« Etre vaincu parfois. Etre soumis jamais. » - Alfred de Vigny.
Never say never.
Le calme. La paix retrouvée. Higgs avait remué tes certitudes, ébranlé la stabilité du château de cartes glacé qu’était ton cœur. Ton âme à moitié ivre flottait à la surface de ta conscience tandis que tu griffonnais quelques formules sur un papier. Tu devais aider Londubat en sortilèges mais tu n’étais pas certaine d’y parvenir dans ton état. Ice Queen fondue. La fatigue se lisait sur tes traits depuis que l’insomnie t’avait gagnée. Deux jours que tu fuyais ton inséparable. Ne jamais dire jamais, ne te l’avait-on pas enseigné ? « Je marche sur la tête… » Le reptile très commun se contenta d’un hochement de sa tête écailleuse. Ne pas être totalement seule, le crédo de tes heures d’angoisse. Tu ressentais bien moins que les autres, mais dés lors que cela arrivait, tu souffrais ta culpabilité plus fort encore, avant que lentement la brèche ne se referme. « T’as pas une solution toi, mh ? » Evidement que non. La subtilité de l’existence humaine échappait sans doute à ces créatures dont tu demeurais assez proche pour leur communiquer tes pensées, et assez éloignée pour ne pas t’interroger sur la sphère privée d’un serpent. T’avais bien trop peur de te laisser contrôler, avec le temps. Ca arrivait suffisamment, par périodes, dans tes instants de somnambulisme. « Va voir où il est. » Ambroise. L’animal ondule à la surface de l’herbe, guettant l’arrivée de ce camarade d’infortune dont la froideur se liait si bien à la tienne, quand bien même son père ait blessé le tien sans compassion. N’était-ce pas une forme de rébellion que d’approcher le fils de l’insolent ? Peut-être. Tu suivais les traces du sang tout en t’en écartant, avide de nouvelles expériences, au bord du gouffre des dangers, entre fierté apportée et tare cachée. Les Macnair n’avaient pour toi que le mépris que tu leur rendais si bien. Le comble aurait été d’épouser le Londubat par pur défis, mais à l'heure où chacun cherchait le parfait prétendant, tu t’écroulais dans les bras d’un impur à l’ombre d’une secrète Salle sur Demande. Ne s’ouvrait à toi que la réussite professionnelle, loin d’une quelconque famille.
Tu sais qu’il est tout près lorsque la forme fugace retourne vers la forêt. Un soupir s’échappe d’entre tes lèvres tandis que tu tires sur ta robe de sorcière qui vient ainsi recouvrir tes jambes. « J’te préviens, je suis pas très productive aujourd’hui, faudra faire avec. » La franchise directe dont tu fais preuve en vexerait plus d’un, les faisant sans aucun doute se sentir de trop ou rejetés, mais tu savais qu’il ne s’en tiendrait pas aux formalités. Vous n’étiez pas à un mièvre rendez-vous galant ou autre connerie du genre. « T’as besoin qu’on travaille un détail en particulier ? » S’il y avait bien une chose que l’on ne pouvait pas te reprocher, c’était tes notes. Ta vie sociale limitée en dehors de certaines soirées te permettait de travailler tes cours comme tu le désirais, bien que tu n’ais pas besoin de trop forcer tant tu aimais les études. Ton point faible ? Le vol. Tu ne supportais pas le fait de te retrouver sur un balai, objets qui t’inquiétaient au plus haut point.
« A moins que tu ne préfères un plongeons dans le lac. » Depuis quand te montrais-tu taquine avec lui ? La mauvaise humeur était à double tranchant, ça signifiait que tu n’étais plus si insensible, impalpable. Certes retrouverais-tu ce calme sans onde qui te caractérisait bien vite, mais ton œil bleu baigné de neutralité savait parfaitement s’opposer à la malice de ton œil vert, à l’heure actuelle. Tu jouais des mots comme défense, espérant qu’il parle assez pour te défaire de tout sentiment, pour te recadrer dans ton côté le plus asocial. Un sourire en coin vint lui indiquer qu’il ferait mieux de venir s’asseoir. Tu n’avais pas bougé, ton carnet de notes sur les genoux, les parchemins dans ton sac et la concentration oscillant comme l’aiguille d’une balance.
