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 IOCONAN — gone sovereign

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MessageSujet: IOCONAN — gone sovereign   IOCONAN — gone sovereign EmptyMer 4 Déc - 19:48




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Son écharpe sentait la poussière. Plaquée contre son nez pour la protéger, le vêtement lui donnait l’impression d’avoir enfilé un très vieux tapis sous lequel un elfe de maison se serait acharné à planquer, pendant des décennies, le résultat de ses heures de balayage.  Alors qu’elle avalait la distance la séparant du lac, Iona réalisa qu’elle était en train d’inhaler l’équivalent d’une tour de Poudlard en débris microscopique et une quinte de toux la secoua, l’obligeant à s’arrêter à mi-chemin, plantée dans le parc, les pieds dans la neige. Foutues particules, foutue explosion. Depuis que la tour des Serdaigles était tombée, ébranlant tout le château et chassant tous les élèves, tous ceux qui n’étaient pas blessés du moins, vers un dortoir de fortune, elle avait l’impression de vivre dans un nuage de cendres constant, chacune de ses affaires sentant la fumée, lui laissant un goût âpre dans la bouche. Evidemment, c’était là un problème bien moindre lorsqu’on savait qu’un élève avait perdu la vie dans l’explosion, lorsqu’on réalisait ce qu’elle représentait surtout. Le début des véritables violences, la guérilla explosant jusque dans cette école qu’on avait pourtant présentée comme un lieu sûr depuis des années. Elle tira sur son écharpe, inspira profondément pour se calmer et sur un dernier sursaut, protestation de ses poumons, elle jeta un regard par-dessus son épaule.

Comme un bateau gigantesque ayant perdu un mat, le château trônait sur sa mer de neige, encore menaçant, encore imposant, pierre grise sur fond de ciel gris alors qu’un énième blizzard s’annonçait.

Ils étaient habitués au froid. Même si Poudlard était plus au nord que Queensferry, ils connaissaient le climat ingrat, subissant les affronts de la mer, les embruns, le vent, la glace salé venant s’écraser en aiguilles minuscules mais innombrables contre leur peau. Les Lycans et les Sorciers de la meute McKinley connaissaient l’hiver, ses tourments, ses punitions, aussi n’était-elle pas en train de trembler, pas tout à fait du moins et ce même sous la menace évidente que représentaient les nuages. Elle avala sa salive, ayant l’impression de faire descendre une poignée de verre pilé dans sa gorge et elle se remit en pas, faisant craquer la neige datant de quelques jours sous ses pieds. Bientôt, une couche fraiche et duveteuse viendrait recouvrir ce manteau givré, trompant les imbéciles et réservant des plaques de glace qui casseraient bon nombre de poignets… comme si cette école avait besoin de plus de blessés, encore. Elle, elle ne sentait presque plus l’hématome sur sa clavicule mais elle pouvait encore voir que la peau était tuméfiée, si elle se regardait dans le miroir. Elle avait eu de la chance, elle le savait. Et cette idée la perturbait, car elle attendait à présent le contrecoup, l’épée s’abattant sur elle…

Alors peut-être qu’elle avançait vers sa sentence. Peut-être qu’elle fonçait volontairement vers une blessure plus profonde qu’une explosion, qu’un peu de verre cassé, que quelques murs abattus. L’espace d’un instant, sa détermination sembla se faire la malle, embarquant avec elle toute force et lui donnant l’impression que ses genoux ne voulaient plus la porter. Elle pouvait encore faire demi-tour, surement. Elle pouvait encore rebrousser chemin, ne pas aller trouver le jeune homme. Conan. On lui avait dit qu’il avait quitté le château après le repas de midi et il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle sache où le trouver. Il y avait un recoin du lac qui ressemblait étrangement et leur village natal et si elle, elle l’avait trouvé, il était à parier que lui aussi savait où se rendre pour s’isoler. Quelque part, elle ne doutait pas du fait qu’en dépit de tous les soucis qu’ils pouvaient avoir, la meute lui manquait autant qu’à elle. Elle pouvait le trouver, oui, restait à savoir si elle avait envie de le faire, si elle avait le courage d’aller à sa rencontre et de se montrer digne, implacable. Fille d’Alpha, pas faible chose. Depuis quand ne s’étaient-ils pas parlés ? Elle n’était même pas fichue de le dire, emmitouflée dans ses affaires d’hiver, ses cheveux blonds s’échappant des nattes savamment faites et partiellement cachées sous un bonnet de laine. Tout ce qu’elle savait, c’était que depuis l’explosion, elle ne l’avait pas croisé et quelque part, elle était vexée. Vexée que son plus vieil ami ne se soucie pas d’elle, vexée qu’il ne cherche pas à savoir, directement, si elle allait bien. Peut-être avait-il demandé à quelqu’un… mais peut-être qu’à se connaître depuis toujours, ils avaient dépassé ce stade-là… Et rien qu’en y pensant, la détermination était revenue.

