Les individus atteints de troubles de la personnalité évitante se considèrent eux-mêmes être socialement inaptes ou personnellement peu attirants, et évitent une interaction sociale par peur d'être ridiculisés, humiliés, rejetés ou mal-aimés.

« Carys ma douce. » murmura Mair. Elle caressa l'épaisse crinière blonde de sa fille avec tendresse. L'enfant semblait prête à s'endormir d'un instant à l'autre tant ses paupières étaient lourdes. Elle osa néanmoins réclamer faiblement : « Une histoire s'il-te-plaît.. » Sa mère était incapable de le lui refuser aussi elle esquissa un sourire et entama son histoire de princesse et de prince charmant. C'étaient les préférées de Carys, surtout celles où il y avait des fées aux pouvoirs fantastiques. Malgré le sommeil qui s'emparait peu à peu d'elle, elle se força à écouter le récit, ne pouvant retenir quelques exclamations d'horreur ou de joie ça et là. C'était une petite fille douce et calme, du genre de celles qui ne causent pas de problème à ses parents. Rares étaient ses caprices et ceux qu'elles faisaient étaient rarement excessifs, n'en demandant pas trop à ses parents qui ne pouvaient pas tout se permettre avec leurs salaires modestes. Lorsque Mair en arriva au paroxysme de l'histoire, là où la jolie fée usait de ses pouvoirs pour aider le prince, Carys éclata d'un rire cristallin, absolument ravie. Mais cela n'avait pour une fois rien à voir avec le conte en lui-même. En effet sur le plafond des faisceaux lumières de diverses couleurs dansaient un magnifique ballet sous ses yeux ébahit. Surprise Mair leva les yeux et un long cri s'échappa de ses lèvres. Rien d'autre que la veilleuse de sa fille n'était allumé dans la chambre et rien ne pouvait expliquer ce phénomène qui n'avait rien de normal. Ni une ni deux, elle se leva brusquement et ralluma la lumière de la chambre aveuglant presque Carys qui poussa un petit gémissement en se frottant les yeux avec ferveur. Elle l'éteignit ensuite à nouveau, découvrant avec soulagement que le phénomène avait disparu. Renonçant à terminer l'histoire, elle déposa un baiser sur le front de son unique enfant et décida que rien ne s'était passé. Elle avait rêvé voilà tout. De toute manière elle ne voyait pas d'autre explication.


« Tu as eu un B en maths, ce n'est pas très bon ça. » Carys baissa la tête. Elle avait fait de son mieux, mais les mathématiques c'était dur et elle n'était pas très douée. Elle osa relever les yeux quelques secondes. « Je me rattraperai la prochaine fois, c'est promis. » fit-elle doucement. Son père poussa un soupir. Pour un expert comptable voir sa fille échouer en maths ce n'était pas acceptable. Bon elle n'échouait pas tout à fait, mais c'était des A qu'elle devait viser, et ce partout. Il hocha néanmoins lentement la tête en signe d'approbation. « Oui j'y compte bien. » Il posa une main ferme sur l'épaule de la fillette un peu frêle qui n'osait pas la regarder dans les yeux, triste de l'avoir de toute évidence déçu. « Aller, ce n'est pas très grave, tu peux aller jouer dans ta chambre. » Un petit sourire étira ses lippes et la blondinette s'exécuta. Elle sortit ses poupées avec lesquelles elle s'amusait encore à l'âge de dix ans et se mit à plat ventre pour jouer avec. Depuis quelques temps il arrivait parfois des choses merveilleuses quand elle jouait. C'était sûrement dans sa tête alors elle ne l'avait raconté à personne, mais elle aimait beaucoup ça. Ce jour-là sa poupée-ange aux jolies ailes en fausses plumes blanches s'envola en battant des ailes au dessus de sa tête. Mais lorsque Carys se retourna pour suivre le vol de son jouet elle remarqua sa mère qui s'était arrêtée sur le palier les yeux rivés sur la poupée. Et lorsque Mair poussa un profond hurlement de terreur, l'ange retomba platement sur le sol. La jeune femme, absolument hystérique, quitta la pièce en courant pour chercher son mari et lui expliquer ce qu'elle avait vu, revenant dans la chambre et prenant à témoin son enfant lorsque Gavin eut du mal à la croire. L'incident fut beaucoup plus dur à oublier que le premier et Carys fut depuis lors rarement laissée seule. Oh, ses parents étaient loin de se douter de ce qu'il se passait réellement, mais ils voyaient bien que cela avait un lien avec elle. La petite fille qui sortait déjà peu, par manque d'autorisation, mais aussi d'envie, passa tout le temps qu'elle n'était pas à l'école, enfermée chez elle.


