Vous savez, la mégalomanie c'est de famille, c'est génétique, c'est une sorte de poison. Lucrezia c'est un peu comme son oncle: elle s'aime et elle ressent le besoin de se faire aimer, mais alors de manière compulsive. Lockhart, ça vous dit bien quelque chose non ? Ah oui ! Gilderoy Lockhart ! Le célèbre écrivain, plus si célèbre que ça lorsqu'on découvrit que tout ce qu'il avait écrit n'était absolument pas sorti de sa tête...
Penchons nous sur les membres de la famille Lockhart, enfin les plus jeunes sinon on ne s'en sortirait pas. Guilderoy donc, eut un frère un peu plus jeune que lui, de quatre ans très exactement. Ce cher frère fut appelé Lancelot par ses parents, non mais quel nom totalement idiot. Ce fameux Lancelot développa très rapidement une fascination pour les moldus et le comble du comble fut lorsqu'il unit sa vie à une des leurs alors qu'il n'avait que 20 ans... Vous voyez le genre ? Il devint alors le vilain petit canard de la famille, la personne tabou, celui dont on ne devait absolument pas parler à papa et maman Lockhart. Lancelot s'en fichait pas mal, il leur crachait son bonheur à la figure, comme oui il était l'homme le plus heureux du monde ! Marié à l'âge de 20 ans à une moldue répondant au doux nom de Anne, quelques mois après leur union, voilà qu'elle portait déjà leur enfant. Papa, il allait être papa. La fierté était un sentiment tout nouveau pour lui et il se rendit compte que cela n'était pas désagréable. Anne, elle, avait 23 ans. Déjà épouser une femme plus vieille que soi, surtout en étant un homme, était une chose inconcevable pour la famille Lockhart.
Lorsqu'Anne expulsa enfin son enfant, Gilderoy devint encore plus amer envers son frère quand il découvrit que sa femme avait donné naissance à une fille. Il s'amusa de la situation, annonçant royalement qu'il n'était même pas capable de continuer la descendance de la famille en ayant un mâle. Une fille s'était si grotesque ! En plus elle n'était même pas jolie d'après le grand Lockhart... Vraiment n'importe quoi...
***
Huit ans plus tard...
-PAPAAA !!! Pourquoi les messieurs en blouse blanche ils emmènent maman ?? Dis moi papa !!Lucrezia pleurait à chaud de larme, sa voix s'étranglait à certains moments. Sa maman partait et elle ne savait pas où. Son père se passa les mains sur le visage, son regard était triste et ses traits tirés. Lancelot regarda les deux hommes de l'asile ceinturer sa femme alors qu'ils l'embarquaient, comme ils avaient dit, pendant qu'Anne agitait des bras suppliant vers son mari. Il eut le coeur déchiré par cette vision. Il s'approcha de quelques pas de sa fille et plaça une main sur son épaule:
-Maman est fatiguée ma chérie, elle va partir en vacances pendant un certain temps...Il détestait lui mentir. Mais comme dire à une petite fille de huit ans que sa mère était atteinte de schizophrénie ? Oui, comment ? Et surtout, comment pouvait-il lui expliquait en quoi consistait cette maladie ? Il n'en avait pas la force, tout simplement. A cet instant, il se vit lâche et voyait déjà son frère Gilderoy rire à gorge déployée en traitant sa femme de folle furieuse, comme il l'avait toujours fait... Sauf que cette fois, il n'avait pas tout à fait tord. Il secoua la tête et se rendit compte que sa fille l'observait à la dérobée. Elle tendit ses petits bras vers lui et il la serra contre lui:
-Quand reviendra-t-elle à la maison papa?-Je ne sais pas mon trésor... Je ne sais pas...Il l'entendit renifler et sentit les larmes couler le long de son coup. Il resta un instant de plus à serra contre lui ce corps si fragile. Pour Lucrezia, il ferait tout et n'importe quoi. Elle était sa fille, le fruit de l'amour qu'il avait partagé avec Anne. Comment avait-il fait pour ne pas se rendre compte de ce qui lui arrivait ? Il était vrai que lors de leur rencontre et les années qui suivirent, elle avait certaines fois fait preuve de bipolarité, cela arrivait si soudainement que Lancelot en était toujours surpris. Mais il ne s'était jamais alarmé plus que ça. Les médecins lui avaient expliqué que le tout avait évolué petit à petit... Si aujourd'hui sa schizophrénie était bien visible, c'était dû à un évènement que le cerveau d'Anne avait jugé traumatisant. Lancelot avait réfléchi, et puis il avait trouvé. Deux mois plus tôt, elle avait fait une fausse couche et elle était persuadée que l'enfant était un garçon. Depuis, son état s'était aggravé. Il ne voyait que cette explication; on lui avait dit que c'était fort probable. Il s'était contenté d'hocher la tête, bêtement.
