Les choses ne se déroulent pas toujours comme on le pense. Ou peut-être que si justement, mais ça ne se passe pas exactement comme on le voudrait. Voilà des semaines que Vassil tentait une approche avec Salamandra Malefoy ; il la faisait rire, discutait, l’écoutait, ne manquait pas une occasion de la voir… en vain. La vipère, bien qu’amicale, tenait assez ses distances pour ne pas craquer. Et alors qu’il avait fini par se résoudre à l’idée que cette relation en resterait là, elle l’avait appelé, en pleine nuit, parce qu’elle avait besoin de parler. Comme il n’avait rien de plus intéressant à faire et que, il devait bien se l’avouer, cette fille l’attirait, le Lion avait répondu à l’appel. Elle était passée de la colère à la tristesse, des larmes au rire, du rire à ses lèvres. Et là, tout avait dérapé. Le Bulgare s’était laissé aller à la tendresse et tout en glissant les mots les plus doux à l’oreille de la Verte et Argent, il l’avait déshabillée. Leur étreinte charnelle avait duré jusqu’au petit jour. Ils n’avaient même pas dormi. Il n’y avait eu ni précipitation, ni sauvagerie, c’était comme si les deux amants s’aimaient depuis toujours. Foutaise ! Elle était promise à un autre, il ne laissait jamais son cœur prendre le dessus. Cependant, durant l’espace d’une nuit, les deux âmes s’étaient nourries l’une de l’autre dans le plus profond des respects.

A l’aube, les deux élèves s’étaient quittés d’un dernier baiser… pour ne plus se parler par la suite. Cela faisait deux semaines déjà que cette folle nuit s’était déroulée et ils n’avaient plus échangé un mot. Pire même : ils s’évitaient. Honte ? Gêne ? Regret ? Pour Vassil, ce n’était rien de tout ça. Mais, pour le bien de tous, il savait qu’il devait tenir sa langue et éviter de fréquenter la descendante Malefoy. Tout d’abord, Pride ne lui pardonnerait jamais. Ensuite, Sally aurait des ennuis avec ce crétin d’Aymeric. Enfin, leur relation ne regardait personne. Malgré ça, le silence pesant qui s’était installé entre eux ne plaisait guère au Rouge et Or. Il voulait savoir… pourquoi agir de la sorte ? Après tout, c’était elle qui l’avait invité, elle qui s’était donnée à lui. Qu’avait-elle ressenti ? Aujourd’hui, ne pouvaient-ils pas être de simples amis ? Tirer un trait sur cette histoire ? Il décida donc de coincer la Vipère dans les cachots, alors qu’elle était seule.

Tapi dans l’ombre, il attendit près d’une heure. Et enfin, la blonde apparut, seule. Il ne savait pas d’où elle venait, mais elle semblait vouloir rentrer dans sa salle commune. Plus vif que jamais, il l’attrapa par le bras et la tira dans une classe déserte. Ca n’avait pris qu’une fraction de seconde. Il referma la porte derrière eux et lui dit :

« Ici, tu ne pourrrras pas m’échapper. Je veux savoirrr Sally… savoirrr pourquoi tu t’es laissée fairrrre si c’est pour ne plus m’adrrrresser la parole ensuite. »

Il plongea son regard émeraude dans celui de son opposante. Elle était belle. Il se souvint de son visage en sueur lors cette fameuse nuit, de son corps nu, si fragile, si délicat. Dans d’autres circonstances, il aurait souri, mais pas ici. Il était bien décidé à obtenir une réponse franche et sincère et ne la laisserait pas repartir tant que ce ne serait pas le cas.

« Je t’ai prrrromis que je ne dirais rien, ça ne suffit pas ? A force de s’ignorrrer comme ça, il est cerrrtain que l’on va éveiller les soupçons. Et puis, même si on n’en parrrle plus, un moment comme ça, ça ne s’oublie pas… Moi je ne l’oublierrrai pas en tout cas. »

Vassil s’avança un peu vers la jeune fille en gardant toutefois ses distances. Il luttait contre son envie folle de l’enlacer et de l’allonger sur le sol pour mieux la caresser. Il se sentait relaxé avec elle, il n’était pas dans la prouesse sexuelle, mais dans la communion des corps. Ca changeait de certaines tigresses sauvages. Mais, bien conscient qu’elle n’était pas aussi libre que lui, il resta sagement à sa place, sans même tenter une quelconque approche. La Belle avait un avenir tout tracé, presque la bague au doigt, elle ne pouvait se laisser aller à des écarts de conduite. Et lui, il ne l’aimait pas assez pour en tomber amoureux. Il aspirait juste à passer de nouveaux instants au creux de ses bras, rien de plus. Alors, autant ne pas tenter le diable.

« Si tu le souhaites, je te laisserrrrai trrranquille après, mais il me faut une réponse. Maintenant. », son ton s’était fait un peu cassant. S’il ne pouvait plus obtenir d’elle que du mépris ou de l’indifférence, alors autant que ce soit bref. Il y avait des tas de filles à Poudlard, il passerait son temps avec une autre. Bien entendu, ce ne serait pas la même chose… Mais au moins, il serait mieux traité que par la vipère. Il ne lui avait jamais demandé son cœur, ni même le reste d’ailleurs. C’est elle qui avait fait le premier pas. Il fallait qu’elle assume et il serait de nouveau là pour elle.

