Orphée était une élève hors-normes. En effet, quand tous ses camarades de classes s'asphyxiaient les méninges à travailler leurs sortilèges, elle s'ennuyait sur un fauteuil douillet de la salle commune, n'ayant plus besoin de se fatiguer à parfaire sa sorcellerie. Et les minutes étaient interminables, indéfiniment longues, mais peut-être pas assez pour qu’elle perde patience. Du bout de ses doigts finement manucurés, elle pianotait sur l'un des bras du siège distraitement, son autre main pendait dans le vide, soutenue par la seule force du coude qui reposait encore sur une surface matérielle. Ses fines jambes étaient gracieusement croisées, la porteuse pliée de façon à former un parfait angle droit, un pied souple et droit, semblable à celui d'une danseuse exerçant une pointe. Elle pensait. Une lettre. Cette nouvelle avait résonné dans sa tête toute la nuit. La jeune Serpentard ne s’y était pas attendue, généralement c’est dans la demeure du fiancé que la rencontre se faisait. On n’apprenait pas la nouvelle par lettre. Elle était fiancée. Orphée se répétait sans cesse cette phrase, elle paraissait irréelle, tout droit sortie d’un de ses plus terribles cauchemars. Qu’importe, elle savait que cela arriverait un jour, ce n’est qu’un pion de plus placé dans sa vie. Elle soupira. De toute manière, recevoir la nouvelle par lettre était bien mieux que devoir se confronter à son père une fois de plus. Elle observait la salle commune, très calme à présent. La jeune Dolohov ouvrit un livre de magie noire, plus personne ne l’observait. Il était tard, tout était si calme qu’on se serait cru au manoir. Elle savait que le feu de la cheminée était alimenté par les elfes de maisons. Elle n’en avais rien à faire, ces créatures … Orphée se souvenais du jour où son frère en avait tué un. Parfois, elle est tentée de s’entraîner à la magie noire sur les elfes de maisons de Poudlard. Quel meilleur cobaye ? Sauf qu’ils appartenaient à Poudlard, et qu’elle signerait sa perte en faisant ça. Elle n’était pas si idiote.

La plupart des élèves de Poudlard faisaient une tête à en effrayer un hippogriffe. Elle se sentait bien, du moins, aujourd’hui elle se sentait mieux que les autres jours. Peut-être qu’elle commençait à m’habituer au nouveau rythme de vie auquel on les soumettait. Au moins, le temps où les élèves impurs vivaient dans l’insouciance était révolu, à présent tout le monde avait peur. Ce qui ne voulait pas dire qu’ils étaient exemptés de tout supplice puisqu’ils devaient cohabiter ensemble. Ombre et ordre, cohabiter ensemble. Parfois, elle se surprend à rêver que cette guerre soit terminée, qu’ils aient gagné. Orion avait un plan, elle le savait, et elle le suivrait. Elle savait aussi qu’il n’était pas encore là, il devait traîner dans les couloirs du château. Orphée se demandait juste ce qui le poussait à traîner si tard dans le château. Etre dans un état second, comme celui dans lequel elle se trouvait en ce moment était plutôt rare. D’habitude, elle arrivait à contrôler ses émotions. Ce soir, son regard devait laisser transparaître une nouvelle lueur. C’était surement à cause de ses fichue fiançailles, et Orion qui n’était toujours pas là.