Quatre mois après l'internement de sa femme, le père de Lucrezia annonça subitement qu'ils allaient vivre avec oncle Gilderoy. A ce moment là, Lucrezia lâcha la cuillère qu'elle tenait dans sa main et ses yeux devinrent ronds de surprise. Noooon pas oncle Gilderoy !!! Elle ne l'aimait et lui aussi ne les aimait pas ! Elle le savait, il l'avait assez démontré. Pourtant son père lui assura que la proposition venait de l'homme lui même. La petite fille en fut encore plus surprise. Dans un premier temps, elle ne voulut pas quitter la maison où elle avait tant de souvenirs avec sa mère. Puis après réflexion, elle se rendit compte que ces souvenirs lui faisait mal... Car sa mère n'était plus à la maison. Elle accepta finalement de partir pour la grande et vaste maison d'oncle Gilderoy. Lorsqu'ils arrivèrent, l'homme serra son frère dans ses bras d'une façon si théâtrale que Lucrezia se dit que c'était trop gros pour être honnête. Puis il passa à sa nièce et l'observa un moment avant de déclarer:
-Elle ressemble beaucoup à sa mère... Mais elle a les yeux des Lockhart ! Allez viens faire un câlin à tonton Gilderoy ! La fillette haussa les sourcils mais finit par avancer prudemment et se coller contre son oncle:
-Voilà ! Tu vas voir, on va bien s'entendre ! Lucrezia avait des doutes sur cette dernière phrase, enfin sur le coup, car elle se rendra vite compte que côtoyer son oncle avait certains avantages non négligeable, surtout lorsqu'on tendait à devenir une jeune fille exigeante et garce...
Quatre ans plus tard...Lucrezia entra dans la chambre de son père et vint se planter devant le lit. Lancelot dormait encore alors qu'il était 10H00. Cela ne lui ressemblait pas beaucoup, mais depuis quelques temps c'était assez fréquent. Elle tira violemment sur les couvertures et ouvrit la fenêtre; un froid glacial s'engouffra aussitôt dans la pièce. Son père se releva d'un bon en hurlant, traitant sa fille de sale peste; elle en fit facilement abstraction et lorsque son père fut calmé, alla refermer la fenêtre et s'assit à côté de lui sur le lit:
-Papa... Dis moi la vérité maintenant. Maman... Elle ne va pas bien du tout n'est-ce pas?Lancelot la regarda avec surprise, mais constata que sa fille était très sérieuse et qu'elle ne lui ficherait pas la paix tant qu'il n'aurait pas répondu à sa question. Il soupira et hocha la tête de façon à confirmer les doutes de son enfant:
-Est-ce qu'elle est folle?Il la secoua alors:
-Non mais que t'as dit ça ?! C'est faux t'as mère n'est pas folle !-C'est oncle Gilderoy qui a dit que maman était internée car elle avait totalement pété une durite...Lancelot secoua doucement la tête, indiquant ainsi à sa fille qu'il n'en était rien. Il détestait vraiment son frère. En quoi toute cette histoire le regardait-il ? Ce n'était pas sa femme et il n'avait aucun avis à émettre. Ce que faisait le plus mal, c'était que Gilderoy puisse croire que Anne était une folle... Car lorsqu'elle était vraiment elle, la mère de Lucrezia et la femme qu'il aimait, elle ne l'était pas, elle avait toute sa tête, elle souriait même !
