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MessageSujet: She's running out again.   She's running out again. EmptySam 24 Nov - 15:04

She's running out again.
Eithlenn & Joy

ft. katie mcgrath & mila kunis.



« C'est bien votre nom, sur la liste ? Ne me prenez pas pour une folle, miss. » Eithlenn fit mine de se pencher sur le long bout de parchemin que la bibliothécaire brandissait vers l'avant. Elle vit les noms des élèves qui avaient emprunté des livres sans les rendre. Dans la liste figurait en premier son patronyme : Black, Eithlenn. Après le sien venait celui de Zane, puis celui d'un certain Finnigan qu'elle ne connaissait pas et qu'elle n'avait pas du tout envie de connaître, en fait. Pourtant, elle eut le culot de nier. « Ha ha ! Très drôle, comme si j'avais que ça à faire, de le voler, votre livre ! Vous me prenez pour une mendiante ? Figurez-vous que j'ai assez d'argent pour m'en acheter, au lieu de les voler. » répliqua-t-elle d'un ton particulièrement cinglant, ce qui valait bien la peine de lui mettre une semaine d'heures de retenues. Arrachant le parchemin des mains de la bibliothécaire avec un mépris non dissimulé, elle joua de nouveau la comédie en parcourant les lignes d'un regard vif pour finir par avoir l'air de se concentrer sur un point central. En réalité, elle venait d'utiliser un sortilège informulé afin de modifier ce qu'il y avait à cacher. Elle rendit alors la liste à la bibliothécaire et elle analysa en même temps le visage de celle-ci. Ah, elle ne portait pas ses lunettes, très bien ! C'était encore mieux que ce qu'elle pouvait espérer. « Votre travail doit vous rendre folle, parce qu'il n'y a pas écrit Eithlenn mais Rhaenys. Ou bien, ça doit être parce que vous n'avez pas vos lunettes sur vous. » Son ennemie du jour ne semblait plus savoir quoi faire, ni quoi dire. Balbutiant des mots incompréhensibles, elle fut parcourue d'un léger frisson dont ne s'inquiéta pas la verte et argente. Elle éprouvait juste un léger remord pour avoir mis le prénom de sa soeur cadette à la place du sien. Rhaenys allait avoir des ennuis à sa place, mais ce n'était rien. Ce n'était pas comme si elle pouvait se faire renvoyer pour ça. Avec son air stupide, la bibliothécaire ressemblait à une Cracmolle. Enfin, c'était l'insulte favorite de la Black lorsqu'elle se heurtait à une personne aux airs niais. « Nous verrons ça, miss. Allez-vous en et ne remettez plus les pieds ici avant longtemps ! »

Satisfaite du résultat, Eithlenn s'éloigna du bureau de la bonne femme d'une démarche allègre, esquissant un sourire victorieux destiné à elle-même. Elle avait de quoi s'envoyer des fleurs pour avoir réussi à berner cette implaçable bibliothécaire. Mais en vérité, elle avait réellement volé un livre. On ne pouvait pas emprunter un livre pour une période trop longue à Poudlard et elle en avait besoin pour toute l'année, histoire de s'entraîner à lancer des maléfices divers. De plus, elle avait envie de tester les possibilités qui s'offraient à elle pour s'en inspirer et en créer d'autres. De ce fait, voler ce livre ne lui semblait pas être un crime si c'était pour enrichir sa culture et ses capacités magiques.

