I love you, so much you must kill me now. ☠

Tu sais quoi, je crois bien qu’on a trop bu et trop fumer. Ou alors : C’était bien ? Ou encore : Désolé ça a dérapé.

C’est pas la première fois que je suis au lit avec Zep’. Sauf que d’ordinaire, elle et moi on est habillés. Je sais plus trop comment on en est arrivé là, ça reste flou dans ma tête. Mais voilà le résultat : on est tous les deux nus dans un lit. Dans la fameuse salle sur demande. Sans doute qu’on est pas les premiers à l’utiliser pour faire ce genre de choses tranquillement, faut dire que les dortoirs ça manque d’intimité. Et si on est nus c’est qu’on a fait l’amour. Ouais je ne vois pas comment dire ça autrement. Je sors la tête de sous la couette légèrement essoufflé. Maintenant que c’est finit, je sais plus trop quoi dire, ni comment réagir. On s’est laissés aller, même que c’était plutôt naturel et qu’on n’a pas parlé. Doucement, je me décale sur le côté et je regarde ailleurs, totalement perdu et l’esprit encore embrouillé. Bouteille de bière à moitié vide, j’ai soif mais faute d’autre chose ça fera l’affaire. J’ai besoin d’une clope. Cul nu, je me penche pour attraper mon caleçon et au passage mes cigarettes dans ma poche de jean. Zep’ a peut être pas envie de rester à poil ? Elle dit rien non plus faut dire. Je crois qu’elle ne sait pas trop non plus comment réagir à tout ça. Alors par automatisme, et tant que j’y suis j’attrape sa culotte et son tee-shirt.

J’allume ma clope. Je lui tends le paquet, je crois que c’est déjà un bon premier pas vers un retour à la normale, pour une situation plus détendue. Lentement, en recrachant ma fumée je murmure « Je… Je sais pas trop quoi te dire en fait. » Ça à déraper, ça devait arriver un jour ou l’autre. Mais du coup c’est peut être bien l’occasion pour lui parler de sentiments. Seulement comment m’y prendre ? Je ne sais même pas ce qu’elle pense de son côté à cet instant. Putain j’aurais dû étudier la legimencie. J’ose même pas la prendre dans mes bras. Si ça se trouve pour elle c’était une erreur.

am I still your charm or am I just bad luck ?

Paumée, encore alcoolisée, elle venait de poser un regard perdu sur les fringues qu’il lui ramenait. Clope au bec, ayant tiré une gorgée de bière, il agissait avec un naturel déconcertant, aux vues de ce qu’il venait de se passer. Etait-ce juste une impression ? Zeppelin n’était pas foutue de le dire, incapable de relever la tête pour l’observer directement. La petite rousse était rarement gênée ou prise de court, rarement dans un état pareil, mais après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on se retrouvait dans le même lit que son meilleur ami. Pas de cette façon, du moins. Des nuits, ils en avaient partagés, déchirés à ne plus pouvoir tenir debout, dans un état lamentable, ouais… mais jamais les choses n’avaient dérapé de la sorte. Elle toussa légèrement, tirant sur le drap pour le ramener un peu mieux sur elle, couvrant son buste. Ils avaient couchés ensemble et c’était étrange. So fucking awkward. Elle sursauta soudain, lorsqu’Absolem lui tendit le paquet de clope, qui tomba dans les plis de la couette, des draps. Paumée, paumée, paumée, elle ne savait même pas comment réagir à ça. Il semblait s’en foutre, ou bien elle n’était pas assez attentive pour voir que ce n’était pas le cas… elle était tendue pourtant, crispée, sur la défensive. Incapable de savoir si elle lui en voulait d’agir comme ça, comme tous les autres pouvaient le faire après une étreinte alcoolisée ou si elle était soulagée. Et de la même façon, elle n’arrivait pas à se décider. Il y avait un gout d’évidence, dans ce qu’il s’était passé mais bordel, pourquoi est-ce-que ça devait être si bizarre ? Parce que c’était son meilleur ami, ouais, voilà pourquoi. Elle mordit très fort sa lèvre inférieure, fermant les yeux pendant une seconde. La gueule de bois serait violente et les conséquences… Elle sentit son ventre se nouer. Et si elle le perdait, à cause de ça ? S’il préférait prendre ses distances ? Si lui avait trouvé ça nul ? Elle avait été si ivre qu’elle ne se souvenait même pas de comment ils étaient arrivés ici. Pas foutue de savoir qui avait embrassé l’autre en premier. Peut-être elle, peut-être lui. Et le bordel dans sa tête, le tintamarre, ne s’arrêtait pas.