Alors, pourquoi avait-il ouvert sa grande gueule ? Pourquoi infliger ça à Lucrezia, sa nièce ? Il n'avait donc aucun respect pour les autres membres de sa famille ? Non, ce n'était pas possible. Et pourtant... A présent Lancelot était quasi-certain que son frère ne les aimait pas, qu'ils n'étaient qu'une sorte de distraction pour lui, qu'il riait de leur malheur et qu'il prenait plaisir à cracher sur sa femme. Il attrapa sa fille par les épaules et la serra contre lui. Lucrezia se débattit un moment avant de repousser délicatement son père, lui souriant la seconde d'après. Elle avait confiance en lui:
-Alors... Qu'est-ce qu'elle a ?Il soupira:
-Les médecins appellent ça un dédoublement de la personnalité.Les yeux de Lucrezia s'agrandirent. Elle porta une main jusqu'à sa bouche et un air horrifié passa sur son visage. Elle avait déjà entendu le terme technique pour désigner cette maladie, un mot très compliqué à écrire: la schizophrénie. Alors c'était ça... C'était pour ça que sa mère était enfermée et c'était pour cela qu'elle ne pouvait aller la voir qu'à des heures précises, quand elle n'était pas sujette à des crises... Ce n'était pas possible. Elle ne s'était rendu compte de rien, elle n'avait rien soupçonné. Plusieurs sentiments la submergèrent. D'abord la peine; elle avait de la peine pour sa mère, ne plus savoir qui on était réellement, devoir supporter cet endroit alors qu'il y avait des moments où elle était exactement la même que dans les souvenirs de Lucrezia: une maman aimante. Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux mais, ne coulèrent jamais sur ses yeux. Son père s'en rendit compte. Il voulut la prendre une seconde fois dans ses bras mais elle se dégagea. Car le deuxième sentiment qu'elle ressentit fut la colère. Une colère qui allait tout droit contre son père. Elle se leva du lit et se mit à faire les cents pas, revint se placer en face de lui et hurla:
-Mais pourquoi tu ne m'as rien dit ???Ce fut le tour de Lancelot d'être surpris, il ne s'attendait pas à une telle réaction de la part de sa fille; il aurait pensé qu'elle comprendrait la situation. Qu'elle était assez intelligent pour comprendre qu'il ne voulait que son bien, comme celui de sa mère:
-J'ai fait ça pour te protéger !! -Non, tu as fait ça pour TE protéger, c'est différent ! Au fond de toi, tu as honte de maman, non ? Tu ne l'as plus aimée lorsqu'elle est devenu... Tu ne vaux pas mieux qu'oncle Gilderoy !La main de son père gifla la joue de sa fille. Lucrezia en fut si surprise qu'elle ne put plus répliquer. Elle le regarda d'un air de défit et sorti de la chambre en courant. Cette fois, alors qu'elle s'enfuyait par le grand couloir et qu'elle allait atteindre l'escalier principal, les larmes coulèrent largement. Elle courait, sans trop regarder où elle allait, les mains couvrant la marque rouge des doigts de son père. Elle ne remarqua même pas son oncle et lui rentra dedans, ce qui, à cause du choc, la propulsa vers l'arrière et elle tomba sur ses fesses. Là, Lucrezia éclata en sanglots, de gros sanglots et elle ne faisait pas semblant. Gilderoy passa une main dans ses cheveux blonds, tel un demi-dieu pour lequel il se prenait, lui adressa un sourire éclatant et lui tendit une main compatissante. A ce moment là, Lucrezia venait de comprendre: Gilderoy n'était pas plus aimé de papy et mamy Lockhart que son propre père, surtout depuis l'affaire qui affirmait presque que son oncle n'avait rien écrit, que rien ne sortait de sa tête, qu'il était un escroc. Et c'était vrai, mais à cet instant précis, la jeune fille s'en fichait, car elle se sentait comme cet homme: trahie. Elle attrapa la main qu'il lui tendait en la serrant fermement. A présent, elle était certaine d'une chose: elle pourrait toujours compter sur son oncle Gilderoy.
