Il lui avait juré, promis de tout lui dire. Si les qualités de Lucifer n’étaient pas nombreuses, il avait au moins l’habitude de toujours honorer ses promesses, de ne jamais fuir. Peut-être se précipitait-il un peu, mais s’il souhaitait que les choses puissent réellement fonctionner entre eux, Lucifer savait qu’il devrait être sincère avec elle. Qu’il devrait tout lui dire, tout lui avouer. Pour qu’elle n’ait pas de mauvaises surprises. Elle aurait, de toute manière, finit par connaître la vérité tôt ou tard et il préférait largement tout lui dire lui-même pour éviter que les choses ne dégénèrent, ne prennent de l’ampleur. Lucifer espérait sincèrement qu’en s’ouvrant ainsi à Kaëna, elle n’en profiterait pas pour se servir de lui, lui planter un couteau dans le dos. Que jamais, elle ne répéterait tous ces ignobles secrets bien cachés.

Lucifer lui avait donc donné rendez-vous après les cours, sur leur banc habituel dans la cour de récréation. Il savait qu’à cette heure-ci, seule leur classe n’était pas en cours, et que donc, leur conversation ne risquerait pas de tomber dans des oreilles indiscrètes. Tous iraient certainement travailler à la bibliothèque sur ce devoir de métamorphose complexe donné par leur professeur en début de matinée, persuadés qu’à plusieurs ils y arriveraient plus facilement. Lucifer lui, avait eu la chance d’étudier ce chapitre à Durmstrang juste avant d’en être renvoyé et savait donc qu’il parviendrait sans mal à avoir une bonne note. La journée mis à part ça avait été banale. Juste légèrement différente, puisque maintenant… Lucifer passait énormément de temps pendu aux lèvres de Kaëna entre deux cours, et avait pris l’habitude de lui lancer quelques sourires et regards depuis sa table lors des repas. Comme il l’avait noté le soir précédent, il lui avait également ramené l’un de ses grands pulls-over noirs difformes et troués volontairement, geste que la jeune femme avait fortement apprécié au point de l’enfiler immédiatement pour avoir l’odeur de son amant avec elle.

Prenant place sur un banc aux côtés de sa désormais petite amie, constatant avec joie que comme il l’avait prédit la cour de récréation était vide de toute âme qui vive, Lucifer eut le réflexe de tout de suite s’allumer une cigarette, pour décompresser de cette journée de cours. Il était encore tôt, et l’air commençait à se réchauffer doucement mais sûrement. Bientôt le printemps serait là. Recrachant lentement sa fumée de cigarette en regardant le ciel, le khôl noir ayant légèrement coulé sur ses joues pâles durant une sieste en cours d’histoire de la magie, l’adolescent avait l’air pensif. Il se demandait bien comment lui raconter toute cette histoire. Son histoire. Les choses n’étaient pas simples.

« Je t’avouerais que je ne sais pas trop par où commencer. Mais je te le dis dors et déjà, si jamais t’essaye de t’en servir contre moi ou que j’ai des doutes… Je t’efface la mémoire illico. Faut que tu saches que ce que je vais te dire, si ça paraissait dans les journaux ou si ces informations tombaient entre des mains malintentionnées… ça aurait l’effet d’une bombe. Enfin, je ne suis pas l’antéchrist non plus, mais disons que ça ferait jaser les familles de sang pur soit disant bien respectables. Le pire c’est que moi, j’y suis pour rien dans cette histoire. J’aurais bien aimé, pouvoir foutre le bordel de manière consciente, mais c’est le destin et dès ma naissance j’étais destiné à mettre les gens dans des situations embarrassantes. »