Elle le trouva plus rapidement que prévue, ne se donnant pas la peine d’être discrète mais sortant sa baguette. Encore plus sorcière que louve, pour le moment du moins, Iona avait tendance à utiliser les artefact magique de façon régulière, quand bon nombre de gamins de la meute oubliaient de le faire, attendant juste de recevoir une autre forme de puissance, d’autres pouvoirs. Elle se retrouva rapidement derrière le jeune homme, qui faisait face au lac, ses cheveux bruns s’emmêlant chaotiquement dans le vent qui, ici, soufflait plus fort. Le fond de la vallée trahissait les sens, toujours, aussi se demanda-t-elle si les bourrasques étaient contre elle ou contre Conan. Avait-il sentit son parfum, entendu ses souffles, ou avançait-elle sous la cape de la météo rude ? Avait-il déjà appréhendé ses intuitions de loup ? Etait-il déjà capable de traquer sans même passer sous sa forme animale ? Elle savait que cela venait avec le temps mais son statut de fils de bêta devait lui donner des facilités, surement, en comparaison aux jeunes lambdas du clan.

S’il savait qu’elle était là, il ne bougea pas. Un sursaut de colère explosa dans la gorge de la jeune femme et elle tendit le bras, faisant encore quelques pas. Il ne fallait pas tirer dans le dos de quelqu’un, elle le savait, mais elle n’avait pas l’intention de lui faire mal, pas vraiment. Ancrant solidement les pieds de Conan dans la berge couverte de neige, elle poussa un sort entre ses omoplates et fit en sorte qu’il se retrouve penché en avant, à quarante-cinq degrés, assez loin de l’eau pour ne pas perdre l’équilibre, assez haut pour s’y vautrer copieusement si elle décidait de lâcher. « I’m still alive, thank you for asking » souffla-t-elle, toujours plus dur avec lui qu’avec le reste du monde, surement à cause du lien qui les unissait. Alpha, Bêta. Leader, second. Elle avait interrompu sa tranquillité pour menacer de le pousser dans le lac et même si ça n’allait pas durer, c’était bien un signe de changement.

Elle n’était plus fuyante, plus faible, plus effacée. Lui restait surement défiant cependant, il l'avait toujours été et elle avait toujours apprécié et à la fois haït ce trait... Elle savait qu’elle n’emporterait pas au paradis cette salutation un peu brusque et c'était peut-être pour le mieux. N'importe quoi, de toute façon, était mieux qu'un silence.

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MessageSujet: Re: IOCONAN — gone sovereign   IOCONAN — gone sovereign EmptyMar 24 Déc - 1:05

Être calme et solitaire. Ces derniers temps plus qu’autrefois le prétendu loup ressentait le besoin de s’isoler. Tiraillé, le visage renfermé, Conan était devenu une simple errance au sein des couloirs de l’école. Plus inatteignable qu’il ne l’était déjà, il ne s’attardait sur des conversations qu’à de rares occasions, disons que ceux qui faisaient naître le dialogue chez lui pouvaient se considérer comme des privilégiés. Sa préoccupation extériorisée n’était rien comparée à son tracas intérieur qui le rongeait peu à peu. Autant que possible il se recueillait, engageant de longues conversations avec ses propres pensées, ressassant les derniers éléments de sa vie, les remuant dans tous les sens, soupirant pour finalement n’arriver à aucune conclusion. Il lui en voulait tellement à l’heure actuelle qu’il lui était impossible d’avancer. Voilà sa faiblesse. Il ne pouvait rien y faire, sans elle il ne voyait pas de futur, tant pour la meute que pour son épanouissement personnel, sa vie étant éternellement liée à son Alpha. Pourtant il s’obstinait à se la sortir de la tête, ses pulsions masculines et ses yeux venant s’attarder sur d’autres jeunes femmes. Des jeunes femmes qui n’égalisaient jamais la louve blanche.

