L’arithmancie. Oh quelle horreur… Il avait réussi à avoir une place dans le fond de la salle, laissant Morrigan avec ses amies. C’était dur… dur, dur, dur d’être rattaché à elle. Pourquoi avait-on voulu le punir ainsi ? Sérieusement. Ils s’étaient rendu compte de leur connerie en lançant ce sortilège ? Mettre un Chang avec une Lestrange… Tout le monde le disait, Morrigan était une seconde Bellatrix et lui n’avait que des envies de meurtres quand il s’agissait de l’ombre. Malgré tout, il n’avait aucune preuve de l’implication de la jeune femme… Il ne pouvait pas directement l’accuser. Pire encore, il ne pouvait pas la pousser à bout sous peine d’en souffrir lui aussi. Qu’allait-il devenir… Comment l’ordre allait-il se relever de ça ? Son leader rattaché à une Lestrange. Il s’en voulait. Il se disait que son côté boulet le poursuivait même là-dedans. Une vraie poisse. Comment diriger un mouvement pareil avec une plaie au cul ? Malgré tout, quand il regardait la jeune femme, il se disait que peut-être… Peut-être qu’il arriverait la changer et la ramener à sa cause, lui donner une raison, un cœur. Quelque chose de vrai. Mais qui était-il pour tenir ce genre de discours ? Un soupire trop fort se fit entendre, attirant l’attention des autres élèves alors qu’il fixait la brune désespérément. Des rougeurs apparurent sur ses joues alors que tout le monde le fixait intensément. Il avala sa salive avec lenteur avant de les fixer. « Pardon… » « Monsieur Chang-Chang. » « Lee-Chang… » « Whatever…. Je préfère encore quand vous dormez durant mon cours, au moins vous êtes silencieux ! » Les rires suivirent la remarque du professeur alors qu’il se cachait en plongeant sa tête dans ses bras, totalement dépité de lui-même. Sérieusement, ça ne devait arriver qu’à lui ce genre de connerie. Il s’installa alors sur la table et se posa pour s’endormir, récupérant un peu des nuits d’enfer qu’elle lui faisait vivre. Il avait une petite mine, en même temps, la brunette avait un sommeil agité qui le faisait souvent sursauter et utiliser un bon nombre de sortilèges pour se protéger. Il dormait constamment avec sa baguette dans la main maintenant. Ils avaient encore deux heures là-dedans avant de pouvoir enfin aller manger, ça allait être une sieste réparatrice pour lui-même si son dos le tiraillait, entre la position tordue qu’il avait actuellement et le fait que maintenant il devait dormir seulement sur un matelas à même le sol à cause de la proximité qu’il devait conserver avec la belle. Tout ça n’était vraiment pas évident. Comme ça pouvait lui manquer de partir seul dans le parc autour du château et de s’entraîner à des sortilèges encore et encore. Il avait l’impression de n’être plus que l’ombre de lui-même et grand-dieu, comme il priait pour que ce truc ne dure pas longtemps.

Loin dans le pays des songes, il se fit réveiller par un coup de coude un peu violent de son voisin de fortune qui le fit tomber sur le sol dans un boum vraiment audible. Le professeur exaspéré se tourna à nouveau vers lui. « Chang-Chang… encore. » « Lee-Chang, Monsieur. » « Whatever… Dehors ! » « Volontiers Monsieur… » Il essayait de se contrôler, de maîtriser sa rage, de ne pas finir en colère et de juste se calmer pour que la situation ne dérape pas, mais un vieux vase trop poussiéreux éclata non loin de lui, créant une mini panique. Il savait qu’il n’était pas innocent, mais au lieu d’assumer et de s’enfoncer encore plus, il préféra ramasser ses affaires et suivre Morrigan. Il n’était pas du genre trouillard, il n’avait juste aucune envie de se retrouver chez le directeur et d’avoir à se justifier. Il entra dans la grande salle avec un peu de baume au cœur. Il allait pouvoir manger et s’aérer un peu l’esprit. Manque de chance, Tristam et Nausicaa n’étaient pas là. Il fit une moue triste et soupira longuement avant de voir Adrian. Un sourire étira ses lèvres à la vue du beau coréen. Il fallait bien avouer que le jaune en pinçait légèrement pour le beau rouge mais il se gardait bien de le dire. Il se dirigea d’un pas décidé vers lui pour se poser face à lui, ne laissant pas de choix à la brunette pour se trouver une place, cette fois-ci, il ne céderait pas. « Enfin une tête que j’aime… » Il posa son sac et attrapa un morceau de pain qu’il grignota. « J’en peux plus de ce foutu…. Sortilège… » Il grogna faiblement avant de se passer la main dans ses cheveux et de l’observer. « ça va toi ? » Il eut un petit sourire pour son ami avant d’attraper un verre qui était entre eux, persuadé que c’était le sien. Lorsqu’il voulut avaler le liquide, il se rendit compte de sa composition et tout repartit dans le sens inverse. Magistralement, le jus de citrouille sortit par son nez et fut projeté un peu partout sur la table. On lui tendit une serviette en papier qu’il attrape dans un merci à peine audible tant il toussait sous le choc. Il essuya son visage avant de se reprendre doucement. Mon dieu. Quelle horreur. « Bordel de jus de…. » Une cruche d’eau présente à trois mètres d’eux implosa aussi, heureusement, elle était vide et au final, ce ne fut qu’une longue fissure qui fit tomber son anse. Il se passa la main sur le front pour se remettre de ses émotions avant de regarder Adrian avec des yeux larmoyants. « Pitié… fais-moi passer un bon déjeuner…. » Il n'était pas du genre à se plaindre, mais il avait vraiment besoin d’un moment tendre, drôle… changeant, et il savait que malgré tout, il pouvait compter sur le jeune coréen.