Une alliance secrète débuta ainsi. Lucrezia et Gilderoy se rapprochèrent de plus en plus sous les yeux horrifiés du père de la demoiselle. Guilderoy était persuadé que la brune avait de grandes capacités et qu'elle pourrait porter avec honneur, voir même rendre son prestige d'entant aux Lockhart. Il finit par en être fier de sa nièce; il lui parlait de toutes choses, lui inculquant ses propres idées en ce qui concernait les plaisirs de la vie alors que Lucrezia n'avait que quatorze ans, ce qui déplaisait fortement à Lancelot. Sauf que sa fille ne lui avait toujours pas pardonné d'avoir gardé le silence quant à l'état de sa mère pendant si longtemps. Il aurait pu lui dire qu'elle était malade au lieu de lui dire bêtement que sa maman était en vacances. Elle était petite certes, mais pas du tout idiote ! Du coup, elle se faisait un malin plaisir à suivre les conseils de son oncle adoré et de tenir de plus en plus tête à son paternel.
Neuf ans plus tard...-Non mais c'est pas possible, vous vous fichez de moi ?!Perchée sur ses hauts talons, un tailleur court et serré mettant en valeur ses formes juste comme il le faut, Lucrezia empoignait par le col de sa blouse blanche l'un des médecins qui s'occupait de sa mère. Âgée de vingt-et-un ans, la jeune Lockhart avait de la poigne, du mordant, du répondant et menait les hommes par le bout du nez. Connu maintenant pour être la grande manipulatrice et garce de la famille, ses colères n'étaient plus à démontrer au sein du service médical dans lequel sa mère avait été placée. C'était d'ailleurs ces colères qui avaient amené les médecins à évoquer un sujet délicat avec Lucrezia. Voyant que la jeune femme était sujette à ce genre de comportement, ils en vinrent à penser qu'elle pouvait finalement finir comme sa mère, sans vraiment s'y attendre. Et elle l'avait assez mal vécu. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle était en ce moment même en train d'empoigner un des médecins en le traitant de tous les noms. Le pauvre se débattait en lui demandant de se calmer. Quelle se calme !! Non mais c'était une blague !! Il ne comprenait vraiment pas ! Elle le lâcha enfin et s'enfui en courant avant qu'il n'ait pu ajouter quelque chose. Toute la carapace qu'elle s'était forgée au cours de ces années venait d'éclater en mille morceaux. Elle grimpa dans sa voiture et fonça jusqu'à la maison de son oncle où elle résidait encore.