Aujourd’hui l’horizon était à peine perceptible. Le temps était maussade, aussi couvert que ses états d’âmes. Cet endroit dégageant la même atmosphère que son village natal était devenu depuis peu un repère, un des seuls endroits où il se sentait chez lui. Bien souvent ces airs de côte maritime ramenaient Iona au cœur de ses songes. Allait-elle aussi bien que ce qu’on lui racontait ? Il avait beau ne plus entrer en contact avec elle, il se tenait au courant du moindre de ses changements par le biais d’intermédiaires ou tout simplement d’observations. Sa fierté l’empêchait de revenir vers elle et pourtant lorsque la tour Serdaigle céda il fut pris d’une terrifiante panique bien que tout ça ne soit sûrement pas arrivé aux oreilles de la concernée puisque personne ne l’avait remarqué. Seul, sans partager son inquiétude avec qui que ce soit, il avait dans un premier temps accouru puis s’en était tenu aux informations des infirmières et aux bruits de couloirs. Jamais sa fierté ne lui aurait permis d’aller la voir. Elle lui devait des comptes, et non l’inverse. Sa rancœur ne faisait que croître jours après jours et pourtant… pourtant il ne pouvait se résigner à la détester. Tout devenait toujours trop compliqué lorsqu’il s’agissait de la petite blonde.

Songeur, appréciant les bourrasques emmenant ses cheveux flotter au vent, il ferma un instant les yeux avec un semblant de sourire inscrit sur les lèvres. Cette sensation de liberté due au vent lui rappelait ses longues courses dans la forêt… courses à vitesse humaine. Aussitôt son sourire se gomma à l’image d’un loup qu’il ne serait jamais, la morsure peinant à se cicatriser au creux de sa nuque s’inscrivant comme un lourd rappel sur sa peau. Ouvrant de nouveau ses paupières qui lui semblaient bien plus lourdes que d’habitude, il put entendre derrière lui le son de la neige craquant sous le poids d’un arrivant. Il ne se retourna pas. Ses membres se crispant, ses yeux restèrent figés sur l’horizon. Il reconnaissait ces pas. Leur rythme… il pouvait y assimiler la démarche qui les accompagnait. Une démarche à laquelle il n’avait pas été confronté depuis un long moment. Enfin. Enfin elle s’était décidée. Il ne pouvait qu’être heureux et satisfait de sa décision et pourtant il était dans l’incapacité de se réjouir. Elle était fiancée au Greyback maintenant, autant dire que de part son absence le loup enragé avait pris une longueur d’avance vis-à-vis d’Iona et il craignait que ce ne soit pas en sa faveur. Pourtant Conan se bornait à penser qu’il était celui qui la connaissait le mieux, que malgré tout ce qui pouvait leur arriver ils seraient toujours liés, qu’ils se comprendraient éternellement. Il ne savait pas bien pourquoi il ne prenait pas la peine de se retourner, d’autant plus qu’il pouvait ressentir sa présence. Elle était derrière lui et pourtant il ne cilla pas. Peut-être attendait-il qu’elle ne daigne ouvrir la bouche la première. Jamais il ne se serait attendu à ça. Surtout pas venant d’elle.
Retrouvé tout à coup penché le nez en direction du vide, il fut dans un premier temps secoué, incapable de prononcer quoi que ce soit, réalisant tout juste ce qui se passait. « I’m still alive, thank you for asking » Elle venait de lui lancer un sort, c’est ça ? Elle avait osé ?! Qu’est-ce qui lui prenait ? Déconcerté, il mit un certain temps à réagir. Le regard perdu dans le néant, ses pensées fusaient à toute allure, aussi vite que la vitesse à laquelle ses prunelles s’assombrissaient ; devenant plus noirs qu’elles ne l’étaient déjà. D’un geste furtif, son cou se tordit de manière à ce qu’il puisse affronter le regard d’Iona du sien qui se voulait assassin. Il n’appréciait définitivement pas le geste et ça pouvait aisément se lire dans ses yeux qui se voulaient défiants. Il ne prononçait mot. Après tout il ne comptait pas se défendre, il avait mieux que ça : le défi. Comme une lame tranchant l’air, ses paroles vinrent briser le lourd silence qui s’était installé entre eux, plus cinglantes que jamais. « Et maintenant ? Tu comptes aller au bout de la chose et me faire crever j’espère ? » Elle ne le ferait pas. Du moins il en était persuadé. Elle n’irait pas au bout de son initiative, tout simplement parce qu’elle en était incapable. On parlait ici de son Alpha. Elle pouvait passer autant de temps qu’elle le voulait avec ce roublard de Greyback, jamais il n’arriverait à lui enlever la pureté qui la caractérisait. Conan aimait se raccrocher à cette idée, elle lui donnait de l’espoir et lui faisait du bien. Dire qu’elle pensait qu’il se foutait complètement d’elle… c’était ridicule. Mauvais, les sourcils froncés et les dents fermement serrées, il se décida à rouvrir la bouche après un silence. « Tu peux te donner tous les airs de grande dame que tu voudras, tu restes une enfant. C’est évident que j’ai veillé sur toi ! » Elle était stupide de penser le contraire, si ce n’était gonflée de venir lui reprocher son silence lorsqu’elle en avait fait de même. Malgré des paroles douces, la tonalité sur laquelle le loup d’imposture les prononçait rendait le tout piquant et désagréable à l’oreille.