Soupirant longuement en fermant, les yeux, se blottissant légèrement contre elle pour chercher un contact physique et une certaine forme d’attention il eut un petit rire amer « Tu vas me faire office de psychiatre je pense. » Tirant une nouvelle latte sur sa cigarette pour marquer une pause, le Lestrange repris : « On vas commencer par le début. Je suis né le 14 Février, y a presque dix sept ans maintenant à Manchester. Ma mère est Ukrainienne, et s’appelle Loreleï Bartoloměj, Bartholomew sur ses faux papiers. Mes grands parents maternels que je ne connais pas sont des moldus Ukrainiens, de fermiers. La misère des pays de l’ex URSS et tout ça, tu vois le genre. On a dit à ma mère que si elle venait en Angletterre elle pourrait faire des études, et trouver un métier convenable, bien gagner sa vie. Mes grands parents se sont endettés au près des passeurs pour qu’elle puisse entrer illégalement dans le pays. Et là-bas, au lieu d’avoir accès à l’université comme on lui avait promis, elle s’est retrouvée avec un macro. Puis, elle est tombée enceinte par erreur d(un client. Elle est catholique, très croyante alors elle a supplié mon père de payer son macro pour ne pas qu’elle ait à avorter, pour ne pas qu’on la force à tuer cet enfant qui allait grandir en elle. Ce gosse comme tu t’en doutes, c’était moi. » Un long soupir franchi ses lèvres « Tu vois, rien que le début de ma vie ce n’est pas bien glorieux. » Relevant les yeux vers la lionne, avec un petit sourire en coin il reprit « Mais la suite, c’est pire. J’suis obligé de mentir à tout le monde ici, et en tout on est que cinq, moi compris à être au courant de qui je suis réellement. Avec toi, on sera six… Même Andy sait pas, y a que le reste de ma famille qui est au courant, parce que forcément, ils connaissent leur arbre généalogique par cœur avec leur manie du sang pur… Depuis tout petit, leurs parents les ont sans doute tous forcés à apprendre par cœur les noms de leurs ancêtres, des cousins et de tout le bordel. Mais moi, je ne suis pas sur l’arbre généalogique. A cause de mon sang-mêlé, à cause de ma mère. » Tirant une nouvelle fois sur ca cigarette de manière nerveuse, il demanda « Tu commences à comprendre où je veux en venir ? T’additionne une pute moldue et un sorcier au sang pur, tu trouves vite la réponse. Tu devines vite ce que je suis. »

La veille, Kaëna était rentrée dans la salle commune des Gryffondors avec un sourire tellement grand que même les personnes assises en haut de l’escalier aurait pu voir ses dents blanches se refléter dans le noir, mais heureusement pour elle, plus personne n’était debout à une telle heure. Elle était alors remontée dans son dortoir et s’était rapidement faufilée sous ses draps afin de se plonger dans un sommeil profond et pleins de cœurs roses et de poneys arc-en-ciel.

Aujourd’hui était un autre jour, un nouveau jour pour eux deux. Un jour où ils allaient affichés leur couple au grand jour, sans aucune honte. Bien qu’ils soient différents physiquement et de par leur nom de famille, à leurs yeux, cela n’avait aucune importance. Kaëna était amoureuse, c’était un fait qu’elle ne pouvait absolument pas renié, elle tombait rapidement amoureuse et s’attachait très vite à la personne quelle qu’elle soit. Aussi, lorsqu’elle l’avait retrouvé aux débuts des cours, elle n’avait pas hésité cette fois à sceller ses lèvres aux siennes en un chaste et tendre baiser, acceptant avec grand plaisir le pull que son amant lui tendait, un présent qui la rendit heureuse pour le reste de la journée. Elle savait que les autres parleraient autour d’eux, qu’ils n’hésiteraient certainement pas à baver sur leur dos, mais personnellement, la jeune McLaggen n’en avait que faire, elle n’était vraiment pas du genre à écouter les ragots qui se répandaient dans son dos. Andy avait aussi été très heureuse d’apprendre l’officialisation de leur couple. Tout allait très bien pour eux deux, mais Kaëna était resté sur sa fin. Elle voulait en apprendre plus sur son amant avant d’aller plus loin, elle aurait d’ailleurs aimer que ça se passe avant, mais elle ne regrettait absolument rien. Elle appréciait énormément les petites attentions que Lucifer avait désormais envers elle, ce pull… Elle le porterait tous les jours, elle dormirait avec et humerait l’odeur de son amant dès qu’elle en aurait besoin. Pour l’heure, elle allait bientôt en apprendre plus sur lui.