Eithlenn se dirigeait à présent vers une étagère remplie de livres ayant pour sujets communs les métamorphoses. Qui sait, il y avait peut-être quelque chose d'intéressant pour elle dans tout ce fouilli. Avant même qu'elle n'ait eu le temps de poser ne serait-ce qu'un doigt sur une des reliures dorées des bouquins, quelque chose la percuta de plein fouet. Ou plutôt, quelqu'un. Longs cheveux bruns, silhouette fine et plus petite que la sienne. Elle connaissait cette personne, voir, très bien, même. C'était Joy Weasley, sa meilleure amie. Vive, ne cherchant pas à aller plus loin, la Serpentard fit immédiatement demi-tour, en direction de la sortie. Il ne fallait plus qu'elles se voient, elles n'étaient plus faites pour être amies. Elle était de l'Ombre désormais et elle savait que Joy était de l'autre camp et qu'elle haïssait tout ce qui pouvait s'apparenter à la magie noire ou au Seigneur des Ténèbres, ou à quelque chose de ce type-là en tout cas. Certes, c'était navrant de devoir mettre un terme à cette amitié si solide, mais c'était comme ça. Inutile de perdre de la salive et des minutes pour s'expliquer. La fuite semblait être une excellente solution pour la Black. Mais elle savait que Joy était une coriace et qu'elle n'allait pas la laisser partir facilement. La preuve fut qu'avant même de franchir le seuil de la sortie, Eithlenn reçut un projectile dans le dos et se retourna, prêt à riposter avant de se rendre compte qu'elle ne s'en prenait pas à Joy. Enfin, pas pour le moment. « Toi, tu restes ici ! » s'écria Joy, qui, fidèle à elle-même, ne se souciait pas du vacarme qu'elle causait dans la bibliothèque. Elle se rapprocha à grandes enjambées d'Eithlenn et l'une face à l'autre, les deux jeunes femmes se toisèrent. Il était difficile de savoir laquelle des deux faisaient le plus d'impression : Joy et son regard terrifiant qui lançait des éclairs dans toutes les directions, ou bien, Eithlenn, qui la dépassait peut-être d'une tête et qui regardait la Gryffondor de haut comme si elle n'était qu'une crotte de Doxy. « Qu'est-ce que tu veux, Weasley ? » lança-t-elle d'un ton extrêmement désagréable qui ne lui était pas habituel lorsqu'elle s'adressait à Joy. D'habitude, elles riaient et bavardaient jusqu'à n'en plus finir. Sauf que depuis les évènements d'Halloween, Eithlenn ne parlait plus du tout à Joy et se débrouillait pour ne pas être assise avec elle en cours. Jusque là, elle s'était très bien débrouillée pour ne pas tomber nez-à-nez sur Joy. Ce n'était décidément pas son jour de chance.
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MessageSujet: Re: She's running out again.   She's running out again. EmptyDim 25 Nov - 17:10


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l’amitié est comme la lame d’un couteau : en se retournant elle blesse son maître.


Ce matin, elle s'était réveillée avec le sentiment qu'aujourd'hui était synonyme de changements. Certains de ses camarades auraient bien ri, si elle avait partagé cette étrange intuition ; même si, généralement, celles-ci venaient toujours à se réaliser dans un avenir particulièrement proche. D'abord, cela avait commencé avec Frédéric ; lorsque, au milieu d'un grand éclat de rire, elle se figeait, un poids pesant dans son estomac, et qu'elle commençait à s'agiter dans tous les sens en réclamant de voir son jumeau, sur-le-champ, la tribu Weasley recherchait activement le garçon qu'on retrouvait alors, soit blessé – bien que superficiellement – soit aux prises avec un problème de taille pour les deux gamins qu'étaient les enfants de George à l'époque. Dés lors, sa famille s'était toujours fiée à ces étranges pressentiments, et avait fini par la qualifier de particulièrement intuitive. Elle ne se trompait que rarement sur les personnes ; ses premières impressions ayant toujours été les bonnes. Si Joy affirmait qu'il s'agissait de quelqu'un de confiance, on pouvait se fier à ladite personne, sans la moindre appréhension. Et, pourtant, ces derniers temps, la Gryffondor avait l'impression que son jugement implacable partait à la dérive. La sensation tenace que les personnes qui lui étaient le plus cher s'éloignaient, lentement mais surement d'elle, lui laissait un goût amer dans la bouche, lui donnait envie de s'investir davantage plutôt que de rester sur la touche. Ce fut d'ailleurs pour cette raison qu'elle se mit en tête de passer la journée en compagnie de son jumeau. Si elle continuait de craindre leur gémellité, bien malgré elle ; elle ne pouvait néanmoins se résoudre à passer plus de vingt-quatre heures sans ne surprendre une œillade bienveillante ou un sourire avenant de la part de son frère. Ainsi, ce matin, après s'être longuement étirée, elle quitta son lit, prenant soin de ne pas réveiller ses camarades encore endormies, et s'enferma dans la salle de bains afin de prendre une douche. Le contact de l'eau froide sur sa peau nue eut le don de définitivement la réveiller et de la presser. Attachant négligemment ses cheveux mouillés en chignon, elle enfila un jean sombre et un pull du rouge emblématique des lions, se saisit de ses chaussures dans la main, et sortit du dortoir silencieusement. Se laissant tomber sur un des fauteuils de la salle commune, elle enfila ses précieuses ballerines noires avant de se relever, décidée à se rendre dans la Grande Salle pour déjeuner et intercepter Frédéric – lève-tôt de nature – qui compterait certainement mettre à profit la journée pour s'avancer dans le devoir de potions que le professeur leur avait donné, la veille, pendant le cours commun entre Gryffondor et Serdaigle.