A nouveau elle sursauta lorsqu’il déclara ne pas savoir quoi dire. Ils étaient deux, dans ce cas-là. Merde. Elle se fit violence, relevant la tête et posant sur lui un regard paumé, désorienté. C’était comme changer subitement les règles du jeu, comme donner de nouvelles cartes, plus puissantes mais aussi bien plus délicates à manier. Absolem, elle le connaissait par cœur et pourtant, elle n’arrivait pas à savoir ce qu’il pensait à cet instant. Elle l’observait, ayant envie de se braquer, d’être agressive, de se défendre à moitié, comme elle le faisait avec les autres, ceux qu’elle jetait mais à qui elle reprochait de se barrer comme des voleurs. C’était si simple, d’ordinaire, mais là… « moi non plus » souffla-t-elle finalement, la gorge serrée. Allaient-ils se rhabiller et agir comme si de rien n’était ? Tenter, tenter au moins, de se comporter comme des amis à présent ? Elle, si détachée normalement, vis-à-vis de tout ça, du sexe, des relations entre les gens, se retrouvait à paniquer comme une gosse. Surement parce qu’elle ne se foutait pas de lui. Surement parce qu’elle avait plus à perdre qu’une simple connaissance. C’était son autre, la moitié d’elle qui se tenait là, aussi paumé qu’elle. L’idée la fit hoqueter et d’une voix heurtée, se faisant violence pour sembler normale mais échouant probablement, elle murmura « Pars pas, fais pas comme tous les autres, on doit valoir mieux que ça… »

So fucking awkward.

I love you, so much you must kill me now. ☠

Elle non plus ne sait pas quoi dire. ça me rassure je crois d'un côté. Mais de l'autre ça rend les choses encore plus compliquées, que l'on ne saches ni l'un ni l'autre si c'était une bonne chose ou non. Je la regarde, je déglutis et je détourne encore le regard gêné par la situation. D'habitude je suis comme elle. C'est simple pour moi, je prends du bon temps puis j'me tire, ou je laisse l'autre se tirer. Du moins la plus part du temps. J'ai parfois des copines ou des mecs plus réguliers. Enfin à vrai dire je sais même pas si je peux dire que j'ai déjà été en couple, ou même amoureux. Je préfère dire que j'ai eu des amants réguliers. Comme Gabriel tiens, on couche ensembles, on s'amuse et on repart chacun de notre côté jusqu'à remettre ça quand l'occasion se présente et qu'on en a envie tous les deux. C'est sans prise de tête, mais y a rien entre lui et moi. Pas même de l'amitié, je sais rien de lui et ça me vas très bien.

Mais Zep' c'est pas le minet blond des Serdaigle. Zep' c'est plus que ça. Je l'aime. Je crois du moins. En fait j'en sais rien, puisque j'ai jamais été amoureux au final. « Pars pas, fais pas comme tous les autres, on doit valoir mieux que ça… » Je la regarde et je recrache ma fumée de clope. Comme si j'allais partir tiens... C'est vrai que d'ordinaire c'est ce que j'aurais sans doute fait. Mais pas avec elle. « J'y comptais pas. » Mal adroit. Je crois que je dois vite me rattraper, avant qu'elle pense que j'en ai rien à foutre d'elle, que j'ai autant d'estime pour elle que pour les filles avec qui je baise dans les chiottes des pubs à Camden. « Je pourrais jamais te laisser. » Un aveux. A demi mots. Sous entendu. C'est pas si simple que ça, finalement j'aurais peut-être du demander conseil à mes papas, ou à un pote, ou même à un psychiatre. ça tourne pas rond chez moi, ça j'le sais depuis longtemps mais je pensais pas que c'était à ce point. J’éteins ma clope. « En fait, je crois que ça fait un moment que j'attends que ça arrive. Mais j'avais pas imaginé ça comme ça. J'pensais pas qu'on ferait ça... Comme ça, en étant encore alcoolisés dans la salle sur demande. Mais moi ça m'as dégrisé. Enfin j'ai pas les idées claires, mais en même temps elles ont jamais été claires mes idées. Même sobre. » Courage O'Reilly t'es un Gryffondor bordel. Je me penche, et hésitant comme un gamin qui embrasse une fille sur la bouche pour la première fois, je presse mes lèvres contre les siennes un court instant.

