Zabini et Halley. Elle en avait soupiré de dépit, elle qui avait fait tant d’efforts pour l’éviter depuis leur dernière rencontre. Le sort était contre elle et elle n’aurait jamais pensé vouloir éviter une confrontation avec le Serpentard, confrontation autorisée et réglementée qui plus est ! Elle aurait dû en sourire de joie, saisir cette opportunité, mais elle aurait aimé changer d’avis, se rétracter. Eux qui avaient passé tant de temps à se chercher, à se confronter loin des regards des autorités de l’école, à présent on leur donnait l’opportunité de le faire dans les règles de l’art et la jeune Serdaigle ne semblait pas ravie. Elle n’avait pourtant plus le choix, obligée de se rendre à ce duel auquel elle n’aurait jamais participé si elle avait connu dès le départ l’identité de celui ou celle à qui elle serait opposée. Elle aurait préféré devoir affronter la Lestrange ou son frère, mais non, elle devait se mesurer à Lucian. Elle avait eu le sentiment que les choses allaient mieux se passer après leur heure de colle commune, mais s’était rapidement mise à douter une fois sortie de la salle, cherchant à fuir à tout prix le jeune homme, ne parlant à personne de cette soirée étrange. Elle s’était souvent demandée ce que lui avait pensé de cet échange, de cette conversation. Si il avait regardé Rohàn différemment maintenant qu’il savait qu’il avait en quelque sorte pris sa place.

La demoiselle chassa ces pensées de son esprit, elle devait se rendre sur les lieux du duel et ne voulait pas être en retard. Les lieux étaient encore déserts quand elle arriva sur place, elle songea à une ruse de la part du Serpentard, mais non, le duel avait des règles très strictes et la présence de Byron pour superviser le tout l’obligerait à les respecter. Enfin, elle entendit des bruits de pas. Son cœur manqua un battement alors qu’elle réalisait qu’elle devrait se battre contre son plus vieil ami et que, pour une fois, elle ne le désirait pas.

Se dirigeant d’un pas lent vers la forêt interdite, Lucian redoutait la rencontre avec Ange. Lorsqu’il avait vu qu’il avait été mis en duel avec la Serdaigle, il avait de suite compris qu’il n’y aurait pas d’échappatoire, et qu’il allait devoir la revoir. Depuis leur heure de colle, il ne l’avait pas revu. Pourtant, leur relation avait semblé s’être améliorée le temps d’une soirée. Il avait eu l’espoir vain de la recroiser dans le château les jours suivants, afin de peut-être pouvoir entamer une trêve. Mais il ne l’avait pas vu, à croire qu’elle le fuyait comme la peste. Il aurait préféré la rencontrer dans d’autre circonstance, mais la chance ne semblait pas être de son côté. Il s’était obligé à s’inscrire à ce stupide duel, afin de paraître plus clean, qu’on ne l’associe pas aux actes de l’Ombre durant la nuit d’Halloween. Il commençait à le regretter amèrement.
Lâchant un soupir las, il vit au loin une chevelure blonde qu’il connaissait bien. Il avait tant de fois été confronté à Ange dans les couloirs du château, à déverser sur elle une haine dont il ignorait la provenance, qu’il ne savait plus vraiment s’il en avait encore envie aujourd’hui. Aurait-il encore le courage de lever sa baguette ? Il en doutait, et pourtant, il le devrait, c’était le but de ces duels organisés par les professeurs. Il n’avait plus le choix, il s’était inscrit, à présent il devait assumer et jouer le jeu. Ange lui tournait le dos, et il ne tarda pas à arriver à sa hauteur. Avant qu’elle ne se retourne, il colla rapidement le bout de sa baguette contre son dos.

« Trop lente Halley, lâcha-t-il un sourire en coin. »

Retirant sa baguette du dos de la jeune femme, il la contourna et se posta face à elle. Faisant tourner son morceau de bois entre ses doigts, il rajouta ;

« J’espère que tu vas te montrer un peu plus vive, parce que je risque d’avoir facilement le dessus. Enfin, ça ne changera pas de d’habitude. »

Un frisson lui glaça l’échine alors qu’elle sentait la baguette de son ennemi se glisser dans son dos. Elle repensa à toutes ces fois où ils s’étaient affrontés, ces moments passés à se cracher à la figure leur haine mutuelle, sans réellement en connaître la provenance. Ange n’était pas du genre à haïr les gens, plutôt à les méprisés, à prétendre qu’ils n’existaient pas, mais tous les codes qui s’appliquaient à sa personnalité semblaient ne pas s’appliquer en ce qui concernait Lucian. Lui qui la connaissait bien, lui qui avait toujours été là pour la soutenir dans les moments difficiles, à présent il était devenu la plus grande inconnue dans sa vie, une équation qu’elle ne parvenait pas à résoudre, comme si leurs destins respectifs ne semblaient pas vouloir se dissocier alors qu’il aurait été plus sage de s’ignorer, de prétendre ne pas connaître. Elle en était incapable. Il était plus facile de le défier, de s’opposer à lui plutôt que de l’ignorer comme elle l’aurait fait avec un autre, plus facile de le haïr que de ne plus le connaître du tout. Il faisait alors toujours partie de sa vie, il y avait alors toujours une chance qu’un jour les choses redeviennent comme avant, même si Ange se disait souvent qu’elle se berçait dans de douces illusions quand elle pensait à cela. Jamais rien ne serait plus comme avant entre eux et elle devait arrêter de se voiler la face, même si elle avait l’impression que quelque chose s’était passé lors de leur dernière rencontre, c’était encore sans doute un faux espoir qui finirait par la décevoir.