La matinée était passé tranquillement, elle s’était réveillé comme une fleur, en même tant que ses camarades de chambrée et était allée prendre une douche bien chaude afin d’être propre tout de même. Elle avait été prendre son petite déjeuner et avait offert un sourire radieux à son désormais petit ami, l’homme qui illuminait ses nuits sombres. Elle avait mangé tranquillement, tout en discutant un peu, glissant malgré elle plusieurs coups d’œil en sa direction. Là, elle pouvait ressembler au cliché de la jeune fille follement éprise du garçon aux airs rebelles de l’école, mais il n’en était rien. Comme Lucifer et elle se trouvait en 3ème année, ils avaient la totalité de leurs cours, ensemble, ce qui n’était pas pour déplaire à la jeune demoiselle. Après leurs cours, il était prévu qu’elle et Lucifer se retrouve sur leur banc habituel, Andy ayant décidée d’aller travailler à la bibliothèque en compagnie des autres élèves de la classe, Kaëna avait approuver cette idée, se disant qu’ainsi elle pourrait peut-être se faire un peu plus d’ami(e)s.

La McLaggen avait donc rejoint son amant sur le banc, sortie en dernière comme à chaque cours ces derniers temps puisqu’elle prenait le temps de poser quelques questions aux professeurs pour parfaire ses quelques feuilles de cours subjectives. Elle n’était pas une mauvaise élève, mais on ne pouvait pas dire qu’elle était la meilleure, elle se débrouillait seulement très bien en sortilège et en histoire de la magie, matière dans laquelle son petit ami avait quelques difficultés à rester concentré apparemment, mais ce n’était pas le sujet du jour. Non, Kaëna voulait savoir pourquoi Lucifer portait un si gros fardeau sur ses épaules, et aussi pourquoi il s’était senti obligé de se créer une carapace avec Lucifer, bien que cela ne la dérangeait pas réellement, elle ne connaissait pas Kristof, mais elle était certaine de pouvoir si attacher également, après tout, ensemble, Lucifer et Kristof formait un tout, dont Kaëna ne pouvait se défaire.

Une fois blottit au creux de ses bras, elle l’avait regardé fumer tranquillement sa cigarette, ne ressentant pas le besoin immédiat de faire de même, elle avait tout simplement profiter de ce calme avant la tempête, car elle se doutait bien que ce qu’il allait lui révéler n’était pas une histoire des plus joyeuses ni même des plus amusantes. Elle le laissa donc destresser comme il le pouvait, tentant malgré tout de l’aider en venant déposer un faible baiser dans son cou, murmurant alors avec une tendresse incomparable.





Elle l’avait alors laissé parler, se confesser, et se vider de tout ce qu’il avait besoin de dire. Pour l’instant, rien n’effrayer réellement la jeune fille, elle comprenait simplement que son amant allait lui révéler un lourd secret, une chose qu’il ne faudrait répéter sous aucun prétexte. De toute façon, Kaëna n’était pas le genre de fille à aller crier sur tout les temps ce que les gens pouvait lui dire, dans un premier temps car elle était digne de confiance, et dans un second temps car elle n’aimait pas faire à autrui ce qu’elle ne voulait pas qu’on lui fasse. A la fin de son premier discours, elle avait resserrée son étreinte contre son corps, se faisant alors plus proche, plus en contact, lui partageant sa chaleur avec un peu plus de puissance. Elle voulait lui montrer qu’elle était là, à ses côtés, qu’elle pouvait tout entendre, que rien ne pourrait l’effrayer ni la rebuter, elle était du genre à accepter les personnes comme elles étaient, et c’était sûrement pour cela qu’elle n’avait aucun mal à se faire des amis. Elle glissa une main sur son ventre et caressa alors celui-ci par-dessus son tee-shirt en lui murmurant à nouveau.



Elle écouta attentivement chacune de ses paroles, n’en perdant pas une miette. Elle fut attristée de savoir dans quels conditions avaient grandit son petit ami, mais il y avait toujours pire, alors elle préféra se taire sur ce point là, se disant que de toute façon, elle n’avait rien à dire puisqu’elle avait eu une enfance joyeuse, dans une famille aimante, avec en plus de cela un grand frère un peu trop protecteur, mais tout de même adorable et attachant. Mais les devinettes qui suivirent ce petit récit sur sa branche maternelle lui donnèrent plus de matières à réfléchir. Kaëna n’était pas une fille idiote, elle ne rentrait pas dans le moule de la blonde sans cervelle, bien au contraire. Elle mit bien quelques longues minutes à réfléchir mais se tourna ensuite vers son amant, tout en haussant un sourcil.



