J’sais pas trop pourquoi j’me mets à écrire. Ça fait longtemps qu’on me l’a suggéré mais j’avais jamais osé. Ils ont eu peur que mes adoptions me retournent le cerveau, la blague… Mais qu’est-ce qu’un gosse aurait eu à dire sur le sujet ? J’étais déjà au courant que mes parents ne seraient jamais mes vrais parents. Ceux qui m’ont réellement élevé étaient le deuxième couple à me recueillir, si l’on mettait de côté mes parents biologiques, alors… Gosse, je savais bien qu’on n’avait pas à devoir m’avouer un jour que je n’étais pas l’enfant conçu de la famille. Je le savais déjà, j’étais bien conscient de tout ça. Alors à quoi bon écrire ? Il paraît que ça fait du bien… Voyons donc ça. J’suis orphelin, et né-moldu. C’est l’information principale à mon sujet que je connais. Je sais que j’ai voyagé de famille en famille mais le pourquoi du comment, je ne le sais pas. Ah, si. Perkins est le nom de ma famille d’origine, à ce que mes parents m’ont dit, et ils souhaitaient que je le garde pour ne pas avoir de secret pour moi. Et puis apparemment, ma famille précédente, composée de moldus, ne supportait pas de voir des choses étranges se produire dans mon entourage… J’étais donc Hill-Perkins depuis mes sept ans.
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J’ai reçu ma lettre pour ma rentrée à Poudlard à mes quatorze ans, comme chaque ado finalement. J’ai intégré Gryffondor, et rien ne pouvait rendre plus fiers mes parents. Bien sûr, un Serdaigle ou un Poufsouffle les aurait tout aussi enchantés. C’était pour la forme, ‘voyez… J’ai démarré les cours avec brio. Si je ne trouvais pas réellement ce qui pouvait m’intéresser, je savais apprendre vite et n’avais pas trop de difficulté avec la discipline. J’ai mes idées bien arrêtées mais je sais respecter les autres, en toute connaissance de cause. Enfin, je ne causais pas trop de problèmes, en sommes. J’ai fait mon bonhomme de chemin, toujours sans grande idée quant à mon avenir. Bon, tout n’était pas facile, hein, mais disons qu’étudier mes cours n’a jamais été un réel souci. Je n’étais pas excellent quand j’ai commencé, mais suffisamment bon pour poursuivre mon cursus sans grandes encombres. Après, je ne parle pas de l'ambiance infecte qu'on peut trouver face aux nés-moldus... J'ai d'abord été traité de tous les noms, et beaucoup étaient et sont toujours dans ce même cas. J'en ai souffert, mais en grandissant j'ai réussi à passer outre. Savoir ignorer, savoir répondre, savoir s'affirmer, et les voir se décourager... c'est la clef.
Raleigh a dix-huit ans.♦
Willow est… incroyable. J’sais pas, j’ai l’impression d’avoir toujours cherché ça, ce truc à partager, à connaitre avec quelqu’un. Quelques mois déjà qu’on est ensemble, comme si tous ce passé amical n’était jamais arrivé, comme si tout était destiné à se passer ainsi. Que nous devions nous rencontrer, et vivre tout ça… Un peu idiot, hein. He bien c’était ce que je ressentais. Les moments partagés avec elle étaient incroyables. Ça me faisait oublier le quotidien et la presque monotonie des cours. Tout est plus simple, plus évident, plus savoureux. Même si un certain Nikolaï ne nous rend pas toujours la tâche facile… C’est quoi son problème, à lui ? Il veut pas lui lâcher la grappe…
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J’ai encore été menacé par ce type… J’sais pas s’il est détraqué ou s’il croit réellement que Willow lui est acquise mais il se met pas en tête qu’eux deux, c’est de l’histoire ancienne. Ils s’voient, ouais, mais aussi crétin que ça puisse paraître c’est moi qu’elle a choisi. Que je sache, il ne sort pas actuellement avec elle… J’aime pas c’te situation. On s’engueule de plus en plus, toujours sur le même sujet. Je l’aime, je sais pas, y’a ces sentiments. Mais ça va vite devenir peu supportable. On s’en fout à la gueule, on va respirer quelques heures si c’est pas quelques jours et puis oh, le miracle, on s’aime à nouveau. J’ai l’impression d’être dans une putain d’romance à la noix. Ça va faire une bonne année qu’on est ensemble maintenant, et j’ai l’impression d’avoir atteint la limite de ce à quoi j’ai droit. A croire qu’un vrai bonheur n’est pas permis pour les mecs. Oh, d’ailleurs j’dois bien l’avouer ; écrire, ça fait du bien.