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Sujet: Re: AMBROISE&LJ. ☍ « Never say never » Mar 4 Juin - 18:21
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Parfois, il faut savoir quitter les gens que tu aimes. Mais ça ne veut pas dire que vous ne devez plus vous aimer... Parfois, il faudra être sûr que tu l’aimes plus que tu ne le penses.
Poison violent qui coule au travers de ses veines, il s’insinue dans chacune des parties de ce corps à la pâleur diaphane, presque maladive. Ses yeux se perdent sur l’éclat malsain et mal à l’aise de son reflet, observant sans bien comprendre d’où vient cette rage furieuse qui fait se soulever sa poitrine en un rythme effréné. Il tente tant bien que mal de reprendre le dessus sur le monstre, furieux, qui sommeillait jusqu’alors en lui, mais celui-ci dans sa cage dorée se jette à corps perdu sur les barreaux de ses cotes. Il perd pied, se sent entrainé vers le bas alors que le sol semble se dérober sous ses pieds ; in extremis, il se rattrape au plan de marbre de la salle de bain. Il souffle. Il souffre. Sentant, impuissant, le poison de la jalousie lui brûle les veines dans un fourmillement alors qu’il se sent rongé de l’intérieur par les remords infernaux. Les questions se bousculent au creux de sa tête, et une, en particulier, ne cesse de passer la barrière de ces lèvres. « Pourquoi ?! ». Mais les réponses ne viennent pas, personne n’est là pour lui répondre si ce n’est la voix de sa conscience qui hurle sa douleur jusqu’à lui en vriller les tempes. Ambroise se perd, s’enfonce dans sa noirceur et dans ses doutes, jusqu’à ne plus pouvoir le supporter. Il rage. Enrage. Dans un élan de colère, son poing vient s’écraser contre le miroir où, naguère, se reflétait son image éperdue. Son reflet se fissure, le montrant plus monstrueux qu’il ne l’a jamais été, avant de se tomber dans un bruit de verre qui vole en éclat, déversant jusqu’à ses pieds des paillettes tranchantes. La douleur physique prend alors le pas sur sa souffrance morale, il peut sentir dans sa chaire les petits morceaux de miroir qui s’y sont fichés, il grimace et regarde durant de longues secondes le sang couler entre ses doigts calleux. La chaleur de ce liquide de vie qui s’échappe l’hypnotise, et fait rouler le long de sa main un goutte de sang laissant sur son sillage une marque carmin, jusqu’à ce qu’elle vienne se perdre dans le creux de sa manche faisant fleurir sur le blanc de sa chemise un minuscule bouton de rose écarlate. Sa torpeur s’évanouie, et reprenant un peu de vigueur, il retire un par un les morceaux de verre avant de noyer ses mains sous l’eau glacée qui s’écoule du robinet.
Il essuie négligemment ses mains sur sa robe de sorcier, avant de chercher dans l’une de ses poches une vieille montre à gousset dont le tic-tac n’est pas tellement différent du ronron rassurant du chat qui sommeille sur le rebord d’une fenêtre, extenué par sa chasse nocturne. Les aiguilles sculptées dans un métal noir, dont il ignore la provenance ou le nom, se mettent à cliqueter entrainant un mécanisme qui apparait en filigranes sous le cadran de sa montre. Bientôt elles s’aligneront dans un angle parfait annonçant qu’il est presque en retard à ce rendez-vous, et lui caressant le couvercle sculpté d’un lion cabré rappelant celui de Gryffondor, cela sonne presque comme un outrage entre ses mains. Qu’importe, il pourrait bien y figurait un cochon qu’il y tiendrait toujours autant, elle est un vestige de l’amour perdu de ce père, un vestige tout droit sorti du passé. Encore des regrets, mais il les balaye d’un soupir tous ces souvenirs qui s’imposent à lui remettant sa montre dans le fond de sa poche et l’oubliant jusqu’à ce que l’ennui le pousse à venir en chatouiller la chaine en argent. Alors, il tourne les talons, ne jetant pas même un dernier regard à ce miroir brisé qui lui apportera peut-être sept années de malheur, mais le sorcier n’est pas superstitieux, pas même un brin croyant. Il pousse les portes, tourne au détour des couloirs, et remonte les escaliers jusqu’à émerger dans la lueur du printemps. Il plisse les yeux, mettant le temps de quelques instants la main en visière pour observer la verdure qui, il n’y avait pas si longtemps que ça, était encore couverte par les lourds centimètres de neiges. La chaleur et une douce brise printanière viennent caresser sa peau, s’engouffrant dans ses cheveux les emmêlant un peu plus jusqu’à faire retomber sur son front ses boucles d’ébènes.