Pas bête la guêpe, hein ? Il n’était pas difficile de comprendre, et puis, de toute façon, il n’y avait pas vraiment le choix, soit il était le fils bâtard de Rodolphus, soit celui de Rabastan, mais au vu du comportement de Rohan et d’Alesya à son égard, il n’était pas sorcier de comprendre lequel des deux hommes étaient réellement le père de Lucifer.

Kaëna avait visiblement compris. Avec un sourire amer, se relevant légèrement pour faire face à Kaëna et pour lui avouer son secret en la regardant droit dans les yeux, il annonça « Non, je ne suis pas un cousin éloigné. Je suis le fils bâtard de Rabastan, qui s'ennuyait visiblement un peu trop avec sa femme, qui avait envie d'aller voir ailleurs. Je t'explique tout, mais d'abord, parlons de mon enfance: »
Soupirant légèrement décidant de continuer son histoire pour qu'elle saches tout de sa vie, pour qu'elle n'aie pas de mauvaises surprises et qu'elle comprenne mieux qui étaient Kristof et Lucifer, tirant une nouvelle fois sur sa cigarette à présent presque entièrement consumée, il repris: « Je suis donc né, le 14 Février dans le bordel où travaille ma mère. Elle voulait pas prendre le risque d'aller à l'hôpital pour accoucher, pas prendre le risque de se faire griller avec les faux papiers et de devoir rentrer en Ukraine avec un gamin. J'ai grandit dans un quartier pourrit à Manchester comme tu t'en doutes, vu que c'était dans un bordel que j'ai passé les trois quarts de mon enfance. Ma mère s'est jamais trop occupé de moi, j'me suis toujours plus ou moins débrouillé tout seul et on peut dire que j'ai pratiquement grandis dans la rue avec les autres gamins. Seulement, ils m'aimaient pas trop. A l'école, les gamins répétaient ce que leurs parents disaient, en me traitant de fils de pute, de sale immigré... Tu vois le truc. Ma mère est pauvre, et l'argent qu'envoyait Rabastan pour qu'on me tienne loin de lui et de sa vie de famille la plus part du temps elle le dépensait pour elle de manière égoïste, sans penser à moi. J'allais à l'école avec un uniforme d'occasion, trop grand parce que j'étais trop maigre, parce que je mangeais pas tous les jours à ma faim. J'ai honte, mais je sais que j'y peux rien. Qu'est-ce que tu veux faire, quand t'as neuf ans, pour t'en sortir? » Lucifer jeta son mégot plus loin, tout en recrachant la fumée de sa dernière bouffée de nicotine: « Bref, ça a continué jusqu'à mes neufs ans. J'étais en vacances, c'était pendant les fêtes de fin d'années un peu avant Noël. Ma mère avait bien voulu s'occuper de moi, mais elle a finit par aller voir un client et m'as laissé tout seul dans un parc. J'ai commencé à jouer avec de la neige là, assis sur mon banc. Kristof est tellement gentil qu'il est con, alors il songeait à offrir une plante à sa mère pour Noël, pour décorer un peu la maison qu'il trouvais triste, pour mettre un peu de couleur avec des fleurs. Et là, d'un coup y a un lys noir qui est sorti du tas de neige dans ma main. Ma mère qui est revenue à ce moment là m'as regardé comme si j'étais un monstre, elle a eu peur. Elle a réussi à joindre mon géniteur, pour lui dire que j'étais comme lui. Tous les deux, mes parents je veux dire, ils ont prié pour que je sois aussi moldu que ma mère. Elle voulait un gamin normal, et lui voulait à tout prix éviter qu'on apprenne un jour l'existence de son bâtard. » L'adolescent passe une main dans ses cheveux pour les remettre correctement en place, gêné par une mèche rebelle : « C'est donc quand j'ai eu neuf ans que Lucifer a commencé à pointer le bout de son nez. Il a compris qu'en étant un sorcier, il pourrait se venger de sa mère. J'ai commencé à m'habiller en noir, à mettre ses fringues à elle pour choquer, à me laisser pousser les cheveux. Au début vu que j'étais gamin c'était assez léger. A l'époque, j'avais pas encore mué, alors quand j'avais treize ans et que je me maquillais comme un magicobus volé, que j'avais les cheveux super longs et noirs, des fringues qui peuvent porter à confusion les gens se trompaient souvent et ça m'amusait. Dans la rue j'avais le droit à des soi-disantes insultes, et dans le quartier les gens ont commencé à m’appeler Lucifer. C'est là, qu'il est vraiment arrivé et qu'il a commencer à vraiment bouffer Kirstof pour le faire disparaitre, prendre de plus en plus de place » Il eut un petit sourire en coin. Lucifer, ce cher Lucifer. Que serait-il sans lui? Sans doute pas grand chose. Sans doute pas aussi sur de lui. Sans doute pas aussi heureux. Sans doute pas aussi perturbé mentalement, mais c'était le prix à payer en contre partie d'une vie correcte.