Lorsqu'elle ouvrit la porte à la volée sans même prendre le temps de la refermer, qu'elle traversa le hall à une vitesse incroyable en faisait un bruit d'enfer, Gilderoy venait de comprendre que quelque chose n'allait pas. Il entendit une porte claquer à l'étage. Il haussa les sourcils et emprunta les escaliers; s'il y avait une chose qu'il n'aimait pas, c'était quand sa nièce n'allait pas bien. Il savait qu'elle se trouvait dans sa chambre. Il s'y rendit et le spectacle qu'il vit le cloua sur place. Lucrezia était recroquevillée dans un coin de la pièce, à même le sol. Son mascara noir coulait sur avait laissé de longues traces noires suite à ses pleurs et elle tremblait de tous ses membres. Il vint s'asseoir à côté d'elle, la serra contre lui et la berça comme une enfant. Oui, comme quoi Gilderoy Lockhart pouvait faire preuve de compassion et s'inquiéter d'une autre personne que lui même... Il ne faisait cela qu'avec une seule et unique personne: Lucrezia. Il patienta jusqu'à ce qu'elle se calme, jusqu'à ce qu'elle ne tremble plus. Par la suite, il la souleva; elle s'appuya sur son oncle et se dirigea vers le lit. Gilderoy défit les draps et installa sa nièce confortablement, après cela il rabattit la couverture et s'assit de nouveau à ses côtés. Lucrezia savait qu'elle pourrait toujours compter sur lui et lui savait qu'il pourrait toujours compter sur elle. Cette relation de mutuelle confiance était ancienne maintenant. Ils avaient mis du temps avant de pouvoir la construire, à ce qu'elle soit inébranlable. Le père de Lucrezia avait été un sacré obstacle... Mais Gilderoy et elle avait vaincu. Lancelot était repartit vivre dans leur ancienne maison à York, celle qui était pleine de souvenirs... La brune leva ses yeux bleus vers son oncle et réussit à articuler au milieu d'un hoquet:
-Et si... Si je devenais comme elle ?! Si je n'étais pas assez forte?Gilderoy éclata de rire, renversant la tête légèrement en arrière dévoilant ainsi sa rangée de dents parfaitement blanches qui avaient si souvent fait parler de lui par le passé:
-Mais enfin voyons ! Tu es ma garce à moi Lucrezia c'est impossible ! Voyant que là ce trait d'humour qui, en général, faisait son effet n'en avait aucun aujourd'hui, Gilderoy devint beaucoup plus sérieux. Il se déplaça de façon à se retrouver bien en face de sa nièce:
-Ne doute jamais de toi Lucrezia, tu m'entends. Tu as réussi tes années à Poudlard merveilleusement bien, si tu fais les bons choix tu auras un bel avenir, bien plus beau que le miens en tout cas. Tu es une Lockhart, tu ne peux que être la plus forte d'accord ? Les autres tu les écrases, tu les jettes d'un revers de la main. Ne laisse personne se mettre en travers de ta route. En ce qui concerne l'état de ta mère... Je ne peux pas te dire que tu ne seras jamais comme elle... Il restera toujours un risque. Mais dis toi que rien n'est obligatoire car ton père ne l'avait pas, comme tout le reste des Lockhart. Elle releva la tête et parvint à dire 'oui'. Elle regardait son oncle avait admiration. Si au début elle ne l'avait que méprisé, depuis toutes ces années où ils s'étaient mutuellement soutenus, ce sentiment avait disparu. Même si parfois il faisait preuve d'égoïsme, de narcissisme, elle y avait souvent recours aussi, après tout, elle était la nièce de son oncle:
-Merci oncle Gilderoy... Il lui tapota les cheveux en souriant, histoire de signifier que tout cela n'était rien et qu'il pouvait le faire encore une fois si cela était nécessaire. Dans la famille il fallait se serrer les coudes.
Lucrezia lui informa alors qu'elle retournerait à l'asile mais pour voir sa mère cette fois. Elle espérait avoir une conversation convenable avec elle cette fois. Peut être qu'elle serait dessus, cependant elle ressentait ce besoin de devoir lui parler, de se rapprocher de celle qui lui avait donné la vie, même si c'était pour échanger des commentaires sur la météo ou les sortilèges que Lucrezia maîtrisaient. Car s'il y avait bien une chose que sa mère regrettait, c'était d'être née moldue. Comme elle la comprenait... Si jamais elle n'était plus une sorcière... A chaque fois qu'elle avait cette pensée, son coeur se serrait et elle avait envie de pleurer, une fois de plus. Au fond, si Lucrezia faisait croire qu'elle était une fille forte qui se fichait de tout, ce n'était pas si vrai que ça. Elle agissait ainsi pour tromper les gens et qu'ils ne découvrent pas ses faiblesses. Elle ne voulait surtout pas qu'ils apprennent ce qu'était sa mère. Non, jamais !
