Enfance partie I • Le père

"Papa." Viktor se mit à genoux face au fauteuil roulant. Légèrement prostré, le paternel avait fermé les yeux et avait refermé ses doigts puissants sur les accoudoirs, sans même s'en rendre compte. En entendant la voix de son fils, il sembla se réveiller d'un rêve. Le retour à la réalité peignit un sourire amer sur son visage et il lâcha d'une voix rauque et un brin méprisante. "Quoi ? Que veux-tu Viktor ? N'avais-je pas dit que je voulais être seul ? Que faut-il que je fasse pour qu'on m'écoute enfin dans cette maison ?" Son fils, habitué, ne se laissa pas impressionner par cette démonstration de mauvaise humeur et il soupira avant de se redresser pour passer derrière le fauteuil roulant et conduire son père jusqu'à la cuisine. Tout en roulant, il expliqua : "Il est midi, ça fait déjà 2h que tu dors sans que personne ne soit venu te déranger. Maintenant maman a fait à manger alors si tu veux continuer à roupiller tranquilou je te propose de ne pas râler et de finir le repas en laissant ta mauvaise langue au placard, pour une fois."
Monsieur Flint grogna et se ratatina un peu dans son fauteuil. Cela faisait longtemps qu'il ne faisait plus rien de lui même. Il n'utilisait même plus sa baguette magique, préférant demander aux autres de le faire à sa place. Il parlait parfois de quidditch, de balai, de match, de souafle et de vif d'or, avec dans la voix un accent de chagrin. Mais très vite il reprenait ses bonnes habitudes et redevenait aigri et désagréable.
Viktor se fichait bien de son père. Il se fichait bien de le décevoir, ou bien que le Grand et Beau, et Célèbre Marcus Flint se chie dessus en essayant de tenir sur ses jambes traitresses. Ce n'était plus que du vent, tout ça.

Enfance partie II • La mère

"On va faire des courses ?" Viktor regardait sa mère se tortiller devant le miroir pour tenter de voir si elle était aussi bien coiffer vue de devant que vue de derrière. "Oui." Elle se tourna brusquement vers lui "Oh Viktor, tu ne peux pas sortir comme ça. Tu n'as même pas rentré ta chemise dans ton pantalon, comment veux-tu avoir l'air présentable si les journalistes t'aperçoivent ? Elle s'approcha de lui et s'empressa de le rhabiller sans délicatesse. Viktor s'écarta, giflant sans le vouloir les mains de sa mère. La question de cette dernière aurait pu être pertinente.... il y a des années de cela. Etant donné que le nom de Marcus Flint était ancré dans les mémoires, il y en avait des tas d'articles sur la petite famille parfaite. La famille brisée par l'accident, surtout. Mais cela faisait si longtemps que... "Comme si les gens allaient te reconnaître dans la rue." Répondit-il d'une voix cassante alors qu'il réalisait quand même l'effort de s'habiller correctement. Sa mère, bien que parfaitement conscience de la misère dans laquelle le nom de Flint avait chuté, continuait sans cesse d'espérer. Elle avait connu l'époque des photographes, des interviews, et sa soif de notoriété aurait probablement été comblée si son cher mari n'avait pas fini cloué au sol. Il terminait de boutonner sa chemise tandis que sa mère le contemplait, les yeux brillants de larmes. "Tu penses que je ne vaux rien, c'est ça ?" Viktor leva les yeux au ciel. Pas encore des accusations... Il en avait assez d'être la cause des malheurs de tout le monde. Il allait finir par croire que si une vache pissait sur un fil électrique à 500 kilomètres de là, ça serait aussi de sa faute. Alors il reprit un ton calme et consolant : "Bien sur que non maman... Je ne le pense pas. Tu sais très bien que je t'aime." Elle fondit malgré tout en larmes et son maquillage ne tarda pas à dégouliner. Lorsqu'elle s'en aperçut, ses sanglots redoublèrent. " Je fais tout ce que je peux pour que tout soit parfait tu sais, j'essaye ! Mais rien n'est jamais assez bien pour toi et ton père. Vous êtes pareils tous les deux." Entendre sa mère oser une éventuelle comparaison entre lui et l'ignoble handicapé qui lui servait de père lui fit hérisser les poils. " Ton père n'est qu'un idiot que je dois sans arrêt aider, assister... et toi, toi tu n'es qu'un échec."
Viktor ressentit une étrange sensation de froid le long de sa colonne vertébrale. Il ne décrocha plus un mot alors que sa mère s'en allait en direction de la salle de bain pour sécher ses larmes et se remaquiller. Elle revint une demie heure plus tard et ils partirent faire les courses. Sans surprise, il n'y avait aucun journaliste.


Adolescence partie I

Viktor hurla de rage alors que son poing s'écrasait contre la mâchoire de son adversaire. Un vulgaire moldu qui avait eu l'audace de s'approcher un peu trop prêt de Violette, la brune de sa classe. Il l'avait attendu à la sortie des cours et l'avait suivi... Il n'était pas seul bien sur, mais son meilleur ami _ Harvey, avait toujours préféré rester en retrait des combats, en simple observateur et guetteur... Il était plus utile ainsi de toute manière, il était trop douillet pour oser s'abîmer les phalanges. Le jeune Flint, lui, craignait moins les bleus que les mauvaises notes. Aussi eut-il un sourire de pure joie en sentant les dents de sa victime claquer contre le béton alors qu'il le jetait au sol. Il était déjà bien massif pour son âge. Tout le monde savait qu'il ne fallait pas le provoquer... "Avec la tête au carré que je vais te refaire, crois-moi que Violette te trouvera moins attirant d'un coup !" Lança t'il avant de laisser échapper un petit rire.
Il s'apprêtait à lui donner un coup de pied dans l'entrejambe lorsque la main d'Harvey lui attrapa l'épaule et le recula sans prévenir. "HARVEY BORDEL !" Il lança son poing dans l'estomac de son "meilleur ami" qui vacilla, le souffle coupé. "Fais pas le con Flint je viens de le reconnaître..." Souffla t'il alors qu'il se tenait les côtes, apparemment pas agacé par le coup qu'il venait de recevoir. "Quoi alors ? C'est qui ce bouffon ? J'étais à deux doigts de le castrer putain Harvey pourquoi ?!" S'écria le brun avec de grands mouvements d'énervement. Ledit bouffon était en train de ramper pour s'adosser au muret, la respiration difficile et la bouche en sang. "C'est le fils du maire abruti !" Cette annonce n'eut pas grand effet sur le tendu du slip qui se tenait face à lui, pourtant il parut se calmer petit à petit et jeta un coup d'œil à celui qu'il venait de tabasser. "J'm'en tape." "Pas moi, Flint, ce mec peut nous attirer de vrais ennuis cette fois s'il balance à son père... Tu devrais parfois faire gaffe où tu mets les pieds !" "Je mets les pieds où j'veux et c'est souvent dans la gueule des autres alors j'te conseille d'arrêter d'me faire chier Harvey." Harvey soupira et continuant de se tenir les côtes en grimaçant de douleur, attendit donc le verdict de Viktor. "Aller on se barre."



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