« Etna ! », s’exclame Adrian, complètement désespéré. « Me parle plus ! Arrête, c’est assez ! Donne-moi au moins une heure de paix, de silence et de semblant d’intimité...! »

C’était l’heure du dîner et Adrian était forcément assis à côté d’Etna, qui pensait vraisemblablement que le sortilège exigeait aussi qu’ils parlent ensemble H24. Il la comprenait un peu... Parce qu’il n’était pas non plus un binôme modèle. Mais Adrian tenait davantage à sa liberté et à son intimité qu’il pouvait tenir à ses pouvoirs, donc la menace de devenir cracmol ne pesait pas vraiment au-dessus de sa tête. Contrairement à Etna, bien sûr... Alors il était prié de courir à la suite de la dame lorsqu’elle avait une bulle soudaine. Mais pas ce midi et il l’avait bien averti. Ce midi, si elle osait lui prendre la main pour courir vers une « piste » d’il ne savait trop quoi, il sortait la baguette. Et ça, ça voulait forcément dire un sort raté. Et qui disait sort raté avec Adrian disait explosion, Etna devait le savoir puisqu’il s’était fait sa réputation à Poudlard ! Ce sort étant supposé augmenter de façon considérable leurs pouvoirs... Ça n’allait pas être beau.

Bref, prenant finalement son repas, Adrian se lève tout en jetant un petit regard noir à sa compagne. Il ne la détestait pas, hein. Mais ce stupide sortilège lui donnait des envies de meurtre, sincèrement. Alors il valait mieux qu’on lui laisse sa petite bulle d’intimité le plus possible.

« C’est bon, je me sauve pas ! Je vais juste m’asseoir là...! », s’exclame Adrian tout en montrant du menton une place à quelques chaises de la jeune femme. Ça allait mettre un peu de distance entre eux. « Et interdiction de bouger de là, toi. »

Sur ce, grognon, le jeune homme se laisse tomber sur la chaise vide, posant son assiette devant lui et ne calculant pas trop le verre abandonné là par un élève qui devait déjà avoir terminé son repas. C’était vraiment la foire dans cette école depuis que ce stupide sortilège avait été lancé... Et de voir Nikki se laisser tomber devant lui en poussant un soupir qui pourrait sûrement apparaître dans le livre des records Guinness lui fait comprendre à quel point c’était « vraiment » la foire ! Le jeune homme semble complètement dépassé et Adrian a un regard désolé pour lui. Nikki était le type même du gars vraiment trop gentil qui se pliait facilement en quatre pour les autres et qu’on l’ait collé avec une Lestrange était vraiment de la torture non méritée. Le Gryffondor a un regard pour la Serpentarde, poussant un petit soupir avant d’en revenir au Poufsouffle. Et son regard était éloquent : vraiment pas de chance.

Puis, il tourne la tête pour voir Etna. Magnifique, avec ses grands yeux bleus. Mais il découvrait que ce qu’on disait des Maugrey n’était pas complètement faux et il y avait de quoi rendre complètement fou ! Alors ces grands yeux bleus ne changeait au final plus grand chose !

« On aurait dût être ensemble. Ou bien on aurait dût me mettre avec Zane... Au moins j’aurais pas souffert. Limite ça aurait pu être amusant. », marmonne Adrian dans sa barbe avant de venir prendre une bouchée de tourte. « Pas juste... »

Il mâche, avale... Puis étire la main pour prendre le verre près de son assiette. Il avait complètement oublié qu’il n’était pas à lui, c’était juste... automatique. Sauf que Nikki le lui vole sous son nez ! Adrian a une exclamation surprise... qui se coince dans sa gorge alors que sous ses yeux étonnés, son ami recrache le tout ! Il attrape rapidement des serviettes pour les lui tendre avant de venir donner quelques petites tapes dans son dos, le frottant un peu en même temps pour que l’envie de tousser lui passe. Il a rapidement sa réponse quant à cet événement... et un petit sifflement admiratif franchit le seuil des lèvres du Gryffondor.

« Putain, tu m’as sauvé la vie, vieux. », s’exclame Adrian tout en secouant énergiquement la tête de haut en bas pour appuyer ses propos. « J’avais oublié que c’était pas mon verre...! Merci de ton sacrifice ! »

Il ricane un peu tout en ayant un regard pour la cruche d’eau qui s’était fendue. Ah... Encore quelques petites tapes dans le dos de Nikki, puis Adrian convient :

« Tu vois ça, c’est le genre de truc qui arrive jamais autour de moi. J’pense que mes pouvoirs sont vraiment en grève. »

Il passe un bras autour des épaules du jaune tout en le secouant un peu, pas méchamment, juste une petite bousculade entre potes. Adrian était reconnu pour bien des trucs, mais pas trop pour sa douceur ! On ne se demandait plus pourquoi il s’entendait bien avec Zane, si ce n’est que lui n’avait absolument rien à voir avec le passé sulfureux de son ami.

« Oublie l’affreuse deux minutes, on va discuter entre mec. », assure Adrian. Il relâche son ami, se levant à demi pour attraper un pichet de jus de pommes qu’il sert à Nikki. « Là, ça va te faire passer le goût plus franchement que de l’eau. Et même que je vais goûter avant, tiens. »

Il prend une gorgée, constate que c’est bel et bien du jus de pommes et le tend au Poufsouffle. C’est à ça que ça sert, les amis !