Premier jour des vacances - Il y avait les regards lancés et les murmures, j’avais envie de leur faire remballer leur sourire suffisant et leurs airs de jeunes premiers. S’ils se prenaient pour les princes et princesses de cette école, tant mieux pour eux, il faudrait voir ce qu’il se passerait pour eux une fois que papa et maman ne seraient plus là pour leur assurer de bonnes notes et un poste influent. Ils finiraient au bas de l’échelle sociale, comme des parias, à faire la manche pour trois ou quatre morilles… Il y avait aussi ces rumeurs lancées à mon grand dam, s’il leur fallait ça pour se sentir mieux dans leur peau c’était tant pis pour eux. Ils verraient, un jour je leur ferai payer tout ça. Mais pas aujourd’hui, aujourd’hui je les laisserai juste parler et rire de me voir faire mes valises pour les vacances. S’ils pensaient que je fuyais, c’était leur choix, au fond, ils n’avaient peut-être pas tort mais dehors, rien ne serait plus facile. A Poudlard au moins il y avait un lit et de la nourriture, un feu de cheminée surtout, pour ne pas mourir de froid. Rien de tout cela ne serait acquis une fois que j’aurais passé les grilles du château… Mais il fallait que je parte, que je quitte ces murs au moins pour deux semaines, pour ne plus avoir à supporter tout ça… Et même si  je n’avais nulle part où aller, j’en avais besoin. J’avais fermé ma valise, qui ne se résumait qu’à un petit sac sur lequel j’avais lancé un sort d’amplification, et mon manteau que j’avais choisi bien chaud au cas où j’aurais été obligée de passer une ou deux nuits dehors. C’était probable, ce n’était pas la première fois que ça arrivait mais j’avais finis par m’habituer. Je n’avais aucun pied à terre en Angleterre, ou presque aucun, et surtout, je ne voulais pas déranger, m’imposer… Parfois je regrettais mes parents et plutôt, leur maison presque chaleureuse mais je devais vite me faire à l’idée que là non plus, je n’étais pas la bienvenue.  Bientôt, les petites maisons de Pré-Au-Lard se dessinèrent à l’horizon et je su que je n’allais pas prendre le train direction Londres avec mes camarades. Non, une autre destination me venait à l’esprit et c’est d’un simple transplanage et que je déboulai dans une ruelle d’Edimbourg que je connaissais bien pour y avoir passé quelques nuits lorsque je n’avais jamais rien trouvé d’autre pour dormir. Ce n’était pas le grand luxe, même pas du tout m ais au moins le quartier n’était pas trop mal fréquenté… Car, il m’était aussi arrivé de me retrouver à des personnes plutôt malintentionnées, heureusement que j’avais eus de la chance dans mon malheur après tout… J’hésitai à rester ici, la nuit allait être plus que fraiche mais au moins j’étais sure de mon endroit. Qu’adviendrait-il si je commençais à déambuler dans les rues et que j’étais surprise par la nuit ? Je n’avais pas assez d’argent pour me permettre de me payer une chambre d’hôtel de toute façon. Alors je décidai de rester.

3 jours plus tard – J’avais traversé la ville de part en part, de nombreuses fois peut-être. Je ne me souvenais pas vraiment. J’étais dans une sorte de brouillard, anesthésiée par le froid et le peu de nourriture. J’avais fait en sorte de conserver le plus possible mes réserves de nourriture mais au bout de quelques jours ce n’était plus vivable. Ce jour-là, mes pas m’avaient portés jusqu’à la partie moldue de la ville. Je ne connaissais pas grands choses à la ville mais il y avait bien un endroit que je connaissais bien c’était l’immeuble de Malachy. Le gérant d’un bar d’Edimbourg qui m’avait parfois accueillie chez lui, comprenant certainement ma situation. Je n’aimais pas le déranger, je savais très bien qu’il devait avoir autres choses à faire que de s’occuper de moi mais je finissais par oublier les bonnes manières apparemment. Entrant dans l’immeuble, profitant pendant quelques secondes de la douce chaleur qui régnait dans le hall. Frottant mes mains l’une contre l’autre je jetai un œil dans un miroir qui se trouvait là et arrangeai mes cheveux et le bonnet que je portais et entrepris de monter les escaliers rapidement jusqu’au dernier étage et aux combles. J’espérais qu’il ne serait pas déjà au bar, sinon, je reprendrai mon chemin mais j’espérais qu’il serait là. Rien que pour une présence humaine autre que les passants qui me regardaient d’un air empli de pitié malsaine. Comptant les portes qui me mèneraient jusqu’à l’appartement de Malachy je finis par toquer à sa porte faisant un léger sourire histoire de paraitre moins fatiguée que je ne l’étais avant de m’exclamer en le voyant ouvrir la porte : « Coucou ! Je ne te dérange pas ? »