La jeune femme soupira et se retourna pour affronter le jeune homme du regard. « Peut-être ai-je envie de te donner l’impression d’avoir le dessus pour mieux te descendre ensuite ? » Il avait sûrement gagné quelques batailles, mais pas la guerre, elle aussi pouvait se vanter de l’avoir eu à sa merci lors de leurs querelles. « On s’y met ? » Elle le défia du regard puis recula d’une dizaine de pas, comme le voulait la tradition en matière de duel, avant de le saluer. Les choses sérieuses pouvaient commencer.

Fixant le dos de la blondinette, elle ne tarda pas à se tourner vers lui tout en soupirant. Il rencontra son regard, et la Serdaigle lâcha ;

« Peut-être ai-je envie de te donner l’impression d’avoir le dessus pour mieux te descendre ensuite ? On s’y met ? »

Le concerné ne put s’empêcher de sourire un peu plus, stoppant le tournoiement de sa baguette entre ses doigts. Il devait avouer qu’Ange savait parfaitement bien se défendre en matière de magie. Tous deux n’avaient pu s’empêcher de se provoquer ces dernières années dans les couloirs du château, et après les joutes verbales, les baguettes venaient parfois prendre le relai. Certes, pas toujours, mais c’était déjà arriver pas mal de fois. C’était peut-être une façon stupide de faire comprendre à l’autre qu’il comptait toujours un peu. Ce qui était vrai pour Lucian, et il se doutait que pour Ange c’était exactement pareil. Il avait pu le voir leur de leur dernière entrevue, qui s’était plutôt bien déroulée. Chose exceptionnelle.
Il vit la jeune femme reculer de plusieurs pas, puis le saluer avant de commencer le combat. Lucian ne tarda pas à l’imiter, un sourire en coin sur les lèvres. C’était bien la première fois que leur confrontation était encadrée, et le Serpentard ne savait pas si c’était véritablement une bonne chose ou non. Déjà, il était certain qu’il devait commencer doucement, mais Lucian était plutôt d’humeur joueuse, et il avait quarante-huit heures à passer avec la blondinette, il allait bien falloir faire passer le temps. Et puis, tout ceci n’était qu’une formalité. Le Serpentard n’avait nul besoin de cours pour savoir se défendre, il connaissait tous les sortilèges en matière de combats, même ceux relevant de la magie noire. Ce n’était donc qu’un amusement entre deux élèves qui se connaissaient depuis toujours, et qui avaient été mis ensemble de façon hasardeuse.

« Impatiente de savourer une nouvelle défaite Ange ? lâcha-t-il en arquant un sourcil. »

Sans lui laisser le temps de répondre, il pointa sa baguette, et lâcha distinctement ;

« Everte Statum »

Combien de fois s’étaient-ils déjà fait face auparavant ? Se menaçant du regard, dardant sur l’autre une baguette prête à être utilisée. Elle ne comptait plus le nombre de fois où leurs regards flamboyants s’étaient affrontés, cherchant à faire baisser les yeux de l’autre, utilisant les mots pour armes, mais pas seulement. Ils s’étaient plus souvent insultés au cours des dernières années qu’elle ne l’avait jamais fait avec quiconque avant lui et pourtant ce soir la demoiselle ne se sentait pas d’humeur offensive, elle n’avait pas cette flamme au fond du cœur qui lui donnait envie de se battre face à son Serpentard, ce dernier étant devenu pourtant son adversaire préféré en matière de duel. Elle savait pertinemment que ni l’un ni l’autre n’avait réellement besoin de ce cours, qu’elle s’y était inscrite pour prouver à Byron qu’elle n’avait pas besoin de lui pour apprendre à se défendre, lui qui avait vu en elle une élève potentielle pour ses méthodes peu orthodoxes. Elle n’avait évidemment pas imaginé un instant tomber sur Lucian, ce qui aurait dû rendre le jeu encore plus intéressant, comme une histoire qu’elle connaissait déjà bien, une impression de déjà vu.

