눈 납붐 남자야

« Je suis quoi ? » « Enceinte…. » « Mais… vous… vous aviez dit… » « Je sais ce que je vous ai dit il y’a dix ans, et je le pensais sincèrement, mais visiblement votre corps en a décidé autrement. » « Mais enfin… c’est impossible et puis j’ai 42 ans… Vous êtes sûr que ce n’est pas… enfin vous voyez… » « Non ce n’est pas la ménopause… Vous êtes réellement enceinte et d’après l’échographie, ce sont des jumeaux. » Julia Yang resta interdite… Après avoir fait deux fausses couches entre 25 et 30 ans, le gynécologue lui avait dit d’oublier la possibilité d’avoir des enfants, que son corps n’allait probablement pas le supporter, comme elle. Elle s’était faite à cette idée, avec son mari, ils avaient compris et n’avaient plus espéré. Depuis quatre mois, elle se sentait, mal, faible et fatiguée, elle se disait que c’était la fin d’un cycle, que cette fois-ci, elle n’aurait réellement plus rien à espérer même si sa grand-mère lui avait dit une fois que les oisillons arriveront au moment de la fin d’une saison. Elle n’avait jamais réellement compris les allusions étranges de sa grand-mère. Mais même si elle était souvent retournée dans son pays d’origine, elle restait étrangère à la vie coréenne. Elle était née ici après tout. Londres était sa ville et elle était partie à Southampton à la fin de ses études poudlardesques pour suivre son pêcheur de mari qui devait reprendre l’exploitation familiale d’anguilles. Elle n’avait pas pensé à ça comme vie, mais elle aimait Jun-Min. L’amour a ses raisons que la raison ignore. Lorsqu’elle rentra chez elle le soir-là, il n’était pas encore à la maison, elle avait fait un tour à la boutique attenante, son apothicairerie, après tout, même les sorciers de Southampton en avaient besoin, sa nièce lui raconta ce qui s’était passé durant la journée, puis elle retourna dans sa cuisine afin de préparer le repas. Il ne revint que 2 heures plus tard, une réunion importante avec des clients, l’entreprise familiale n’allait pas si bien que ça. C’était un silence de mort entre eux, comme toujours depuis 27 ans. Pourtant, ils s’aimaient. « Je suis enceinte. » On n'entendit que le bruit de son bol de riz retombant sur la table lourdement. « Pardon ? » Il avait sa voix grave, son regard sérieux, assis sur son coussin, les jambes en lotus, il observait sa femme sans comprendre. « Je croyais… » « Moi aussi… pourtant c’est le cas et pour couronner le tout, ce sont des jumeaux. Des faux jumeaux. » Il resta interdit quelques instants avant de se lever. « On est trop vieux ! J’ai presque 44 ans tu viens d’en avoir 42 ! Nous avons l’âge d’avoir des petits enfants, pas des enfants. » « Je sais tout ça Jun-Min… tu penses que ça ne me perturbe pas ? » « Tu dois avorter. » Elle s’était attendue à ce qu’il dise cela, elle soupira faiblement se levant à son tour. « Je ne peux pas, c’est trop tard. » Elle attrapa la main de son mari et le força à le regarder. « Un garçon et une fille, nous aurons chacun l’héritier que nous attendions ! Ma sœur n’ayant eu que des garçons n’ayant pas eu le don… tu comprends ? Mes parents seraient si fiers… et ta mère aussi. » « Ma mère a presque 78 ans… » « Justement, elle sera heureuse de se savoir enfin grand-mère par son fils unique ! » Elle avait raison, il ne pouvait pas le nier. Tout de même, ce soucis lui minait le moral, il se sentait trop vieux pour être un parent. Les jumeaux naquirent en janvier, Julia avait eu beaucoup de mal à les mettre au monde et manqua même de perdre sa vie. Mais au final tout le monde fut là, tout le monde était bien. Tout le monde semblait aller. Oui… semblait.