Huit ans plus tard...Assise sur une chaise, les pieds sur un bureau, Lucrezia était absorbée par la lecture d'un livre quand soudain, elle dû quitter les lignes pour un bruit qui venait de surgir. Un murmure à vrai dire. Elle regarda tour à tour les petites têtes blondes; ses élèves se tenaient droits comme des 'i' car ils savaient très bien ce que cela voulait dire quand leur professeur relevait la tête d'un livre lorsqu'ils étaient en évaluation. Elle fronça simplement les sourcils la première fois. La seconde fois que ce sale murmure retentit, Lucrezia se leva, mine de rien et passa la main sur son tableau à craie avant d'y faire crisser ses ongles acérés. Le grincement provoqué arracha des petits cris épouvantés à ses élèves. Elle eut un sourire sadique et dit:
-Le premier qui recommence à parler c'est pendant deux heures entières qu'il aura le plaisir d'entendre ce bruit à répétition... En colle dans mon bureau !!Et le silence revint. Satisfaite, elle retourna s'asseoir. Cela faisait maintenant cinq mois qu'elle travaillait à Poudlard en tant que professeur de Sortilèges. Si au départ, certaines personnes s'étaient moquées par rapport à son nom de famille, elles avaient vite déchanté en comprenant qu'elle était en fait bien plus coriace que son oncle même si c'était lui qui l'avait quasiment élevée. Grâce à ses expériences personnelles de femme, elle s'était affirmée encore et encore. Elle ne serait pas une lâche comme son oncle. Elle se battrait jusqu'au bout pour obtenir ce qu'elle voulait et surtout, elle le ferait de manière plus ou moins honnête. Car elle devait bien avouer qu'elle avait souvent usé de ses charmes et de la manipulation pour arriver à ses fins. Mais bon, il n'y avait pas mort d'homme... Elle était une femme, la nature l'avait faite ainsi et elle jugeait qu'elle avait tout à fait le droit d'en profiter.
Elle fut tirée de ses pensées par un élève qui s'avança jusqu'à elle, lui tendant sa feuille d'interro d'une main tremblante. Lucrezia y jeta un coup d'oeil: déjà elle y repéra des fautes. Elle plissa les yeux avant de laisser tomber le papier sur une pile de livres à côté d'elle et ajouta:
-Ce n'est pas encore ça ! Enfin je ne comprends pas que vous puissiez vous tromper sur certains points alors qu'on a dû le répéter une centaine de fois en cours! Sortez de ma classe maintenant que vous n'avez plus rien à y faire! Et l'élève ne se fit pas prier !
Gilderoy était fier de la réussite de sa nièce et savait qu'elle arriverait à faire ce qu'elle voudrait. Il avait été un peu surpris par son choix: professeur de sortilèges. Il s'attendait à ce qu'elle devint écrivain, comme lui mais en y ajoutant le côté honnête. Quand il avait compris que rien ne pourrait la détourner de son but, il avait abandonné l'idée pour la soutenir totalement. Et cela avait payé puisqu'elle était devenue à présent l'un des professeurs de Poudlard.