Le bruit de ses pas se répercutait dans le silence des couloirs, résonnant contre les murs de pierres sombres avant d'entendre un long grincement, signe qu'elle pénétrait finalement dans la Grande Salle. Joy jeta un long regard circulaire tout autour d'elle, cherchant désespérément Frédéric des yeux pour l'attraper avant même qu'il n'esquisse le moindre pas en direction de cette salle de rabat-joie qu'était la bibliothèque. Ce n'était un secret pour personne : la brune préférait le grand air aux endroits confinés ; les effluves d'un match de Quidditch à la belle prose des grands auteurs ; le capharnaüm régnant dans sa salle commune un jour de pluie au silence paisible et reposant de la bibliothèque. Elle haussa les épaules, convaincue qu'elle finirait par croiser son frère d'ici quelques minutes, sans doute qu'il était tout juste en train de marcher tranquillement dans les couloirs. Dans la Grande Salle régnait un silence peu commun lorsqu'on connaissait le vacarme ambiant des jours de fête, et des premiers et derniers jours. Ils n'étaient qu'une dizaine d'érudits à s'être levés de bonheur, ce matin, et elle eut presque l'impression de faire tâche dans le décor, gamine insouciante qui se consacrait à l'amusement au détriment du travail. Trois Serdaigle étaient installés en triangle et discutaient d'un article de la Gazette du Sorcier, deux autres débattaient paisiblement d'elle-ne-savait quel sujet. À la table des Poufsouffle, deux garçons s'enthousiasmaient pour la prochaine rencontre de Quidditch, mimant avec emphase quelques mouvements propres à l'attrapeur ou aux batteurs. Enfin, les tables de Gryffondor et Serpentard étaient totalement désertes à l'exception de deux garçons – de première ou deuxième année –, postés face à face, se foudroyant du regard, fidèles à l'inimité naturelle entre leurs deux maisons. Ne prêtant guère plus d'attention à la scène, elle s'installa paisiblement à la table des lions, piquant une pomme dans la corbeille de fruits qui trônait au centre et humant avec délice sa précieuse tasse de café. Elle fit lentement pianoter ses doigts sur la table de bois, le regard rivé vers les portes, attendant patiemment – chose étonnante lorsqu'on connaissait son tempérament de feu – que Frédéric ne pousse la porte. Dix minutes passèrent, peut-être plus, lorsque Joy se décida à finalement avaler son petit-déjeuner – le café froid, c'est pas bon – et de quitter la Grande Salle sans le moindre regard en arrière tandis que certains de ses camarades commençaient tout juste à affluer pour manger.