Ses pas crissent sur les graviers qui forment le petit chemin qui s’égare au travers du parc, il peut voir au loin, se détacher de l’éclat brillant du lac la chevelure blonde qui ondule au rythme incertain du vent léger. Il hésite un instant, ne sachant pas vraiment s’il est d’humeur à la supporter, elle et son caractère, puis il hausse les épaules abandonnant presque l’idée qu’il pourrait y échapper. Évitant un serpent, qui de son rampement sinueux s’éloigne de là, il reprend son chemin jusqu’à venir se poster à côté d’elle, les mains toujours enfoncées dans ses poches, ses doigts se nouent et se dénouent autour de la chaine de sa montre comme un rituel contre l’ennui, le stress ou encore une peur étrange et surtout insoumise que son masque se fissure à l’image du miroir qu’il a brisé. Il goutte à la fraicheur qui accompagne l’eau qui se ride à chaque brise, fermant les yeux pour mieux s’en imprégner. « J’te préviens, je suis pas très productive aujourd’hui, faudra faire avec. », il lui tourne toujours le dos alors que sa voix féminine se fait l’écho des rires qui viennent de loin, il lève alors la tête vers le ciel, pousse un long soupir. Finalement, peut-être aurait-il mieux fait de ne pas venir. « T’as besoin qu’on travaille un détail en particulier ? ». Un léger silence s’installe, pas vraiment pesant, quelque peu libérateur. Il ravale durant ce laps de temps, court, infime, tout ce trouble qui le prend une nouvelle fois. « A moins que tu ne préfères un plongeons dans le lac. ». Un brin d’humour, Ambroise se retourne la mine quelque peu renfrognée mêlé d’une pointe de surprise, il se racle la gorge, comme pour s’éclaircir un voix qu’il sait souvent un peu trop grave, trop agressive. "Je ne savais pas que les Macnair était capable d'humour.", il esquisse un sourire furtif avant de venir prendre place à coté d'elle.
Ses yeux noirs suivent les lignes de son corps, et il ne peut s'empêcher de comparer immédiatement avec Vela, c'est idiot, elles n'ont rien en commun, et il se révolte intérieurement contre sa faiblesse. Mes ses yeux s'attarde sur ses courbes qui ressortent sous sa robe noire de sorcier, la rondeur de sa poitrine, la ligne délicate de son cou, sa bouche rosée, jusqu'à ses yeux pairs. Il pourrait s'y perdre s'il n'était pas si sérieux. "Mon non plus." Il prend une grande inspiration, sans la quitter des yeux. "Je ne suis pas tellement d'humeur à travailler." Puis il détourne les yeux pour suivre le mouvement de ses mains qui viennent piocher puis extirper de sa poche un paquet de cigarette. C'est là une autre chose qui ne plait pas vraiment à son entourage, son addiction a ces petits tubes de nicotines qui lui brule les bronches et l'empoisonne tout comme la jalousie qui l'étouffe. S'il prend une cigarette avant de tendre le paquet à la jeune fille qui se trouve à coté de lui puis de la ranger. Il la porte à ses lèvres avant d'en allumer le bout, et d'en tirer un bouffer âcre mais qui lui semble nécessaire. Il expire, une fumée blanche qui monte jusqu’à disparaitre emportant avec elle tous ses volutes naguère dessiné dans l'air. Il humecte sa lèvre inférieur avant d'y laisser pendre ce petit tube mortel, regardant les plaie à peine séchée de sa main, il sert le poing en ré-ouvrant certaine de ces piqures d'où se mettent immédiatement à perler des gouttes écarlates. "Néanmoins, si toi tu veux te baigner, je suis tout disposé à te regarder faire." Il ne saurait dire d'où lui vient cette impulsion, certainement d'un désir inassouvi, d'une envie terrible de vengeance. Qui sait. Mais s'il ne la regarde toujours pas, sur ses lèvres s'est imprimé un sourire, un vrai cette fois-ci.