Durant huit ans, Lucrezia alla voir sa mère de nombreuses fois, essayant de ne pas pleurer devant elle lorsqu'Anne changeait brusquement de caractère. Par contre, pour ce qui était de son père, elle ne reprit contact qu'il y a cinq mois, décidant qu'il était peut être temps de retourner le voir. Elle voulait lui annoncer la nouvelle, celle de son poste. Quand il avait ouvert la porte et qu'il l'avait vu derrière, il avait été si heureux. Puis il avait vite fait de constater que l'influence de son frère avait été très forte. Elle avait certes une conversation plaisante mais il voyait bien qu'elle se permettait de le juger. Il le sentait dans le ton de sa voix. Et il fut extrêmement déçu lorsque, des étoiles pleins les yeux, il lui demanda si elle avait des enfants, si elle était mariée et qu'elle lui avait répondu:
-Un mari ? Pourquoi faire ? Pourquoi avoir un seul homme quand on peut passer d'un à un autre sans grand problème ?Vous l'aurez compris, Lucrezia n'est pas du genre à être fan des relations qui durent, tout cela l'embête profondément. Elle considère aussi ne pas avoir encore rencontré l'homme qui la fit assez vibrer pour rester éternellement avec lui. Non... Elle aime bien plus la passion d'une nuit avec des hommes différents qu'une routine qui s'installerait bien vite.
Elle reste cependant une personne déterminée. Lorsqu'elle veut quelque chose, elle l'a. Elle se bat toujours pour être la meilleure. Lorsqu'elle était à Poudlard, elle était déjà très studieuse. En étant aujourd'hui prof, elle fait tout pour que son cours devienne constructif et attrayant. Elle est capable de rester tard le soir dans son bureau pour modifier tel ou tel point car en plus de son oncle, il y a d'autres personnes maintenant pour qui elle ferait beaucoup: ses élèves ! D'ailleurs elle leur a très bien dit la première fois qu'elle les a eux en cours: elle est là pour les emmener le plus loin possible et pour faire en sorte qu'ils réussissent tous leurs examens, même si elle devait en venir à les prendre en cours des heures supplémentaires.
Après la maison de Gilderoy, Poudlard et le second endroit où elle se sent bien, à sa place, au milieu de tous ces sorciers qu'il faut former. Elle parade souvent dans les couloirs en talons et robes, tout cela ayant pour but d'attirer l'attention sur sa personne... Ce qui marche. Et quand cela n'a aucun effet, autant dire que sa fierté en prend un sacré coup. Elle est alors obligée de serrer les dents et de ravaler sa colère. Comme tonton Gilderoy, Lucrezia aime qu'on la regarde, elle est habile lorsqu'il s'agit de prendre de la parole ou de mettre de l'animation. Elle aime aussi tout particulièrement devoir séduire une assemblée ou autre, avoir du pouvoir sur les autres en ouvrant seulement la bouche lui procure un plaisir incommensurable. Mais elle l'avoue à très peu de personnes.
Un an plus tard... PrésentAccoudée à son bureau, Lucrezia feuilletait un lourd livre sur les sortilèges. En réalité, elle ne cherchait pas à construire un quelconque cours, non, elle faisait cela pour tenter de comprendre ou de se calmer, c'était aussi une possibilité. Tant d'évènements étranges qui refaisait surface. L'Ombre... Mais qui sont-ils ? Des adultes ? Des élèves de l'école ? Des nouveaux Mangemorts? Lucrezia déplaça sa chaise d'un coup de baguette magique jusqu'à le fenêtre. Le soleil se couchait... Dehors tout semblait si calme et pourtant, les élèves n'avaient plus le droit de sortir à cause de ce qui s'était passé. Tout avait commencé en Septembre, durant ce foutu premier match de Quidditch. Elle même avait ressentit quelques frissons en voyant les grandes lettres. Si au départ, elle se fichait complètement du sort de ses élèves, dès que la menace fut plus sérieuse lors de l'attaque de Pré-au-Lard lors le 31 Octobre, elle avait arrêté de rire à gorge déployée et de se foutre de tout. Comme les autres adultes, elle avait bien été obligée de se bouger pour porter main forte aux élèves pris au piège. Sa première réaction avait été de se dire que certains auraient mieux fait d'y rester car ils étaient de véritables buses, des cas irrécupérables. Puis elle s'était trouvée si injuste qu'elle avait directement ressentit un certain remord et décida alors de s'impliquer un peu plus dans la défense de Poudlard qu'elle aimait tant.