« Quand j'ai eu quatorze ans Rabastan a profité que techniquement je sois à demi Ukrainien pour m'envoyer étudier à Durmstrang. Moi je savais pas, que Lestrange c'était un nom connu. Même là-bas, moins qu'en Angleterre mais quand même ils en ont entendu parler. Personne a jamais trop posé de questions sur ma famille de toute manière. J'ai commencé à traîner avec des mecs bizarres, plus vieux, le genre pas fréquentables que t'aimerais pas croiser au détour d'une ruelle sombre tard le soir. Lucifer s'est endurcit avec eux, et j'entendais plus vraiment Kristof à force. Je t'ai déjà dit, l'autre soir, que c'était dur à Durmstrang alors je voit pas l'intérêt de revenir là dessus. » Adressant un sourire plus ou moins tendre à sa belle, caressant sa joue et pressant doucement ses lèvres contre les siennes en signe d'affection, s'étirant pour se détendre un peu et passant une main sur son visage étalant ainsi un peu plus son khôl noir sur ses joues, il se mit à rire « Tu trouves pas que c'est une putain d'ironie quand même? Avant même de savoir ce qu'être un Lestrange signifiait, j'étais déjà aussi tarés qu'eux. On peut pas dire que je suis le fils du facteur, même si je lui ressemble pas vraiment. Je l'ai vu qu'une fois, quand j'ai été renvoyé de l'école. Il est venu me voir à Manchester, pour me dire de me faire passer pour un cousin lointain. Pour me dire de faire profil bas pour pas finir à Azkaban ni entacher le nom des Lestrange qui essayent de se racheter une réputation depuis la fin de la guerre, qui essayent d'effacer leurs actes. » Levant les yeux au ciel, encore abasourdi par un tel discours, il conclut brièvement : « Ma vie c'est pas simple. Entre Kristof et Lucifer qui se battent pour savoir qui auras le dessus, mon père qui essaye de sauver sa réputation et tout ces mensonges... Tu m'étonnes que je sois complètement taré. »

Posant une main sur la cuisse de la blonde par réflexe, par envie de sentir sa peau contre ses doigts, fixant ses jambes le regard vide, il dit plus calmement: « J'espère que tu veux encore de moi. Même si je risque de devenir un psychopathe, un serial killer et de finir interné ou même condamné à mort si je me fait chopper par les aurors. Mais j'ai envie de... de tuer Kristof. Le moyen le plus simple ce serait de me foutre en l'air, mais si j'faisait un truc pareil Lucifer mourrait aussi. Alors pour l'instant, le temps d'apprendre à créé un horcrux pour l'y enfermer et devenir à part entière Lucifer, j'me fait du mal pour oublier que c'est le bordel dans ma tête. Pour plus penser à Kris' qui hurle et qui pleure pour supplier Lucifer de le laisser respirer. J'me fait du mal aussi, parce que Alesya ne m'aime pas. A la limite Rohàn ça me fait moins souffrir... Mais Alesya je sais pas, Kris a envie qu'elle l'aime. Lucifer aussi... Parce que dans l'fond il espère que si elle est aussi dure avec lui, c'est parce qu'elle veut le voir réussir, aller loin et faire honneur aux Lestrange. »