You're the only thing I know like the back of my hand

Si tôt les mots passés ses lèvres, elle avait tourné la tête, se sentant idiote, puérile, stupide. Le retenir, pourquoi ? Pour que le silence gêné ait bien le temps de s’installer entre eux, pour que ça ruine définitivement toute cette belle amitié ? Elle manqua d’hoqueter à cette idée, contrariée et paumée. Rien n’était aussi simple qu’il y semblait, alors qu’elle s’était toujours répétée que les choses ne seraient jamais étranges entre eux, que tout coulerait comme une suite d’évidence, avec facilité, enfin. N’étaient-ils pas censé ne pas avoir à forcer, jamais, n’était-ce pas ça le point même de ce qui les liait, cette possibilité d’être honnête et de ne pas se prendre la tête avec le paraître, les mascarades, les idées de perfection à la con imposée par le reste du monde. « J'y comptais pas. » souffla-t-il, simplement, trop simplement. Pourquoi était-elle si secouée quand lui semblait à l’aise ? Un milliard de question tournaient dans sa tête. S’en foutait-il, trouvait-il ça normal, découvrait-elle une nouvelle facette de son meilleur ami, voulait-elle que les choses changent, et auquel cas, voulait-elle que ça change comme ça ? Avait-elle aimé cet instant, en dépit de l’alcool et de la bizarrerie ? Avait-elle, inconsciemment, espéré que ça arrive et qu’ils évoluent de cette façon ? Si oui, depuis quand se voulait-elle la face au sujet de cette amitié qui n’en était plus exactement une, qui tendait vers plus ? Bordel, elle en avait le tournis. Il la tira de ses pensées et elle se cru soulagée mais il n’arrangea rien, au fond, pas vraiment « Je pourrais jamais te laisser. » ajouta-t-il en éteignant sa clope alors que la petite rousse se retrouvait à lutter contre une irrépétible envie de répondre qu’elle aussi, elle ne pouvait et ne voulait pas le laisser, pas comme ça, pas maintenant. Elle avait peur, pourtant, d’un coup. Peur qu’il parle de cette amitié qu’ils devaient à présent panser, pas d’autre chose. Pourquoi ne pouvait-elle pas simplement parler et assumer les conséquences d’un putain de malentendu ? Et pourquoi, aussi, commençait-elle à avoir mal à la tête ? Merde. Trop concentrée, elle ne réalisa pas immédiatement qu’il parlait à nouveau, pourtant, elle saisit chacun de ses mots… elle les entendit du moins, pas certaine de tout comprendre, sur le coup : « En fait, je crois que ça fait un moment que j'attends que ça arrive. Mais j'avais pas imaginé ça comme ça. J'pensais pas qu'on ferait ça... Comme ça, en étant encore alcoolisés dans la salle sur demande. Mais moi ça m'as dégrisé. Enfin j'ai pas les idées claires, mais en même temps elles ont jamais été claires mes idées. Même sobre. » What ? marche-arrière, on rembobine. Elle avait un peu écarquillé les yeux. Depuis quand ? Pourquoi n’avait-il rien dit ? What ? Si elle avait eu l’impression d’être paumée, ce n’était rien comparé à la confusion du moment présent. Wow. Et puis subitement, il s’approcha, venant effacer la plupart des questions sans qu’elle ne les pose, sans qu’elle ne comprenne tout. Il vint l’embrasser, geste doux, étrangement doux, étrangement familier aussi. Son odeur, sa chaleur, elle les connaissait, elle se plaisait contre lui, c’était habituel et normal, rassurant. C’était son meilleur ami, la seule famille qu’elle voulait reconnaître, c’était l’autre moitié de tout ce qu’elle était et aussi étrange que puisse être ce baiser, tout semblait tomber sous le sens.