Durant leur première année de vie, Billy et Lily étaient soudés, proches, toujours ensemble, si l’un allait mal, l’autre le sentait presque instantanément. Mr et Mme Yang étaient pas mal épuisés, élever un enfant à leurs âges relevait de l’exploit mais des jumeaux, tenait du miracle. Malgré tout, Julia n’avait jamais été aussi rayonnante et heureuse. Elle était fière d’avoir une fille pour continuer la tradition Sirin de sa famille. Un titre prestigieux que cette famille coréenne possédait depuis des centaines d’année, un don magnifique qui ne se transmettait que de mère en fille. Il en avait toujours été ainsi. Pourtant, lorsque leur anniversaire arriva et que tout le monde était réuni autour de Lily rien ne se passa. C’était toujours à ce moment-là que la première transformation avait lieu. C’était ainsi depuis des générations. Mais rien… Rien jusqu’à ce que Billy ne se mette à hurler de douleur. Surpris, ils se tournèrent tous vers lui, mais personne ne voulut se déplacer pour comprendre ce qui arrivait au bébé. Pourquoi pleurait-il depuis son berceau ? Et puis sans trop comprendre, ils virent une aile se mouvoir. Julia posa une main sur son cœur. C’était impossible, aucun garçon de la famille n’avait jamais eu la capacité de devenir Sirin… Jamais. Elle s’approcha finalement de son fils et l’observa un long moment, c’était étrange, il n’avait que ses bras qui s’étaient changé en une magnifique paire d’ailes blanches. Il ressemblait à un ange ainsi. Son corps s’était couvert d’un fin duvet blanc, il n’avait pas de serres, il ne semblait pas avoir une vue différente. Elle ne comprenait pas. Sa mère s’approcha à son tour du bambin et le fixa un moment avant de le sortir de son parc, et de le montrer à tout le monde. La famille de Julia en resta complètement choquée. Sa sœur semblait la jalouser au possible, sa grand-mère trouvait cela ridicule et improbable, elle comprit alors que la vie de Billy n’allait jamais être simple. Surtout qu’il ne s’était pas transformé complètement, il était un Sirin bêta… « Je suis désolée. » Elle n’avait que ça à faire. S’excuser, se faire pardonner pour l’affront causé à sa famille et la honte qu’elle venait de mettre sur la sienne. Elle aurait dû les abandonner à la naissance comme ils avaient pensé le faire avec Jun-Min. Elle attrapa son fils et l’emmena dans sa chambre, il se changea à nouveau, hurlant de douleur lorsque ses os se remirent en place. « Je sais Billy… mais tu vas devoir apprendre et souffrir toute ta vie. C’est ainsi. C’est notre malédiction. » Elle avait toujours été honoré de son don, dans sa famille s’était une tradition qu’on aimait bien qu’on en connaissait les malheurs et les répercussions. Julia avait été la seule depuis 4 générations à avoir su garder son mari à ses côtés. Etait-ce ce prix qu’elle payait aujourd’hui ? Elle fixa son fils qui avait toujours des larmes pleins les yeux mais qui ne disait plus rien, essuyant sa frimousse elle eut un sourire triste pour lui. « Tu vas devoir être fort Billy… mon petit ange déchu… »


« Ommaaaaaaaaaaaaaaaaa !!! Billy m’a cassé ma poupée !!! » Il leva ses yeux au ciel, comment souvent, il n’avait rien fait mais Lily adorait l’accuser à tort, et comme souvent, ça fonctionnait. « Billy, tu seras privé de dessert ce soir ! » « Arasseo… » Il n’avait rien d’autre à répondre après tout. Il devait dire d’accord et se taire. Ses parents savaient bien qu’il n’avait rien fait, mais depuis leur enfance, la famille de Julia ne cessait de plaindre Lily et de montrer du doigt son frère comme un voleur de capacité. Ils n’arrivaient pas à se faire à l’idée qu’un homme puisse avoir hérité du don. Lily était devenue une petite princesse. Billy quant à lui, attendait avec impatience leur entrée à Poudlard. Il était désespéré de ne pas avoir pu y aller au moment de ses 11 ans. Le temps était long, bien trop long. C’était nul. Malgré tout, la rentrée tant attendue arriva enfin. Sa mère le chargea d’un courrier qu’il devait remettre à la direction, expliquant son don et le fait qu’il ne le maîtriser pas encore à leur plus grand regret, et qu’il pouvait se transformer n’importe quand. Ils avaient aussi décrit l’attitude mélancolique de leur enfant, disant que s’était normal, que les sirins étaient des êtres tristes depuis toujours car ils ne pouvaient réellement appartenir à aucun monde, et que malgré des générations, ce sentiment restait en eux. Billy était quelqu’un de catégorisé qu’on ne laissait pas évoluer comme il le voulait. Il espérait que l’école change cela, il espérait que sa sœur ne soit pas dans la même école que lui, il espérait se faire des amis, il espérait vraiment que tout finirait par aller mieux pour lui. Lorsqu’on plaça le choixpeau sur sa tête, celui-ci sembla dubitatif. « Hmmm… choix difficile en un sens, je pourrais te répartir dans les 4 maisons, c’est une chose assez nouvelle pour moi je dois l’avouer. Tu es travailleur et sage, tu serais sûrement un excellent élément à Serdaigle, mais tu es aussi lâche et tu as peur de ce que les gens pensent de toi, avec une certaine ambition malgré tout, tu pourrais aller à Serpentard, toutefois, je vois beaucoup de courage aussi en toi, tu ne l’as juste pas exploité, et tu sembles aimer voler, Gryffondor t’ouvrirait les bras et tu te retrouverais avec ta sœur. Serait-ce bien ? Si j’en crois ce que je ressens, visiblement non. Tu es loyale, gentil, tolérant, tu aimes la nature, le travail ne te fait pas peur… Hmm… Je pense que tu serais plus à ta place… A POUFFSOUFFLE ! » Il fut soulagé… soulagé de ne pas être une vipère, soulagé d’avoir quelque chose d’autre en commun avec sa mère, soulagé d’être loin de Lily. Il n’avait pas compris pourquoi elle n’avait pas été mise avec les serpents, mais visiblement, elle était méchante uniquement lorsqu’il s’agissait de lui. Peu importait, il allait pouvoir exister par lui-même maintenant. Loin des chieurs de sa famille, loin du regard sévère de son père, loin de la tristesse de sa mère.

