« Po dyavolite ! »* Le bulgare était venu naturellement. Sans Morrigan, Sixte n'aurait plus été de ce monde à l'heure qu'il était. « Merci Morrigan ! »

Le sort de ses autres camarades ne l'intéressait pas beaucoup, même si Ivy venait de lancer un sortilège, il ne faisait confiance qu'en la Lestrange. Il la connaissait assez pour se le permettre. Orphée aurait pu être digne d'intérêt mais elle était trop sonnée par son expulsion hors du wagon pour leur être d'un grand secours. Quant à Tallulah... disons seulement qu'il aurait préféré qu'elle ne soit pas là. Cependant ils étaient en effectif majoritaire, peut-être qu'ils pourraient en tirer avantage. Il souffla à l'intention de Morrigan quelques mots « Protège mes arrières veux-tu ? » Il fallait qu'il la récupère, sans elle, il était foutu, sans elle ils l'étaient tous. A cinq contre quatre ils feraient peut-être face un moment, mais avec Orphée dans les vapes et lui sans baguette ils n'avaient aucune chance.

Ses genoux lui faisaient un mal de chien, tout son corps répondait avec des marques de mépris. Faisant fi de la douleur il bondit, main en avant pour attraper le bout de bois magique, qu'il saisit par chance avant de s'écraser contre le sol beaucoup trop près du mangemort. Il était foutu, c'était clair, sa prise sur sa baguette était faible, son corps était faible et sa position dans le wagon était plus que désavantageuse, lançant un protego informulé il espéra gagner un minimum de temps, ou au moins limiter les dégâts du prochain sort à son intention. Sixte le savait, il devait se redresser pour leur faire face.




* « Merde ! »

Morrigan se jetait sur lui, sous l'emprise de l'Imperium. Baguette à la main Sixte devait réagir, il n’avait pas le choix, il fallait qu’elle soit hors d’état de nuire sans pour autant la blesser. Morrigan était une Lestrange et les liens que Sixte entretenait avec Alesya et Rohàn étaient trop bons pour qu'il ne la blessât. Alors que la main de la Princesse se regroupa en une forme de serre lui griffant le visage, le Bulgare comprit qu’il n’avait aucune chance de s’en tirer sans répondre. La baguette du jeune homme se posait déjà à un centimètre de la nuque de Morrigan alors qu’il lançait deux sortilèges, le premier, le maléfice du bloque-jambes, pour la ralentir. Quant au second… « Crache-limace. » Laissa-t-il échapper implacable de calme.

Calme qui ne dura pas bien longtemps, une fois les sorts jetés, il recula, toujours sur les fesses, le plus vite possible pour se dégager de l’emprise de Morrigan, ou du moins essayer. Sixte savait qu’Orphée n’était pas en état de se défendre, Morrigan était contrôlée par un mangemort, Ivy se débattait pour s’échapper, quant à Tallulah, il ne faisait pas trop attention à elle. Pointant sa baguette vers le Mangemort qui utilisait le sortilège impardonnable sur son amie, il hurla, bien qu’il aurait préféré être discret « DEPRIMO ! » vers le plancher sous les pieds du sorcier noir. Avec un peu de chance il ferait un trou dans le parquet et les débarrasserait d’un de leurs adversaires.

La chaleur était étouffante, le feu se propageait. Sixte ne s’en était pas encore aperçu parce que trop occupé à se démener, tout en évitant Morrigan qu’il ne voulait pas blesser. Cette journée était merdique ! Ils allaient finir rôtis… quelle tristesse.

L’explosion, la chute et puis la douleur. Le choc lui faisait voir trente-six vifs d’or. Sa vue était troublée, il ne savait pas ce qu’il en était des mangemorts, ses yeux fixés sur le ciel ne percevaient que les nuages, incapables de se concentrer sur autre chose. Trois inspirations et il bougerait, deux souffles et il se relèverait, une expiration et il retrouverait Morrigan. Forçant sur ses bras pour se relever Sixte ne put se retenir d’esquisser une grimace dans l’effort.

Son amie était là, à quelques pas, la jambe dans un sale état. Il faudrait replacer cette articulation déboitée une fois en lieu sûr. Pour l’instant ils n’avaient ni l’un ni l’autre le temps de s’apitoyer sur leurs sorts. Rampant, marchant à quatre pattes, Sixte ne parvenait pas à se relever complètement la tête tanguant encore en signe de résistance à l’effort. Une fois arrivé au niveau de la Lestrange il s’écroula à moitié à ses côtés. « On doit se barrer d’ici. » Le message était impérieux, presque un ordre. On ne commandait pas une Lestrange… sauf en cas d’absolue nécessité et le cas présent en était une. Levski espérait seulement que Morrigan trouverait un lieu sûr, où les autres Lestrange pourraient les rejoindre. Transplaner semblait la meilleure solution à leurs problèmes actuels. Et en tant que Serpentards, ils ne s’embêteraient pas à débattre de l’aspect amoral de la décision de quitter les lieux de l’attaque.