comme dans le cas de la proposition de son amie. Et puis, elle n'aimait pas utiliser l'argent de son oncle, ça la mettait mal à l'aise. Moins elle dépensait mieux elle se portait. « Bon j'en ai marre on trouvera rien, c'est nul ici. » Lança une autre, la tête encore enfouie dans un tas de vêtements désordonné. Cela lui valu de s'attirer un regard agacé de la vendeuse qui sembla prendre personnellement l'attaque faite à la qualité des produits de sa boutique. Dany lui offrit un sourire poli, excusant l'attitude de sa camarade qui secouait maintenant frénétiquement ses cheveux comme si elle avait peur d'avoir attrapé des bêtes. Quoique ça n'aurait pas été tellement étonnant. Les trois amies quittèrent finalement la boutique sous le regard pressant de la Serdaigle qui souhaitait à tout prix éviter les ennuis. Elle ne voyait pas l'intérêt de s'attarder si c'était pour qu'elles se mettent à insulter le magasin devant sa propriétaire. « Une glace ça vous dit? » Hochement unanime des deux autres têtes et le trio se dirigea donc vers une allée plus fréquentée du village sorcier. Il faisait encore un peu froid, le printemps ne tombant qu'assez lentement sur l'Écosse, mais on ne disait pas non à une glace. Si pour certains la Bièraubeurre aux trois balais était un passage obligatoire lors des visites à Pré-au-Lard, pour les trois jeunes filles les délices glacés remplaçaient au la main la boisson crémeuse dès que le temps s'y prêtait. Et des fois même quand ce n'était pas le cas. C'est en riant qu'elles entèrent dans la boutique prises d'une insouciance rare ces derniers temps. Daenerys n'était certes pas très rassurée quant à sa propre sûreté et à celle de ses camarades, mais elle n'aurait refusé une sortie comme celle-ci pour rien au monde. C'était l'opportunité d'oublier un peu ce qu'il se passait à Poudlard et de s'amuser comme une adolescente normale qu'elle était.  Elle ne sortait pas beaucoup lorsqu'elle n'était pas au château et même si les sorties à Pré-au-Lard n'étaient pas si fréquentes que ça, ça faisait toujours plus que quand elle était chez son oncle pendant les vacances. Elle n'avait jamais osé inviter ses amies chez elle d'ailleurs, peut-être parce que d'abord ce n'était pas vraiment chez elle et ensuite parce qu'elle avait peur de ce qu'elles y verraient, peur de ce qu'elles penseraient d'elle si elles connaissaient sa famille. Non qu'elles ne soient pas au courant de son nom et de son lien de parenté avec un certain Gryffondor, mais puisque Daenerys évitait son frère et que c'était pas non plus écris sur son front, on en parlait pas et c'était très bien comme ça.

Elles étaient les seules à vouloir acheter des glaces visiblement, la boutique étant vide et le nombre de parfums disponibles considérablement bas. Anaëlle sembla déçue de ne pas trouver son goût préféré de crème de praline à la citrouille, mais plutôt que de faire une crise elle se reporta simplement sur un goût plus classique, une moue déçue déformant néanmoins son visage. Elles consommèrent à l'intérieur décidant de ne pas trop tenter le diable en dévorant une glace sous le vent piquant de mi-avril, avant de se lancer dans la deuxième partie de leur après-midi shopping, en espérant que celle-ci serait plus concluante que la première. Discutant et réajustant son bonnet peut-être de trop sur ses cheveux bruns, Danerys ne remarqua pas que ses amies s'étaient arrêtées et encore moins la raison de cette brusque halte. Ce n'est que lorsque celle-ci lui rentra dedans qu'elle leva les yeux et comprit pourquoi elle semblait s'être lancée dans un monologue depuis quelques secondes. Pour être juste, c'était plutôt elle qui lui était rentré dedans, non que ça ne change quoi que ce soit à son malaise immédiat et à son envie de tourner les talons. Si elle avait été un brin plus naïve elle aurait pu croire à une simple erreur, à la simple malchance qui avait fait qu'elle avait cogné entre toutes personnes présentes à Pré-au-Lard son frère au lieu d'un autre. Et elle aurait pu croire, si elle ne le connaissait pas aussi bien, qu'après une vague excuse elle serait en mesure de s'échapper. Mais la façon avec laquelle il prononça le surnom qu'il était le seul à lui donner lui fit comprendre que la rencontre avait été voulue et  que la fuite était impossible. Son premier réflexe mis à part les deux pas qu'elle eut immédiatement pris pour reculer et s'éloigner un peu, fut de faire signe à ses amies de partir par dessus son épaule. Elles hésitèrent un instant, mais préférèrent finalement laisser les Lothbrock entre eux. À peine furent-elles parties et l'adolescente releva-t-elle ses prunelles vers les iris bleus de Rhaegar qu'elle regretta son geste. Elle aurait du les faire rester, comme ça elle aurait pu avoir une excuse pour s'éclipser rapidement et éviter une conversation qu'elle ne voulait pas avoir. D'un autre côté elle ne les voulait pas comme témoins de la scène. Elle baissa immédiatement les yeux, de peur qu'il comprenne ce à quoi elle pensait ou peut-être plutôt de peur d'y voir quelque chose qu'elle ne voulait pas voir et elle se racla la gorge. « Hum..qu'est-ce que tu veux? » Elle ne voulait pas paraître agressive, même si au fond elle l'était un peu. Elle ne doutait pas qu'il allait lui gâcher sa journée, en un sens c'était déjà fait. Peu importe qu'elle tombe sur son côté mielleux ou son côté violent, dans tous les cas elle n'avait pas envie de l'entendre et elle savait pourtant qu'elle n'avait pas le choix. Et elle ne pouvait pas lui montrer son mécontentement trop visiblement de peur d'enclencher justement son côté violent qui pouvait tant l'effrayer. C'était son frère pourtant, elle n'aurait pas du avoir peur de lui. Elle savait néanmoins que non seulement il y avait de quoi, mais qu'en plus elle ne pouvait rien contre cette émotion viscérale qui s'emparait de son être dès qu'elle sentait son regard qui lui semblait glacé contre son visage. Elle avait peur de lui et de ce qu'il représentait, mais plus encore qu'il ne le comprenne un jour, ignorant la réaction qu'il pourrait bien avoir. Son côté imprévisible n'étant de toute évidence pas quelque chose qu'elle estimait particulièrement chez lui.