Il était certain que son amant n’avait pas eu une vie facile jusqu’ici. Tiraillé entre l’envie de se tuer, ou tout du moins une partie de lui-même, et l’envie de faire ses preuves, Lucifer n’était certainement pas l’homme le plus heureux du monde. Kaëna était attristée de le voir aussi torturé, même lorsqu’il lui racontait son récit, on pouvait très bien voir qu’il se sentait mal, rien que le fait d’en parler le mettait mal à l’aise, mais après tout ce qu’il avait vécu, c’était bien normal. La jeune McLaggen ne savait pas vraiment quoi lui dire pour l’aider, pour essayer de le soulager un peu. Elle n’avait pas peur, c’était certain. Certes, il n’était pas net comme mec, mais qu’est ce qu’il y pouvait lui ? Ce n’était pas sa faute, celle de sa mère oui, celle de son père également, mais certainement pas la sienne, et il était hors de question que quiconque puisse dire une chose pareille.

La jolie blonde vint glisser sa main sur la sienne qui avait pris place sur sa cuisse, elle la caressa lentement et en silence, essayant de réfléchir à une solution, à quelque chose qu’elle pourrait dire à son amant et qui le rassurerait un peu mais elle ne savait absolument pas quel mot sortir à présent. Il venait de lui confier un lourd secret, même deux à vrai dire, puisqu’il paraissait évident que Lucifer était schizophrène, enfin devrait-elle dire Kristof ? Non. Kristof n’était que sur les bouts de papiers, la vraie personne qu’elle voyait au quotidien et dont elle était amoureuse, c’était Lucifer. Et puis, il était mieux pour lui d’être Lucifer plutôt que Kristof, surtout avec un tel nom de famille, il fallait qu’il soit fort, qu’il fasse ses preuves, alors rien de mieux. Elle entrelassa lentement ses doigts au siens à défaut de prononcer une quelconque parole puis elle porta sa main à ses lèvres et déposa un doux baiser dessus avant de venir embrasser ses lèvres. Le contact était quelque chose d’important, même si elle ne lui disait pas, cela prouvait qu’elle n’était point effrayé, et que malgré tout ce qu’il venait de lui avouer, elle désirait plus que tout rester à ses côtés.



Elle fit une pause dans sa petite déclaration afin de venir à nouveau poser ses lèvres sur les siennes, mais aussi afin de récupérer son souffle. Elle plongea ensuite son regard bleu dans le sien et le transperça du regard avant de murmurer les trois mots qu’elle prononçait rarement pour qui que ce soit, mais Lucifer avait besoin qu’on le lui dise, et puisqu’elle le ressentait réellement, pourquoi devait-elle le cacher ?



Elle lui offrit un doux sourire. Ca pouvait paraître gnangnan comme situation, mais elle savait que Lucifer avait besoin d’entendre ce genre de choses, après tout, il n’avait pas du entendre beaucoup de choses sympathiques dans sa vie. Mais il ne fallait pas non plus qu’il s’habitue à ce qu’elle soit toujours comme ça. Kaëna n’était pas le genre de fille à dire des innombrables fois « Je t’aime » ou encore, « Je veux faire ma vie avec toi ! ». Elle avait très bien les pieds sur terre, et avec toutes les relations qu’elle avait eu et qui n’avait mené nulle part, elle commençait à avoir pas mal d’expérience en la matière. Mais il était vrai que Lucifer était différent des autres, lui au moins avait de vrai raison de se plaindre, comparé aux autres, lui avait vécu un véritable enfer depuis sa naissance. Oh, bien sûr il y avait toujours pire, mais Kaëna ne connaissait aucun cas semblable à celui-ci. Elle se redressa légèrement et vint alors s’installer sur ses cuisses, embrassant une dernière fois sa main avant de venir frotter ses joues du pouce avec douceur, enlevant le maquillage qui avait coulé en faisant bien attention de lui laisser le reste.



Elle s’appuya alors contre son torse et vint enfouir son visage dans son cou, laissant échapper son souffle chaud contre sa peau. Elle laissa le silence s’installer durant quelques secondes, après avoir pris le temps d’hûmer son odeur jusqu’à en mourir de bonheur, elle murmura de nouveau quelques mots.