Pas tout à fait moldue, pas tout à fait sorcière. Appartenant aux deux mondes, mais surtout à aucun. Carys fut envoyée dans une maison à Poudlard, c'était obligé de toute façon. Mais de là à dire qu'elle y trouva sa place.. Trop peu sûre d'elle pour aller vers les autres, elle avait du mal à accueillir ceux qui faisaient le chemin vers elle sans rougir violemment ou bégayer affreusement. Elle se détestait de ne pouvoir interagir avec ses camarades aussi bien que les autres et se réfugia dans le travail. Elle combla son vide social par ses connaissances acquises en cours. Et puis peu à peu elle trouva qu'observer et écouter c'était aussi bien que de vivre les choses. Elle voyait les histoires d'amour ou de haine entre les élèves et s'imaginait parfois à leur place. Au moins ainsi elle ne souffrait pas. Ne pas vivre réellement ces choses c'était se protéger. Sauf que son regard azuré finit par tomber sur un magnifique jeune homme de Poufsouffle et qu'elle n'eut plus besoin d'imaginer. L'amour était là, bien présent en elle dans le moindre battement de son cœur, dans le moindre papillon qu'elle avait dans le ventre en le voyant. Mais ce n'était bien que chez elle que cet amour était présent. Lui il ne la voyait pas et d'ailleurs pourquoi la verrait-il? Elle était suffisamment maladroite pour se faire remarquer, mais trop timide et fuyarde pour qu'on la retienne. Lui avait en partie les mêmes défauts, mais avait la chance d'avoir le charme qui allait avec contrairement à elle. Lui il avait des gens qui gravitaient autour de lui, des filles qui éveillaient chez Carys là encore un sentiment nouveau : la jalousie. Cela fait des années qu'elle rêve de lui sous la forme d'un prince charmant dont elle serait la princesse. Mais depuis des années elle n'est que la fée qui œuvre dans l'ombre. Et encore, que fait-elle à part l'épier dès qu'elle le peut, lui et ses fréquentations? Dans sa tête elle lui parle et dans sa tête il l'aime en retour et tout est bien qui finit bien. Mais tout ça, ce n'est que dans sa tête parce que Silver Crivey ne lui a jamais adressé la parole de sa vie.