« Impatiente de savourer une nouvelle défaite Ange ? » Elle sentit son cœur sourciller alors qu’il l’avait appelée par son prénom, chose qu’il n’avait pas faite depuis longtemps, se contentant de la nommer par son patronyme, mais très vite elle reprit le contrôle sur ses émotions et afficha un sourire froid et hautain. « Plutôt de te faire mordre la poussière, Lucian. » Sa langue avait sifflé, alors qu’à son tour elle prononçait le prénom du jeune homme, mais sa réponse se perdit dans les airs alors que déjà il passait à l’assaut. Un coup de baguette de la jeune femme suffit à dévier le sort, un « protego » jeté à la hâte et presque une seconde trop tard. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait, comme si on l’avait drainée de toute forme de combativité. « Cofundo ! » cela ne lui ressemblait pas, ce sort était presque inoffensif, elle semblait ne pas vouloir blesser le jeune homme comme elle aurait pu le faire. Ange aurait pu saisir l’opportunité de remettre Lucian une bonne fois pour toute à sa place, bien qu’il savait déjà qu’elle n’était pas qu’une soricière de pacotille, elle semblait aujourd’hui lui mâcher le travail.

Lucian ne se souvenait plus à quand remontait la dernière fois qu’ils s’étaient appelés par leur prénom. Et cela datait, sans aucun doute. Lors de leurs joutes verbales, c’était toujours à l’aide de leur nom de famille qu’ils s’interpellaient. Le fait qu’Ange l’appelle de nouveau Lucian, lui donnait l’espoir, que peut-être, les choses allaient changer entre eux, et redevenir comme avant. Depuis leur rencontre durant leur heure de colle, le Serpentard avait espérer la revoir afin de lui parler, et voir comment leur relation allait évoluer. Mais à croire qu’elle l’avait fui comme la peste. Et malheureusement, ou heureusement-selon les points de vue-, ils avaient été mis ensemble pour les duels.
Elle esquissa son sortilège à la dernière minute, ce qui ne surprit pas Lucian, connaissant les capacités de la Serdaigle en matière de sortilèges. Prêt à contre attaquer le futur sortilège d’Ange, un ;

« Cofundo. »

Ne tarda pas à voler dans l’air. Lucian n’eut aucune difficulté à dévier le sort, décontenancé devant ce sortilège presque insignifiant, ne pouvant lui causer un quelconque dégât. Arquant un sourcil, un sourire en coin, il lança d’une voix railleuse ;

« Et bien Ange, perdrais-tu tous tes moyens devant moi ? »

Le vert et argent ne comprenait pas pourquoi elle n’y mettait pas un peu plus du sien, il la savait capable de lancer des sortilèges bien plus puissant que ce simpliste « confundo ». Pointant de nouveau sa baguette, il lança un nouveau sort ;

« Expedimenta. »

Il voulait la voir se défendre, lever sa baguette et riposter. D’ordinaire, elle n’avait aucune difficulté à pointer sa baguette sur lui afin de lui envoyer un sort en pleine tête. En y repensant, dès qu’ils se croisaient dans les couloirs, tous deux débordaient d’une haine dont ils ignoraient la provenance. C’est ce qui les poussait à dégainer leur baguette, et se lancer les pires injures du monde. Si il voulait voir Ange plus motivée dans ce duel, qui allait vite devenir inintéressant si cela continuait ainsi, il allait devoir la pousser à bout.

Elle s’en voulait d’être aussi lente, aussi … Absente. Comme si sa tête était ailleurs. Son regard dévisageait Lucian, à la recherche d’un quelconque indice sur ce qu’il pensait d’elle depuis leur dernière rencontre. Était-il en faveur d’une réconciliation ? Ou bien leur heure de retenue n’avait-elle rien changé ? La question demeurait, plus vivace que jamais. Ange se surprenait à espérer qu’ils redeviennent ce qu’ils avaient été, elle avait plus que jamais besoin de Lucian et de ses paroles réconfortantes, lui seul pouvait la sortir de ce trou noir qu’était devenu sa vie. Elle avait le sentiment d’avoir tant perdu au court des dernières années et plus encore durant les mois passés. Sa liberté. Son père. Celui qu’elle aimait. Elle aurait aimé retrouvé le Lucian qu’elle avait aimé dans son enfance, son ami protecteur, celui qui trouvait toujours les mots pour l’apaiser. Elle savait qu’il saurait la conseiller, l’aider à oublier ses tracas. Mais avait-il envie de reprendre cette place dans sa vie ? Ou était-il trop tard ? Les dommages n’étaient-ils pas trop importants pour espérer un retour en arrière ? à nouveau elle doutait, incapable de discerner le vrai du faux. Le sourire de Lucian était-il réellement moqueur, ou bien était-il heureux dans le fond d’être confronté à la Serdaigle ? « Et bien Ange, perdrais-tu tous tes moyens devant moi ? » Elle revint à la réalité, se rappelant de l’endroit où elle se trouvait et ce qu’elle était censée faire. Son regard se durcit, retrouvant sa détermination d’antan. Mais la jeune femme sentait au fond d’elle que ce n’était qu’une façade, elle joua pourtant le jeux, reprenant le ton froid et cassant qu’elle utilisait lors de leurs joutes verbales, jouant son rôle à la perfection. « Ne prends pas tes rêves pour des réalités. » Son cœur se serra. Elle aurait voulu enterrer la hache de guerre, pas la ressortir une fois de plus, mais le sort s’acharnait et elle devait se battre si elle voulait garder la face. « Expedimenta. » Elle évita le sort plus facilement, retrouvant ses réflexes d’antan. « Raté. » Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres alors qu’elle levait à nouveau sa baguette. « Stupéfix ! » Elle ne savait même pas si le sortilège était autorisé, mais dans le fond cela n’importait pas. Ils étaient là pour se battre et elle ne voulait pas le laisser gagner, pas trop facilement du moins …