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Ça va plus… Ça sera bientôt la fin d’année et pourtant j’arrive pas à me concentrer sur les exam à réviser… Ne plus avoir Willow, l’avoir quittée comme ça, ça m’tue. On s’croise, de temps en temps, mais c’est plus pareil, forcément. Nikolaï a l’air tellement satisfait… c’est insupportable. J’essaie de plus y penser. J’me suis fixé un nouveau but, quelque chose que j’aurais du faire depuis longtemps d’ailleurs… Retrouver mes origines. Je sais que j’suis adopté, tout ça tout ça… mais à part mon nom et ma condition de né-moldu, j’en n’ai jamais su plus. Alors j’fais des recherches… J’ai déjà appris que le couple m’ayant élevé jusqu’à mes sept ans (avant de m’avoir refilé aux Hill) était une partie éloignée de la famille, du côté de mon père biologique. Un oncle, à ce que j’ai compris, d’où le Perkins que je n’ai pas eu à changer à l’époque. J’connais pas ma vraie famille, mais me dire que j’ai été en contact avec eux pendant tout de même sept années… c’est étrange. J’ai du mal à me projeter à cette époque, voir tout ça avec de nouveaux yeux…
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J’sais pas trop ce que je fous à la fac, en fait… J’ai eu mon diplôme plutôt tranquillement mais faute de savoir ce que j’avais envie de faire, j’me suis orienté sur un truc assez général. Je suis entré en Lettres avec la vague idée de devenir journaliste. Je me demande encore si c’était une bonne idée, mais j’y suis. A côté, j’ai continué un peu mes recherches, qui me prennent un certain temps, faut se l’avouer. Je crois donc que mon oncle et ma tante m’ont eu de suite après ma naissance, si je me fie aux dates. Qui étaient mes parents et pourquoi on m’a donné, j’sais pas encore. Et puis quelque chose me « chagrine ». J’suis moins bien, je sais pas vraiment pourquoi. J’croise plus Willow dans les couloirs. Je sais qu’elle est également venue à la fac, mais j’connais même pas sa filière tellement on n’a plus rien à se dire. J’arrivais à l’apercevoir de temps en temps en début d’année, mais plus rien…
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Euhm… Je sais pas vraiment pourquoi j’écris. Le journal dit qu’une jeune femme a été kidnappée. Et déclarée pour morte tellement les recherches ont duré… C’est Willow. J’ai bien compris que c’était elle. Puis, tout concorde. Pourquoi elle est plus là, pourquoi j’me sens pas bien… Ça non plus, je comprends pas, d’ailleurs. J’ai ce sentiments qu’on est encore liés, malgré nos disputes, malgré la rupture, malgré… tout, quoi. Et cette mort… je sais pas si c’est un refus de vouloir le croire mais je sais pas, j’ai l’impression qu’elle est encore là, quelque part. Pourquoi…
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Haha, je sais pas par quoi commencer. On va procéder en deux temps, veux-tu…
Pour commencer… J’ai fait la découverte la plus affreuse et la plus merveilleuse qui soit. J’ai repris et fini mes recherches. Mon oncle Perkins était donc le frère de mon père, oui, assez éloigné pour que ma présence ne soit jamais étrange, que je ne vois pas le reste de la famille. Quand ma mère a accouché, elle savait même pas vraiment qu’elle m’avait eu, j’suis arrivé après un premier bébé, dans la foulée, et directement confié à mon oncle. Ma mère ne sait donc pas qu’elle a un fils. Du moins, de ce que j’en sais, mais depuis le temps, peut-être qu’on lui a dit… allez savoir… L’info sur laquelle je reste bête depuis des mois est le fait que j’suis pas enfant unique. Et qui plus est, j’fais partie d’un duo. J’suis donc le jumeau de quelqu’un… Et ce quelqu’un, c’est Willow.
Va déjà prendre le temps de digérer ça. Willow. J’vais pas faire un dessin sur tout ce que ça prend en compte, ça met en jeu, ça implique, évidemment… J’vais encore en avoir des frissons. C’est tellement dur d’y croire… Je sais maintenant pourquoi je me sentais si proche d’elle, en mettant de côté même la relation qu’on a eu. Ce sentiment de ne pas croire à sa mort, tout est plus clair. J’sais pas, les jumeaux ont ce genre de truc, est-ce qu’entre sorciers c’est plus fort ? Peu importe, j’avais raison… Elle est revenue, à la fac. Je le sens. Il m’a semblé l’avoir croisée, mais je n’ai pas vraiment eu le temps de réaliser. Les disputes qu’on a pu avoir, elles sont loin maintenant. Elles me paraissent futiles au possible. J’ai juste envie de la retrouver, la connaître. Réellement, en tant que sœur je veux dire. Haha, les frissons vont rester un moment je sens…
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J’avais raison, y’a quelques semaines… Je l’ai bien revue, au tournant d’un couloir de la fac, elle était là. J’ai rien cherché à comprendre et je l’ai prise dans mes bras. Pas morte, mais bien changée. Il n’est plus question que je veuille la conquérir au profit de ce Nikolaï de malheur. Je la veux juste avec moi, plus rien ne m’indique avoir des sentiments… amoureux. Non, c’est bien plus fort. Et ça n’a rien à voir. Je l’ai retrouvée, même si les premiers jours ont été durs. Autant pour notre relation que pour elle-même. Ce kidnapping a dû être une horreur… J’ose pas imaginer.
Puis bon. Y’a cette fille-là. Artémis. Que j’connaissais de vue, à Poudlard, sur mes dernières années. On s’est recroisés y’a quelques temps. Elle est adorable, je sais pas, y’a ce quelque chose. On passe un peu de temps ensemble, c’est différent d’avec Willow…
Raleigh est présentement barman aux Trois Balais. Il a quitté l’université à la fin de sa deuxième année, n’étant pas intéressé par ce qu’il faisait. Il est en couple avec Artémis depuis deux mois, et n’a jamais dit à Willow qu’elle était sa sœur. Ils sont très proches, et tout est confus concernant leur lien. Ce qui n’est pas facile envers Artémis… Qu’il considère comme changée depuis l’attentat de la tour de Serdaigle.