Les mains dans les poches, les talons claquant sur le sol, elle réfléchit à l'endroit où son frère pouvait bien se trouver, à seulement neuf heures du matin. Brusquement, elle se figea au beau milieu du couloir menant à sa salle commune, faisant claquer ses doigts, un « mais c'est bien sûr » sur le bord des lèvres alors qu'elle tournait les talons, dévalait les escaliers, en direction de la bibliothèque. Elle avait tant espéré éviter la pièce – la bibliothécaire se méfiait d'elle et de son caractère un peu trop joueur comme de la peste – qu'elle avait fini par se persuader que son frère ne s'était pas encore manifesté plutôt que de songer qu'il était parti de bonheur se perdre entre deux pages d'un vieux bouquin. Après avoir lâché un bref soupir résigné, elle poussa les portes de la bibliothèque et s'y engouffra, sous l’œil méfiant et courroucé de la bibliothécaire. Amusée, Joy lui offrit son plus grand sourire, suintant une hypocrisie dont elle n'était pas capable et la femme, sourcils froncés, en lâcha son stylo pour mieux la foudroyer du regard. Elle comprit qu'il valait mieux éviter de demander de l'aider à cette harpie pour savoir où se trouvait Frédéric et que, de surcroît, il lui faudrait jouer ce jeu de piste dans un silence religieux, au risque de se faire renvoyer, avec une heure de retenue supplémentaire à rajouter à son si beau palmarès. Le regard balayant la pièce, la Gryffondor dut se rendre à l'évidence : son frère n'était pas là... contrairement à une jeune femme ô combien connue et qui, depuis quelques temps, prenait un soin tout particulier à l'éviter. La sensation qu'elle avait éprouvé à son réveil s'amplifia sur le champ lorsqu'elle reconnut la chevelure ébène d'Eithleen Black, meilleure amie de son état, aussi surprenant au vu du blason qu'elle arborait sur son uniforme. La Serpentard bifurqua à gauche, au milieu de deux étagères traitant de métamorphoses d'un niveau avancé. Joy pinça les lèvres, frustrée de constater que leur amitié, si surprenante, qui avait su se tisser au fil des mois et s'était considérablement renforcée depuis un vieux devoir en commun, commençait à lentement s'effriter. Elle avait beau tenter nombre d'approches, sa meilleure amie n'avait de cesse de l'éviter, faisant brusquement demi-tour dans les couloirs, partant s'assoir à côté d'un autre élève lors des cours communs que Gryffondor et Serpentard partageaient. Et, plutôt que de se morfondre à l'idée que, bientôt, elles ne seraient plus que deux vagues étrangères, Joy s'accrochait comme une forcenée à Hazel, sa cousine, aussi lionne qu'elle pouvait l'être, dont elle s'était considérablement rapprochée depuis quelques mois. Un mal pour un bien, songea-t-elle, même si personne ne saurait combler l'absence d'Eithleen à ses côtés. Aussi, aujourd'hui était l'occasion de mettre les choses au clair et, à défaut de voir tout redevenir comme avant, obtenir au moins les raisons de ce subit éloignement, au profit de vipères – telles que Lestrange ou Goyle – qu'elle méprisait.

Tandis que la Serpentard semblait chercher un livre au milieu de tous ces grimoires poussiéreux, Joy, qui s'approchait à vive allure de son amie, sentit quelqu'un la bousculer et se vit perdre équilibre jusqu'à percuter, un peu trop violemment, la brune. Elle eut tout juste le temps d'accrocher son regard polaire que la jeune Black tournait déjà les talons, prête à l'éviter, une fois encore. À creuser davantage le fossé entre elles, l'abandonner, sans plus de cérémonie, sans aucune justification. Elle sentit ses poings se contracter d'eux-mêmes, sous l'emprise d'une colère qu'elle ne savait même pas contre qui elle devait la diriger. Contre Eithleen, qui mettait un terme à leur complicité sans un mot ? Contre elle, qui avait préféré s'accrocher à ses autres amis, en attendant, sans réellement agir ? Mais, si elle était sûre d'une chose, c'était bien qu'aujourd'hui, elle ne la laisserait pas filer aussi facilement. Si elle avait fini par se lasser d'elle, de leurs rires et de tous ces instants de complicité, elle n'avait qu'à lui dire, quitte à la blesser, à lui laisser une cicatrice au cœur d'avoir encore perdu un être proche ; mais, elle méritait au moins des explications. Et elle se promit que la Serpentard ne quitterait pas la bibliothèque tant qu'elle ne les aurait pas obtenues. « Toi, tu restes ici ! », s'exclama-t-elle et, Eithleen, main sur la poignée, sembla obtempérer puisqu'elle se retourna pour lui faire face tandis qu'elle s'approchait rapidement d'elle à grandes enjambées, une moue colérique déformant les traits habituellement rieurs de son visage halé. Arrivée juste en face d'elle, elle la darda de ses yeux brûlants, comme si elle voulait lui faire passer un message par un simple regard, lui montrer la colère qui l'habitait désormais. Le regard que son amie lui rendit la déstabilisa intérieurement et Joy vint à se demander si elles n'étaient pas arrivées à un point de non-retour au vu du regard peu amène qu'elle reçut. « Qu'est-ce que tu veux, Weasley ? » Le ton, désagréable et cassant, sonna faux aux oreilles de la Gryffondor, bien trop peu habituée à de pareilles échanges avec la Black. Elle arqua un sourcil, la darda d'un regard inquisiteur quoique légèrement sarcastique : « Weasley, vraiment ? » Puis, se tenant le plus droite possible, comme pour réduire l'écart de taille entre leurs deux silhouettes, elle continua : « C'est plutôt à moi de te demander ce qui te prend, Eith. À quoi tu joues ? » Son timbre de voix avait beau être confiant son cœur, lui, battait un rythme propre à l'appréhension. Elle appréhendait autant sa réaction que son absence qui risquait de se prolonger. De la fin précipitée de leur amitié. Et, si son visage demeurait lisse de toutes ces émotions qui la tourmentaient, dans ses yeux vairons brillait un mot. Une question. Pourquoi ?