Cette scène lui semblait hors temps. Jamais il n’aurait pu imaginer une chose pareille. Il y avait chez elle quelque chose de différent. Quelque chose qu’il n’appréciait pas… Un changement, une évolution; tout comme cette relation qu'ils avaient bâti.
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MessageSujet: Re: IOCONAN — gone sovereign   IOCONAN — gone sovereign EmptySam 18 Jan - 14:29




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Elle semblait impulsive. Sa magie lui picotait le bout des doigts, elle avait le souffle légèrement heurté, les sourcils froncés et elle était sur la défensive, prête à bondir pour se défendre, prête à agir sur un coup de tête, un coup de sang, ce même sang que sa meute ne prônait pas. Etait-ce de traîner avec Loki qui la rendait ainsi, plus assurée, plus difficile à tenir, aussi ? Elle n’était pas fichue de le dire, quand bien même elle pouvait sentir le changement. Elle préférait se dire que ce n’était là que l’aboutissement de sa croissance, qu’une affirmation comme une autre. Comme si se comporter comme une sauvage avec son plus vieil ami représentait quelconque rite de passage à l’âge adulte.

Conan ne criait pas, ne paniquait pas, ne l’engueulait pas non plus. Penché au-dessus de l’eau, son reflet dansant à la surface sous le vent qui froissait légèrement les eaux noires du lac, il était calme, comme si la surprise n’en était pas une, comme s’il n’était absolument pas décontenancé par la façon dont elle l’abordait. L’avait-il prévu ? Etait-ce ce qu’il avait craint, en manquant de respect au reste de la meute lors de l’annonce des fiançailles ? Elle n’eut pas le temps de réfléchir d’avantage cependant, car il décida de parler, la faisant sursauter presque assez fort pour qu’elle relâche la pression du sortilège et le laisse malencontreusement tomber. « Et maintenant ? Tu comptes aller au bout de la chose et me faire crever j’espère ? » Les gens avaient pour habitude de dire que dans une confrontation, il existait deux formes d’attaque : la menace et le geste. Beaucoup estimaient que les deux n’étaient pas compatibles et qu’à partir du moment où on commençait à discuter, la violence promise s’étiolait à chaque injure, chaque phrase trop sèche. Iona, qui n’était pas du genre brutal à l’origine, se retrouvait plantée là, baguette braquée sur celui qu’elle avait pu appeler son meilleur ami, son autre. Elle l’avait menacé, pensant chaque initiative prise, voulant sincèrement le pousser dans l’eau avec une certaine violence mais à présent, elle se demandait si elle en était capable. Attaquer verbalement et agir quand même… Elle inspira, jetant un regard si sombre au jeune homme qu’elle eut l’impression de voir la nuit s’installer sur le domaine de Poudlard. Doutait-il de ses capacités ? Etait-ce pour ça, qu’il était si calme, si tranquille ? De là où elle était, elle ne pouvait pas dire s’il s’était tendu, s’il se préparait mentalement à s’écraser dans l’étendue d’eau devant lui, dans ce qui deviendrait à coup sûr un cocktail à pneumonie… Elle serra sa main autour de sa baguette, un peu mieux, et lui desserra les mâchoires, lui faisant alors réaliser qu’elle n’avait pas vraiment entendu sa voix depuis des lustres et que les premiers mots qu’ils échangeaient étaient si hargneux qu’elle ne les reconnaissait quasiment pas dans le ton. « Tu peux te donner tous les airs de grande dame que tu voudras, tu restes une enfant. C’est évident que j’ai veillé sur toi ! »

Elle se retrouva alors tiraillée. Elle réalisa qu’elle avait envie de lui foutre la tête sous l’eau, parce qu’il la traitait de gamine, parce que c’était un thème récurrent dans son entourage et qu’elle ne supportait que difficilement ce genre d’attaque ( il aurait d’ailleurs été extrêmement mature qu’elle agisse ainsi *sigh* ) mais qu’elle voulait aussi se contenter de l’éclabousser vaguement pour, d’une façon presque candide, signifier un sursaut de complicité, soulagée d’entendre qu’il savait exactement de quoi elle parlait. Pas une seconde, elle n’imagina que Conan pouvait lui mentir, même si cela aurait été simple. Ce n’était pas lui, pas eux et même si elle avait l’impression qu’ils s’étaient perdus…