Cela faisait plusieurs nuits que je n’avais pas eus la chance, ou la malchance de dormir dans mon dortoir. D’un côté je dormais toujours mieux dans ce lit que j’occupais depuis le début de l’année, de l’autre, là-bas, j’étais obligée de subir les discussions et remarques désagréables de mes camarades de maison. Et ça, je ne supportais plus. Il fallait tout le temps qu’ils parlent, qu’ils saturent l’atmosphère avec la mélopée tonitruante de leur voix… J’avais besoin de silence, j’avais besoin de m’évader. Je passais donc mes soirées, mes nuits, dans la salle du miroir du Rised. J’y voyais mon avenir, mon avenir rêvé, un avenir impossible, je le savais bien. Mais cela me faisait du bien, de me dire qu’il existait un endroit, un rêve, un rêve lointain, bien enfoui au fond de moi où ma vie serait parfaite, où tout ce que j’imaginais étant enfant était réel… Une famille magnifique… Un mari de sang pur, un Tobias Lestrange en plus gentil, en moins destructeur, deux enfants, une mini moi, un mini lui… Et l’absence de cette épée de Damoclès qu’était ma lycanthropie au-dessus de la tête… Je me sentais libre, heureuse mais ce n’était pas vrai. Le matin venu, cela serait terminé et je retomberai dans les bras de ma vraie vie… Je dormais à même le sol dans la salle du miroir, j’avais mal au dos, mal partout… Et j’étais fatiguée, terriblement fatiguée. Les élèves de serpentard devaient déjà être dans la grande salle en train de prendre leur petit déjeuner. Moi j’avais l’intention de refaire une nuit, dans un vrai lit cette fois ci. Au moins, je n’allais pas croiser le regard mauvais des élèves au réfectoire et pendant les cours que je suivais de moins en moins. Mais apparemment quelqu’un en avait décidé autrement et lorsque je me préparais à prononcer le mot de passe permettant l’accès à la salle commune je fus attirée dans une salle. Surprise je laissai échapper un léger cri :« Mais ! » Par la suite, je reconnu la personne qui m’avait arrachée à mon sommeil proche :« Aie Vassil tu me fais mal ! Lâche-moi ! » Grognai-je avant de me dégager furibonde. Je me demandais réellement ce qu’il faisait là… Ce n’était pas comme si cela faisait des semaines que je tentais d’éviter tout contact avec lui… « Mais bon sang qu’est-ce que tu fais là on aurait pu nous voir ! » Repris-je en fronçant les sourcils. Je tentais de paraitre dure, froide, détachée mais je devais avouer que je ne pouvais pas oublier ce qu’il s’était passé entre nous lors de cette soirée, où, effondrée après une énième dispute avec Aymeric je m’étais retrouvée à broyer du noir dans les dortoirs. Je n’avais pas résisté à l’appel de son corps… Je m’en voulais mais en même temps j’aurais bien voulu pouvoir dire que je regrettais. A part que ce n’était vraiment pas le cas.

Et c’était bien ça le pire… J’avais l’impression que si je me mettais à lui parler à nouveau, j’allais craquer une nouvelle fois et je ne le devais pas. Même si entre Aymeric et moi ce n’était pas la joie je n’aimais pas être infidèle. Je faisais en sorte d’éviter son regard, de me reculer le plus possible pour ne pas me sentir attirée. Mais il faisait tout pour me déstabiliser, il voulait des réponses, je le comprenais mais moi je ne savais même pas quoi lui dire. En plus, son accent de l’est me faisait vraiment bien trop d’effet. Relevant les yeux vers lui je tentais de rester froide, de ne pas craquer. « Vassil… Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » Lâchai je en soupirant doucement. J’étais plutôt embêtée de devoir me justifier. Mais il avait le droit de savoir et je devais avouer qu’il me manquait beaucoup. Nous avions appris à être amis et sa présence me manquait terriblement. Avant de le voir s’énerver je m’appuyai contre une table abandonnée dans la salle et repris doucement : « Comment veux-tu que j’oublie cette nuit ? C’était… Inoubliable. Mais, à chaque fois que je te vois dans la même pièce que moi j’ai l’impression que toutes les personnes présentes dans la pièce lisent ma culpabilité sur mon visage. J’ai l’impression d’avoir le mot infidèle marqué sur le front. » Je baissai les yeux, plutôt déçue de me voir si faible fasse à lui si fort. Et encore, il restait calme, il restait le gentleman qu’il avait été depuis que nous nous connaissions… Je ne pouvais décidemment pas lui tourner le dos, lui dire de me laisser tranquille. Cela ne se faisait tout simplement pas. Il avait été là alors que je n’allais pas bien je lui devais une fière chandelle. Je fis un léger sourire, ne voulant pas perdre totalement contenance devant lui et repris : « J’étais perdue, je n’aurais jamais cru me laisser aller ainsi mais voyons, je ne suis pas encore idiote, je ne veux pas que tu me laisses tranquille mais… Si jamais Aymeric l’apprenait… Si jamais les autres l’apprenaient… J’ai déjà une sale réputation mais je ne veux même pas imaginer ce que cela serait… » Je me demandais depuis quand j’avais peur du jugement des autres, ce n’était pas moi tout ça, et même si je tentais de faire comme si rien ne m’atteignait, ce n’était bien sûr pas le cas.