Les vacances d'hiver avaient commencé. La neige, déjà, était au rendez vous, mais aussi les dizaines d'étudiants en repos mérité, qui pouvaient enfin décompresser. Hors, en Ecosse, il y avait une façon bien connue de se détendre : boire. Autant dire que les vacances des uns n'étaient pas celles des autres, Malachy y compris. Il avait à peine le temps de souffler, à peine le temps d'avaler un sandwich à onze heures avant le premier rush, et vivait d'adrénaline, de café et de potions de pepper-up. Il ne se plaignait pourtant pas, préférant les journées où le bar était bondé à celles où il tournait en rond sans servir un seul client. Plus il y avait de monde, plus il gagnait d'argent, c'était mathématique, et c'était la seule façon pour lui de gagner sa vie décemment. Avec un peu de chance, ce mois-çi, il aurait de quoi se faire un bon gros salaire et rembourser quelques uns de ses potes auprès de qui il s'était endetté étant plus jeune, dans ses moments de grosses galères.
Toutefois, même l'activité finit par lasser, et il avait fini par s'accorder un jour de congé. C'était devenu critique, pour éviter que sa magie ne lui fasse des tours à cause de la fatigue et du manque de sommeil, pour éviter aussi de tomber malade ou de péter un câble avec la caféine. Une petite journée tranquille dans son appart, entre son lit, lui, et la télé. Une retransmission d'un match de foot, deux bières, et il s'était posé tranquillement, avec l'intention de ne plus bouger de place jusqu'à la fin de la journée, même pas pour une douche. Il était chez lui, il avait le droit de jouer au crasseux, d'abord.
Une pizza lui avait été livrée un peu avant dix heures, et même s'il était bien trop tôt pour manger, il en avait grignoté une part quand même. Rien à foutre des discussions sur l'hygiène de vie, les repas réguliers et les légumes, il avait besoin de protéines et de matière grasse, de malbouffe pour se remplir le ventre et éviter que le peu de masse musculaire qu'il possédait ne fonde comme neige au soleil. Déjà qu'il n'était pas bien gros, avec l'usage intensif de la magie, il n'arrangeait rien. Adieux les abdos de sa jeunesse... même s'il n'était pas encore rendu à la bedaine de grand père, heureusement.
Il était tombé dans une douce torpeur au bout de quelques minutes à regarder l'équipe galloise se prendre une raclée, avant qu'on ne frappe à sa porte. Ouvrant un œil torve, il grommela pendant quelques secondes, hésitant à bouger. Qui pouvait le déranger maintenant, vraiment ? Mais ayant déjà eu des visites surprises de sa sœur, il était bien possible que ce soit elle qui attende. Même si elle aurait surement déjà gueulé pour qu'il vienne lui ouvrir. « J'ARRIVE! » Enfilant un t-shirt par dessus son short, il déplia sa carcasse pour aller ouvrir la porte en grand, sa baguette coincée dans l'élastique de son boxer.

Sauf que, voilà, ce n'était pas sa sœur devant la porte. Mais une sorte de petite souris emmitouflée dans un bonnet et un manteau... dont la tête lui disait quelque chose. Restant un peu con pendant un moment, il finit par la reconnaître à la voix, et lui offrit un grand sourire pour cacher son embarras à être pris dans cette tenue. Nevaeh, la petite Neva... qui avait l'air bien frigorifiée. « Tudieu, Neva' je m'attendais pas à te voir, entre, vas-y, t'as l'air d'avoir froid ! Qu'est ce que tu deviens? » Bon, à son état, il se doutait de ce qu'elle devenait. Les vacances, sa présence ici.. la jeune fille avait du passer quelques nuits dehors ou sur des canapés. Il comprenait, ayant fait la même chose à son âge, pour éviter de se retrouver sous la coupe de sa mère. En tout cas, elle pouvait venir chez lui, sans aucun problème. Il ne disait jamais non à une jolie fille chez lui... en tout bien tout honneur, bien sur.