Au contraire du sort précédent, Ange réagit plus rapidement, repoussant son sortilège, un fin sourire sur les lèvres. Ravi de voir que la Serdaigle se bougeait un peu plus, rendant le duel plus intéressant, il ne fut pas surpris de la voir de suite lever sa baguette et répliquer par un sort ;

« Stupéfix ! »

Lucian repoussa le sort d’un coup de baguette, puis finit par jouer avec pensivement. Quelque chose clochait chez son adversaire, il le sentait. Il la connaissait si bien, depuis si longtemps, qu’il savait parfaitement qu’elle n’était pas à son maximum, certainement vexée par quelque chose. Curieux, il se demanda ce qui pouvait bien tracasser la blondinette. Avançant de quelques pas, il finit par demander ;

« Qu’est-ce qu’il se passe Angie jolie, tu as eu une mauvaise note ? Ou bien ton futur mariage occupe toutes tes pensées ? »

Il avait rajouté sa dernière question d’une voix sarcastique, ayant du mal à s’avouer à lui-même qu’Ange allait se marier, et avec un autre que lui. Bien malgré lui, il n’avait toujours pas digérer la nouvelle, et lorsqu’il croisait Lestrange dans les couloirs, il ne pouvait s’empêcher de lui lancer des regards noirâtres. Et il savait que s’il ne se retenait pas, son poing aurait bien vite atterri dans sa figure. Il en avait vraiment envie, mais se faisait violence parce qu’après tout, il était censé être en froid avec la Serdaigle, et son mariage ne le concernait plus, ni en noir, ni en blanc. La fixant, il rajouta ;

« Je t’ai connu un peu plus agressive. Allez, attaque-moi. »

Ecartant les bras, laissant croire qu’il était à sa merci, qu’elle pouvait attaquer sans qu’il ne riposte, il attendait de la voir pointer sa baguette sur lui afin de lui lancer un sortilège en pleine tête. Il savait qu’il ne risquait rien, et qu’il était assez rapide pour repousser le moindre sortilège, mais ça l’agaçait de la voir seulement contre-attaquer et ne pas attaquer de plein fouet.

Elle l’observa alors qu’il jouait avec sa baguette, plantant son regard sur elle. Et elle sut. Elle sut qu’il savait qu’elle n’allait pas bien, que quelque chose clochait, qu’elle n’était pas celle qu’il avait l’habitude d’affronter. Elle le lut dans son regard, regard qu’il prenait déjà auparavant, avant Poudlard, avant qu’un fossé ne se creuse entre eux. Il lisait en elle comme si elle n’était qu’un livre ouvert, le seul à y parvenir. Elle voyait la lueur d’inquiétude dans son regard, mais elle le savait assez fier que pour ne pas lui avouer qu’elle était bien présente, qu’il cherchait à comprendre pourquoi elle ne voulait pas se battre contre lui alors que l’occasion leur en était donné. Il ne le lui demanderait pas sérieusement, pas comme avant du moins. Il ne chercherait pas vraiment à savoir ce qui la tracassait, du moins c’était ce qu’elle pensait, car, dans le fond, elle ne savait plus quoi penser à propos de lui, d’eux. Que restait-il d’eux ? De leur amitié ? De tout ce qu’ils avaient partagé dans le passé ? Si ce n’était des vieux souvenirs, des moments enfouis dans le coin de leur mémoire, car incapables de les oublier. Elle était en tous cas incapable d’oublier. De passer à autre chose. Et le regard qu’il lui lançait à présent lui rappelait pourquoi. Elle savait qu’il cherchait à l’analyser, à comprendre son comportement à son égard. Elle aurait voulu jeter sa baguette à terre et se jeter dans ses bras, comme elle le faisait quand ils étaient petits. Mais les années avaient passé, et à présent elle devait se contenter de leur prise de bec comme seul contact avec le jeune homme.