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MessageSujet: Re: She's running out again.   She's running out again. EmptySam 1 Déc - 16:25

She's running out again.
Eithlenn & Joy

ft. katie mcgrath & mila kunis.



Ce n'était pas bien. Eithlenn savait qu'elle adoptait un comportement des plus détestables, surtout aux yeux d'une personne telle que Joy. Peut-être qu'Amadeus Goyle l'aurait applaudi en la voyant parler de la sorte à la Gryffondor, mais tout individu normal avec la tête bien sur les épaules lui aurait fait la morale. Elle en était consciente, mais pour Eithlenn, il fallait qu'elle agisse de cette manière. C'était beaucoup plus facile que donner des argumentations à Joy et puis, elle n'avait pas que ça à faire. « Weasley, vraiment ? C'est plutôt à moi de te demander ce qui te prend, Eith. A quoi tu joues ? » Au moins, elle ne passait pas par quatre chemins. De toute évidence, Eithlenn savait qu'elle n'allait pas avoir la chance de pouvoir échapper à ce type de questions. Joy n'était pas le genre de fille à laisser une amitié si solide se volatiliser ainsi. Jamais Eithlenn n'aurait cru devoir en venir à là avec Joy. En vérité, s'il n'y aurait pas eu cette Ombre, peut-être que ce début de dispute n'aurait pas eu lieu. Car, même si Joy aurait juste appris qu'elle pratiquait la magie noire, il y aurait eu un moyen d'arranger les choses.

« Je ne joue pas. Il me semble juste qu'on a rien à faire ensemble. » répliqua-t-elle d'un ton glacial. C'était étrange, d'être aussi désagréable avec Joy. Sauf que Black et Weasley n'étaient pas deux noms faits pour être amis. Même pas pour être de simples alliés. Rien du tout. Il fallait bien se rendre compte qu'elles étaient trop différentes pour pouvoir se supporter longtemps. Eithlenn ne se considérait plus comme étant une gamine, il fallait qu'elle prenne les choses en main sans craindre les difficultés ni le fait d'avoir mal. Car oui, cela lui faisait du mal, d'ignorer Joy. Sauf qu'elle ignorait à quel point elle pouvait tourmenter la rouge et or. Ce qu'elle faisait n'était pas sympathique. Elle aurait très bien pu engager une discussion calme avec Joy pour lui faire comprendre qu'elles ne devaient plus être amies mais le soucis était que ce n'était pas dans ses cordes. Eithlenn n'avait aucun talent pour l'art de la conversation. C'était en quelque sorte une brute qui ne s'y prenait pas en douceur pour atteindre son but.

Elle jeta un coup d'oeil sur le visage de Joy. Jusque là, elle n'y avait pas fait très attention. Visiblement, c'était une véritable Gryffondor : elle ne pleurait pas, loin de là et restait encore droite. Et à en voir son expression, elle n'était pas décidée laisser Eithlenn partir tant que l'histoire ne serait pas réglée. Eithlenn se demanda comment elle allait bien pouvoir faire pour s'en débarrasser le plus vite possible. Une fois la chose faite, elle allait sans doute se précipiter dans la salle commune de Serpentard et s'y barricader jusqu'à la fin de la journée. « Voyons, sois raisonnable, Joy. » Voyant que quatre mots balancés au hasard n'allaient pas suffir pour être plus explicite, elle soupira et recula d'un pas, histoire de mettre un peu plus d'espace entre elles. Ce qu'elle se préparait à dire était assez grave et on ne peut plus clair, mais au moins, Joy allait comprendre et lui foutre la paix pour un bon moment. Ou définitivement, à voir. « Souviens-toi d'Halloween. Et rappelles-toi quel nom je porte. Tu ne croyais quand même pas qu'avec tout ça, on resterait de meilleures amies ? » Son ton n'était plus froid. Il était redevenu posé, presque doucereux.
Ce qu'elle venait de dire signifiait clairement qu'elle était de l'Ombre. Mais même si Joy allait sans doute la détester, elle se souviendrait encore de leur amitié pour ne pas dénoncer Eithlenn. La vipère était convaincue que la Weasley ne se risquerait pas à faire ça. Ce n'était pas vraiment de son genre ou en tout cas, elle ne la connaissait pas comme ça.
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MessageSujet: Re: She's running out again.   She's running out again. EmptyDim 2 Déc - 18:50


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l’amitié est comme la lame d’un couteau : en se retournant elle blesse son maître.