Elle était en colère, pourtant. L’agacement persistait, doublé d’une mélancolie bien difficilement dissimulée. Il lui manquait. Elle le savait blessé mais elle était un peu trop naïve, peut-être, pour mettre ensemble toutes les pièces du puzzle, s’arrêtant au fait qu’elle n’y pouvait rien, qu’elle n’avait pas le choix concernant ces fiançailles, concernant Loki. Etait-ce vrai cependant ? N’avait-elle pas envoyé sa main en travers du visage du Greyback lorsqu’il avait annoncé vouloir lui rendre sa liberté ? Elle secoua la tête, son sortilège s’amplifiant un peu et rapprochant le brun de la surface de l’eau. Elle avait fait ça pour la meute, pour les leurs, pour cette famille sur laquelle elle voulait pouvoir compter et dont il faisait partie. Il était son bêta, il l’avait toujours été et, peut-être l’avait-elle considéré comme acquis, peut-être continuait-elle, mais il devait être à ses côtés lorsqu’elle subissait les affres de ses responsabilités, qu’elles deviennent un peu trop agréables par moment ou non.

Elle mourrait d’envie de lui prouver qu’elle n’était pas faible, pas indécise. Question d’égo surement, condition intrinsèque dans leur génétique ou dans leurs éducations les poussant à agir de la sorte. Elle devait mener, il en avait toujours été ainsi, alors qu’il impose une certaine distance ne lui avait pas plus, elle s’était convaincue de faire pareil pour lui prouver, bêtement, qu’elle avait le contrôle. Elle n’aimait pas spécialement ça, cette idée de respect biaisé. Elle n’avait jamais vraiment voulu qu’il écrase devant elle, lui préférant des sursauts d’insolences, peu importe à quel point il pouvait être difficile à cerner lorsqu’il agissait de la sorte. Il y avait surement encore trop d’enfance entre eux et, ne changeant pas la donne, elle se concentra sur sa baguette pour continuer ce qu’elle avait entamé. Alors elle le lâcha, subitement, uniquement pour le rattraper ensuite, d’un sort, le faisant basculer en arrière et l’envoyant dans l’épais tapis de neige, non loin d’elle. Elle lui en voulait, elle était sûre de ça, mais elle ne savait pas vraiment si elle était suffisamment en colère pour lui faire mal ou si elle tenait juste à le secouer. Ce n’était pas normal, pas pour elle, de vouloir lui faire du mal. Ce n’était pas habituel mais il l’avait blessé et, perdue, elle cherchait à répondre, sans réaliser qu’il n’agissait de la sorte que parce qu’elle lui filait entre les doigts, fiancée au meneur d’une autre meute.

« You should have said so » décréta-t-elle, s’approchant, toujours armée, toujours parée d’un regard sombre et menaçant, comme les tempêtes au large du village. Rarement s’était-elle imposée de la sorte mais elle avait beau chercher à le nier, il lui manquait et c’était sa façon un peu maladroite de le faire comprendre. Derrière l’armure glacée se cachait la gamine qu’il connaissait, elle grattait pour pouvoir parler, crevant d’envie de lui dire de parler, de le menacer gentiment pour qu’il lui donne de ses nouvelles et ne deviennent pas un étranger. Elle essayait, cependant, trop fort, de jouer les grandes et sur ça, il avait raison. « You can’t just blow me off like that, you might not think I’m your friend anymore, but I’m still your Alpha… » La phrase sonnait faux. Peut-être parce qu’ils avaient été toujours un tout petit peu plus qu’amis, trop complices, trop lies pour ça, et peut-être parce qu’elle n’était pas vraiment placée pour ramener sur le tapis les histoires de meute lorsqu’elle n’était pas louve et que lui avait reçu sa morsure, sans elle dans les parages, sans en parler…

Hésitant un instant, plantée devant lui, elle rangea pourtant sa baguette et lui tendit une main. Elle se tenait un peu trop droite, elle était un peu trop nerveuse, comme si les repères d’avant avait disparu, comme si elle arrivait à le voir sous une autre lumière. Et puis les mots de Loki revinrent, sonnant dans son crâne. ‘Conan and you‘ avait-il avancé, comme excuse valable pour tenter de rompre l’accord et annuler les fiançailles. Fixant le Gryffondor, elle sentit ses joues s’empourprer et chercha à ne pas trop tiquer, attendant juste qu’il daigne saisir ses doigts pour se redresser.

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