Elle le regardait faire son sac, les bras croisés, serrant comme elle le pouvait ses bras, frissonnant à chaque vêtements qu'il enfouissait en vrac dans son bagage. Elle se mordit la lèvre et s'empêchait du mieux qu'elle le pouvait de s'effondrer en larmes, restant stoïque malgré le mal qui la rongeait. Il avait déjà pris sa décision, il était motivé à s'en aller, à aller là-bas, loin d'elle. Elle le voyait bien dans ses gestes, sa façon de se presser, et son visage, redevenu si sérieux alors qu'il s'était ouvert à elle durant ces quelques mois. Elle le revoyait, le sourire aux lèvres tandis qu'ils se confiaient, autour d'un café délicieux et d'un feu de cheminé, des secrets et des anecdotes amusantes. Elle sentait encore la chaleur de ses bras autour d'elle alors qu'ils s'endormaient l'un contre l'autre dans ce chalet qui était devenu leur repère.

« N'y va pas » murmura-t-elle, la voix brisée par l'émotion et les souvenirs qui refaisaient surface.

Il s'arrêta dans son geste et lâcha le pull qu'il avait dans les mains pour appuyer ses poings sur le matelas tout en soupirant. Elle l'entrevit fermer les yeux et se demanda si c'était aussi difficile pour lui que pour elle. Hésitante, Dénérys se rapprocha de lui, en attendant ce qu'il s'apprêtait à faire. Resterait-il si elle le suppliait ?

« On en a déjà parlé. Je dois y retourner. » finit-il par lâcher en rouvrant les yeux et en comblant le vide qu'il y avait entre eux.

Elle sentit son cœur se serrer davantage et passa une main sur son visage, prête à perdre pied. Il allait donc partir loin d'elle, durant un temps indéterminé et rien ne lui assurait qu'il reviendrait. C'était peut-être la dernière fois qu'elle le voyait. Désespérée, elle se jeta dans ses bras et le serra aussi fort qu'elle le pouvait.

« Reste avec moi, ne me laisse pas Lucian. »

« Je ne peux pas, souffla-t-il en enroulant ses mains au creux des reins de la brunette, je dois retourner là-bas, on ne m'a pas laissé le choix »

« On a toujours le choix. » assura-t-elle en plaquant ses mains sur ses joues rugueuses, les larmes aux yeux.

Il secoua la tête et embrassa tendrement son front. Elle ne pouvait et ne voulait pas le laisser partir. C'était trop lui demander. Surtout après ce qu'ils avaient vécus, ici. A la base interdite, leur relation avait finie par évoluer de façon naturelle et elle était incapable de vivre à nouveau sans lui. Ils avaient rêvés ensemble, dans cette petite ville moldu perdue en pleine montagne. Entre les pistes de skis, les randonnées main dans la main, les courses de moto-neige, les batailles de boules de neige, les balades romantiques en chiens de traineau, les crises de rires, les moments intimes et passionnés, et les réveils à deux, étroitement enlacés. Tout ceci semblait à présent être loin derrière elle. Tout avait fini lorsqu'il avait reçu un hiboux lui donnant l'ordre de revenir à Londres.
Lucian ne lui avait pas dit pourquoi il devait repartir, mais elle était loin d'être idiote. En tant que Zabini et sang-pur, il devait probablement exécuter une mission pour l'Ombre, entité reprenant le flambeau des Mangemorts.

« Promets-moi de revenir » finit-elle par dire en le sentant s'écarter d'elle.

Il lui prit le visage entre ses mains et sécha ses larmes à l'aide de ses pouces. Traitresses ! Elle ne s'était même pas rendue compte qu'elle pleurait.

« Je reviendrai toujours, tu m'entends ? Toujours, pour toi. »

Il l'embrassa fugacement et la lâcha ensuite pour retourner à son sac. Malgré ses dires, elle avait peur. Peur qu'il soit en danger, peur que ça soit un piège, peur qu'on lui confie une mission risquée, peur qu'il se fasse attraper par les autorités magiques, peur qu'on ne lui fasse du mal, peur qu'il y reste. Elle était absolument contre cet ordre dont il faisait parti et méprisait clairement leurs idéaux, mais Lucian était différent, elle savait qu'il ne ferait jamais aucun mal à qui que ce soit et que le sang n'avait pas son importance pour lui. Après tout, n'était-elle pas une sang-mêlée ?

« Je viens avec toi » dit-elle en s'apprêtant à prendre un sac, à son tour.

«  Non, Déné. On en a déjà parlé, tu dois rester ici. Je n'arriverai pas à me concentrer si... »

Il s'arrêta dans sa phrase et elle comprit immédiatement ce qu'il voulait dire.

« Si je suis en danger ? » rajouta-t-elle, ironique, pour terminer sa réflexion.