Parfois, lorsque l'heure était à la réflexion et aux questions existentielles qui venaient parfois troubler son regard, Joy venait à se demander comment elle, Gryffondor qui exécrait tant les verts et argents, avaient pu un jour se lier aussi étroitement à certaines vipères. Adelaïde et Noralie, d'abord. Deux gamines qu'elle s'était plu à prendre sous son aile, petites cousines rejetées ou solitaires, deux enfants qu'elle avait vu grandir avec emphase jusqu'à ce que le Choixpeau s'amuse à briser leur si belle famille en les envoyant chez l'ennemi. Loki, ensuite. Amant avec lequel elle avait partagé une brève idylle qui s'était consumée trop rapidement, calcinée par leur amour de la liberté, mais avec qui elle commençait à bâtir les bases d'une solide amitié sur les cendres de cette histoire avortée il y a plusieurs années. Lestrange aussi car, avant de l'abhorrer autant qu'elle le pouvait, Alesya avait su s'attirer sa sympathie, l'espace de quelques minutes partagées dans le capharnaüm du Poudlard Express. Et puis, Eithleen. D'abord ignorée, puis elle l'avait intriguée et, au-delà de simplement sympathisé, elle en était venue à sincèrement l'apprécier. L'adorer, même. Eithleen, c'était une partie de son être ; voix de la sagesse qu'elle tentait inconsciemment de corrompre, l'incitant à la préférer à ses devoirs de potions. Et, jour après jour, elle s'émerveillait devant leur complicité grandissante ; chaque heure qui passait resserrait leurs liens. Meilleures amies, qu'elles étaient. En dépit des valeurs de Joy, qui jurait ne jamais s'approcher d'un Serpentard autre que pour lui faire une mauvaise farce. Malgré les relations ô combien désapprouvées qu'Eithleen pouvait entretenir avec certains de ses camarades. Malgré leurs caractères, diamétralement opposés sur bien des points. Elle avait trouvé, en la jeune Black, un alter ego dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Là où Joy n'était que rire et amusement, Eithleen était sérieux et raison ; lorsque la première s'illustrait par ses éclats de rire bruyants et sa voix enthousiaste qui grimpait dans les couloirs déserts, la seconde se démarquait de par son charisme silencieux, sa réserve princière. Et pourtant. Pourtant... Georgia l'adorait, sa meilleure amie. Aussi simplement que ça. Et, comme souvent, elle ne se rendait réellement compte de toute l'importance de la brune dans sa vie qu'au moment où celle-ci commençait à s'en absenter.

Et c'était bien ça, le fond du problème. Leur négligence commune avait fini de creuser un fossé entre leurs deux cœurs amicalement enlacés. Pire que cette dure constatation, l'idée qu'elle se sentait aujourd'hui plus proche de certains camarades avec lesquels elle n'avait jamais eu d'affinités particulières, plutôt que de son amie la plus proche, cette idée-là lui laissait un goût amer dans la bouche. Certes, ça lui avait bien permis de resserrer davantage ses liens avec Hazel, cousine adorée qui arborait les mêmes couleurs qu'elle. Aucune entrave, aucun obstacle à leur complicité. Avec la rouquine, tout était si... simple. Mais pas avec Eithleen. Plus avec Eithleen. « Je ne joue pas. Il me semble juste qu'on a rien à faire ensemble. » Sur le coup, brutal, de la surprise, Joy entrouvrit les lèvres, des paroles emportées qu'elle regretterait aussitôt sur le bout de la langue, mais se ravisa aussitôt. Elle la regarda, sévère, un peu. Déçue, surtout. « Et peut-on savoir en quel honneur cette constatation a tout à coup percuté ton esprit ? Tu n'es pas longue à la détente, pourtant : si nous n'avions vraiment rien à faire ensemble, je pense que tu l'aurais compris dés le début. » Oui, pourquoi couper aussi subitement les ponts ? Si leur amitié n'avait pas lieu d'être, pourquoi l'avoir laissée se former, depuis plusieurs années ? Un simple non, aurait suffit, le jour où Joy avait voulu l'approcher, ses idées arrêtées mises de côté. Juste un non, je ne veux pas être ton amie, et tout aurait été fini. Fini avant même d'avoir réellement commencé. Elles ne se feraient pas du mal inutilement en ce moment même. Elles seraient restées chacune au milieu de leurs camarades, lions ou serpents, et n'auraient jamais eu le fol espoir de demeurer amies, malgré les rivalités, malgré l'inimité entre leurs maisons. Tout aurait été si simple...