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Sujet: Re: AMBROISE&LJ. ☍ « Never say never » Mar 4 Juin - 20:54
« Etre vaincu parfois. Etre soumis jamais. » - Alfred de Vigny.
J’ai peur d’épouser le pire, de tout travestir.
La perle de sang attire ton œil comme un aimant se colle au métal. « Je ne suis pas tellement d'humeur à travailler. » t’a-t-il dit, mais tu n’écoutes plus. Tu connais mal Ambroise, il n’est qu’un camarade que tu aides, sans plus, dans l’indifférence de ton absence émotionnelle. Tu penses parfois qu’il te comprend, ou du moins il t’accepte telle que tu es, chose rare. La froideur effraie les gens, pas lui, pas Higgs. Tu te découvres des instincts nouveaux. Jamais tu ne t’étais trouvée en contact avec d’autres lorsque ta carapace s’effondrait, fuyant vers l’infirmerie, mais ça ne durait jamais tant de temps. Tu devais désormais faire avec. Tu refuses le tube de poison, le laissant à ses ronds de fumée oniriques pour sortir un mouchoir de ton sac. « Tu saignes. » Macnair jamais ne s’inquiète de l’état des autres. Te pensera-t-il malade ? Ca t’est égal. Le rouge remue en toi de sombres souvenirs et tu imposes avec douceurs un bandage improvisé au jeune homme. « Néanmoins, si toi tu veux te baigner, je suis tout disposé à te regarder faire. » Une esquisse de sourire répond au sien quand tes yeux se perdent vers le lac. Tu as rompu ce contact très bref sans t’attarder. Le contact t’est nocif, te fait perdre les pédales, si la glace ne givre pas le mécanisme. « Me tente pas, Ambroise. »
Ta silhouette gracile se défait du carnet pour se redresser, laissant tes longues jambes se dévoiler, libérées de la robe de sorcière qui dissimulait un tant soit peu tes formes. La jupe de l’uniforme ne gâche pas ta taille fine, et c’est avec malice que tu te sépare du noir triste de ladite robe pour la laisser tomber sur le sol. Le chemisier blanc contraste avec le vert de la cravate négligemment attachée autour de ton cou, et tu sembles un brin plus lumineuse ainsi. Les chaussures à leur tour sont écartées avant que tu ne glisses les orteils sur la surface de l’eau pour en tester la température. Osera, osera pas ? Tu remontes légèrement la jupe pour t’asseoir au bord du lac, laissant tes jambes s’y plonger, à tes risques et périls. La peur de bestioles repoussantes ne t’effleure pas et tu savoures les quelques rayons de soleil qui vienne jouer dans tes cheveux d’or. Tu offres ta délicieuse cambrure au regard de l’autre Serpentard, dos à lui, sans jamais lâcher cette sorte de contrôle que tu t’imposes. Tu ne veux pas commettre d’autre erreur et le souvenir de Blake contre ta peau te signale ô combien tu es encline aux conneries ces derniers jours.