« Qu’est-ce qu’il se passe Angie jolie, tu as eu une mauvaise note ? Ou bien ton futur mariage occupe toutes tes pensées ? » Son cœur se serra. Ange Jolie, le surnom qu’il utilisait quand ils étaient petits pour s’adresser à elle. Il dut voir le doute s’installer dans son regard, l’envie de ne pas répliquer, mais sa fierté prit à nouveau le dessus, l’obligeant à raconter un mensonge effronté : « Les préparatifs se passent à merveille, Rohàn et moi serons très heureux. » Elle avait tenté de cacher tout le sarcasme qu’elle aurait pu mettre dans cette simple réplique, mais même sans cela il était clair qu’elle mentait au vert et argent. Il suffisait de voir ses yeux rougis, cernés, par la fatigue, l’anxiété. Sa peau, plus pâle encore, ses traits tirés, à cause du choc causé par la mort de son père, à cause du stress quand elle avait dû signer les papiers définitifs qui liaient son destin à celui du Lestrange, le manque de soutien, car incapable de se tourner vers quiconque, incapable de pouvoir exprimer tout haut ce qu’elle ressentait, de mettre des mots sur ses sentiments. Son incapacité à se battre en cette belle soirée n’était pas que due à ses doutes quant à sa relation avec Lucian, mais bien parce qu’elle doutait, parce qu’elle n’avait plus aucune stabilité dans sa vie et que pour la première fois de son existence, l’avenir lui faisait peur. Alors, si pour retrouver le jeune homme, si pour pouvoir l’avoir à nouveau dans sa vie, elle devait perdre, pour une fois, elle était prête à mettre sa fierté de côté et à agir ainsi, le laissant gagner. Mais Lucian n’était pas dupe, il voyait bien qu’elle ne se donnait pas à fond et elle savait qu’il ne voudrait pas gagner de la sorte.

« Je t’ai connu un peu plus agressive. Allez, attaque-moi. » Elle le vit ouvrir grand ses bras, s’offrant presque à elle. Ange le regarda, étonnée qu’il se mette à agir de la sorte, se doutant qu’il cachait quelque chose. Elle referma la prise sur sa baguette, jeta un coup d’œil au jeune homme, puis détourna le regard, en proie à un dilemme intérieur. Devait-elle l’attaquer de la sorte ? Devait-elle jouer à la lâche ? Même si elle savait que Lucian prévoyait de ne pas se laisser faire, de se défendre, il était tout de même plus vulnérable dans cette position. Elle s’approcha alors simplement de lui, à grandes enjambées d’abord, puis de moins en moins vite. Quand elle s’arrêta enfin, elle n’était plus qu’à un mètre de lui. Ils ne s’étaient pas retrouvés aussi proches depuis longtemps, très longtemps. « Non. Je ne veux plus me battre avec toi. » Elle le provoqua du regard, le mettant au défi de l’attaquer. Elle n’offrait plus aucune résistance, mais dans le fond, ses dires avaient un sens beaucoup plus profond. Elle s’exposait au jeune homme, lui dévoilant ce qu’elle pensait réellement de leur situation. Peu importe ce qu’il faisait, elle ne voulait plus répondre à la provocation, ayant l’impression de déjà trop se battre dans sa vie. Elle avait besoin de lui, et il pouvait le voir dans ses yeux.

Fixant la Serdaigle, attendant patiemment qu’elle daigne faire un geste, n’importe lequel, il la vit baisser les yeux, fuyant son regard. Plus aucun doute ne pouvait subsister, il y avait bel et bien quelque chose qui la tracassait. Mais pourquoi voudrait-elle l’évoquer avec lui ? Après tout, ils étaient censés se haïr, depuis le temps qu’ils s’évertuaient tous deux à le prouver à l’autre. Le serpentard commençait à être las de se battre avec la jeune femme à longueur de temps, eux qui étaient incapables de rester fâcher plus d’une heure. Tout simplement si contradictoire avec le passé, comme s’ils se trouvaient dans un monde parallèle, et que leur amitié qui semblait indestructible, s’était transformée en haine profonde.
Soudainement, il la vit se mettre à avancer vers lui avec rapidité, pour finir par de petits pas. Une petite distance les séparer, et Lucian crut durant un moment qu’elle allait le frapper. Rencontrant son regard, s’accrochant avec, incapable de détourner ses prunelles des siennes, elle lâcha de but en blanc ;

« Non. Je ne veux plus me battre avec toi. »

Le concerné resta impassible, ne comprenant pas la réaction de la blondinette. Elle n’évoquait pas le duel, non, elle évoquait les dernières années qu’ils avaient passé à se cracher les pires injures, les dernières années où ils avaient bien enfoui leur ancienne amitié pour laisser naître une amertume qui n’avait pas eu lieu d’être. Haine nait de leur stupidité à croire qu’ils n’avaient plus rien en commun, à croire qu’ils ne manquaient pas à l’autre. Lucian savait qu’ils avaient été bêtes, tous les deux. Il savait qu’il n’aurait pas dû laisser les choses s’envenimer, qu’il n’aurait pas dû la laisser partir. Mais il n’avait rien fait, refusant de paraître comme étant le plus faible des deux. Il avait sa fierté, une foutue fierté qui l’avait privé de sa meilleure amie durant des années. Mais pour rien au monde il ne serait revenu le premier, il n’aurait pas eu le courage qu’Ange venait tout juste d’avoir. Il était lâche, il le savait parfaitement, et parfois, il le regrettait amèrement.
Baissant les bras, il continua de fixer la jeune femme, parvenant clairement à lire la détresse au fond de ses prunelles. C’était la première fois de sa vie qu’il ne savait pas comment réagir avec elle. Il finit par lâcher ;

