Plus personne ne se trouvait dans les couloirs à cette heure-ci, ce n’était pas plus mal car je n’aurais pas voulu croiser le regard désapprobateur de tous les élèves que je croisais. Depuis que je m’étais battue j’avais l’impression de voir que tout le monde avait l’air de me juger froidement. Ce n’était pas forcement ma faute si j’avais perdu mon calme face à cette idiote, je n’étais pas arrivée à supporter son regard hautain et sa voix haute perchée. Le pire était qu’elle avait osé m’insulter, me dire que je n’étais rien, que je n’étais dans aucun camp que je me méritais même pas de vivre, je ne me souvenais même pas de tout ce qu’elle m’avait jeté à la figure et cela m’avait rapidement énervée. Et donc finalement c’est moi qui me suis jetée à sa figure mais elle avait su se défendre cette peste ! J’en gardais un mauvais souvenir qui me faisait encore bien mal. J’étais emplie de bleus, ma blessure à l’arcade n’était pas encore totalement cicatrisée et me donnait l’air d’une fille de banlieue comme chez les moldus… Il ne me manquerait plus qu’une veste à capuche comme on en voyait souvent dans les magazines en ce moment et j’aurais vraiment l’air d’une racaille. J’avais encore la main bandée et c’était plutôt agaçant quand je devais faire mes devoirs ou m’entrainer en sortilèges et métamorphose. Même dans le cadre des potions c’était plus compliqué, je n’aimais pas ça, j’avais l’impression de ne plus pouvoir rien faire sans l’aide de quelqu’un qu’est-ce que cela pouvait être énervant. Tout le monde savait très bien que c’était une mauvaise chose lorsque j’étais énervée, cela n’augurait rien de bon. Le pire étant que les gens se donnaient parfois le mot pour me rendre furieuse. Qu’est-ce que les sorciers pouvaient être puérils parfois ! Moi qui avais pensé que sortie de ma cave je n’aurais plus aucun problème, que l’on ne me jugerait pas sur les choses que je ne pouvais pas contrôler, que l’on m’aimerait pour ce que j’étais et non par rapport à mon sang pur ou justement mon sang impur. C’était une véritable catastrophe : « Miss Jugson, que faites-vous donc là ? »  Raisonna une voie dans mon dos. Me retournant rapidement je croisai le regard du professeur qui m’avait surprise. Ce n’était pas possible, le monde était vraiment contre moi. Je risquais encore de faire perdre des points à ma maison alors que je faisais juste ce que l’on me demandait. Soupirant je repris doucement en tentant de ne pas paraitre arrogante ce qui me valait souvent des remontrances : « Je vais en retenue professeur, je dois aller dans les cuisines. »  Penchant la tête sur le côté je me contentai de faire une légère révérence avant de le laisser en plan là sans attendre qu’il ait la merveilleuse idée de m’enlever des points.

Sans me retourner je fis en sorte d’aller le plus lentement possible vers les cuisines vraiment pas pressée de rejoindre ma retenue. Ce n’était pas que je commençais à en avoir l’habitude mais c’était toujours aussi ennuyeux et énervant à faire. Je ne savais pas ce qu’ils allaient pouvoir inventer aujourd’hui pour rendre la soirée encore plus désagréable. J’espérais au moins ne pas avoir à supporter une autre personne pendant la retenue. C’était déjà assez difficile à vivre comme ça sans avoir à supporter les gémissements désagréables de cet idiot, ou de cette idiote… J’allais faire ma retenue, sans joie et sans me plaindre mais j’étais persuadée que j’aurais du mal à supporter une autre personne. Et puis, il n’y avait que des cas sociaux qui se retrouvaient dans ma situation, en retenue à la veille de Noel… Cela risquait d’être plutôt folklorique en cette soirée de décembre. Finalement j’arrivai à l’entrée des cuisines, à l’intérieur régnait l’agitation des elfes de maison mais aussi une voix que je ne connaissais que trop bien. Fronçant les sourcils soudain perdue je chatouillai doucement la poire qui se transforma en poignée avant d’entrer.  « Bonsoir ! » Lâchai-je froidement en laissant un léger sourire apparaitre sur mes lèvres gelées. Puis, je me tournai vers le jeune homme dont j’avais reconnu la voix et mon sourire s’évanouit soudain laissant place à une moue boudeuse et énervée : « Yaxley… Je me doutais bien que l’on m’imposerait un cas social ce soir. » Soupirant je le jaugeai mauvaise avant de m’asseoir sur une petite chaise non loin d’une table. Relevant les yeux vers lui je demandai en haussant un sourcil : « Qu’as-tu encore fais pour te retrouver ici à travailler en cuisines ? » Je doutais qu’il me réponde, depuis un long moment il ne daignait même plus  m’adresser la parole, c’était malheureux tout de même nous qui avions étés si proches à un moment donné. Mais les gens changent, je devais peut être commencer à changer moi aussi, à ne plus me préoccuper du passé. Cela serait mieux pour tout le monde.

