Nevaeh, 6 ans. C’est à cet âge-là que la petite fille développa ses dons magiques, un peu plus tard que les autres sorciers de son âge. Ses parents, avaient espéré que cela n’arriverait jamais, en effet, son frère, avait déjà développé ces dons et le fait qu’elle ne les ai pas développé au même âge leur avait laissé un certain espoir concernant leur petite fille. Espoir vite déçu lorsque des phénomènes qui leur semblaient magiques apparurent sur le chemin de leur princesse. Et immédiatement, leur relation avec leur enfant changea du tout au tout, fini les après-midi passées au parc à jouer sur les toboggans et les balançoires. Neveah n’a jamais compris pourquoi ses parents ont arrêté de le sourire tendrement et de la prendre dans leur bras quand elle n’allait pas bien  ou quand elle en avait envie. Si un jour elle était leur petit ange le lendemain on aurait pu lire la peur dans leur regard comme s’ils avaient croisé le diable en personne. « Pas elle aussi, c’est Dieu qui nous puni je te dis, jamais nous n’aurions dû nous marier, le ciel est contre nous désormais. » Avait dit sa mère quand elle ne la pensait pas dans la pièce. A partir de ce moment, Nevaeh a compris qu’elle ne serait plus jamais la fille adorée de ses parents et qu’elle allait devoir se débrouiller seule.

Assise sur un rocking chair sur la terrasse d’une petite maison de Bâton Rouge, elle grignottait l’un de ces cookies un peu trop cuits que lui préparait régulièrement sa grand-mère lorsqu’elle passait l’après-midi chez elle. C’était plutôt agréable, le jardin était grand et sa vieille dame savait comment occuper ses petits-enfants. Un peu loufoque elle leur faisait découvrir les pratiques vaudous et s’ils étaient réceptifs, comme l’était Zachary elle était tellement ravie qu’un beau sourire illuminait son visage ridé par les années. C’était un peu la mamie gateau. Celle qui ne se mettait jamais en colère contre ses petits-enfants et ce même si ses coups de sang étaient extraordinairement connus en ville. Elle n’avait jamais un mot plus haut que l’autre quand il s’agissait de ses trésors et c’était surement pour cela que les deux jeunes gens aimaient tant passer du temps chez elle. Cela changeait avec l’atmosphère froide qui régnait chez eux. « Mamie, tu crois que nous sommes des monstres ? » Demanda soudain la petite Nevaeh en se redressant brusquement, faisant se balancer quelques secondes la chaise. Se relevant et arrangeant son grand chapeau elle fit un sourire tendre avant de répondre d’une voix douce en pinçant doucement ses joues : « Ne t’inquiète pas pour cela ma chérie, tes parents ne savent pas ce qu’ils disent, un monstre ne peut pas se cacher derrière un si beau minois ! » Pourtant une légère inquiétude se lisait dans ses yeux. Non pas qu’elle ai peur mais elle savait très bien que ce n’était pas normal, même pour quelqu’un qui croyait dur comme fer au vaudou et à tout le reste… Mais elle, ne le laisserait jamais paraitre car les enfants avaient besoin d’une base solide pour évoluer et c’était son rôle.


Nevaeh, 11 ans. Et elle ne pensait pas si bien dire. Car, lorsque Zachary, son frère, son protecteur de toujours dû partir pour l’institut de Salem, une école de magie pour les enfants comme eux. Elle se retrouva seule. Seule à devoir supporter les regards inquisiteurs de ses parents qui ne rêvaient eux aussi que de la voir disparaitre toute l’année dans une école de fous. Seule à se lever dans une maison trop silencieuse et à devoir vivre année après année dans l’atmosphère étouffante d’une vie en suspens. Chaque jour, elle rêvait de s’enfuir, peut-être aurait-elle dû le faire mais elle n’était pas assez courageuse pour ça. Elle appréciait le confort dont elle jouissait, même s’il était précaire. Elle aimait ses petites habitudes, ses amies au collège, sa chambre bien rangée et elle n’a pas eu la force de tout abandonner. Elle était jeune, elle n’aurait de toute façon rien pu faire dans la vraie vie. Il lui sufisait d’attendre, quelques années, juste trois petites années, cela passerait surement vite et puis Zachary rentrait pendant les vacances d’été. Elle se foutait des engueulades qu’il y avait entre eux, elle se foutait aussi du fait que parfois, ils passaient des semaines sans se parler, tant qu’il était là, ça lui convenait.