« Il y a de la pizza si tu veux, et je dois avoir de quoi faire une omelette, si t'as faim sers toi. » Un homme plus classe se serait sans doute excusé pour aller prendre une douche, ou lui aurait offert un vrai repas, mais la poufsouffle était pour lui une amie capable de le voir dans cet état. Il enfila quand même par acquis de conscience un jogging, et la rejoignit rapidement sur le canapé, content au final d'avoir de la compagnie.

Je remarquai que Malachy avait eu un petit doute sur mon identité lorsqu’il avait ouvert la porte, à peine sorti du sommeil à ce que je pensais remarquer. Il était mignon avec les yeux gonflés par le sommeil et la voix un peu rauque à cause d’un réveil trop brutal. Alors qu’il m’invitait à entrer je déposai deux baisers sur ses joues, très heureuse qu’il accepte de m’accueillir chez lui ne serait-ce que pour quelques minutes me permettant d’échapper au froid de la rue. Me tournant vers lui alors qu’il me demanda ce que je devenais je haussai les épaules plutôt agacée par cette situation, plutôt désagréable dans laquelle je me trouvais à devoir déranger des personnes qui acceptaient de m’aider dans leur grande bonté : « Oh et bien je dois t’avouer que ne fais rien de fameux en ce moment, j’ai finis par comprendre que cela ne me servirait à rien de m’escrimer à me la jouer dure à cuire… Je commence à me persuader que la rue ce n’est pas tellement pour moi. » Bien sûr, et heureusement pour moi, je n’avais vécu aucune sale histoire, les gens me laissaient plutôt tranquille, ce qui n’était pas le cas à Poudlard ou dans les autres villes dans lesquelles j’avais tenté d’installer mon piteux campement nomade… Mauvais accueil ou mauvaises rencontres, ce n’était pas bien grave, je m’en sortais toujours. Mais il était tout de même bon de savoir qu’il y avait un endroit où l’on n’aurait pas besoin de montrer les dents pour être tranquille. Il fallait surtout que je me mette dans la tête qu’une gamine comme moi n’arrivait même jamais à effrayer même le moindre petit rat d’égout. J’étais au fond, bien contente d’avoir au moins un homme sur qui compter en la personne de Malachy. Je regrettais un peu qu’il ne soit pas encore à Poudlard, l’endroit manquait cruellement de personnes comme lui, qui ne pensaient pas seulement à leur petite personne et à faire souffrir ceux qui vivaient à leur côté. Ils étaient trop surs d’eux, eux aussi… Dieux sait à quel point j’espérais qu’ils se retrouvent aussi démunis que moi d’ici quelques mois, lorsque la chance aurait déserté leur cœur rongée par la rancœur et la haine.

Me laissant tomber sur l’accoudoir de son canapé je fis un léger sourire en retirant mon écharpe et mon bonnet avant de les déposer sur mes genoux. Jetant un regard à Malachy je croisai les jambes me donnant des airs de princesse, bien loin de ma situation actuelle. Il y a peu, je pouvais me permettre de tels gestes dans n’importe quelle situation. Parce que cela pouvait être mal vu, à Poudlard on m’avait souvent reproché de me prendre pour une reine, alors que pour la plus part des sorciers étudiant au château, je n’étais qu’une petite pute. C’était parce qu’avant, il y avait Jarod pour me protéger, j’étais devenue arrogante, je me prenais pour Cendrillon, qui avait eu droit au sortilège de ma gentille marraine la bonne fée et j’étais ravie de me retrouver entourée de quelques disciples, présents pour répondre à tous mes désirs. Et mon chevalier servant était là pour que chacun réponde à mes désirs… C’était le bon temps, Dieu sait à quel point j’ai aimé ces moments durant lesquels je pouvais tout me permettre sans avoir à réfléchir des conséquences, aussi néfastes soient elles sur ma vie future… Désormais chaque pas était ponctué par son lot de problèmes, et si le ciel me punissait de mes actes passés, j’aurais envie que cela finisse… Qu’enfin, ce sadique en haut daigne accepter le fait que j’avais payé ma dette. J’avais assez souffert pour avoir eu quelques mois de bonheur entourée de gens qui m’aimaient. « Oh ne t’embête pas pour moi, j’ai l’impression que cela fait une éternité que je n’ai pas mangé quelque chose qui soit aussi bon que de la pizza ! Et je ne peux que te remercier de bien vouloir m’accueillir… » Lui répondis-je doucement en prenant un petit morceau de pizza que je grignotai comme un oiseau. Avant de me tourner vers lui, je passai une main dans mes cheveux et demandai, plus humble que je ne l’avais jamais été : « Si je peux faire quelque chose pour te remercier n’hésite pas ! Je fais le ménage la cuisine je suis multitâches ! Tu m’as l’air fatigué en plus...» Finis-je avec un léger rire en le décoiffant doucement d’une main.