« Tu te rends compte que c’est le principe d’un duel ? »

Se traitant mentalement d’idiot, il soupira, laissant une main glisser sur son visage. Il n’avait jamais eu aucun tact, pour n’importe quelle situation, que ce soit pour jeter une fille après avoir couché avec elle, ou pour faire une quelconque remarque à ses amis. Lucian se trouvait dans une impasse, et ne savait comment s’en sortir. Tout était tellement plus simple lorsqu’ils étaient enfants. Secouant la tête, il demanda durement ;

« Pourquoi ? Pourquoi maintenant Ange ? On a passé les dernières années à se détester, et aujourd’hui, tout d’un coup tu veux tout stopper. On ne peut pas revenir en arrière, si on en est arrivé là c’est pour une raison … »

Il y en avait des raisons, mais Lucian ne savait même plus si elles avaient été justifiables, ou même si ça en avait valu la peine. Mais il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas pourquoi tout d’un coup elle était lasse de tout ça. Il l’était aussi, mais il avait l’impression de n’être liée à elle plus que par ces injures et ces coups bas, et que si toute cette mascarade s’envolaient, il la perdrait elle, et pour de bon. Serrant la mâchoire un instant, il finit par rajouter ;

« Tu veux tout arrêter ? Très bien, alors on arrête. On arrête cette putain de comédie à deux gallions. Plus personne y croit de toute façon, même pas nous. »

Elle s’était toujours imaginée ce moment où ils arrêteraient de se battre, et à chaque fois qu’elle y avait songé, elle savait qu’elle serait la première à baisser les armes, celle qui prendrait les devants, faisant le premier pas vers une possible réconciliation. Elle savait que jamais Lucian ne le ferait, pas parce qu’elle ne comptait pas assez à ses yeux, mais parce qu’elle le connaissait assez bien que pour savoir que sa fierté primerait sur le reste. Cela avait toujours été le cas et cela ne changerait sûrement jamais. Cela faisait plusieurs semaines maintenant qu’elle songeait à avoir cette discussion avec lui, depuis leur retenue à dire vraie, mais elle avait toujours repoussé l’échéance. Pourquoi ? Parce qu’elle avait peur. Peur de ne plus compter assez pour lui pour qu’il voie au delà de leurs dernières années, peur qu’il ait définitivement tiré un trait sur leur amitié et sur tout ce qu’ils avaient partagé dans le passé. Elle craignait qu’il ne lui rie au nez, qu’il la repousse, préférant continuer leur guerre plutôt que de la reprendre à ses côtés. Car plus que jamais, elle avait besoin de son amitié, de lui, tout simplement. Elle l’avait toujours su, qu’il lui manquait, qu’il comptait toujours, mais leur amitié avait laissé un vide qu’elle avait encore plus ressenti dernièrement. À l’enterrement de son père, notamment, et puis quand elle avait signé les papiers de son mariage, ce consentement qu’elle avait tant tardé à donner, car dans le fond, celui à qu’elle s’était imaginée épouser n’était autre que Lucian, personne d’autre. Il la connaissait depuis si longtemps, avait été son meilleur ami, cela lui avait donc semblé évident. Mais le fossé qui les avait séparé avait effacé ces rêves-là, gommant les perspectives d’avenir qu’Ange avait imaginé. À présent qu’elle se tenait face à lui, les armes baissées, avec pour seule preuve de sa bonne foi ces yeux humides et las qu’elle lui offrait. Leurs regards semblaient aimantés, incapables de se séparer. Elle cherchait à déchiffrer sa réaction, mais il lui échappait à présent. Elle n’arrivait pas à lire dans son regard ce petit éclat qu’elle avait espéré. Il semblait lui même perdu, ne sachant pas comment réagir face à la déclaration de la jeune femme. Et à nouveau la peur s’empara d’elle, cette peur qu’il la rejette, cette peur qu’elle ne compte plus autant pour le vert et argent que lui pour elle. Car si elle avait continué de se battre durant toutes ces années, c’était bien pour cela, car elle était incapable de lui tourner le dos complètement, incapable d’oublier tout ce qu’ils avaient partagé.