Souvent, elle avait cherché le timbre de voix, à la fois posé et doux d'Eithleen, mais, aujourd'hui, alors qu'elle voyait dans son regard le projet ambitieux de mettre un point final à leur amitié, aujourd'hui, elle refusait d'entendre le moindre mot, le moindre son, sortant de sa bouche. « Voyons, sois raisonnable, Joy. » Elle releva subitement le regard, qu'elle n'avait pas même pris conscience de baisser. La connaissait-elle donc si mal que ça ? Avait-elle pris un soin tout particulier à oublier chacun de ses traits ? Elle était tout, tout sauf raisonnable. Pure folie innocente ; gamine éternelle, rire sempiternel. Mais raisonnable ? Non, certainement pas. Jamais. La raison, le sérieux, toutes ces choses, ce n'était pas pour elle. Oh, non... La verte et argent fit un pas en arrière, lui montrant enfin, ouvertement, que l'écart qu'elle ressentait entre elles n'était pas le simple fruit de son imagination. Non, Eithleen creusait consciemment et soigneusement un fossé entre elles. Infranchissable au vu de toutes les barrières qu'elle érigeait devant la Gryffondor. Et quoi, la laisser partir, simplement ? Oublier ces longues années passées côte à côte, définitivement ? Assurément, non. « Souviens-toi d'Halloween. Et rappelles-toi quel nom je porte. Tu ne croyais quand même pas qu'avec tout ça, on resterait de meilleures amies ? », dit-elle de sa voix doucereuse, qui écorchait les oreilles de la brune. Joy fronça les sourcils, refusant de se rendre à l'évidence. La fin, immanquable. Parce qu'elles avaient chacune rejoint leurs camps. Différents et adverses. Parce qu'aujourd'hui, dans leurs idéologies, Eithleen était son ennemie. Mais elle ne pouvait clairement pas s'y résoudre. Pas maintenant. Sa voix se fit plus forte que celle de sa vis-à-vis, s'attirant un regard courroucé de la part de la bibliothécaire, mais elle n'en avait rien à faire. « Tu portes le nom de Sirius Black. Un sorcier qui n'avait rien à foutre de ces conneries, qui a brillé pour son indulgence et son courage. C'est pas parce que t'es une vipère que tu ne peux pas choisir, Eith. » Elle s'en fichait, qu'on entende. Personne n'importait, à part Eithleen. Aucun autre regard que celui, azur, de son amie fixé sur elle. « Alors quoi ? Tu vas me repousser, comme ça, elle claqua des doigts, pour une putain d'histoire de sang ? » Elle agrippa alors le bras de la Serpentard, comme si elle pouvait de cette sorte réellement attiré l'attention de cette-dernière et la pousser à réfléchir, concrètement, à la portée de ses dires et de ses actions des dernières semaines. « Je sais, pour la magie noire. », grinça-t-elle entre ses dents, de sorte que, cette fois-ci, elle soit la seule à l'entendre. Secret tacite entre elles. Sujet tabou. Mais qu'elle voulait mettre sur le tapis désormais. Mais le pire, dans tout ça, c'était qu'elle était prête, la petite Joy, prête à tout lui pardonner, tout lui concéder. À lui venir en aide pour cesser cette obsession malsaine pour ces arts occultes. Parce que la Black était bien la seule personne avec qui elle savait se montrer indulgente. Parce qu'Eithleen était une partie de son tout, sa petite voix de la raison et que, sans elle, Georgia savait qu'elle perdrait toute conscience du danger ou de la sagesse.

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