Nevaeh, 16 ans. «Jarod,

Cela fait maintenant plusieurs mois que je n’ai pas eus de tes nouvelles, j’ose imaginer que tes parents ou même la direction de l’école ont fait en sorte d’intercepter mes lettres ou les tiennes… Tu ne dois même pas t’imaginer ô combien tu me manques mon amour, j’ai l’impression chaque jour que mon cœur se serre de plus en plus de te sentir loin de moi. Je voudrais tellement me laisser aller dans tes bras et oublier tous mes problèmes. Mes parents, ces traitres, ont décidé de me faire changer d’école, sous les beaux conseils de la directrice de l’institut j’ai été inscrite à Poudlard l’année prochaine. Je n’arrive pas à croire que bientôt, un océan nous séparera. Mon cœur souffre et j’ai l’impression que bientôt, perdre la seule chose qui me reste de toi va être une encore plus grande épreuve. Je ne veux pas perdre cet enfant, notre enfant, tu imagines ? Un mélange de toi et de moi ? Ce bébé sera tellement beau, j’en suis sure… Je voudrais que tu puisses le sentir bouger dans mon ventre, c’est tellement merveilleux tu sais ? Je voudrais aussi que nous puissions l’élever à deux, comme une vraie famille le ferait… Nous serions une famille, n’y a-t-il pas de chose plus belle au monde ?

Mais apparemment mes parents ne pensent pas la même chose, il parait qu’ils vont le faire adopter… Une autre vie brisée à cause de l’idiotie de mes géniteurs, un autre couple de moldus prêts à tout pour se débarrasser de leur propre enfant parce qu’ils ne comprennent pas qu’ils ne sont pas des monstres… Tu ne peux pas comprendre ce que je vis, je m’en doute bien, je ne peux pas te blâmer d’avoir eu la chance de naitre dans une bonne famille. Ô Jarod si tu savais à quel point je les hais !  Je pense que personne en dehors de nous n’est au courant de ma grossesse, ils ne doivent pas vouloir que cela gâche leur si belle image. Comme s’ils en avaient une… J’aurais bien aimé leur jeter à la figure que dans cette ville tout le monde les prenaient pour le couple de paumés mythomanes qui envoie soit disant ses enfants dans les plus grandes écoles du pays alors qu’ils ne sont même pas capable de vivre dans une maison qui ne soit pas sale et presque insalubre. Le pire étant que je suis obligée de rester dans cette horrible maison depuis des mois sans possibilité de sortir pour quelconque raison. J’ai l’impression d’être en prison, même mon oxygène semble être rationné. Je me demande si c’est légal en réalité… Mais je ne me vois pas appeler la police pour demander les conditions d’une détention illégale. Bien entendu je n’ai pas non plus le droit de me servir de la magie, tu imagines bien le scandale que ça serait…

Tu l’auras sans doute compris, je compte les jours qui me rapprochent d’une délivrance prochaine et pourtant je sais bien que ce n’est que le début des souffrances… J’ai déjà essayé de supplier mon frère de me faire sortir d’ici, de me laisser partir sans même m’accompagner si cela l’embêtait, mais il me rabâche toujours les mêmes arguments, je cite : Tu ferais quoi à 16 ans avec un bébé ? Sans diplôme universitaire et sans même être passée par un lycée normal ? Tu comptes le nourrir comment ? Et quand j’essaye de lui répondre, cela finit toujours mal. Je dois avouer qu’il doit avoir raison, seule, je ne pourrais pas m’en sortir, ou du moins pas très longtemps. Mais je ne peux pas me résoudre à abandonner ce petit bout d’homme qui naitra dans une poignée de jours. Il ne pourra pas survivre seul dans cette arène qu’est le monde dans lequel nous vivons… Je t’en prie, si tu reçois cette lettre, aide nous… Je ne pourrais pas l’abandonner, je ne m’en remettrai pas. Mais peut-être n’as-tu pas que ça à faire, tu as une vie encore toi, quelle chance… Je t’aime…

Neveah »

Nevaeh, bientôt 17 ans. Poudlard… Par Merlin elle détestait déjà cette école. Elle détestait déjà tous ces anglais aux gouts immondes et leur accent désagréable à l’oreille. Elle détestait ce pays et cet océan qui l’éloignaient de ce qui semblait le plus important pour elle désormais. L’instinct maternel ? Plus que ça, c’était une véritable addiction. Et pourtant, elle n’a tenu cet enfant que quelques secondes dans les bras, pas même assez pour graver ses traits dans son esprit… Le petit devait déjà avoir tellement changé. Et elle y pensait sans cesse, lorsqu’elle descendit du train la menant à sa nouvelle école, lorsqu’elle se coucha pour la première fois dans les draps de son nouveau dortoir, encore lorsqu’elle se réveilla, entourée de ses nouveaux camarades qu’elle ne connaissait pas. Et elle n’avait pas envie de les connaitre. Pourtant, elle avait besoin d’eux, besoin de tous ces gens qui pourraient être une distraction et de tous ces gens qui pourraient l’épauler dans une épreuve dont elle ne voulait malgré tout pas parler. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait, enfin, si, elle le savait, mais elle ne savait pas ce qu’elle pouvait vouloir dans un tel endroit. « Retrouver un équilibre » Avaient étés les mots du directeur de l’école, mais pour qui le prenait elle ? Pour une malade ? Pour une folle aux actions psychotiques ? Qu’avaient donc racontés ses parents pour qu’elle entre dans l’école ? Qu’elle avait été violente avec d’autres élèves ou encore qu’elle avait fait une tentative de suicide ? Ça serait bien leur genre et après tout qu’ils crèvent tous s’ils étaient capables de croire ces mensonges…