« Qu’est-ce qui te tracasse ? » La question vient comme si ça t’était naturel, pourtant vous saviez tous deux qu’il n’en était rien. Tu n’avais jamais questionné Ambroise sur sa vie, ses passions ou ses idées, parce qu’il s’agissait de sa sphère privée. Parce que Londubat ne va pas de paire avec Macnair. Que vous vous retrouviez avait tous les airs d’une douce trahison à vos noms. Par chance vous restiez dans le tout bien tout honneur depuis que vous vous connaissiez. « Le cœur en peine, Londubat ? Ou le corps en berne ? » Tu pouvais parler, toi dont le myocarde n’était qu’incendie ravageant le parchemin de ton indifférence, toi dont l’enveloppe charnelle restait marquée d’une chaleur nouvelle. Sous la lumière claire de ce soleil de printemps, tu espères voir ton monde revenir à la normale, ne plus le regarder avec cet éclat différent d’angoisse profonde. Oh, Lula-Jean, serais-tu assez bête pour t’écarter des conseils de ton père ? Serais-tu assez stupide pour te laisser sombrer dans les méandres d’une faiblesse pour laquelle l’on t’avait cogné tant de fois ? Tu avais encore la trace du couteau de cuisine ayant tranché ta tendre chair, alors pourquoi te laisser embarquer dans des aventures interdites ? « Je pourrais te consoler. » Vraiment ? Toi, la statue de glace au cœur de marbre, consoler un être, reflet frigorifique du tien ? Si Higgs t’entendait. Ou pire, si ta mère en avait vent, elle t’enverrait au bûcher sur le champ. Te souviens-tu la honte que tu es à ses yeux ? Alors pourquoi, pourquoi continuer sur cette voie ?
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Dernière édition par Lula-Jean H. Macnair le Dim 23 Juin - 16:55, édité 1 fois
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Sujet: Re: AMBROISE&LJ. ☍ « Never say never » Jeu 20 Juin - 18:01
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Parfois, il faut savoir quitter les gens que tu aimes. Mais ça ne veut pas dire que vous ne devez plus vous aimer... Parfois, il faudra être sûr que tu l’aimes plus que tu ne le penses.
L’esquisse de ce sourire sincère disparait, malheureusement, trop vite sous le linceul d’un amer regret. Ces sourires d’une infinie fraicheur morbide, d’une candeur malsaine il ne les destinait qu’à Vela, mais l’amertume et le manque lui font oublier les promesses passées. Si un jour elle fut à lui, aujourd’hui elle se pavane au côté d’un autre, son regard doux se profane en se posant sur une silhouette qui n’est pas la sienne. Si un jour, l’amoureux éconduit lui appartint qu’en est-il de lui aujourd’hui, alors qu’assit face à ce lac abyssal il se perd dans le regard d’une autre. Il détourne les yeux, faignant de suivre du regard la vague inconstante que le vent soulève dans la verdure. Un soupire. Un simple soupire et c’est une dernière volute de fumée qui s’évade de sa gorge quand elle le surprend avec une douceur qu’il ne reconnait ni ne connait, remarquant alors de longs doigts sommes toutes féminins, et il observe avec attention toute la langueur de ses mouvements, appréciant son implication, néanmoins, un peu gauche alors qu’elle s’empresse de mettre fin à cet infime contact. Puis tout prend fin. Les séparant de nouveau sur une note pleine d’un sens qu’il ne saurait déchiffrer, mais déjà elle le quitte faisant tomber sur son sillage la longue cape obscure de sorcier, dévoilant ses jambes dont il avait deviné toute l’ampleur auparavant. Il la regardait faire, fasciné par sa gestuelle à peine calculée, elle se penche, elle se cambre et ce n’est pas tant l’acte qu’il suit que le mouvement séducteur de ses courbes qui roulent sous les tissus fins de son uniforme. Le menton posé nonchalamment dans la paume de sa main, il mordille frénétiquement le bord de ses ongles comme pour s’empêcher de succomber à cette folie qui encombre son esprit de nombre d’images entrainantes mais peu avouables. Alors elle cesse de se mouvoir comme la déesse vipérine à laquelle elle s’apparente pour s’asseoir au bord de l’eau, les mèches blondes qui ne volent pas aux vents s’éclairent alors de quelques éclats joueurs rappelant à Ambroise quelques épis dorés des blés muris par le brûlant soleil de l’été.