L'Ombre la rendait folle. Elle tournait autour d'un pot sans jamais découvrir la bonne réponse. D'ailleurs personne ne l'avait trouvé jusque là. Elle en venait même à se demander parfois si 'l'organisation' existait réellement et si tout ça n'avait pas été qu'une grotesque mise en scène. Ses doutes s'étaient malheureusement dissipés lors d'une nouvelle attaque de Pré-au-Lard il y a quelques jours. Des personnes étaient mortes, des innocents... Des né-moldus... Et si ils venaient à s'en prendre par la suite aux moldus tout court ? Son coeur se serra quand elle revit le visage de sa mère et referma aussitôt ses pensées à l'aide de son don d'Occlumens qu'elle avait maintenant depuis l'âge de vingt-et-un ans. Si elle mettait la main sur les sales petits... Qui étaient responsables de tout cela, elle serait bien capable de les exécuter sans procès équitable ! Elle évitait de cirer cette idée sur tous les toits, pouvant être alors jugée trop radicale. Mais eux, avaient-ils laissé une chance à des innocents ? Ils s'en étaient pris à des né-moldus, des gens qui n'avaient rien fait à part avoir un sang 'impur'... C'était si injuste. Pour une rare fois, la reine des glace qu'était Lucrezia pouvait faire preuve de compassion. En général, elle ne servait que ses propres intérêts; elle avait même pensé qu'elle pourrait facilement rejoindre les forces du mal s'ils avaient mieux à offrir (argent et un pouvoir plus grand)... Sauf que... Tuer des personnes innocentes, ça elle en était incapable et elle le comprenait seulement maintenant. Jamais elle ne pourrait tuer quelqu'un qui n'était pas son ennemi ou si ce n'était pas la toute dernière des solutions. Si nouvelle guerre il y avait et si elle choisissait de se battre aux côtés du bien, elle savait qu'elle serait obligée de brandir sa baguette contre un quelqu'un. Mais ce quelqu'un avait menacé sa vie ou l'équilibre parfait dans lequel elle vivait, alors elle n'hésiterait pas, elle ferait ce qu'il fallait.
Ce dont elle était certaine, c'était que les prochains mois et l'année qui allait s'écouler la changerait. Elle n'allait plus être la même, elle le sentait au fond d'elle. Elle sourit, amusée. Elle verrait bien ce que le destin lui avait réservé. Pour l'instant, elle se contenterait de rester fidèle à elle même: la nièce pédante de Gilderoy Lockhart, la 'croqueuse' d'hommes, la grande manipulatrice, la prof intransigeante et parfois froide. Elle continuerait d'accabler ses élèves de reproches et de devoirs à l'occasion.
Elle eut soudain peur. Peur que toute cette histoire ne révèle sa propre histoire au grand jour et que les gens autour d'elle apprenne que sa mère n'est qu'une schizophrène et qu'il y a de grandes chances pour qu'elle termine comme elle. Lucrezia fit tourner les pages de son calendrier à l'aide d'un sort et stoppa net lorsqu'elle arriva au mois de Novembre. Le 20 était entouré en rouge avec marqué juste à côté: 'A -1'... Le 20 Novembre, elle aurait trente ans. A partir de ce moment, il ne lui restera plus qu'un an avant d'atteindre l'âge auquel la maladie de sa mère se déclara. Elle déglutit avec peine et frissonna. La brune finit par attraper des feuilles dont elle avait besoin, quitta sa chaise, alla vers la porte de son bureau. Elle se retourna pour admirer la pièce qui était silencieuse. D'un mouvement de poignet elle fit bouger sa baguette et les lumières s'éteignirent. En refermant la porte, elle s'engagea d'un pas assuré dans le couloir...