Pré-au-Lard, vers les Trois Balais,
19h30, vendredi qui arrive.
Tu m’dois un rencart,
ne cherche pas à te défiler.

Il prenait des risques, il en avait conscience. A attendre dans le froid, alors que l’heure avançait, faisant approcher le moment fatidique où il saurait enfin s’il avait été planté ou si elle avait décidé de venir, il pensait au message laissé, se demandant si elle l’avait réellement trouvé. Accroché sur la porte de sa salle commune, la missive portait son nom, une simple enveloppe contenant la formule autour de laquelle ils s’étaient engueulés –si on pouvait parler d’engueulade, tiens- et les produits nécessaires, tous coupés et dosés, dans des fioles individuelles. Il avait essayé de se rattraper, quelque part, après s’être calmé, après avoir laissé couler ce qu’il ne voulait pas voir comme un incident mais qu’elle blamerait surement sur la potion gluante dont ils s’étaient retrouvés recouverts. Combien de temps avait-il passé là-dessus ? Trop pour sa patience et ses capacités de concentration, surement, mais il avait tenu le coup... Et oublié de signer. Il jura, intérieurement, avant de se dire qu'elle ne devait pas promettre des rencarts à toute l'école et qu'elle reconnaîtrait la formule de toute façon, les ingrédients, son écriture brouillonne aussi, peut-être... Passant d’un pied à l’autre, incapable de tenir en place, il se demandait si elle avait eu la présence d’esprit de tourner la page qu’il lui avait ainsi rendu. Si elle ne l’avait pas fait, alors il n’avait aucune chance de la voir arriver. 19h15 et personne en vue. Quoi qu’il arrive, les chances qu’elle se pointe étaient minimes, il préférait s’en souvenirs. Absynthe avait beau dire le contraire, sous l’emprise d’une puissante potion d’attirance, elle le détestait, assez pour l’humilier dans les couloirs, le rabaisser, assez pour être odieuse avec lui. Il n’avait toujours pas la moindre idée du pourquoi, cependant. C’était compliqué, qu’elle avait annoncé, simplement, avant de venir l’embrasser… ils ne s’étaient pas parlé depuis cette après-midi peu productive, ils s’étaient à vrai dire à peine croisés et Pride se demandait si elle ne cherchait pas à le fuir… How was he kidding. Evidemment qu’elle cherchait à le fuir, il l’avait embrassé comme si la fin du monde approchait et non contente de rendre le baiser, elle en avait à vrai dire était l’instigatrice.

Plus qu’il n’osait l’admettre, il espérait pourtant qu’elle débarque, colérique et agacée de tout, ne ratant pas une occasion de l’emmerder. Il fit quelques pas, allant s’appuyer contre le mur le plus proche. Il espérait qu’elle vienne, qu’elle n’ait pas décidé de le punir d’avantage pour une connerie qu’il ne se souvenait pas avoir fait et il n’arrivait pas à savoir pourquoi il était soudain nerveux. Depuis quand se retrouvait-il comme ça, hein ? Inspirant profondément, il chassa cette idée. Assurément, la potion le hantait encore, les effets étaient dissipés mais l’intensité avait été telle que par moment, il pensait encore en subir les affres… ou pas. Ou pas du tout, ouais. Il soupira, donnant un coup de pied dans un caillou et se redressant un peu, pour à nouveau faire quelques pas. Mains plantées dans les poches de sa veste, bonnet sur la tête, à pester contre le froid, il chercha l’horloge du petit village sorcier du regard, plissant les yeux pour voir dans la pénombre. 19h25 et toujours personne dans les alentours. Il allait se faire planter. Tout le monde était bien au chaud dans Poudlard et il allait se faire planter, devant remonter seul et affronter quelconque commentaire de Verpey se demandant à voix haute ce qu’il allait bien pouvoir faire des 500 gallions du pari… Secouant la tête, il repoussa cette perspective. Non, elle allait venir, il le fallait, ce soir c’était l’occasion parfaite, il avait tout prévu… assez pour oublier cette histoire de défi.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Absynthe ! Une lettre pour toi. » L'interpellée releva la tête, intriguée par la nouvelle qu'elle venait d'entendre. Il était assez tard et recevoir des lettres à cette heure tardive ne signifiait qu'une chose. Son frère avait besoin d'elle. Elle aurait mis sa main au feu avant même d'avoir posé les yeux sur la missive. Elle se leva donc avec empressement et arracha presque le papier des mains de la jeune femme qui l'avait prévenu de la nouvelle et immédiatement elle fronça les sourcils. L'écriture était différente cette fois, beaucoup plus brouillonne et enfantine que d'habitude et elle ouvrit l'enveloppe avec empressement, la curiosité prenant le pas sur tout le reste. Et la surprise fut de taille. Elle reconnu rapidement des plantes coupées proprement, mises dans des sachets, un travail de fourmi à dire vrai et au milieu de tout ça, la moitié de recette pour la potion qu'elle devait fabriquer avec Pride. À la simple évocation de son nom dans sa tête, la jeune femme se mit à rougir et elle couru presque jusqu'au dortoir pour pouvoir avoir honte en paix là-bas. Ce qu'il s'était passé entre eux n'était dû qu'à la potion ratée d'un adolescent en manque mais même en ce répétant ce refrain à longueur de journée, elle n'arrivait pas à oublier cette partie d'elle qui avait, disons, apprécié le contact prolongé avec le jeune homme. Elle était censée haïr tout ce qu'il représentait, cette arrogance, ce sourire moqueur toujours collé aux lèvres, ce sens de l'humour douteux. Il était la réincarnation de Naos, sortit des enfers pour qu'elle puisse défouler ses nerfs dessus. Et pourtant, il avait réussi à la surprendre en préparant les ingrédients pour elle, parce que clairement c'est ce qu'il avait fait. Retournant le papier, elle se mordit la lèvre inférieure et plia la recette, la mettant dans un coin de sa tête. Il fallait qu'elle y réfléchisse.