Elle s’approcha, tendant son dos pour se redresser un peu, pour approfondir le baiser, ayant l’impression de découvrir quelque chose et glissant sa main sur sa nuque pour le retenir un peu alors que le drap qui la couvrait décidait de se faire un peu la malle. Erreur, peut-être… Elle s’imagina soudain Absolem en train de s’éloigner, mal à l’aise, ayant juste voulu être réglo avec elle, fuyant ensuite, pas adepte des prises de tête. Ils se ressemblaient tant sur ce point-là qu’elle ne pouvait que comprendre… et qu’appréhender. Elle trembla, sans plus oser bouger. « J’avais pas imaginé ça comme ça » avait-il dit… parce qu’elle était sa pote, surement. Parce qu’il l’avait vu vomir, parce qu’il connaissait tous les détails fucked-up qui la composaient. Elle recula un peu, secouée d’une vague de froid, croisant son regard pendant un instant et sentant son cœur s’emballer. Comme si c’était le moment, tiens, de battre assez fort pour qu’il l’entende et prenne ses jambes à son cou…

Elle se fit violence, forçant un sourire, maladroit, étrange. Comprenait-il qu'elle jouait à la roulette russe avec la seule personne qui comptait, dans sa vie ? Elle s'efforça de penser à ce qu'il venait de dire, pour analyser, mais le gout du baiser sur ses lèvres l'empêchait de réfléchir. C'était si évident qu'elle avait envie de se foutre une gifle pour ne pas l'avoir vu plus tôt et à la fois, elle n'avait jamais été si peu assurée de sa vie. La confiance, l'insolence, la tendance à faire n'importe quoi, c'était bien loin, parce qu'au fond, elle pariait sa capacité même à aimer quelqu'un, à s'attacher, à faire confiance.

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Viens là, que je te dises à quel point je t'aime. Depuis combien de temps j'essaye d'avoir le courage de faire un pas vers toi pour que tu comprennes. là au chaud sous la couette je trouve qu'on est bien tous les deux. La neige tombe surement à gros flocons dehors, le sol doit être givré et certains élèves encore ivres suite à l'after ayant voulu prendre l'air pour se remettre le cerveau à l'endroit ont du glisser sur une plaque de givre et faire une chute mémorable. ça aurait sans doute été drôle à voir, on aurait surement ri comme deux cons en voyant les gens tomber sur les fesses et se faire mal. Mais ce qu'il se passe dehors, en ce petit matin de noël ça m'importe peu. Tout ce dont j'ai besoin c'est toi à mes côtés. Et on est bien dans ce lit. Même si on est toujours nus, on est au chaud sous la couette l'un contre l'autre à se regarder un peu dans le blanc des yeux sans savoir quoi dire. Sans savoir ce que pense l'autre.

« Tu veux bien que je te rendes heureuse? Enfin, j'veux dire... Tu sais ça fait un moment que je ressent plus que de l'amitié pour toi. En fait ça doit bien faire trois ans, quand je me suis rendu compte que t'étais là pour moi quand j'ai... Enfin, tu sais. Tu m'as pas tourné le dos. T'es là seule qui a pas pensé que j'étais fou et que ça devait bien finir par arriver. Tu m'as soutenue par hibou, quand on m'as envoyé dans un lycée moldu où je voulais pas aller, soit disant pour m'assurer un avenir. Tu m'as soutenu aussi quand j'allais mal. Et t'es la seule qui m’ait jamais lâché. T'as toujours cru en moi. » Raclement de gorge nerveux. « Je suis pas doué pour parler d'amour je crois. Et j'ai pas envie que tu prennes peur. Parce que si j'ai attendu aussi longtemps, autant hésité c'est que j'ai peur que tu me rejette. Que tu me laisse, et que j'me retrouve seul. Et sans toi je crois que je survivrai pas bien longtemps, que je me laisserai crever. T'es un peu ma Alice du pays des Merveilles. Et sans toi je serai jamais heureux. Et j'en ai marre de broyer du noir, c'est un peu égoïste de vouloir te garder près de moi pour aller bien mais... » Je soupire longuement. Je parle trop quand je suis nerveux. « BREF. On fait un peu les choses à l'envers en couchant d'abord mais j'aimerai bien qu'on fasse un bout de chemin ensembles. Un long bout de chemin même. »

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Avait-elle raté le mémo ? Aurait-elle dû le remarquer, le voir ? Aurait-elle dû comprendre qu’il y avait dans leur complicité plus qu’une simple amitié ? Elle ne savait même pas quoi penser. Hurler parce qu’il s’était approché d’elle sans le montrer clairement ou râler parce qu’il avait attendu si longtemps pour le dire ? Avec difficulté, elle avala sa salive, détestant être si nerveuse. Cela ne lui ressemblait pas, elle ne se comportait jamais comme ça, sauf lorsqu’elle était confronté à l’idée de voir (et donc perdre) sa mère. Absolem ne l’avait jamais abandonné, lui, ou alors, lorsqu’il s’était éloigné, c’était avec des raisons valables… et elle s’était accrochée pour ne pas le perdre, se jurant de ne plus jamais le laisser tomber si bas, aller si mal. Alors qu’elle l’écoutait, appuyée contre lui, elle réalisait petit à petit la confusion des gens. Ils s’étaient comportés comme un couple pendant des mois, des années, à s’emmerder, à toujours trainer ensemble… au fond, c’était normal que les gens se posent des questions, elle avait juste été trop idiote pour le voir. Ou trop occupée à courir après quelque chose qu’elle ne trouvait nulle part, à savoir quelqu’un pour qui elle serait importante et essentielle, quand en réalité, elle avait déjà cette personne dans sa vie.

Inspirant profondément, elle se retrouva à vouloir le secouer, pourtant, de n’avoir rien dit. Elle comprenait le raisonnement, il n’y avait aucun problème à ça, mais quand même. Elle se retrouva rapidement à le surplomber, oubliant un peu qu’elle était nue, venant l’emmerder, voulant le traiter d’idiot pour le taquiner, pour se prouver aussi qu’au fond, rien n’avait changé… si, les choses avaient et devaient changer, mais cette complicité, cette simplicité, elle ne voulait pas la perdre. « T’aurais dû dire quelque chose, imbécile » souffla-t-elle en se redressant, en l’embêtant, se retrouvant assise à califourchon sur lui, casse-pied totale refusant de penser au mal qu’elle avait pu lui faire si, en réalité, il la voyait ainsi depuis des mois et des mois. Combien d’abrutis avait-elle laissé approcher ? Combien de copains provisoires, de mecs à qui elle donnait son attention, son affection, ne l’oubliant jamais lui mais quand même. La donne était définitivement différente. Finalement, se calmant, plus à l’aise parce qu’elle appréhendait l’idée, parce que soudain tout tombait à sa place, tout prenait du sens, elle se redressa un peu, tendant une main pour dégager ses cheveux roux et lancer « J’étais pas si ivre… » d’un air de dire, à la fois, qu’il l’avait vu dans pire état et qu’elle assumait ce qu’il s’était passé, que ce n’était pas une erreur. Ca l’était peut-être, ils le regretteraient probablement par moment, mais à cet instant, elle n’imaginait personne d’autre. Lui, elle pourrait lui donner son affection sans avoir peur d’être jugée, abandonnée, sans craindre de ne pas être comprise. Lui, c’était son meilleur ami et c’était l’autre moitié d’elle, elle comprenait juste à l’instant ce que ça pouvait vouloir dire, l’évidence qu’elle avait pu sentir sans jamais l’interpréter correctement.

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« T’aurais dû dire quelque chose, imbécile » Oui sans doute. Y a beaucoup de choses que j'aurais du faire autrement dans ma vie, beaucoup de choses que j'aurais voulu dire ou ne pas dire. Mais comment j'aurais pu savoir moi, que tu voudrais bien de moi? Je suis peut-être un sorcier mais ça fait pas de moi un devin. r « J’étais pas si ivre… » ça me fait sourire, doucement. Au moins le positif c'est qu'elle s'en souviendra après avoir dormi, qu'elle se réveillera pas à poil à côté de moi en se demandant ce qu'il s'est passé et comment on en est arrivé là. On s'est juste laissés allés. Deux jeunes adultes consentants, je vois ça comme ça personnellement. « ça veut dire que tu veut bien de moi alors. ça me rassure j'dois dire, je sais pas trop comment j'aurais réagi si... si t'avais pas voulu. Je crois que je me serais auto lancé un sort pour oublier. Fuir, d'une certaine manière, pour pas en souffrir toute ma vie. » Lâche. Pas très courageux pour une fois, le préfet des Gryffondor... Je crois que si Godric m'entendait là, il se retournerais dans sa tombe de pauvre homme, en voyant que le préfet est couard quand il est question d'assumer les sentiments.