Il leva les yeux vers elle et avala avec difficulté sa salive. Ils n'avaient jamais eu cette discussion auparavant et visiblement, ce n'était pas le bon moment pour débattre sur leurs diverses opinions sur le sujet épineux du sang, de l'Ombre, de ses méfaits. Il ferma d'un geste agacé son sac à dos et le prit d'une main. Elle lui barra la route au moment où il tenta de la dépasser et leva la tête pour mieux le regarder. Une dernière fois.
Elle n'était d'ores et déjà plus son professeur, elle n'avait aucune autorité sur lui. Ce temps-là était révolu, mais... Maintenant qu'ils y étaient, elle craignait de le voir passer cette fichue porte et tremblait rien qu'à cette idée. Combien de temps devra-t-elle l'attendre ? Combien de temps avant qu'ils ne se revoient ? Tout en se mordant presque à sang la lèvre inférieure, elle soupira et osa enfin lui avouer un secret qu'elle gardait depuis quelques jours.

« Je suis enceinte. »

Il se figea et lâcha son sac sous le coup de la surprise. Elle savait que c'était égoïste de le lui avouer comme ça, et totalement injuste. Mais elle était prête à tout pour le retenir, pour l'empêcher de retourner à Londres. Elle le savait depuis quelques jours et avait hésité à lui dire, ne sachant pas si elle allait le garder ou non. Mais, maintenant, alors qu'elle était à deux doigts de le perdre, Dénérys désirait ardemment garder cet enfant, ce fruit de leur passion interdite.
D'une main tremblante, il caressa le ventre encore plat de Dénérys et elle attrapa sa main au passage, la serrant contre elle.

« Je t'en prie, Lucian, ne m'abandonne pas... »

Elle croisa son regard et aperçut une once d'hésitation. Elle ne savait pas si c'était par rapport au fait qu'il reste ou non, peut-être était-il tout simplement sur le choc d'apprendre qu'il allait devenir père. Après tout, il n'avait que vingt ans, jeune sorcier qui avait absolument tout devant lui, mais qui se retrouvait déjà bloqué avec une femme et un enfant. Cela l'effrayait-il ?
Il se recula alors et reprit son balluchon et passa une main sur son visage tout en lâchant un râle.

« Je dois y aller, j'enverrai quelqu'un de confiance pour prendre soin de toi. »

Elle entrouvrit la bouche, offusquée par cette réaction. Était-ce donc ça ? Pensait-il s'en tirer plus facilement ? Se donner une raison valable de partir ? Son cœur se fissura, doucement mais surement face à cette réalité. Face à la réaction de la jeune femme, il se reprit et se rapprocha d'elle, tout en remettant sa main sur son ventre qui serait bientôt rond.

« Je reviendrai. Pour toi, pour cet enfant, pour nous. Mais je dois faire quelque chose de très important avant et j'espère que tu seras fière de moi. Je ne peux pas t'expliquer, maintenant. Je t'en prie, je t'en supplie, reste ici en sécurité. Maintenant, plus que jamais. »

Il jeta un coup d’œil à son ventre. Elle acquiesça sans réellement comprendre le sens de ses paroles et répondit à son baiser quand il l'embrassa une dernière fois, tendrement. Elle s'accrocha à son blouson, détestant l'idée qu'elle n'avait pas d'autre choix que de regarder l'homme qu'elle aime courir à sa perte.

« Je t'aime » murmura-t-il quand il rompit le baiser enflammé qu'ils venaient de s'échanger.

Sous le coup de la surprise, elle se figea et tout son corps sembla anesthésiée. Son cœur s'emballa et son ventre se noua, ne s'attendant pas à autant de sa part. Jamais il ne lui avait avoué ses sentiments, gardant pour lui ce qu'il pensait ou ressentait vis à vis d'elle. Il tenait à elle. Non... Il l'aimait. Et il reviendrait, pour elle, pour eux. Il le lui avait promis. Elle toucha ses lèvres, encore chaudes et humides, et se les humecta, voulant garder pour toujours le goût suave de leur baiser. Puis, elle prit conscience qu'il était sur le point de s'en aller et qu'elle avait encore besoin de sentir ses bras autour d'elle, de sentir une fois encore son odeur et lui murmurer à son tour le fait qu'elle l'aimait. Une dernière caresse, une dernière étreinte, un dernier baiser.
Elle se retourna au moment pile où il transplana, disparaissant dans un bruit assourdissant, la laissant seule à l'autre bout du monde, dans ce chalet qui était devenu leur maison, tandis qu'il affrontait vents et marrés, là-bas.

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Ce texte est dédié à Nexia, le meilleur gros caca du monde. Juste, parce que même si je fais souvent souffrir ses personnages, au fond... J'en suis accro. Un peu comme elle, quoi.
VIVE NOUS, MA LIXIA. :nomnom: