ONE.

« Katherine Layla Harada ». Pas plus haute que trois pommes, Kate s’avança vers le choipeaux. Elle expira un bon coup avant de s’asseoir sur le tabouret. Elle jeta un coup d’œil en direction de la table des Serdaigle et repéra instantanément sa sœur aînée, Nora. Serdaigle n’était pas si mal comme maison. Disons que c’était le deuxième choix le plus acceptable. Mais lorsque l’entité magique fut déposée sur sa tête, Kate croisa les doigts pour Serpentard. Comme tante Keiko. Au fond d’elle, elle savait que c’était ce qui lui correspondait, et puis ne pas être dans la même maison que sa sœur lui permettrait de ne plus vivre dans son ombre. Nora est si belle, Nora est si brillante blablabla. Des clous ! Kate se sentait toute aussi jolie et talentueuse que sa sœur… il fallait juste que le reste du monde s’en aperçoive.

« Hm, la dernière des Harada, je me demandais quand je te verrais. » murmura la voix du choipeaux dans sa tête. « Je vois que tu ne veux pas rejoindre ta très chère sœur ? Serdaigle n’est pas pour toi de toute façon, tu serais trop perfide pour eux… un python au milieu du nid. Serpentard te conviendrait bien mieux qu’en dis-tu ? Oui, c’est exactement ce que tu désirais. Allons-y alors, ce sera SERPENTARD ! » Kate se leva presque en sautillant et courut rejoindre les vert et argent sous les applaudissements. Et en cet instant, elle eut l’impression d’avoir enfin trouvé sa place. Mère et tante Keiko seraient tellement fières d’elle.

TWO.

« Mademoiselle Harada, arrêtez de jouer avec votre baguette. Vous viendrez me voir à la fin du cours. » Kate soupira bruyamment et attendit non sans patience que le cours soit officiellement terminé. Elle fourra toutes ses affaires dans son sac pour pouvoir partir plus vite mais ne fut pas assez rapide. « Harada ! Qu’est-ce que je vous ai dit ? Quittez donc votre éternelle place du fond de la salle et venez ici. J’ai à vous parler. » Merde ! Pensa Kate. Elle savait très bien sur quoi allait porter la discussion. Ok Kathy, c’est le moment de sortir ton plus beau jeu d’actrice… Elle coupa sa respiration quelques secondes pour avoir les joues rosies, et cligna des yeux à multiples reprises pour les humidifier, enfin, elle se retourna et s’avança entre les tables, jusqu’au bureau de son professeur, un homme d’une cinquantaine d’année, soporifique. « Vous vouliez me voir, monsieur ? » demanda-t-elle, jouant l’innocente. « Il y avait un devoir à rendre, et je n’ai pas vu votre copie atterrir sur mon bureau mademoiselle Harada. Auriez-vous une explication acceptable à me fournir ? » Et Kate laissa rouler une larme sur sa joue. Une simple et unique larme salée. « Katherine ? Katherine vous pleurez ? Qu’est ce qui ne va pas, voyons je ne suis pas en train de vous gronder, je vous demande simplement ce qui est arrivé à ce devoir, c’est tout ? » Son ton avait radicalement changé, il était beaucoup moins cassant, plus doux. « Oh monsieur je sais bien qu’il y avait ce devoir à faire. Et pour être honnête, j’espérais que ça ne se remarquerait pas. Je m’en excuse, je sais très bien que c’était stupide de ma part. » Chouina-t-elle. Tout était là, la désolation, le repenti, les aveux… et maintenant le grand jeu ! « Mais la vérité c’est que je n’arrive pas à me concentrer depuis quelques jours. Je ne fais que penser à ma tante, Sakura. Vous la connaissiez ? Peut-être l’avez-vous eu comme élève ? Elle a reçu le baiser du détraqueur il y a peu, vous savez. Et ça me terrifie, monsieur, jour et nuit. De l’imaginer, toute seule à Azkaban, sans nous, sans sa famille. Ils ne nous ont même pas prévenues, nous l’avons appris comme tout le monde par la gazette du sorcier. Mère et Tante Keiko sont effondrées, Nora s’est très certainement plongée dans le travail. Nous réagissons très différemment toutes les deux. » Renifla-t-elle. « Mais nous aurions toutes tellement voulu la voir une dernière fois. Au moins pour dire au revoir… » Continua-t-elle dans un sanglot. « Oh oui, j’ai appris la nouvelle, oui bien sûr vous êtes triste, évidemment. Mais il faut arrêter de pleurer, Katherine d’accord ? Il faut vous calmer. » Kate respira comme si ses larmes allaient sécher dans la seconde. « En plus cette semaine, j’ai mes règles. » Bingo, vu sa tête, monsieur avait atteint des sommets, il était plus mal à l’aise que jamais. Comment faire flancher un homme ? Parlez-lui des muqueuses rouges et dégoulinantes qui cherchent à s’échapper de votre vagin une fois par mois. Succès garanti. « Du coup, j’ai mes hormones dans tous les sens, je pense que ça joue aussi sur mon émotivité, hier j’étais d’une humeur massacrante et aujourd’hui je ne fais que pleurer ! Vous devez me trouver ridicule ! » Elle leva des yeux de biche, ronds et humides vers son professeur, et elle lut sur son visage que son petit manège avait fonctionné. « Bien sûr bien sûr, que ça joue. Vous savez ce qu’on va faire ? On va oublier ce devoir. Vous me rendrez le prochain d’accord ? En attendant si vous alliez à l’infirmerie pour le reste de la journée, hein ? Je vous excuserai auprès des autres professeurs. Filez, et reposez-vous bien mon petit. » Kate acquiesça rapidement et sortit de la salle à la vitesse de l’éclair. Utiliser la mort de sa tante n’était pas très glorieux, elle le savait, mais autant qu’elle serve à quelque chose. Elle était triste, mais au fond elle n’avait jamais vraiment connu Sakura et ce petit mensonge la rapprochait d’elle en quelque sorte… Du moins c’est ce qu’elle se disait intérieurement, comme pour se rassurer d’être une fourbe et une innommable pétasse.

Acte deux, il allait falloir réaliser une prestation toute aussi convaincante pour l’infirmière, mais elle était bien échauffée. Et puis il était quatorze heures, une motivation supplémentaire s’ajoutait à tout cela : c’était l’heure de la sieste.