« Tu te rends compte que c’est le principe d’un duel ? » Elle se figea, son cœur s’arrêta. Elle glissa alors sa baguette dans la poche arrière de son pantalon et de ses mains enserra celle du jeune homme qui tenait sa propre baguette, l’obligeant à pointer l’objet sur elle. « Alors achève-moi, qu’on en finisse. » Sa voix n’était que murmure, mais calme, si calme. Elle était prête à subir le sort qu’il lui réservait, car dans le fond ils étaient arrivés à la croisé des chemins. Il avait le choix, reprendre sa vie et l’oublier, ou faire en sorte que leur guerre ait servi à quelque chose et qu’enfin ils puissent recommencer à zéro. Mais il semblait indécis, incapable de décider ce qu’il fallait faire. Elle-même savait qu’elle l’avait mis au pied du mur, qu’il était difficile de prendre une telle décision comme ça, mais elle avait besoin de savoir. « Pourquoi ? Pourquoi maintenant Ange ? On a passé les dernières années à se détester, et aujourd’hui, tout d’un coup tu veux tout stopper. On ne peut pas revenir en arrière, si on en est arrivé là c’est pour une raison … » Ange soupira. Elle lâcha sa main et baissa le regard. Elle y avait songé, pendant si longtemps, elle savait que si elle venait à avoir cette conversation avec lui, il lui demanderait pourquoi elle se réveillait maintenant. Mais Ange avec des arguments pour s’expliquer. « Parce que mon père est mort et que je n’ai pas pu tenir la main de mon meilleur ami pendant l’enterrement, parce que je vais me marier à quelqu’un que j’ai toujours détesté et que je suis seule, parce que … » Elle reprit son souffle. « Parce que j’ai besoin de toi, j’ai toujours eu besoin de toi, mais là je ne suis pas sûre de pouvoir continuer seule. » Elle ne s’était pas imaginée le dire tout haut. J’ai besoin de toi. C’était pourtant ce qu’elle ressentait, ce qu’elle avait ressenti durant toutes ces années. « Je sais qu’on ne peut pas revenir en arrière, je sais tout ça, mais je pense qu’on peut surmonter ces dernières années. Nous ne sommes plus des enfants, j’en ai bien conscience, mais justement. On peut passer outre nos différences, j’ai confiance en toi, en notre amitié pour y arriver. Je ne t’ai jamais détesté Lucian. Je sais que j’agissais comme tel, mais ce n’était que ma manière de réagir au vide que tu as laissé quand on a décidé de ne plus se considérer comme des amis. » Elle soupira à nouveau, son regard ancré dans celui du jeune homme, incapable de s’en défaire. « Tu veux tout arrêter ? Très bien, alors on arrête. On arrête cette putain de comédie à deux gallions. Plus personne y croit de toute façon, même pas nous. » Elle se figea. Que voulait-il dire ? Elle craignait qu’il décide d’en effet tout arrêter, mais alors de l’oublier, elle ne voulait pas le perdre. Elle enchaîna, incapable de savoir ce qu’il pensait en cet instant. « Sache que si tu décides qu’il s’est passé trop de chose, qu’on ne peut pas recommencer à zéro, je ne t’en voudrai pas. Tu me manqueras, mais je respecterai ta décision. » Cette impression de nouveau de n’être qu’une petite fille. Elle avait baissé le regard, incapable d’affronter sa réaction.

Lucian encaissait peu à peu ce que lui disait Ange, mais la seule chose qui résonnait encore dans sa tête, était le fait qu’elle avait besoin de lui. Il ne saurait comment l’expliquer, mais il se sentit soulagé. Soulagé de constater qu’il restait toujours quelque chose de leur ancienne amitié, soulagé de savoir qu’elle ne l’avait jamais hait, soulagé de comprendre qu’il lui avait manqué, tout comme elle lui avait manqué durant ces dernières années. Jamais il ne l’aurait admis, il avait bien trop de fierté pour cela, et pourtant, force était de constater qu’Ange avait laissé un vide derrière elle. Vide que tous deux avaient tenté de combler par des injures aussi grotesques les unes que les autres, juste pour ne pas laisser l’autre partir trop vite.
Il aurait aimé être là pour elle, connaissant sa vulnérabilité, il savait que la mort de son père avait dû l’anéantir. Il ne comprenait pas pourquoi son père ne l’avait pas mis au courant, logiquement il devait se douter que son fils aurait aimé savoir ce genre de chose. Mais non, ça lui passait toujours au-dessus de la tête. Lorsque son père avait bien compris qu’entre Ange et lui, il n’y aurait plus de possibilité de mariage étant donné qu’ils ne s’entendaient plus, il s’était tout simplement contenté de lui assurer qu’on lui trouverait une autre future femme. Future femme considérée tel un simple bijou perdu, n’ayant pas une quelconque grande importance. Et à l’heure d’aujourd’hui, il n’avait pas encore de fiancée d’attitrée, alors qu’Ange allait bientôt se marier. Ce qu’il n’arrivait toujours pas à concevoir. Soupirant, il toisa la blondinette d’un air attentif. Il put rapidement remarquer qu’en effet, elle n’était pas dans l’un de ces meilleurs jours. Son regard était souligné par des cernes légèrement violacés, et sa peau était plus blême que d’ordinaire. La voir dans un tel état le fit culpabiliser, se détestant de ne pas avoir eu le courage de revenir plus tôt, et d’être là pour elle. Il n’avait jamais aimé la voir pleurer, il avait toujours détesté ça. La voir revenir vers lui les yeux humides le faisait toujours se sentir impuissant face à son chagrin. Alors le plus souvent il avait tenté de voir ses larmes se transformer en rire, en racontant des blagues, ou des sottises sur telle ou telle personne qu’ils connaissaient. Il n’avait jamais été très doué pour ce qui est de réconforter son entourage, mais avec Ange, il avait toujours fait des efforts, que ce soit par la parole ou les gestes.