Dieu qu’il était énervé. Le premier passant par là risquait gros, très gros et il ne parlait pas de magie, mais bien de son poing qui risquait d’aller se fracasser sur le premier venu. Il avait été imprudent, impulsif, s’en était pris une fois de trop à la même personne qui avait fini par le dénoncer, témoin à l’appui. Mais Eliot lui ferait payer cet affront, il ferait de ses jours à Poudlard un véritable cauchemar, lui ferait regretter à ce véritable cafard, car on ne s’en prenait pas à un Yaxley impunément. Il allait le faire implorer, le mettre à genou, le petit asticot finirait par demander pardon, mais ce serait trop tard, car le vert et argent ne pardonnait pas, jamais, si rarement en tous cas. Et il ne pardonnerait jamais à cet pourriture de l’avoir dénoncé, d’avoir été raconter à un professeur à quel point il était faible face au Serpentard. Ce dernier se moquait bien de savoir si celui qu’il agressait était faible ou fort, seul le mot victime l’intéressait, mais en général il choisissait ceux et celles qui pouvaient représenter un challenge, mais apparemment cette fois-ci il s’était trompé, lui prouvant une fois de plus que les né-moldus n’étaient que des moins que rien qui ne méritaient pas qu’on leur confie une baguette, tout ce qu’ils méritaient de faire c’était se prosterner face aux véritables sorciers. C’était à cause de ces sangs-de-bourbes et autres traitres que les sangs purs disparaissaient, que les sangs se diluaient pour n’être plus que poison. Il n’avait eu aucune raison particulière d’attaquer l’élève, un regard un peu trop téméraire à son goût, une attitude irrespectueuse alors qu’il était de rang inférieur par rapport au vert et argent, il avait fallu lui donner une leçon, lui montrer à qui il devait le respect, pourquoi il lui devait le respect. Eliot n’aurait jamais imaginé que l’élève de deux ans son cadet irait se plaindre à une quelconque autorité. Il avait dix neuf ans, et il allait encore pleurer dans les robes des professeurs, c’en était affligeant. Eliot avait écopé d’une semaine de retenue, comme si il n’avait que ça à faire. Il avait découvert un livre intéressant dans les collections interdites, un livre regorgeant d’une magie si noire qu’elle ne pouvait que l’intriguer, l’attirer. Il voulait retourner se plonger dans ces pages le plus rapidement possible et à cause du cafard il ne le pourrait pas avant plusieurs jours. Oui, il allait vraiment frapper quelqu’un si on osait se présenter à lui. Beaucoup fuirent, s’écartant rapidement de son chemin alors que lui ne déviait pas de sa trajectoire, n’attendant qu’une nouvelle confrontation pour déverser sa haine et sa rage.