Le ton qu’elle prenait pour lui raconter son histoire était assez léger, en fait, elle trouvait que son enfance avait été réellement inintéressante, même si elle se rendait bien compte de la chance qu’elle avait d’avoir pu grandir dans un cocon familial aussi soudé que le sien.



Elle émit un petit rire et déposa encore un baiser sur les lèvres de son amant, profitant de ce petit calembour pour savourer ses délicieuses lippes, juste l’espace d’un battement de cœur. En parlant de cœur, le sien n’arrêtait pas de se retourner à chaque qu’elle pouvait l’embrasser ou simplement respirer son odeur, sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. C’est ça, d’être amoureux de quelqu’un et de pouvoir passer des moments en sa compagnie. Elle était très heureuse d’être près de lui, et également très heureuse qu’il se soit confié ainsi à elle, cela prouvait bien qu’il avait confiance en elle.



Elle lui fit de nouveau un petit clin d’œil en riant quelques peu puis elle regarda autour d’eux, quelques élèves commençaient à faire des allers et retours, signe qu’une classe ou plusieurs allaient bientôt finir leurs cours ou en commencer un.

Kaëna avait eu une vie simple visiblement. Une enfance plutôt banale, une vie de famille tranquille. Il aurait aimé lui aussi, connaître une vie semblable. Avoir une vie de famille convenable, des frères et sœurs avec qui se chamailler. Il avait Rohàn et Alesya certes, mais les années de mensonges et son irruption soudaine dans leurs vies n’aidaient pas à avoir des relations correctes. La plus part du temps, quand il croisait son demi-frère il avait le droit à des insultes et à des coups. Quand il croisait Alesya il ne voyait dans son regard que du dédain et du dégout à son égard. Préférant éviter de revenir sur le sujet de la famille ; préférant aussi éviter de retourner sur le sujet de l’amour, persuadé intimement que son histoire avec Kaëna finirait mal… L’adolescent se releva pour la regarder. Jolie Barbie frêle, qu’il allait sans doute faire souffrir. Une fois Kirstof parti il le savait, Lucifer serait incapable d’aimer, même si elle essayait de lui apprendre. Même si c’était Lucifer qu’elle disait aimer, en réalité c’était plutôt Lucifer et Kris’ qu’elle aimait, les deux à la fois, ce qu’il était. S’il n’était plus que Lucifer il le savait : il serait détestable. Une fois son côté bon parti une bonne fois pour toutes, il n’hésiterais pas à la faire souffrir à la rendre folle, et rigolerais certainement en la voyant pleurer ou folle de rage. C’était triste d’un côté, mais pour l’instant, tant qu’il le pouvait encore le Lestrange voulait profiter de ces jours paisibles en sa compagnie.

Préférant donc sourire pour cacher le fond de ses pensées il hocha la tête. Les élèves commençaient à sortir désormais, mais l’important avait été dit, elle était au courant désormais de sa véritable identité et aucune oreille mal intentionnée n’y avait prêté garde. « Ouais, il vas falloir que je rachète du maquillage aussi. On en profitera à la prochaine sortie à Pré-au-lard. » A vrai dire, Lucifer se sentait soudain mal à l’aise, rattrapé par toutes ces pensées négatives. Hanté à l’idée qu’il vivait peut être ses derniers instants de bonheur. Sans pour autant aller jusqu’à créé un horcrux, le simple fait de commettre un meurtre tuerais sans doute Kristof. Avoir incendié sa précédente école avait après tout sacrément fait du mal à Kris. Alors un meurtre, du sang sur les mains, un mort sur la conscience… Ce serait trop pour lui. Et rien qu’à l’idée d’y penser, la nausée ne commençait à se faire sentir. Préférant donc sortir un mensonge pour se sortir de ce mauvais pas et ne pas faire une crise devant elle, déposant un baiser sur la joue rose de la jeune femme il se releva « Je vais y aller, j’ai un truc à faire, un devoir d’arithmancie je vais aller bosser dans la salle commune avec un type qui est dans ma classe. On se voit tout à l’heure. » Tout en remettant son sac sur son épaule, il ajouta avec un petit sourire crispé « Profites en pour passer un peu de temps avec Xèlis, je te fais confiance. »