La semaine était passée étrangement vite et ils se retrouvèrent tous en ce vendredi soir à choisir ce qu'ils allaient faire en cette soirée qui annonçait le week-end. Habituellement, on pouvait retrouver Absynthe, un livre entre les mains, dans un coin de la salle commune, prête à une longue nuit face à ses auteurs sorciers préférés. Mais à la grande surprise de tout le monde, en tout cas le peu d'entre eux qui l'avait remarqué, la place était libre et la brunette était dans un grand dilemme face au miroir de la salle de bain. Elle n'avait clairement pas envie de le voir. Ayant réussi à l'éviter dans les couloirs de l'école pendant une semaine, elle se disait que le faire jusqu'à la fin de l'année n'allait pas être plus compliqué. Et pourtant elle se retrouvait coincée dans cette robe noire un peu trop courte et un peu trop moulante à son goût, cherchant à se décider si elle gardait ses cheveux détachés ou relevés. Elle avait l'impression d'être l'une de ces filles dont elle avait l'habitude de se moquer avec ses autres amis. Celles qui passent plus de temps à choisir leurs tenues qu'à bosser. Elle avait toujours eu horreur de ce genre de poules apprêtées, prête à tout pour séduire tout les hommes alors qu'elle, elle était différente. Elle leva les yeux au ciel et soupira. Ce n'était pas elle, ce n'était pas ce qu'elle était et elle ne voulait surtout pas faire ça pour Pride. Sans trop savoir comment, l'instant d'après elle était dans les rues du Pré-au-Lard, se dirigeant d'un pas décidé vers les Trois Balais. Mais elle paniqua au dernier moment et pila juste avant d'apercevoir le pub, respirant à grand coup comme si elle était en proie à une crise d'asthme. C'était complètement ridicule de réagir comme ça, ce n'était pas parce qu'ils s'étaient embrassés, une fois, sans témoins en plus de ça, qu'il fallait qu'elle se mette à paniquer de cette manière. Retrouvant bien vite ses esprits, elle releva la tête, redressa les épaules et déboula dans l'allée à côté des Trois Balais à dix-neuf heures et trente deux minutes. Il était déjà là bien sûr, paniqué à l'idée qu'elle ne viendrait sûrement pas et elle-même s'étonnait d'être venu. « Une promesse est une promesse Fudge. Tu m'as laissé faire le projet toute seule, j'accepte ton rendez-vous. » Elle se justifiait avant même qu'il n'ai pu prononcé la moindre phrase. « Mais je te préviens, je veux être de retour à minuit dans mon dortoir. Si je n'ai pas mes huit heures de sommeil, je risque de commettre un meutre. »

Pas mal pour démarrer une conversation Rogue.

A cette heure-là, l’horloge ne sonnait plus mais il sentit pourtant l’aiguille s’abattre sur le chiffre fatidique marquant la demi-heure et prouvant, surement, qu’elle ne comptait pas venir. Pourquoi c’était-il attendu à autre chose, venant d’Absynthe ? C’était une peste, une Serpentard en plus du reste. Evidemment qu’elle l’avait planté, évidemment qu’il se retrouvait comme un imbécile, planté là. Sans vraiment être vexé, surement parce qu’il l’avait prévu, il nota mentalement que c’était bien la première fois qu’on lui posait un lapin. Il souffla, se demandant si on pouvait parler de lapin dans telle situation. Probablement, puisqu’elle avait accepté, c’était le deal pour avoir la potion et le droit de bosser seule, d’assurer une bonne note de plus sur son bulletin. Oui, c’était un lapin, le premier qu’on lui collait. Il n’était pas si vantard, au fond, c’était juste… une nouveauté, surement parce qu’il s’était toujours débrouillé pour aller vers des filles voulant de sa compagnie, pas des demoiselles rêvant de l’écarteler pour une raison obscure.

Se tournant un peu mieux vers l’horloge, laissant encore quelques minutes passées, sans trop savoir pourquoi, il se retrouva alors à sursauter, faisant volte-face, mains toujours dans les poches. Il tomba nez à nez avec la petite brune qui, du tac au tac, lui lança en guise de salutations : « Une promesse est une promesse Fudge. Tu m'as laissé faire le projet toute seule, j'accepte ton rendez-vous. » Définitivement, elle devait avoir quelque chose contre les débuts de conversation ordinaire. Ou alors, lui avait un souci avec les détails, pour remarquer que deux fois d’affilée, elle ne lui disait pas simplement ‘bonjour’ ou quelque chose du genre. Un sourire fendant ses lèvres, il chercha à cacher ce putain de soulagement qui le rinça littéralement, dénouant la tension dans ses épaules et bien vite, elle ajouta, menaçante ou quelque chose du genre : « Mais je te préviens, je veux être de retour à minuit dans mon dortoir. Si je n'ai pas mes huit heures de sommeil, je risque de commettre un meutre. » Il inspira profondément, secouant la tête, presque blasé. « Je sais, je sais, sinon tu te transformes, après les douze coups minuit, tout ça, l’horrible belle-mère de cendrillon et ainsi de suite, ma mort provoquée par un soulier en verre et autres poesies du genre... » lança-t-il, un sourire goguenard animant son visage alors qu’il espérait qu’elle change d’avis entre temps, ayant des plans qui les entraineraient plus tard que minuit. Au final, se comporter normalement face à elle n’était pas si étrange. A se demander pourquoi elle l’avait évité pendant une semaine… ah, oui, parce qu’elle ne pouvait pas l’encadrer.

« Mais si je me souviens bien, t’avais déjà posé tes conditions la semaine dernière, Rogue. Pas de contact, pas de rouge, tout ça… » Il avait un plan derrière la tête et, même si elle ne pouvait pas le voir sous sa veste, il avait la cravate verte et argent dans la poche arrière de son jean moldu. « Je vais devoir froisser un peu la première requête d’ailleurs, parce qu’on doit bouger et je ne veux pas te perdre en route ». Sa baguette à la main, il fit un pas en avant, tendant ses doigts libres pour qu’elle les saisisse. Ils devaient transplanner, Pride savait exactement où et du moment qu’elle suivait, tout irait bien… quoi qu’il fallait encore qu’elle lui fasse confiance et ça, ce n’était pas gagné. Se plantant devant elle, se fichant bien d’être vu, baguette à la main, puisqu’il était dans un village entièrement sorcier, il l’observa et se sentit déglutir un peu nerveusement, l’observant, se perdant un instant dans son regard, espérant y faire naître, même pour juste une seconde, des étincelles autre que ces éclats de glace qu’il voyait trop souvent émaner d’Absynthe.

Trop préoccupée par son propre stress, Absynthe ne remarqua même pas que le jeune sursauta avant qu'elle ne lui adresse la parole, ni même qu'il se détendait avec sa simple présence. Cela aurait même dû être le contraire. Connaissant son caractère il aurait dû se tendre, prêt à encaisser tous les coups bas qu'elle pouvait lui envoyer. « Je sais, je sais, sinon tu te transformes, après les douze coups minuit, tout ça, l’horrible belle-mère de cendrillon et ainsi de suite, ma mort provoquée par un soulier en verre et autres poesies du genre... » lança-t-il avec un sourire et comme à son habitude, la jeune femme secoua la tête et soupira. C'était devenu une habitude en réalité, il ouvrait la bouche et elle soupirait avant même d'entendre les mots qu'il allait prononcer, sachant à l'avance que le niveau ne serait pas très élevé. Même si à cet instant même, elle avait envie de sourire un peu, elle se retint pourtant, croisant les bras sur sa poitrine pour se donner plus de contenance puis posa son regard sur lui. « Mais si je me souviens bien, t’avais déjà posé tes conditions la semaine dernière, Rogue. Pas de contact, pas de rouge, tout ça… » Sans trop savoir pourquoi, elle sentit son cœur battre un peu plus fort et le sang monter dans ses joues sans qu'elle ne contrôle plus rien. Heureusement que l'allée était assez mal éclairée pour qu'il ne remarque rien sinon elle serait tout simplement morte de honte. Plus rien ne semblait être pareil alors que les piques s'enchaînaient comme si rien ne s'était passé, peut-être moins dur que d'habitude mais la soirée ne faisait que commencer. Avec toute cette réflexion, elle laissa la bonne occasion de lui répliquer qu'elle était une femme complexe, qui aimait contrôler les choses mais déjà il rajoutait. « Je vais devoir froisser un peu la première requête d’ailleurs, parce qu’on doit bouger et je ne veux pas te perdre en route »