Enfin, il arriva à la salle commune de sa maison. Il choisit de se poser dans le canapé face aux flammes, contemplant la danse de celles-ci, perdu dans ses pensées. Il était encore sur les nerfs quand l’heure du repas arriva. Il ne prit même pas la peine de remonter, l’estomac noué par cette boule de colère toujours présente. Il était temps qu’il quitte cette école, il étouffait, n’en pouvait plus d’être pris pour un pion alors que son nom lui conférait un certain pouvoir, une certaine place dans la hiérarchie sorcière. Cette école, ses professeurs, ses élèves, tout l’insupportait. Mais il savait qu’il lui fallait ce diplôme pour faire quelque chose de sa vie. Il ne pouvait se jeter à corps perdu dans ses plans sans une issue de secoure. Il lui fallait décrocher ces ASPICS, mais si il s’était écouté, il serait parti depuis longtemps, à la recherche d’une autre magie, plus à sa hauteur, faire de nouvelles découvertes, pousser ses limites jusqu’à ce qu’il ne reste rien de son ancienne vie. Mais pour cela, il devait se détacher de la personne la plus importante à ses yeux : sa sœur, et c’était elle qui le faisait tant douter de ses plans d’avenir, car il était clair qu’elle n’y avait pas sa place. Il ne voulait pas l’entraîner là où il allait, elle souffrirait trop et ne comprendrait de toute façon pas. Le jeune homme soupira quand petit à petit les élèves revinrent du repas et commencèrent à monter dans leurs dortoirs. Il quitta alors la salle commune, traversant les dédales du château sans se préoccuper des regards interrogateurs que lui lançaient les professeurs. Ils comprenaient rapidement à voir son air sombre qu’il n’était pas là de son pleins gré.

Il dut faire demi tour, envoyé dans les cuisines ce qui eut le don de l’agacer plus encore. Les elfes de maison n’étaient-ils pas censés s’occuper de cette partie du château ? Et aux dernières nouvelles, il n’en était pas devenu un. À nouveau il se renfrogna, pensant à cette liberté qui lui tendait les bras mais qu’il n’était pas prêt à saisir. Il chatouilla la poire et pénétra dans la pièce où l’agitation était à son comble. Tous les elfes se saisirent. Il n’avait jamais vu ce sorcier pénétrer dans leur domaine, et pourtant ils étaient nombreux à venir réclamer leur service. Il leur jeta un regard froid et tous disparurent en même temps. Il ne restait plus que lui et le nettoyage de la pièce. Il n’allait pas s’abaisser à faire cela. Un coup de baguette magique et on en parlait plus. Il avait aussi découvert un sort qui masquait les traces magiques, personne n’en saurait rien. Puis il se souvint qu’il n’était pas seul à effectuer cette tâcher. Il pourrait alors s’asseoir dans un coin et laisser son partenaire de retenue faire tout le boulot. « Bonsoir ! » Il se figea. Cette voix, il ne la connaissait que trop bien. Il se retourna lentement, plantant son regard perçant sur la rouge et or qui lui faisait face. « Yaxley… Je me doutais bien que l’on m’imposerait un cas social ce soir. » Son regard se durcit, devenant aussi froid que la glace. Il était au dessus de tout ça, préférant ignoer la jeune femme. « Qu’as-tu encore fais pour te retrouver ici à travailler en cuisines ? » Eliot lui jeta un regard en coin avant de se détourner d’elle, comme il le faisait depuis longtemps maintenant. Pourtant, ils devraient passer la soirée ensemble et il n’avait pas franchement envie de se casser la tête à l’ignorer toute la soirée. « J’ai refait le portrait à quelqu’un dont la tête ne me revenait pas. » En clair, si tu me fais chier, tu y passes aussi, peu importe notre passé. « Je te préviens Jugson, je ne veux pas perdre mon temps en bavardages inutiles, finissons-en et cassons-nous, j’ai d’autres choses à foutre. » Il lui jeta un dernier regard et ressentit cette même contraction de son palpitant qu’il ressentait à chaque fois qu’il la voyait, signe qu’il ne l’avait pas oublié.