La pauvre n'avait pas l'air en bonne santé, le nez rouge de froid et son bonnet enfoncé sur la tête. Cependant ce n'était pas à Malachy de s'insurger ou de lui dire qu'elle était inconsciente de passer des nuits dehors ou de se balader seule dans la rue, parce qu'il se rappelait très bien avoir eu le même age et trop de fierté pour aller sonner chez les amis tous les soirs, le même age et nul part où rentrer. Ouvrant sa porte à la jeune femme, il ne fit donc pas d'histoire, se contentant d'être l'ami dont elle avait besoin sur le moment. Ses cheveux faisaient de l'électricité statique maintenant qu'elle se débarrassait de ses épaisseurs, et il avait envie de passer la main dessus juste pour voir jusqu'où ils monteraient, mais c'était sa première bière qui parlait, aussi.
Souriant à ses paroles sans montrer qu'il avait bien compris le petit sens ironique de sa phrase, il enchaina en refermant la porte derrière elle, toujours prèt à faire de l'humour pour remonter le moral. « La rue c'est fait pour personne à la base, chérie, je m'inquiéterais plus pour toi si tu me disais que tu voulais quitter Poudlard pour vivre sous un pont à vie. » Il s'inquiéterait, non, il l'attraperait comme un sac de pommes de terre et l'embarquerait chez lui en la secouant. Nevaeh avait tout pour réussir, beaucoup plus que lui, il ne fallait donc pas qu'elle se laisse abbattre... ou du moins qu'elle le fasse chez lui, en sécurité, au chaud. Malachy savait déjà qu'il ne se sentirait pas bien si tant que les vacances seraient finies et qu'il saurait la demoiselle rentrer à l'école.

S'asseyant à coté d'elle, une fois vétu, il la regarda piquer dans la pizza avec un sourire. Au moins, elle ne faisait pas comme les autres filles à problème qu'il avait pu croiser dans les rues de Londres, avec leurs visages squelettiques et leur obsession pour la drogue supprimant le besoin de manger. Souriant toujours affectueusement, il secoua la tête tandis qu'elle le remerciait. Et puis quoi encore, il était là quand elle en avait besoin, toujours, c'était sa nature. Les jeunes d'aujourd'hui étaient peut-être moins chaleureux, mais il se souvenait du temps où la maison de Gryffondor était connue pour posséder des élèves loyaux et prêt à tout pour aider leurs amis, leur famille. « Ne me remercie pas, c'est la base. J'allais pas te mettre à la porte, tu viens me sauver d'une aprèm en tête à tête avec ma télé, en plus. Alors tu restes là autant que tu veux. » Il avait appuyé sur le autant pour qu'elle comprenne que son offre n'avait pas de date de fin. Même si cela mettrait sans doute du temps à s'ancrer enfin dans sa tête, comme cela avait mis du temps chez lui, il voulait qu'elle comprenne qu'ici, c'était chez elle, tant qu'elle le souhaitait.
« T'as pas besoin de faire quoi que ce soit, repose toi déjà. C'est toi qui a une tête fatiguée ! Mais bon après, tu me connais, je vais jamais dire non à un peu d'aide dans mon ménage...  » Etouffant un baillement, il croisa les jambes sous lui tout en se rapprochant de la demoiselle pour lui ébourriffer enfin les cheveux comme il en avait eu envie depuis son arrivée, riant de sa coiffure. « Atteints mon age et on verra si t'as pas l'air fatigué tiens ! Adieu oh teint frais de ma jeunesse... Bon et puis c'est les vacances alors au bar ils se déchainent. Tu sais que j'ai du recaler un groupe de vampires hier soir ? Ils voulaient fêter la 'naissance' d'un des leurs, un truc trop creepy, il a fallu que je demande à des clients de m'aider avant qu'ils nous bouffent une vierge... »
Bon, gang, il exagérait sans doute. Ils étaient trois, et déjà bien intoxiqués au sang de camés, sans doute, mais Neva avait besoin de rire pas de vérité ennuyante.