Poudlard, s’était la liberté pour lui. Grâce au professeur de métamorphose, il avait appris à maîtriser son don en 3 années environ. C’était long à vrai dire, sa mère avait mis à peine une année à savoir se transformer à volonté lorsqu’elle le voulait. Mais Billy était différent. Ses sentiments influençaient énormément ses capacités. Lorsqu’il était stressé ou angoissé, son don se bloquait ou au contraire devenait incontrôlable. Il dût s’habituer aux transformations en plein cours. Ca arrangeait ses petits camarades au fond, car le temps qu’on le fasse sortir dehors ou qu’on l’amène à l’infirmerie, le cours était suspendu. Il était de plus en plus détesté par sa sœur qui n’en pouvait plus que l’attention soit mise sur son jumeau constamment alors qu’elle était un élément important de gryffondor, surtout au niveau du quidditch. Décidément, venir à deux au monde était une véritable plaie pour elle. Elle avait tout fait pour ruiner la réputation de son double, malgré ça, Billy avait su se faire des amis. Il était quelqu’un de gentil, serviable, très clown, s’était si rare de le voir sans un sourire aux lèvres. On ne pouvait malgré tout s’empêcher de remarquer son regard toujours triste. Sa mère avait raison, le sentiment de mélancolie n’arrivait pas le quitter. Il avait l’impression de n’appartenir à aucun monde. Il n’était pas un oiseau malgré ses immenses ailes devenues noires avec le temps, il n’était pas un Sirin à part entière pour sa famille, il n’était pas un sorcier comme les autres. Il était triste, et il avait l’impression que le bonheur ne serait pas pour maintenant. « Yang ! » Les deux redressèrent leurs têtes en même temps faisant sourire le professeur. « Pas toi Lily. » La jolie coréenne lui offrit un sourire charmant, bien sûr que ça ne pouvait pas être elle. Elle était trop parfaite pour ça. « Billy, tu chantais encore, alors tu arrêtes ou je te donne une retenue. » Il en avait assez de se justifier sur ça. Ce n’était pas sa faute après tout… Les sirins étaient connues pour leur chant. Ses ancêtres étaient considérés comme les sirènes des légendes russes et slaves. Il avait un besoin irrépressible de chanter constamment, ça faisait partit de lui, de ce qu’il était. Seule ombre au tableau. Alesya Lestrange. Bien que la serpentarde soit plus jeune que lui de quasiment deux ans, c’était l’enfer entre eux. Elle avait décidé de pourrir la vie du jeune pouffsouffle. Pourquoi ? Aucune idée. Au début, il se laissa faire. Après tout, elle était une fille et elle était plus jeune. Cependant, il y a deux, ses nerfs arrivèrent à bout. Il était patient normalement, après tout, il devait supporter Lily et ses plaintes quotidiennes, mais là… Toute la journée, elle avait été sur son dos, toute la journée, elle l’avait rabaissé. Elle avait sortie des stéréotypes à la con, le confondant avec les chinois ou les nord-coréens, elle avait été invivable. Dépassé, il s’était transformé afin de s’envoler au loin, tant pis pour son prochain cours. Mais à la place, l’instinct sauvage prit le dessus, il s’élança vers elle, donnant un coup de pied dans la baguette de la belle chieuse avant de l’attraper entre ses jambes. Ses yeux alors noirs comme ses ailes la fixèrent méchamment. Il décolla avec elle et malgré les cris de Lestrange, il s’en alla jusqu’au lac noir. Soudainement, il la lâcha dans le lac devant une foule hystérique d’élèves. Bien sûr, ce petit incident ne passa pas inaperçu, Billy avait risqué sa place à Poudlard en faisant cela. Il écopa de trois mois de retenue. Tout le monde savait le climat entre eux et les professeurs savaient bien qu’il n’aurait pas agi ainsi juste pour être salaud. Cette attaque marqua un tournant entre eux. Lestrange avait humilié par le hibou humain… Le corbeau comme on disait aussi à cause de la noirceur de ses ailes et une Alesya vexée était une vraie tornade destructrice. Il s’était fait une ennemie à vie, mais il avait aussi prouvé qu’il pouvait se rebiffer.

Depuis, il fait sa vie à l’école de Sorcellerie. Il est apprécié ou détesté, à vrai dire, maintenant, il s’en fout un peu. Ce n’est plus préoccupant. Il sait maîtriser son héritage sauf lorsque ses sentiments sont trop forts ou trop confus et que sa capacité de contrôle s’en voit diminué. Il veille sur sa jumelle tout en étant devenu son ennemi. Il essaye de vivre dans sa malédiction.