Son esprit s’évade, et déjà il oublie la présence envoutante de la si belle Lula-Jean pour se tourner vers les souvenirs que laisse toujours derrière lui le spectre d’une enfance pleine d’une innocence candide. L’ingénu n’est aujourd’hui plus, et la désillusion d’une vie à peine commencée le fait revenir à lui quand la voix de la belle lui rappelle que quelque chose ne va pas dans son existence. Il cesse de rêver, le voile de son regard se disperse pour laisser place à des yeux profondément sombres. « Qu’est-ce qui te tracasse ? Le cœur en peine, Londubat ? Ou le corps en berne ? Je pourrais te consoler. ». Ses questions laissent Ambroise songeur. Il s’interroge non pas sur la subite curiosité de Lula mais sur ce qu’il pourrait tirer d’elle, et sur ce qui l’empêche de se jeter à corps perdu dans sa proposition. Et la réponse s’impose d’elle-même. Rien. Rien du tout, pas même un regard en arrière, et s’il n’y avait cette douleur constante, suffocante, qui porte son cœur au bord de ses lèvres il se dirait volontiers qu’il est libre d’agir comme il l’entend. Il ravale sa souffrance, entrave un peu plus son âme déjà monstrueusement surchargée de secrètes colères, de rage frustrées, et de sentiments exacerbés. Ambroise n’est qu’un secret quand il ne s’agit pas d’un mensonge , mais il peut sentir dans sa chair que le point de saturation n’est plus très loin et que bientôt toute cette overdose de sentiments renfermés, nauséabonds, et foutrement empoisonnés se déverseront à la face du monde.
Qu’importe. Déjà il se lève étirant ses membres musculeux, avant de s’avancer vers elle. Durant un court moment de silence il scrute l’horizon qui lui brule la rétine de son scintillement, puis sans qu’elle ait put y prendre garde, il accroupie à ses côtés, prenant appuie d’une main sur le sol poussiéreux. L’eau vient lécher la semelle de ses chaussures. « Et dis-moi MacNair, comment compte tu me consoler ? Te sens-tu capable de me soulager de quelques problèmes existentiels, où est-ce un simple moyen de t’offrir une bonne conscience au travers des peines de ton ennemi héréditaire ? ». De sa main libre encore panser de ce bandage de fortune qu’elle lui a prodigué il vient chercher son menton, la forçant à le regarder dans les yeux. Ses yeux pairs sont bien plus beaux de près que ce qu’il aurait pu s’imaginer, et pourtant il ne s’en émeut pas, au contraire il se renfrogne un peu plus, affichant une mine fermée. Adieu le sourire. Finie la mélancolie. La cage du monstre s’ébranle sous les coups de butoir, et il tempête d’une violence enfermée alors qu’un éclat malveillant brille au fond de ses prunelles d’un noir de jais. « Sais-tu que je me ferais un plaisir de te baiser si cela pouvait les faire souffrir autant que j’en souffre ?! ». Sa voix n’est plus qu’un murmure, à peine un sifflement vulgaire que le vent étouffe, et il lâche son visage pour se laisser tomber sur le sol à ses côtés comme vidé d’une force qu’il n’avait, de toute évidence, pas. Sa poitrine se soulève doucement et pourtant cela semble tellement difficile, il cherche l’air un instant, puis s’effondre, dos contre terre, il abandonne un instant. Un instant intense où il observe dans ce calme relatif cette main bandée d’un mouchoir qui arbore la marque de sa violence alors que sur le tissus naguère immaculée fleurisse les roses rouges de son sang.
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Sujet: Re: AMBROISE&LJ. ☍ « Never say never » Dim 23 Juin - 20:18
« Etre vaincu parfois. Etre soumis jamais. » - Alfred de Vigny.
J’ai peur d’épouser le pire, de tout travestir.