Sourcils froncés, bouche pincée, elle le regarda un instant comme si elle se demandait si le jeu en valait la chandelle, si le fait de le toucher valait vraiment l'endroit où il allait l'emmener. Finalement elle haussa légèrement les épaules et glissa sa main dans la sienne, se plaçant à ses côtés, dos et épaules droits, fixant le mur qui était devant eux. « Tu commences plutôt mal la soirée. J'espère qu'en plus de ça tu n'as pas mis ta chemise rouge la plus criarde sinon je rentre dans la seconde. » Elle tourna la tête vers lui et sans vraiment le vouloir, esquissa un sourire de côté. Elle se reprit bien vite, détournant le regard, bougeant doucement ses doigts coincés dans la main du Gryffondor avant de se concentrer sur autre chose sachant bien que si elle continuait comme ça, elle finirait par avoir les mains moites. Pas très élégant pour un rendez-vous, même si celui-ci n'avait rien à voir avec un rendez-vous galant. « Je sais que c'est un peu tard et que je vais bientôt le savoir mais... on va où exactement ? Et ne me dis c'est une surprise, j'ai horreur des surprises. » Elle avait vraiment le don pour imposer ses décisions, enfant gâtée qui avait toujours habitué à ce qu'on obéit à ses moindres exigences, au quart de tour et avec le sourire même parfois. Clairement, elle n'était pas bien tombée en testant ses ordres sur Pride.

Au grand étonnement de Pride, elle s’exécuta sans trop rechigner, attrapant sa main, glissant ses doigts contre ceux du Gryffondor. Il allait faire un commentaire, d’ailleurs, histoire de diffuser un peu la tension et de ne pas penser à la légère décharge d’adrénaline qui avait couru le long de son bras, mais elle le prit de court en lançant, sans le regarder : « Tu commences plutôt mal la soirée. J'espère qu'en plus de ça tu n'as pas mis ta chemise rouge la plus criarde sinon je rentre dans la seconde. » Elle tourna un peu la tête, alors qu’il l’observait et il cru surprendre un semblant de sourire, l’espace d’un instant. Ils devaient avoir l’air fin, à se tenir la main étrangement au milieu de Pré-au-Lard. Il préféra éviter de penser à ça et bien vite, elle l’aida, lançant alors : « Je sais que c'est un peu tard et que je vais bientôt le savoir mais... on va où exactement ? Et ne me dis c'est une surprise, j'ai horreur des surprises. » Sans pouvoir s’en empêcher, il leva les yeux au ciel, soufflant d’un air blasé. Au fond, ça l’amusait, mais elle était presque prévisible, par moment, même pour lui qui la connaissait mal. « Evidemment, tu n’aimes pas les surprises. J’aurais dû m’en douter. Laisse-moi deviner, tu détestes Noël, tes anniversaires et le chocolat, aussi… » taquina-t-il, peut-être un peu plus doucement que d’ordinaire.

Il n’avait pas envie de lui répondre franchement, cependant, un peu effrayé à l’idée qu’elle le lâche et s’en aille. « On va ailleurs, tu n’as qu’à me suivre... et me faire confiance, vu que j'ai jamais essayé de te tuer, moi » répondit-il simplement, alors, finalement. Inspirant profondément et se concentrant –gros effort pour lui, même si elle ne le savait pas (et tant mieux à vrai dire, c’était mieux pour la confiance)- il porta toute son attention sur la destination et dans un crack sonore, ils disparurent…

… pour réapparaître quelques secondes plus tard sur le Chemin du Traverse, tout en haut, près du Chaudron Baveur. A cette heure, les lieux étaient presque vides, les échoppes étaient fermées évidemment et seuls quelques passants venaient troubler le silence. Soufflant un peu, il porta son attention sur Absynthe, sans réellement lâcher sa main, se mettant à marcher. « Il faut qu’on prenne le métro, juste trois stations, pas grand-chose » lança-t-il en guise d’explication, pointant sa baguette vers le mur séparant le pub sorcier de la rue commerçante magique. Traverser le Chaudron Baveur, trouver un passage piéton, aller dans le métro, ressortir plus loin et se retrouver devant un pub pour assister à un concert. Facile, right ? « Pourquoi tu tentes pas de deviner, en attendant ? » annonça-t-il avec un sourire goguenard, très amusé du fait qu’il lui cassait les pieds, l’entrainant à travers la pièce sombre et presque déserte, passant entre les tables et arrivant finalement dans la rue. Il faisait nuit, ici aussi, mais les lampadaires changeaient la donne, faisant passer la vieille Londres pour une ville ne dormant jamais ou presque. Tant mieux, après tout. La soirée ne faisait que commencer. Rangeant sa baguette, il sortit son portefeuille à la place, attrapant des tickets de métro qu’il gardait toujours, habitué à slalomer entre les deux mondes depuis qu’il était libre, depuis ses dix-sept ans donc. Peu de sorciers ignoraient encore le fonctionnement du monde moldu et, tournant la tête vers Absynthe alors qu’ils attendaient pour le feu de passer au vert, il se demanda si elle avait déjà foutu les pieds par ici, dans le métro londonien ou dans un pub autre que ceux réservés aux sorciers…

« Evidemment, tu n’aimes pas les surprises. J’aurais dû m’en douter. Laisse-moi deviner, tu détestes Noël, tes anniversaires et le chocolat, aussi… » Et les rires, les enfants et le soleil aussi, allait-elle aussi ajouter mais pour faire bonne figure, pour une fois, elle ne rajouta rien. Elle n'aimait pas cet état dans lequel elle se trouvait, ce sentiment de ne rien contrôler, de sentir son cœur battre un peu trop vite, ce stress, pour résumer, commençait à la rendre dingue. Elle commençait à se poser des questions ridicules comme l'état de ses cheveux, le choix de ses vêtements. Questions auxquelles elle n'avait pas la réponse, chose qui la rendait encore plus dingue que d'habitude. « On va ailleurs, tu n’as qu’à me suivre... et me faire confiance, vu que j'ai jamais essayé de te tuer, moi » Lui faire confiance. C'était beaucoup de la part de la jeune femme qui pouvait compter sur les doigts d'une seule main les personnes auxquelles elle faisait confiance. En réalité, il n'y avait que son frère. Même Orion avec qui elle passait énormément de temps n'était pas digne de son entière confiance. Alors lui, c'était un peu trop tôt pour lui demander une telle chose. Pour l'instant, elle allait simplement se contenter de ne rien dire et de trépigner jusqu'à ce qu'il se décide à les emmener. Un crac sonore et une sensation désagréable plus tard, ils se retrouvaient au Chaudron Baveur et elle fronça les sourcils sans comprendre ce qu'il préparait. Par Merlin qu'elle avait envie de le secouer pour qu'il lui dise simplement où ils se rendaient. Ce pseudo suspense la tuait et elle commençait doucement à détester ce début de soirée. Sans lâcher sa main, il se mit à marcher en l'emmenant dans le pub désert puis traversa le salle pour atterrir du côté moldu du monde. Côté qu'elle essayait d'éviter le plus possible quand elle était à Poudlard sauf quand elle était avec Pride apparemment. « Il faut qu’on prenne le métro, juste trois stations, pas grand-chose » Elle se figea un instant, grimaça, décidément cette soirée n'allait pas en s'améliorant.

« Pourquoi tu tentes pas de deviner, en attendant ? » Elle pencha légèrement la tête sur le côté, comme si elle réfléchissait à la proposition et haussa les épaules. Pourquoi pas. Son cerveau se mit tout de suite en marche mais fut interrompu par l'apparition d'un bout de papier blanc dans son champ de vision. Elle le prit, sans trop savoir quoi en faire puis glissa son regard vers Pride. « Compte tenu de tes goûts douteux et ton manque flagrant de classe, je dirais un endroit petit, glauque et que personne ne connaît. » Elle esquissa un sourire moqueur. Se rendant compte qu'elle se transformait petit à petit en lui, elle secoua la tête et replongea dans la contemplation du ticket. « Un endroit à ton image en somme. » Haussement d'épaules puis elle retira enfin sa main de celle du jeune homme, grattant par la même occasion la brûlure encore récente qu'elle arborait, souvenir cuisant de leur rencontre dans les cachots. Elle baissa la tête, comme soudainement honteuse de ce qui s'était passé là-bas mais se reprit aussi rapidement que possible, fixant droit devant elle comme un automate. « Sinon ça sert à quoi ce truc ? » annonça-t-elle en agitant son bout de papier sous le nez du jeune homme, pauvre ignorante du monde moldu.

Il avait tendu une perche et allait probablement se faire frapper, verbalement au moins, en lui demandant de chercher à deviner où ils se rendaient. Où il la trainait. Elle allait sortir toutes sortes de théories fumeuses pour tenter de le rabaisser, probablement, parce que c’était un peu sa signature… La voir en dehors de l’école, pourtant, sans son uniforme et son air renfrogné, sans le chaudron derrière lequel elle se cachait, changeait un peu la donne. Elle ne semblait pas plus facile à approcher, mais elle apparaissait comme un peu plus vulnérable, soudain. Il inspira alors qu’elle ouvrait la bouche, près à encaisser et ne fut pas déçu. « Compte tenu de tes goûts douteux et ton manque flagrant de classe, je dirais un endroit petit, glauque et que personne ne connaît. » Il tourna la tête, assez vite pour voir le sourire narquois. Par merlin, c’était une réplique digne de lui. Pire, elle avait raison. Il secoua doucement la tête, l’observant alors qu’elle reportait son attention sur le ticket qu’il lui avait donné, clé de St-Pierre pour le paradis très relatif qu’était le métro londonien. Enfonçant un peu le couteau, elle ajouta « Un endroit à ton image en somme. » avant de lâcher sa main. Il sentit ses épaules se tendre. Soit, elle prenait les choses comme ça. Planté à côté d’elle, il choisit de ne rien répondre et fit bien car très vite, elle brisa leur silence perdu au cœur du brouhaha de la ville pour demander : « Sinon ça sert à quoi ce truc ? » et à nouveau il tourna la tête pour l’observer, les yeux un peu rond cette fois, manquant de ne pas remarquer le feu qui venait de passer au vert.

Se faisant bousculer, sans la lâcher du regard, il bougea finalement, tendant une main pour pousser légèrement Absynthe, appuyant sa main entre ses épaules histoire de ne pas la perdre dans le flux des habitants de la capitale qui rentraient chez eux. Etait-elle sérieuse ? Elle avait bel et bien secoué son ticket, demandant à quoi ça pouvait servir. « C’est vrai, t’as jamais pris le métro ? » demanda-t-il dans un sourire, avant d’accélérer le pas, l’entrainant alors à sa suite. « Ca risque d’être drôle, alors » souffla-t-il, un peu plus proche, la guidant correctement pour qu’elle le suive dans ce trou peu rassurant qui plongeait sous terre, escaliers bondés là pour donner accès à la rame. Ayant soudain une idée, se retrouvant à marcher très vite dans ce lot de gens parfaitement habitués, il lui jeta un regard par-dessus son épaule, tendant une main pour saisir sa manche et ne pas la laisser se perdre dans la foule. Déterminé, il accéléra encore un peu en déclarant « En fait, tu vas pas en avoir besoin, parce que pour une première fois, il faut faire ça en dehors des lois » et sans lui laisser le choix, il la fit passer devant lui pour la pousser vers un des portillons menant vers les boyaux souterrains. Dans la foule, dans le bordel, personne ne remarquerait, sauf eux. Un peu d’adrénaline, un souvenir, quelque chose d’idiot, le genre de petit crime qu’il commettait sans plus y penser, banals et anodins, bénins surtout. S'appuyant dans son dos, il posa ses mains sur les hanches de la brune et après une seconde pour ajuster, il se servit de l’inertie du mouvement pour la soulever, murmurant un « Saute ! » qu’elle avait intérêt à suivre si elle ne voulait pas se ramasser… l’instant d’après, elle se retrouva de l’autre côté des postes de compostage, son ticket encore intact à la main et Pride la rejoint rapidement, sautant la barrière avec un grand sourire. « Délinquante » lança-t-il, rajustant sa mise, sautant pour remonter un peu son jean et appuyant sur son bonnet pour le ramener sur ses cheveux. Bénin, facile mais drôle. Bénin, ouais, jusqu’à ce que retentisse une voix forte : « HEY, vous là-bas » et Pride fit volte-face, remarquant bien vite l’agent de contrôle bedonnant qui marchait vers eux. « Merde. COURS » lança-t-il alors à la jeune femme. Parce que payer une amende était trop mainstream. Et tellement moins drôle. Saisissant sa main, commençant à se faufiler entre les gens, bien décidé à les perdre dans la foule et dans le dédale, il leva la tête pour voir où il allait, entrainant Absynthe dans sa course folle.

Il riait, pourtant, regardant régulièrement par-dessus son épaule pour croiser son regard. Trop assuré, trop con, trop immature, se souciant trop peu des règles, il la surveillait quand même, ne la laissant pas se perdre et lui frayant un chemin dans ce bordel surement très nouveau pour elle, oubliant qu'elle l'avait cassé un peu plus tôt.

Au regard qu'il lui jeta, elle eut l'impression d'avoir sortit la plus grosses des âneries de l'année. « C’est vrai, t’as jamais pris le métro ? » finit-il par répondre. Elle soupira et voulu lui répliquer que si, bien sûr, elle prenait les transports en communs moldus tout les jours mais elle avait juste envie de passer pour une ignorante face à lui. Elle se retint pourtant, apercevant un sourire sur son visage qui n'annonçait rien de bon et soudainement ils furent en mouvement. Elle sentait la main de Pride dans son dos comme s'il acceptait enfin ses conditions de limiter les contacts physiques sans pour autant la laisser se faire happer par la foule qui s'était mise en mouvement en même temps qu'eux. « Ça risque d’être drôle, alors » finit-il par souffler tandis qu'il la conduisait dans un tunnel qui semblait en toute vraisemblance, mener sous terre. Apparemment le Gryffondor était un habitué de cet endroit car à peine avait-il posé le pied sur la dernière marche de l'escalier qu'il fonçait comme une flèche, esquivant les autres moldus avec facilité tandis qu'elle était tirée derrière lui comme un vulgaire boulet, le bras tendu devant elle, retenu par la poigne du jeune homme. « En fait, tu vas pas en avoir besoin, parce que pour une première fois, il faut faire ça en dehors des lois » Froncement de sourcils de la part de la jeune femme. Elle avait peur de comprendre. Peu habituée au mode de vie des moldus, elle n'eut pourtant pas d'autre choix que de suivre les directives de Pride, même si le fait de penser à lui obéir lui donnait des frissons, de colère sûrement. Sans trop savoir comment, la seconde d'après elle se retrouvait avec les mains du rouge et or sur les hanches tandis qu'il lui murmurait un « Saute ! » qu'elle n'analysa qu'une fois au-dessus des portes. Elle se réceptionna tant bien que mal et quand elle tourna la tête, elle ne put qu'apercevoir le sourire moqueur et amusé du jeune homme qui lui balançait un « Délinquante » et de sauter à son tour.

Nouveau froncement de sourcils. Elle était totalement perdue et cette sensation était aussi agréable que quand elle n'arrivait pas à contenir son cœur de battre trop fort alors qu'elle sentait encore la poigne du jeune homme sur ses hanches. Elle secoua la tête, la pencha un peu sur le côté, comme un chien en quête de réponse mais bien vite, les réponses vinrent à elle. « HEY, vous là-bas » cria un homme bedonnant qui ressemblait vaguement à un policier. Bêtement, Absynthe haussa un sourcil et se pointa elle-même avec son doigt avant de comprendre qu'en effet, ils parlaient bien à eux car Pride ajoutait « Merde. COURS » Et bêtement, elle obéit. Tout aurait été plus simple si elle n'avait posé cette question stupide sur le bout de papier qu'il lui avait donné, si, pour une fois dans sa vie, elle avait accepté les conditions qu'il imposait sans poser de questions, sans essayer de faire sa maligne. Ils coururent pendant ce qui parut à la jeune femme comme étant un long moment, zigzaguant entre les passants qui grognait sur la jeunesse d'aujourd'hui ou qui lançait tout simplement des insultes au vol. Finalement, ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle, le rire de Pride couvrant presque à lui tout seul le bruit des passants et des métros qui passaient non loin d'eux. Il ne fallut que quelques secondes à Absynthe pour reprendre son souffle avant de frapper une première fois le jeune homme. Ce n'était que du plat de la main sur l'épaule et compte tenu de sa force, cela équivalait à une mouche se posant sur un bras mais elle ne se laissa pas démonter et continua tout en lui faisant la morale. « Si tu pouvais te souvenir que tout ce que tu fais, moi je le fais aussi mais en robe ça serait gentil. » Au fond, elle ne voulait pas qu'il voit qu'elle avait apprécier ce petit sprint totalement improvisé. Elle n'avait pas l'habitude des sensations fortes et l'adrénaline qui courait dans tout son corps lui apportait une sensation nouvelle qu'elle adorait, tout simplement. Elle ne voulait juste pas s'avouer que c'était Pride qui lui donnait ce plaisir. Elle soupira bruyamment avant de se laisser tomber sur un banc juste à côté et tout en reprenant, calmement cette fois, son souffle elle ajouta. « Alors c'était le plan ? Me faire courir pour que je sois juste assez fatiguée pour ne pas m'enfuir quand tu m'emmèneras à ton endroit top-secret ? » Elle se prétendait fatiguée mais elle avait toujours assez de force pour balancer des répliques sarcastiques au jeune homme. Elle ne devait pas être si fatiguée au final.

Alors qu’ils reprenaient leur souffle, plantés au milieu d’un quai un peu moins bondé que le reste des couloirs, elle décida de le frapper. Heureusement pour Pride, elle était moins douée en boxe qu’en potions. Il fronça cependant les sourcils alors qu’elle enchainait, lui lançant : « Si tu pouvais te souvenir que tout ce que tu fais, moi je le fais aussi mais en robe ça serait gentil. » et alors qu’elle soupirait avec énormément de grâce –tousse- et qu’elle s’affalait sur le banc avec tout autant de délicatesse –tousse encore- il retint de justesse un commentaire un peu déplacé quant à ce qu’elle pouvait faire pour éviter que la robe ne la dérange. Il avait un léger point de côté qui passa bien vite et il se concentra dessus pour éviter de gâcher entièrement la soirée avec des plaisanteries trop lourdes, trop vulgaires. « Alors c'était le plan ? Me faire courir pour que je sois juste assez fatiguée pour ne pas m'enfuir quand tu m'emmèneras à ton endroit top-secret ? »