« De toute manière, si les gens nous voient ensembles ça étonnera personne je pense. Tout le monde a du le voir venir sauf nous... » C'est pas comme si on en avait quelque chose à faire de ce que pensent les autres, mais quand même. C'était juste tellement prévisible que ça allait finir comme ça.

Je me retourne sur le dos, pour fixer le plafond de pierres froides. La salle sur demande c'est toujours un lieu qui m'as intrigué je dois dire. Un truc magique, qui me surprendra toujours. Moi le né moldu, sorcier par on ne sait quel hasard. Même maintenant que j'ai conscience de ma nature, que je maîtrise mieux les choses... Je crois que la magie m'étonnera toujours. « Tu... Enfin j'veux dire... Faudra peut être que tu me présentes à tes parents un jour. Quand tu seras prête on vas pas se précipiter mais comme je sais que t'es pas en très bon thermes avec eux... Autant parles des sujets qui fâchent, j'aime pas quand on garde les choses pour soi ça finit toujours mal. D'ailleurs si l'an prochain t'as envie, on se prendra un petit truc ensembles, puisque je compte partir de chez mes papas pour avoir un peu mon indépendance. On arrive à cohabiter alors... Puis même si on est plus... Enfin tu vois ce que je veux dire, on pourra toujours faire collocation et chambre à part. » Couple. Putain c'est un mot simple pourtant, mais j'ai du mal à le formuler. A le dire. C'est tellement bizarre aussi faut dire comme situation. Et rien que l'idée de la perdre alors que je viens tout juste de réussir à conclure, ça m'retourne l'estomac.

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Il était là, à nouveau allonger dans les draps, à regarder le plafond tout en parlant, meublant ce silence qui menaçait de s’installer entre eux. C’était étrange, comme concept. Elle avait passé des journées entières lovée entre ses bras, à se comporter de façon bien trop ouverte et proche, selon certains, toujours à se foutre de l’avis des autres mais là, à présent, allongée à côté de lui, parce qu’elle s’était laissée retomber sur le flanc, tenant à nouveau le drap sur son buste et se cachant un peu, elle osait à peine bouger, à peine s’approcher. Elle inspira, doucement. Il avait raison, ils se foutaient de l’avis des gens, du monde entier, mais cela restait étrange quand même. Aurait-elle dû comprendre plus tôt ? Aurait-elle dû réaliser, faire quelque chose, bouger vers lui, trouver ce courage qui lui manquait pour une fois, parce que le préfet des Gryffondors avait trop souffert dans sa vie pour aller chercher les coups lui-même à présent. Elle avala sa salive, difficilement. Elle aurait dû, peut-être, surement, plutôt que d’arquer un sourcil sceptique à chaque fois que lui finissait avec quelqu’un, s’impatientant pour retrouver ses bras. « Tu... Enfin j'veux dire... Faudra peut être que tu me présentes à tes parents un jour. Quand tu seras prête on vas pas se précipiter mais comme je sais que t'es pas en très bon thermes avec eux... Autant parles des sujets qui fâchent, j'aime pas quand on garde les choses pour soi ça finit toujours mal. D'ailleurs si l'an prochain t'as envie, on se prendra un petit truc ensembles, puisque je compte partir de chez mes papas pour avoir un peu mon indépendance. On arrive à cohabiter alors... Puis même si on est plus... Enfin tu vois ce que je veux dire, on pourra toujours faire collocation et chambre à part. »