La voix de la Serdaigle finit par le sortir de ses pensées ;

« Sache que si tu décides qu’il s’est passé trop de chose, qu’on ne peut pas recommencer à zéro, je ne t’en voudrai pas. Tu me manqueras, mais je respecterai ta décision. »

Lucian savait parfaitement qu’il ne pourrait jamais tourner les talons, et ne plus accorder la moindre attention à la jeune femme face à lui. C’était impossible. Il avait bien essayé durant des années, mais sans résultat. Malgré lui, il ne pouvait se passer d’Ange, que ce soit dans la haine ou l’amour. Elle avait bien trop d’importance à ses yeux, et ce depuis sa plus tendre enfance. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment pourrait-il avoir le courage de la rayer de sa vie ? Il en était tout simplement incapable. Secouant la tête de droite à gauche, il se pinça l’arête du nez avant de lâcher ;

« Angie … tu crois franchement qu’après toutes ces années où on s’est acharné à se prouver qu’on se détestait, je voudrais passer à autre chose ? Te rayer définitivement de ma vie ? On sait tous les deux que ce n'est pas possible ... »

« Angie … tu crois franchement qu’après toutes ces années où on s’est acharné à se prouver qu’on se détestait, je voudrais passer à autre chose ? Te rayer définitivement de ma vie ? On sait tous les deux que ce n'est pas possible ... » Elle soupira, soulagée. Elle laissa tomber sa baguette, elle n’en avait plus besoin. Elle n’en aurait plus jamais besoin contre lui, c’était là le plus important. Elle se moquait bien du duel, du mariage, de tout le reste, à présent qu’elle avait retrouvé Lucian, les choses ne pouvaient qu’aller en s’arrangeant. Quelque chose se défit en elle, un nœud qu’elle avait serré si fort, des sentiments qu’elle avait refoulé encore et encore. Elle avait eu tellement peur de le perdre à tout jamais, peur de ne plus pouvoir compter sur sa présence dans sa vie, car peu importe à quel point les choses avaient dérapé ces derniers temps, elle avait toujours su que d’une façon ou d’une autre Lucian était là, il était la constante de sa vie, la seule chose qui perdurait, même si ils prétendaient se détester, même si les choses avaient changé, elle savait que dans le fond il était là pour elle. Lui avouer tout ça, lui dire qu’elle avait besoin de lui, qu’elle ne voulait plus se battre, c’était un grand risque qu’elle avait pris, car elle n’était pas sûre qu’elle aurait bien réagi si il avait décidé de l’envoyer se faire voir. Le mariage avec Rohàn, perdre Loki, se retrouver seule, tout cela n’aurait plus eu aucune importance si elle n’avait pas pu récupérer Lucian, car après tout, il était la personne la plus importante de sa vie, depuis toujours et elle se voyait mal affronter les aléas de son existence sans lui à ses côtés.

La jeune femme se réfugia dans les bras du vert et argent, elle se moquait bien qu’ils étaient encore censés être en pleins duel, elle se moquait de perdre, elle se moquait de sa tête surprise, elle avait juste besoin de sentir les bras de son ami la serrer dans ses bras, l’entendre dire que tout irait bien, qu’il était là à présent. « Si tu savais comme tu m’as manqué. » Et alors, le nœud se défit complètement et la jeune femme sentit les larmes se mettre à couler silencieusement sur ses joues. Elle était incapable de les contrôler, mais cela n’avait pas d’importance, Lucian l’avait déjà vue pleurer dans le passé, il l’avait déjà réconforté. Bien que cette fois-ci, elle n’était pas certaine qu’il parvienne à chasser tous les démons de son cœur. Il y avait tant de temps perdu à rattraper, tant de choses à dire. Mais pour l’instant, elle préférait savourer cet instant, sentir sa présence à ses côtés. Mais la réalité la rattrapa. « Et maintenant ? » Qu’advenait-il d’eux ? Qu’étaient-ils censés faire ? Elle n’en savait rien. Parler. Sûrement. De tout ce qu’ils avaient manqué. D’eux. De leur vie maintenant. Elle en avait besoin. Elle avait besoin de réparer ce lien qu’ils s’étaient acharnés à blesser sans se rendre compte que chacun cherchait un signe, un indice chez l’autre quant à ses véritables sentiments.