Il afficha un sourire dans sa direction. « C’est une idée qui a du mérite, tiens, ça… » souffla-t-il doucement, se penchant un peu en arrière sur ses talons pour guetter. Guetter le métro, la rame qui n’allait pas tarder, guetter le garde bedonnant aussi, même s’il se doutait bien l’avoir semé depuis un moment. Il était de bonne humeur, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse et même si elle semblait décidée à râler toutes les deux minutes, il se tenait à son plan, s’acharnait un peu. « T’inquiète, tu vas vite voir que ça en valait la peine, mine de rien » il était assuré mais il n’y avait aucune vantardise, il pensait simplement que le pub dans lequel il voulait l’emmener valait le détour et que le groupe était bon, qu’il y avait moyen de passer une bonne soirée si elle se laissait un peu faire… Mais après tout, elle se tenait déjà dans les méandres du métro moldu, alors que demandait-il de plus, niveau bonne volonté. Au moins, elle ne l’avait pas pétrifié dans les rues des Pré-au-Lard pour avoir la paix… Un crissement insupportable lui hérissa le dos et il fit rapidement volte-face, voyant la rame à présent là. Presque aussitôt, il se pencha vers elle, attrapa sa manche et la guida à sa suite, lui frayant un passage dans le wagon déjà bien plein. A croire que les gens sortaient réellement, le vendredi soir. Il afficha un sourire vaguement agacé en réalisant que toutes les places étaient prises mais déjà, le métro se mettait en marche et il dû s’accrocher à un pilier en métal situé au milieu, entre eux, puisqu’elle était de l’autre côté. Quelques poignées de secondes plus tard, alors que l’engin freinait et qu’il se retrouvait plus près d’elle, il vint murmurer à son oreille « Au fond, ce n’est pas pire que le magicobus… têtes réduites en moins bien entendu… ». Un sourire retroussait ses lèvres et il le garda jusqu’à la station où ils étaient supposés descendre, se frayer un passage vers la sortie et trouver le pub.

Avec moins de heurts, moins de courses et de fuites, ils se retrouvèrent alors devant un pub dont l’enseigne indiquait ‘ The King Slayer’. Plus qu’à pousser la porte, trouver une table, quelques bières et profiter, le groupe semblant près à commencer, vue la foule se pressant dans le petit espace dégagé près de la scène, des enceintes.

« C’est une idée qui a du mérite, tiens, ça… » Elle fronça les sourcils tout en tordant sa bouche sur le côté comme pour lui dire que, non, ce n'était pas une bonne idée, même si cela venait d'elle. « T’inquiète, tu vas vite voir que ça en valait la peine, mine de rien » Elle n'eut pas le temps de répondre en revanche, un bruit horrible et strident brisant le peu de calme qu'ils avaient réussis à obtenir après leur course-poursuite. Main tendue vers sa poche de manteau où traînait toujours sa baguette, elle observa les alentours pour se rendre compte que personne, à part elle, ne s'inquiétait de savoir d'où venait ce bruit. De nouveau, elle se sentit être traînée contre sa volonté et bientôt Pride la fit monter dans l'immense tube en aluminium qui venait d'arriver -source détectée du bruit strident- sans qu'elle ait son mot à dire. Ils restèrent debout un moment avant que le métro -elle avait réussi à déduire que c'était ce dans quoi elle se trouvait- ne démarre et prise par surprise, faillit tomber sur les fesses dès les premières secondes de voyage. Au dernier moment elle avait quand même réussi à s'accrocher à Pride, première chose qui lui était tombé sous la main à vrai dire, et se cramponna à lui comme si elle allait mourir si elle le lâchait. Le voyage lui paru un peu long collé ainsi au jeune homme, évitant le moindre contact visuel mais sentant toujours autant son cœur battre de plus en plus vite, comme si son corps réagissait encore après ce qu'il s'était passé dans les cachots de Poudlard. Elle piqua un fard à ce souvenir et baissa la tête pour que le Gryffondor ne remarqua rien et toujours tenue par la manche, elle se dirigea vers la sortie. Elle inspira longuement en se disant que c'était normal d'être mal à l'aise face à quelqu'un avec qui elle avait eu un rapprochement brusque et non désiré et se convainquant par la même occasion qu'après ce rendez-vous, tout rentrerait dans l'ordre. « Au fond, ce n’est pas pire que le magicobus… têtes réduites en moins bien entendu… » Elle n'esquissa même pas un sourire pour la forme.

Enfin l'endroit dont le jeune homme ne voulait pas lui parler apparu devant elle et sans réussir à le retenir, elle poussa un soupir de soulagement. Pendant un moment, elle avait vraiment pensé qu'il allait l'emmener dans un coin sombre du côté moldu de l'Angleterre pour la tuer tant elle avait été infernale avec lui. Les lettres du pub, ‘The King Slayer’, s'étalait sur la devanture et sans hésiter, ils entrèrent tout les deux. L'endroit était plus accueillant que la façade ne pouvait le laisser croire et Absynthe fut agréablement surprise mais préféra garder ça pour elle. Elle attendait de voir le groupe qui s'apprêtait à chanter et s'ils étaient bons, elle n'aurait qu'à dire, au pire, qu'ils étaient dans la moyenne. « Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à ça. » fut tout ce qu'elle réussi à dire, sans transparaître que la soirée l'intriguait et qu'elle était plutôt excitée de connaître la suite. Toujours maître de la situation, Pride lui attrapa de nouveau la manche pour se diriger vers une table dans un coin de la salle qui leur permettait pourtant d'avoir une vue imprenable sur la scène. Une fois installée, Absynthe retira sa veste, dénuda pour la première fois ses épaules, se sentant soudainement ridicule d'avoir pris une telle robe pour un endroit pareil, mais le mal était fait. Elle gigota, mal à l'aise sur le banc en cuir pendant un moment avant de détailler la décoration du pub comme si c'était là, la chose la plus intéressante au monde. Pour une fois qu'elle n'avait rien à dire, cela devait juste... gênant.

Elle se retrouva bientôt installée à une table, après qu’ils soient entrés dans le pub. Elle retira sa veste et il fit de même, récupérant son portefeuille et posant le vêtement sur la banquette en face d’elle. « Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à ça. » avait-elle lancée en entrant dans le bar, en découvrant les lieux, ce qu’il préparait pour la soirée, les gens, les musiciens, l’ambiance, et il avait pensé que c’était tant mieux, parce qu’elle semblait agréablement surprise. Lui adorait cet endroit, il n’y venait pas assez souvent à son gout mais il y avait des souvenirs plus qu’excellent et il comptait bien faire de cette nuit un ajout remarquable à la collection. Quoi qu’elle décide, il ne la laisserait pas gâcher le rendez-vous, mais à vrai dire, elle ne semblait plus si prompt à le tuer ou à faire des commentaires froids. Il lui adressa un sourire en voyant sa robe, cernant un peu le malaise soudain. Il se demanda si elle s’était attendue à un restaurant élégant ou quelque chose du genre… surement un tête à tête lourd chez Madame Piedodus… le connaissant, même un minimum, elle aurait dû se douter que cela n’allait pas être le genre de la maison. Il lui adressa un énième sourire. Ici, les gens se foutaient bien qu’elle soit trop habillée ou qu’elle vienne en pyjama, ils étaient là pour boire, danser, écouter le groupe qui se présentait, un peu plus loin, le chanteur se faisant un peu d’ombre avec le dos de sa main, protégeant son regard des projecteurs. « Bonsoir, nous sommes Pandemonium et nous reprenons des classiques des années 2000 à 2010… » annonça-t-il, baissant son bras pour sortir un médiator. « On va commencer par [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], histoire de voir si vous êtes réactifs » lança-t-il, lançant la petite foule déjà présente faire du bruit et commençant presque aussitôt.