« C'est horrible! Si j'étais un né-moldu je crois que j'aurais déjà quitté l'école.. » Malgré elle, Carys tandis l'oreille pour écouter la conversation des deux élèves devant elle. Il était facile de savoir ce dont ils parlaient. Les inscriptions retrouvées sur le terrain du Quidditch la semaine précédente semblaient être tout ce dont les élèves discutaient ces derniers temps. Elle-même n'avait pas été là pour les lire ne souhaitant pas se retrouver au milieu de la foule. Elle évitait d'assister aux matches le plus possible, supportant néanmoins de temps en temps les élèves de sa maison. Non qu'il y ai qui que ce soit pour le remarquer. Elle avait tout de même eut l'information quasi-immédiatement lorsque certains élèves revenaient en courant au château, prenant la menace très aux sérieux la plupart des nés-moldu de l'école avaient peur. Carys ne pouvait ne pas se sentir concernée. C'était une née-moldu, une sang-de-bourbes pour ceux que cela rebutait. Pourtant, elle étrangement sereine. Elle n'était même pas si surprise que cela. Elle avait toujours su qu'elle était un monstre, chez les moldus parce qu'elle avait des pouvoirs, chez les sorciers parce que ses parents n'en avaient pas. C'était logique. Dommage pour les autres nés-moldu qui ne méritaient pas ça. Elle ne craignait néanmoins pas les représailles des sang-purs mécontents pour elle-même, parce qu'à moins qu'ils ne tirent dans le tas, elle n'avait aucune raison d'être visée, elle qu'on voyait à peine. En revanche pour les autres, c'était différent. « Tu crois que c'est vrai..cette histoire d'Ombre je veux dire? » murmura le second élève. Elle releva lentement ses yeux vers lui son attention toute reportée à la discussion. L'autre haussa les épaules nonchalamment. « On verra bien. Mais ils devraient surveiller leurs arrières. » Carys fronça les sourcils anxieuse, elle espérait que ça s'arrête là et que l'histoire ne se répéterai pas. Toutefois à ses yeux la renaissance d'un groupe tel que les mangemorts était plus que probable. Elle ferma les yeux pour chasser cette pensée, pour le moment Poudlard était encore un havre de paix. Selon elle tout du moins.


« Mais réagis! » Figée sur place, l'adolescente n'osa même pas lever les yeux sentant le rouge lui monter aux joues. Pourquoi diable fallait-il que sa peau soit si claire et qu'elle rougisse aussi facilement? Son interlocuteur ne paru pas satisfait. « Carys arrête de te laisser faire. » fit-il plus doucement. Elle osa relever la tête pour lui jeter un rapide coup d'œil. Il ne semblait plus énervé, juste consterné par son attitude. Elle abaissa à nouveau ses prunelles bleues, sincèrement désolée de ne pas pouvoir lui faire plaisir. Elle ne comprenait pas pourquoi il y tenait tant, ce n'était pas si grave après tout. « D-Désolée.. » fit-elle à voix basse. Il lâcha un soupir et elle su qu'elle n'avait dit ce qu'il fallait. Voilà pourquoi il valait mieux se taire. « Mais non, t'excuse pas. C'est justement ça qu'il faut que t'arrête de faire, que t'arrête de t'excuser de vivre. » Il avait raison, mais elle ne pouvait pas le comprendre. Elle refusait tout simplement de le faire. Si elle "s'excusait de vivre" c'était parce qu'elle le devait. Il suffisait de la regarder pour comprendre qu'elle n'avait pas sa place ni à Poudlard ni ailleurs. Quelqu'un d'autre aurait du avoir la chance de naître avec des pouvoirs, sa cousine Gladys par exemple l'aurait plus mérité avec son assurance à toute épreuve. Ou Claire la fille la plus populaire de sa classe au collège. Ces deux-là auraient bien plus mérité d'étudier la magie et de porter le blason de Godric Gryffondor qu'elle. Et pourtant le destin en avait fait autrement et elle en était désolée. Et elle était encore plus affligée qu'elle était une née-moldu et que ce statut semblait en énerver de plus en plus à Poudlard à croire qu'elle et les autres élèves de même origine avaient volé quelque chose aux autres. Elle comprenait en fait leur point de vue et c'est pour ça qu'elle s'excusait d'être là et de déranger. Son interlocuteur était gentil de s'intéresser à elle, mais il ne pouvait pas saisir.


Stratégie d'évitement ayant pour but d'éviter l'échec, on agit, mais avec moult précautions. On peut parler de timidité maladive, de solitude, d'effacement, de célibat et de faible estime de soi. La personne touchée est aussi souvent "trop" gentille. On constate une fuite des émotions, aussi bien le plaisir que la douleur et l'invention d'une vie imaginaire.