Elle afficha un petit sourire, le regardant d’un air perdu. Il était tôt, ou très tard. Ils étaient encore un peu ivre, juste assez pour avoir l’impression que le son était un peu cotonneux et Absolem parlait, parlait, encore et encore. Elle comprenait, sur le principe, pas de non-dits, pas de regrets, rien qui puisse servir d’armes ou de bouclier une fois les réalisations venues. Mais il n’y en aurait pas, des réalisations, surement parce que c’était la meilleure connerie qu’ils aient pu faire. Son cœur battait trop fort, pourtant. Appréhension, nervosité, tout allait tellement vite. Ils avaient beau se connaître depuis des années, Zeppelin n’avait jamais été très douée avec tout ça et ça pouvait se sentir. Hésitant un instant, elle finit par se pencher au-dessus de lui, sa main venant se poser sur un des innombrables tatouages du jeune homme et ses lèvres s’écrasant contre sa bouche. Le geste était… naturel et quelque part, c’était à se demander pourquoi diable ils n’y avaient pas pensé avant… surement par peur de se perdre. Rompant le baiser, elle ne recula pas pour autant, allongée contre lui, trouvant son regard. « Doucement » souffla-t-elle, forçant un petit sourire « Je ne vais nulle part mais doucement, tu parles à une fille qui ne sait pas de quelle couleur elle va teindre ses cheveux pour la journée… »

Elle réalisa un peu trop tard qu’à dire ça, elle passait pour indécise, plus qu’elle ne l’était, et qu’il risquait de le prendre d’une façon bien trop personnelle. « J’veux dire… » elle baissa la tête. Voilà que ça commençait déjà, pas foutue de s’engager de peur de tout foirer. Merci maman, pour la génétique, merci papa pour le courage. Et puis merde. « Je ne vais nulle part » répéta-t-elle, finalement, sentant sa nuque se raidir un peu alors qu’elle relevait la tête pour à nouveau le regarder. « Je suis bien, là, et c’est la première fois que ça m’arrive, j’vais pas laisser filer ça. J’vais pas te laisser tomber. Mais doucement, d’accord, avant d’inclure dans la mixture des gens qui vont tout vouloir faire foirer à la seconde où ils poseront les yeux sur nous… » après tout, sa grand-mère n’en était pas à sa première chasse anti-non-sang-pur et si elle ne doutait pas de la détermination d’Absolem, elle était encore plus certaine du fait que son aïeule était en réalité un dragon vicieux et très bien déguisé.

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Il avait encore parlé trop vite, sans réfléchir. Il était évident que quand la si terrible grand mère dont il avait tant entendu parlé apprendrais que la bonne copine Alice était en réalité un garçon énormément tatoué, et né moldu... ça ne passerait certainement pas comme une lettre à la poste. Sans que la famille Crane n'aie besoin de savoir qu'il consommait également de l'herbe et des champignons, pas mal d'alcool pour trouver le sommeil et qu'il ait été élevé par un couple homosexuel... Le préfet savait déjà qu'on ne l'aimerais pas spécialement. Qu'on ne chercherait même pas à connaître ses qualités, et qu'on s’arrêterait aux apparences une fois de plus. Entremêlant ses doigts à ceux de la petite rousse, un léger sourire au coin des lèvres il hocha la tête: « T'as raison, on a encore du temps devant nous avant de penser à ce genre de détails. Moi c'est déjà fait, tu connait ma famille. Et je suis sur que quand ils sauront que maintenant t'es plus qu'une amie, ils accepterons bien la chose. » O'Reilly était certain que ses deux pères seraient ravi de le voir sourire. De le voir heureux. De savoir que peu à peu, si tout allait bien il finirait par peut être guérir une bonne fois pour toute sa dépression, et oublier ses envies d'en finir avec la vie.

Observant le corps nu de Zeppelin en détail, découvrant pour la première fois un peu mieux ces formes aux quelles il avait pourtant tant pensé, il continua de sourire. Passant une main sur sa taille, appréciant de pouvoir caresser sa peau d'une toute autre manière qu'avant, il eut un petit rire. Il repensait à leurs étreintes amicales d'avant, et se rendait compte que finalement, même si la situation était désormais bien différente rien n'allait réellement changer.