Bien vite, le volume monta et Pride qui ne s’était pas encore assit se pencha en avant, au-dessus de la table en bois, pour lancer « j’vais chercher à boire, une bière ça te va ? » il parlait fort, parce que le groupe de ce soir était dynamique, énergique, vivant, c’était de la musique pour danser, pour abuser un peu et oublier le bordel à l’extérieur. Tant mieux, ils en avaient surement besoin, lui pour oublier qu’elle voulait le tuer, elle pour oublier pourquoi elle voulait le tuer. Sans réellement entendre la réponse, il lui adressa un sourire supplémentaire et fila vers le comptoir, sautant la barrière en bois qui barrait son passage pour éviter les marches bondées, adressant ensuite un grand sourire à la petite serveuse pour lui commander deux pintes, qu’il paya avant de revenir vers Absynthe, décidant de virer son pull parce que de toute façon, il aurait très vite beaucoup trop chaud. S’installant, tendant sa bière pour trinquer avec elle, il observa la salle presque pleine à présent, les gens dansant déjà. La soirée commençait tôt et ils étaient arrivés au bon moment, une chance, autrement il aurait pu rater son coup et jamais elle ne l’aurait lâché, probablement. « Vous aimez Arctic Monkeys ? et si on continuait avec [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ? » demanda le chanteur qui sautait dans tous les sens. Au fond, s’il aimait la musique moldue, Pride n’y connaissait pas grand-chose. Il apprenait, à force, se sentant un peu plus à sa place de ce côté de Londres, là où personne ne tiquait face à son nom de famille. « Ça va ? » demanda-t-il subitement à la jeune femme, assez fort. Si elle n’avait jamais pris le métro, elle devait être un peu perdue chez les moldus… l’ambiance était relativement comparable à quelque chose que les sorciers auraient pu faire, c’était une transition raisonnable, mais il voulait tout de même s’assurer qu’elle n’ait rien à lui reprocher, réellement concerné.

À peine furent-ils installés à la table que déjà le concert commençait. « Bonsoir, nous sommes Pandemonium et nous reprenons des classiques des années 2000 à 2010… » Sympathique nom de groupe pensa-t-elle ironiquement. « On va commencer par Dancing Shoes, histoire de voir si vous êtes réactifs » Et là encore, Absynthe gigota sur sa chaise, mal à l'aise, sans savoir quoi faire de ses bras ou de ses jambes. Elle regardait autour d'elle, trop peu habituée à sortir en général que ce soit avec les moldus ou encore avec les sorciers. Elle n'était pas de celles qui sortent, qui s'amusent dans les pubs et qui se déchaînent sur de la musique bien trop forte. Elle n'avait même jamais pris de cuite alors qu'elle atteignait dangereusement les vingt et un ans. Et elle était tout à fait bien avec son image de jeune fille soit disant coincée. Elle n'avait juste pas besoin de boire et de crier toute la soirée pour être bien dans sa peau. « J’vais chercher à boire, une bière ça te va ? » Il avait crié par dessus la table pour se faire entendre et malgré sa question n'avait pas attendu de réponses pour se diriger dans la direction du bar. Et voilà qu'elle se retrouvait désormais, entièrement seule dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, assourdie par une musique, certes entraînante, mais encore bien trop forte pour ses oreilles novices. Elle grimaça un peu avant de chercher Pride du regard. Elle le trouva facilement compte tenu de la foule qui commençait à se presser les uns contre les autres au rythme de la musique. Elle observa le moindre de ses gestes, comptant presque les secondes qu'il mettait pour revenir avec les verres de bière et l'adresse qu'il détenait pour slalomer entre tous les corps mouvants sans renverser une seule goutte sur la route.

De retour à la table, il lui tendit sa bière et pendant un moment se retrouva un peu bête devant le verre, ne sachant pas trop si elle devait le remercier ou si elle devait se cantonner à son rôle de princesse des glaces. Le chanteur du Pandemonium fut plus rapide qu'elle pour répondre « Vous aimez Arctic Monkeys ? et si on continuait avec When The Sun Goes Down ? » Et la foule applaudit tandis que sur le visage de Pride se dessinait un sourire de gamin. Elle l'observait sans qu'il ne le remarque, descendant sa bière plus vite que lui, ne se rendant même pas compte qu'elle avait déjà vidé la moitié du verre avant qu'elle ne reprenne sa respiration. Immédiatement après, ses joues s'empourprèrent et une chaleur agréable s'installa au creux de son estomac. L'alcool faisait déjà son effet et un sourire un peu bête étira ses lèvres. « Ça va ? » s'enquit-il, parlant toujours aussi fort pour couvrir la musique. Elle haussa distraitement les épaules tout en penchant la tête sur le côté. « Après tous les scénarios que j'ai pu imaginer, ce n'est pas le pire d'entre tous. » Elle était tout bonnement incapable de lui dire que oui, pour l'instant, elle passait une bonne soirée. Elle n'avait tout simplement rien à redire. La musique était bonne, l'endroit n'était ni glauque, ni puant, de plus l'alcool aidant, elle était beaucoup moins chipoteuse sur les détails. Et puis, le drame survint sous la forme d'une jeune femme blonde, serveuse de son état dans le pub qui s'approcha trop vite et trop près de Pride. De là où elle se trouvait, Absynthe ne pouvait pas entendre ce qu'ils se disaient mais, sans trop savoir pourquoi, elle ne supportait pas de la voir se pencher autant pour lui parler au jeune homme. Lui ne faisait pas ça pour parler à la Serpentarde alors pourquoi se sentait-elle obligée d'être à moins d'un centimètre de son visage pour qu'il l'entende. D'un pas décidé, légèrement chancelant mais décidé, elle se leva et fit le tour de la table. Arrivant derrière la serveuse, elle trébucha, du moins c'est ce que tout le monde cru quand le verre à moitié vide se renversa dans son dos et sur ses cheveux. « Oups. » lâcha-t-elle, un sourire tout à fait incongru peint sur le visage. Alors qu'elle continuait son chemin, elle posa son verre désormais vide sur le plateau que la serveuse tenait toujours et la fusilla presque du regard, n'ayant clairement pas besoin de mots pour parfaire sa pensée. Puis continuant dans sa lancée, elle attrapa la manche de Pride pour l'entraîner vers la foule, sans trop savoir exactement pourquoi elle faisait ça.

Blame it on the alcohol.