« Et dis-moi MacNair, comment compte tu me consoler ? » Tu restes silencieuse, imprégnée de cette indifférence observatrice qui te caractérise, en société. Mais es-tu en société ? Non. Tu sens la dérangeante proximité d’Ambroise, teintée de paradoxe. Ne devait-il pas simplement regarder ? « Cela dépend. » De lui. Pour toi, c’est du pareil au même. « Te sens-tu capable de me soulager de quelques problèmes existentiels, où est-ce un simple moyen de t’offrir une bonne conscience au travers des peines de ton ennemi héréditaire ? » Les hommes. Pourquoi fallait-il que les hommes gâchant leurs chances ? Ne pouvaient-ils simplement pas se taire, se comporter correctement, ou te voir comme autre chose qu’une héritière ? « Je n’ai pas de conscience. » Un ton tranchant, sans équivoque. Tu ne veux pas que l’on te compare à ton père. Tu ne veux pas que l’on te pense assez stupide pour ne te fier qu’à un nom, une étiquette. Oui, tu es une sang-pur, mais non tu ne crois pas que toutes les histoires se répètent à l’identique. Tu n’as pas d’ennemi plus grand que ton propre patronyme, quand bien même Cléo soit adorable avec toi. Ton frère est le reflet hanté d’un Walden qui a manqué plusieurs fois de te tuer. « Et tu n’es pas ton paternel, sinon tu ne partagerais pas avant moi le vert ornant ton uniforme. » Réalité. Triste réalité. Ambroise n’était pas Neville, c’était un fait. Il en était l’exact opposé. Il avait une étrange ambition froide, ce côté calculateur à en effrayer plus d’une. Il vibrait d’une part de violence malsaine, ça se voyait dans ses prunelles. Fière, tu ne pliais pas, tu n’insinuais rien de plus, tu n’éclaircissais pas tes mots. Qu’il comprenne comme il le désire, qu’il cède ou non à un quelconque désir.
Mais cette main, ce contact sur ta peau t’arrache un frisson d’effroi, unique percée au travers de ta carapace brisée. Tu détestes qu’on te force à un quelconque mouvement. Tu plonges dans son regard, tes billes claires se confrontant aux siennes. Que fait-il ? Qu’est-ce qui lui prend ? Vous ne faites jamais preuve de proximité. Vous travaillez, puis partez, c’est ainsi. Il y avait jusque là comme une barrière, un mur glacé entre vos deux corps indifférents. Alors quoi ? Il te touche, maintenant, te dicte une direction ? « Sais-tu que je me ferais un plaisir de te baiser si cela pouvait les faire souffrir autant que j’en souffre ?! » Il siffle ça comme on crache un venin pernicieux. Il use de ce mot comme d’un détonateur, seulement rien ne semble craqueler ton visage figé dans un contrôle désiré. Te baiser ? A-t-il osé souffler cela comme on le soufflerait à une sorcière de joie ? A toi ? Tu relèves le visage fièrement alors qu’il s’écarte, te relâche et s’étale sur le sol. « Je vais mettre ça sur le compte d’une instabilité et ne pas t’en tenir rigueur, mais que ce soit très clair : ne me reparle plus jamais de cette manière. » Plus d’eau. Tu t’extirpes de la fraîcheur du lac, te relève et observe ton camarade, croisant les bras sous ta poitrine. « C’est quoi ton problème, Londubat ? T’espères quoi ? Que je compatisse à ta souffrance dont j’ignore tout, et que je suis peut-être même pas apte à comprendre, que j’le veuille ou non ? » Le monde avait la fâcheuse habitude de considérer que tout un chacun connaît la souffrance d’un amour perdu, mais toi, tu découvrais à peine ce que pouvait signifier ce sentiment de dingue, et encore, sans mettre un terme dessus, sans savoir en différencier les nuances teintées de désir. Il te faudrait donc décidément une série de pancartes t’expliquant les sous-entendus, une sorte de sous-titrage pour l’handicapée émotionnelle que tu es. Oui, enfin ça, ce serait dans un monde parfaitement idéal, et dans ce cas, tu n’aurais pas ce petit problème d’empathie absente, mh ? Dire que tu lui avais bandé la main, dans un flash de gentillesse. Du chaud au froid. Allez, un petit effort, ça redeviendra tiède.