Absolem décida d'engager la conversation sur un sujet plus léger: « T'es exactement comme je l'imaginais. J'veux dire, nue. Je suis pas vraiment surpris, pas déçu non plus. Mais je sens que maintenant, je vais avoir envie de te dessiner sans vêtements. Bien sur personne verra ces dessins là, je les cacherais bien c'est promis. Par contre, je pensais pas que... Que c'était comme ça de faire l'amour avec toi. J'imaginais pas que ce serait aussi bon. Je crois que j'ai jamais ressenti un truc pareil, que ce soit avec un homme ou une femme d'ailleurs... »

You're the only thing I know like the back of my hand

Il l’observait. Il la regardait, ses yeux filant sur elle, sur sa peau nue, ses formes qu’il n’avait jamais vraiment vues avant et pendant un instant, Zeppelin qui pourtant avait toujours été dépourvue de ce genre de pudeur, envisagea de rabattre ses bras sur son buste pour se cacher un peu, à défaut de tirer le draps sur elle. Etait-elle à son gout ? Question étrange, surement, mais c’était là les tracas et les soucis moraux et étique qui venaient souvent avec le don de Métamorphage. Il était tentant de changer pour quelqu’un, c’était si simple, si facile mais c’était se perdre un peu. Elle n’y avait jamais eu recourt mais soudain, elle se demandait si cela n’aurait pas été une bonne chose que d’utiliser ce pouvoir si spécial pour être… parfaite. Non pas que la perfection existe, certes, mais elle aurait pu chercher un peu plus de formes, supprimer quelques cicatrices de l’enfance, rendre son sourire un peu plus gracieux, plein de détails qui l’aurait probablement dénaturée… Elle resta immobile cependant, repoussant les questions et faisant surement bien car rapidement, il enchaîna, le plus simplement du monde « T'es exactement comme je l'imaginais. J'veux dire, nue. Je suis pas vraiment surpris, pas déçu non plus. Mais je sens que maintenant, je vais avoir envie de te dessiner sans vêtements. Bien sûr personne verra ces dessins-là, je les cacherais bien c'est promis. Par contre, je pensais pas que... Que c'était comme ça de faire l'amour avec toi. J'imaginais pas que ce serait aussi bon. Je crois que j'ai jamais ressenti un truc pareil, que ce soit avec un homme ou une femme d'ailleurs... » Un sourire retroussa presque instantanément les lèvres de la petite rousse et elle laissa filer un rire léger. Il n’y avait aucune moquerie là-dedans, loin de là. Elle était peut-être un peu gênée, appréhendant difficilement la nouveauté, mais d’un côté, c’était normal, non ? Soufflant légèrement, elle décida d’essayer d’alléger l’atmosphère à son tour. Elle aurait pu fuir, trouver une excuse, quelque chose du genre, ça lui ressemblait bien au fond, elle l’avait fait si souvent, mais si c’était pour le perdre, pour le blesser aussi, ce n’était même pas la peine d’y penser. Elle avait besoin d’Absolem et lui avait besoin d’elle, les gens diraient surement que ça n’avait été qu’une question de temps… combien les pensaient déjà ensemble, à vrai dire ? « J’savais même pas que tu avais un tatouage là » déclara-t-elle en pointant vers sa cuisse, un peu mutine, cherchant à être légère et finissant par se prendre au jeu, retrouvant un peu de cette complicité fusionnelle et évidente qu’ils se connaissaient depuis des années maintenant. Elle avait l’impression d’être comme une gamine après sa première fois et soudain, une chanson à la con, moldue et antique à présent, vint s’installer dans sa tête. Le rythme était ridicule et vu les paroles, il était normal qu’elle se mette à rire, venant cacher son visage contre l’épaule d’Absolem alors qu’elle se mettait à fredonner ce foutu truc qui lui resterait dans la tête. Fuck you, Madonna. Faisant exprès de chanter faux pour montrer qu’elle ne se prenait pas vraiment au sérieux, elle articula la phrase principale « You’re so fine and you're mine, I’ll be yours till the end of tiiiiiime cause you made me feel, yeah, you made me feeeeel… shiny and neeeeew, like a virgin, touched for the very first time, like a virgin, when your heart beats next to mine » se sentant ridicule mais se disant qu’au moins, elle se ressemblait bien plus qu’en jouant les oies blanches ne lâchant pas un mot.