Cléo bailla. Dire qu’il était crevé était encore faible. Depuis la nuit dans le parc il n’avait que très peu dormi, et comme il ne pouvait pas se permettre de sécher les cours sous peine de paraitre louche… Le seul point positif, c’est qu’à présent tout le monde parlait de l’Ombre. C’était devenu le sujet numéro un de conversation et Cléo résistait difficilement à laisser un sourire de fierté trainer sur ses lèvres chaque fois qu’un élève abordait le sujet. Ils avaient quand même bien réussi leurs coups… Ils avaient bousillé le château, bousillé ce semblant de calme, brisé l’illusion de sécurité… A présent la tension était palpable. Nul doute que certains élèves allaient se rassembler pour les contrer, mais ils seraient si peu… Cléo était bien content d’avoir choisi l’Ombre. Il était évident que c’était là le camp des vainqueurs, et il est bien connu que l’Histoire est écrite par les gagnants. C’était le début d’un combat… Même si le Serdaigle ignorait encore quelle ampleur il prendrait.
Il traina des pieds jusqu’au hall dans l’espoir de trouver un coin calme où étudier, et s’installa finalement à une table où se trouvait déjà quelques Poufsouffles. Eux au moins ne l’emmerderaient pas. Il ouvrit son sac pour sortir ses livres de potions avant que son regard ne tombe sur le livre de Bulgare qu’il avait emprunté à la bibliothèque. Hum. Pourquoi pas. Il s’en empara et l’ouvrit au sommaire. Apprendre le Bulgare… quelle idée de con. Mais il avait tellement envie de prouver sa valeur qu’il se savait capable de tout. C’est donc avec une énergie nouvelle qu’il prit un parchemin, son encre et une plume, et qu’il commença à griffonner quelques accords de conjugaisons et traductions. Il s’était juré que, lorsqu’il reverrait Sixte, il parlerait le Bulgare comme si c’était sa propre langue. On peut toujours rêver ! Mais il était quand même assez confiant.
« Non mais sérieusement, fermez-là! » Cléo sursauta, sa plume dérapa sur plusieurs centimètres et il fusilla aussitôt du regard celui qui venait de se lever juste à côté de lui. Toi ferme la ! Sale blaireau sans neurone ! Tu viens d’me foutre en l’air ma phrase ! Cléo s’abstient néanmoins de tout commentaire, observant que le jaune et or semblait déjà suffisamment en colère par… par quoi au juste ? Le Serdaigle observa ce dernier s’approcher d’un groupe de Serpentards qu’il n’avait jusqu’à maintenant même pas remarqué. « Vous croyez vraiment que c’est un jeu? Des gens vont souffrir, certains vont connaitre la mort, et tout ça pour de simples questions d’élitisme! Sérieusement, on se laisse marcher sur les pieds par des connards de voyous qui trouve ça comique de vandaliser le château comme s’il s’agissait d’un simple parc de moldus, et personnellement, j’en ai marre. Les profs ne font rien, la direction ne fait rien. C’est à nous de changer les choses. Si on veut se faire respecter, on doit se lever nous-mêmes! » Aha, la blague. « Ta gueule Stones! Les sangs-de-bourbes vont payer! » Lui répondit aussitôt un des verts et argents, créant ainsi une vague de rire générale dans la salle. Cléo, lui, ne riait pas. Son cerveau tournait à plein régime. Ce « Stones » lui offrait une opportunité intéressante… Se pouvait-il qu’il fasse partie de l’Ordre ? Le Serdaigle se mordit la lèvre inférieure, en pleine réflexion. C’était une bonne occasion pour fouiner la zone ennemie, non ? Il se leva à son tour, prenant un air furieux. Par chance, il connaissait le nom du Serpentard. « S’en prendre aux nés moldus, c’est passé de mode Macgray. L’Ombre n’est qu’une bande de dégénérés consanguins qui veulent faire comme leurs parents, et comme leurs parents ils vont finir par se faire exploser la gueule. »