Elle buvait vite mais elle ne semblait pas détester la soirée. A vrai dire, elle n’était pas encore totalement à l’aise dans cet endroit nouveau mais elle n’avait pas l’air prête à faire un commentaire désagréable. Il commençait à la connaître, à pouvoir identifier son expression lorsqu’elle s’apprêtait à lui en envoyer une dans les dents et même s’il ne savait pas toujours contrer, au moins il s’y attendait, c’était déjà ça de prit. A sa question, elle se décida à répondre, lançant dans la musique un « Après tous les scénarios que j'ai pu imaginer, ce n'est pas le pire d'entre tous. » et elle haussa les épaules, l’air de rien. C’était un compliment, très bien déguisé mais c’en était un et Pride sourit un peu plus fort, buvant à son tour, la rattrapant pour qu’elle ne se sente pas seule. L’alcool lui faisait cependant surement moins d’effet qu’à Absynthe, qui avait déjà les joues un peu rouge, le regard un peu brillant et ce en dépit de la pénombre du bar. Il dû cesser de l’observer bien vite, pourtant, car la serveuse s’approcha avec son plateau, surement là pour ramasser quelques verres. Il la connaissait, à force de venir, surement parce qu’il n’était pas le plus laid de ceux qui lui glissaient des sourires, ou bien simplement parce qu’elle désespérait peut être de croiser quelqu’un s’approchant plus de son âge que de la trentaine, dans cette foule. Quoi que, ce soir l’auditoire semblait jeune… toujours est-il qu’elle s’approcha et que pendant quelques instants, Pride détacha son attention d’Absynthe, se concentrant sur ce que la jeune fille racontait, un peu trop près de lui peut-être. Il ne vit pas la Serpentard se lever mais bien vite, un cri outré attira son attention. La brune avait trébuché et la serveuse était à présent couverte de bière. Il aurait pu croire un accident, si elle n’avait pas été… elle, mademoiselle précision, et sans le « Oups. » qu’elle ajouta rapidement ensuite. Il arqua un sourcil et se sentit entrainé vers le devant du pub, vers la scène.

Sans trop réfléchir, il attrapa sa pinte encore à moitié-pleine, l’emportant avec lui alors qu’Absynthe le tirait et qu'il articulait un « Désolé !» à peine audible en direction de la serveuse maintenant agacée et trempée de bière. Il devait rêvé, ou bien il avait du mal à ajuster. Etait-ce de la jalousie qu’il venait de voir ? Pire, de la possessivité ? Prenait-elle les devants à présent ? C’était le monde à l’envers mais bientôt, il se retrouva contre elle, dans la fosse, levant son verre pour le terminer, le posant sur la table la plus proche et reportant ensuite son attention sur la jeune femme qu’il avait fait venir d’Ecosse. Il n’eut pas le temps de faire de commentaire cependant, quant à la petite scène à laquelle il venait d’assister tant ça semblait déjà loin, moment chassé par l’énergie de la soirée. Une autre chanson passait, dans le fond, toujours aussi dynamique et entrainante, assez pour le griser, pour lui donner envie de bouger, de relâcher cette vigilance constante dont il faisait preuve pour contenir son hyperactivité. Il était loin de l’ivresse, encore, contrairement à Absynthe mais l’idée le fit rire. Dans le brouhaha de la petite foule surexcité, Pride reconnu la nouvelle chanson que le groupe entama et se retenant de sauter sur place, il se pencha vite en avant pour dire à l’oreille de la Rogue « C’est genre, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] préférée. Bienvenue dans un petit bout de mon monde » et sans autre forme de procès, il posa ses mains sur la taille de la brune pour qu’elle danse avec lui, encore sage dans ses gestes, ne pouvant s’empêcher de penser aux baisers échangés dans les cachots mais ne voulant pas tout gâcher, pas lorsqu’elle semblait s’amuser, se lâcher un peu.

Elle soupira en l'entendant s'excuser. Comme si elle avait besoin de lui pour passer derrière elle et présenter des excuses qu'elle ne pensait même pas. Elle leva les yeux au ciel en se frayant un chemin dans la foule à coup d'épaules et de forcing. Et puis, soudainement elle se stoppa, comme si elle venait d'atterrir sur une autre planète et qu'elle la découvrait pour la première fois. Les gens se poussaient autour d'elle, le sol semblait tanguer et les flashs des lumières lui agressaient la rétine mais sans trop savoir pourquoi, elle paraissait attirer par ces derniers. Une voix derrière elle la remit quelque peu sur pied et elle entendit vaguement un « C’est genre, ma chanson préférée. Bienvenue dans un petit bout de mon monde » Et sans vraiment s'en rendre compte, elle sentit les mains du jeune homme sur ses hanches et se laissa bercer par le rythme de la musique et le déhanchement que lui imposait gentiment le Gryffondor par une simple pression de ses mains. Elle cala son rythme sur le sien, se laissant guider par des notes qu'elle ne connaissait, son jugement altéré par l'alcool qui parcourait déjà ses veines. Peu habituée à boire, il ne lui fallait vraiment pas beaucoup pour qu'elle se laisse aller à la pire des folies, bien qu'elle n'en soit pas encore arrivé à ce stade. Elle n'était qu'en train de danser avec Pride, rien de bien méchant. Même si, sans vraiment le vouloir, son corps se rapprochait inlassablement du sien, que ses gestes devenaient plus langoureux, qu'elle osait le toucher comme elle l'avait fait dans le cachot il y a à peine une semaine de cela. Main posée sur le torse du descendant Fudge, elle se laissait captiver par ses grands yeux bleus sans trop savoir ce qu'il lui arrivait.

Sans trop savoir comment, elle se retrouva avec une autre pinte dans les mains. Peut-être venait-elle de la prendre sur la table qui se trouvait près d'elle, peut-être était-ce le jeune homme qui lui avait donné, elle n'aurait su dire. Tout ce qu'elle savait c'était que plus l'alcool affluait, plus elle se sentait bien, libre, sans barrière de bonne conduite pour l'empêcher de faire quoi que ce soit qui ne serait pas typiquement Serpentardesque. Elle avait chaud mais elle s'en fichait, elle releva lentement ses cheveux sans jamais sortir du rythme qui la berçait, fermant un peu les yeux, sachant très bien que si elle finissait par glisser ou faire quelque chose qu'elle regretterait, Pride était là pour la soutenir. C'était assez étrange de sa part de se reposer sur quelqu'un, surtout sur le Gryffondor mais comme lors de leur dernière rencontre, elle n'était pas vraiment dans son état normal et il lui suffirait de nier tout en bloc, mettant son comportement déviant sur le compte de l'alcool comme elle blâmait la potion gélatineuse d'Amortentia de l'avoir forcée à se rapprocher de lui. Elle portait encore les souvenirs douloureux de son réveil grâce au feu sous le chaudron et la cicatrice qu'elle avait lui rappelait la honte qu'elle pouvait ressentir quand elle repensait à son attitude. Honte qui ne tarderait à revenir si elle continuait la soirée comme ça et qui n'échapperait au jeune homme qui n'allait sûrement pas laissé pareille occasion pour la faire chanter ou pire encore.