Allongée sur son lit, la lumière de sa chambre éteinte mais les yeux grands ouverts, la petite fille de six ans attendait avec impatience le retour de son père. Il était tard, elle le savait. 0h15 indiquait l’horloge magique de sa chambre sans qu’elle ne s’en soucis cependant tant que cela. Elle n’avait pas vu son père ni aujourd’hui, ni la veille et il lui manquait. Elle ne l’avait dit qu’à sa mère, parce que Sirius se serait moqué d’elle, pour changer. Son grand frère n’avait que deux ans de plus qu’elle, mais pourtant il n’était pas aussi proche de leur père que la petite fille l’était elle-même. Il ne l’attendait pas tard le soir pour le saluer après plusieurs jours sans l’avoir vu, il ne lui sautait pas au cou comme elle lorsqu’il revenait du travail. Elle trouvait cela étrange, mais à force, elle s’y était faite.
Soudain la petite fille fut aux aguets, elle venait d’entendre la porte du douze square Grimmaurd claquer et, quelques secondes plus tard, la voix de son papa raisonna dans l’entrée. Elle dut seulement attendre quelques minutes avant d’entendre la porte de sa chambre se pousser lentement. Harry entra et s’approcha lentement du lit de sa fille, en tentant de faire le moins de bruit possible. C’était peine perdu. Un léger soupir lui échappa lorsqu’il croisa les yeux de l’enfant.
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Dorea… Il est tard, tu devrais dormir depuis longtemps…La petite fille se contenta de faire un sourire angélique à son père, elle lui tendit les bras pour qu’il s’approche d’elle et vint se lover tout contre lui.
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Je sais, mais je voulais te voir Papa, tu n’étais pas là hier soir lui chuchota-t-elle une légère trace de reproche dans la voix.
Harry soupira à nouveau et s’installa plus confortablement près de sa fille, la serrant encore un peu plus contre lui. Il déposa un léger baiser sur son front. Il l’aimait tellement, sa petite princesse.
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Je travaille beaucoup tu sais ma puce, mais bientôt je prendrais des vacances et on fera quelque chose rien que tout les quatre, avec Maman et Sirius, d’accord ? -
C’est promis ? demanda l’enfant, des étoiles brillant désormais dans ses yeux rien qu’à l’idée de passer plusieurs jours de suite avec son père.
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Oui, c’est promis, répondit Harry, un sourire attendrit sur le visage.
Mais maintenant il est tard, il faut dormir Dorea.Le jeune père commençait à se lever, se dégageant doucement de l’étreinte de sa fille mais elle le retint par la manche de sa robe de sorcier. Elle le regarda, suppliante :
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Papa, racontes moi une histoire… S’il te plait…Il fut tenté de refuser, la journée avait été longue et il rêvait maintenant d’une douche bien chaude, d’un moment seul à seul avec sa femme et de son lit. Mais la mine de sa fille lui fit immédiatement changer d’avis. Quand elle affichait cette bouille là, il lui était impossible de lui dire non. Alors il se leva, suivit par les yeux inquiets de Dorea et revint quelques secondes plus tard, les contes de Beedle le Barde à la main. Étrangement, c’était un des livres préférés de la petite fille. Cette dernière eut un immense sourire et ferma les yeux, pour mieux savourer l’histoire. Harry fit un peu de lumière à l’aide de sa baguette, et sa fille à nouveau serrée contre lui il se mit à lire. Elle avait toujours aimé le conte des trois frères, surtout parce qu’il lui avait dit qu’un jour, quand elle serait plus grande, peut-être qu’elle aurait le privilège de posséder une de ces reliques.
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Il était une fois trois frères qui voyageaient au crépuscule, le long d'une route tortueuse et solitaire. Après avoir longtemps cheminé, ils atteignirent une rivière trop profonde pour la traverser à gué et trop dangereuse pour la franchir à la nage.Harry s’arrêta lorsqu’il entendit une respiration profonde auprès de lui. Il sourit, et caressa durant quelques secondes les cheveux de sa petite fille, qui, à bout de force, avait désormais rejoint Morphée dans les étoiles. Il embrassa une dernière fois son front puis sorti de la chambre.
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Dors bien, ma petite fleur de lys… murmura-t-il avant de refermer la porte.
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Dorea Lily Potter sortit en trombe de sa chambre, les joues rouges de colère. La petite fille avait grandit, elle était maintenant âgé de dix ans, et à cet instant précis s’apprêtait à faire passer un très mauvais quart d’heure à son frère.
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Sirus !!!! Où-es-tu !? Bien sûr, le silence fut la seule réponse que la fillette put obtenir mais ça, elle s’en serait doutée. Elle ouvrit brutalement la porte de la chambre du garçon, mais après une inspection rapide elle se rendit vite compte qu’il n’était pas là.
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*Je vais le tuer, cette fois c’est sûr…* se répétait-elle inlassablement dans sa tête.
Dorea descendit rapidement les escaliers menant vers le salon, et ne voyant ni son frère ni sa mère, elle remonta et tenta sa chance à la bibliothèque. Gagné. Ginny était en train de feuilleter un magazine, confortablement installé dans un des fauteuils rouge de la pièce.
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Tu n’aurais pas vu Sirius par hasard ? questionna-t-elle sans plus de manière.
La jeune femme leva les yeux vers sa fille et sembla réfléchir quelques instants :
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Il est parti jouer dans le parc en face, pourquoi ?La fillette ne prit même pas la peine de répondre, elle repartit en toute hâte, claquant la porte de la maison derrière elle. Effectivement celui qu’elle cherchait se tenait tranquillement sur la balançoire et lorsqu’il vit approcher sa sœur, un sourire faussement innocent se dessina sur ses lèvres.
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Je vais te tuer ! s’exclama-t-elle folle de rage.
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Ben quoi, qu’est ce que j’ai encore bien pu faire ? demanda Sirius.
Dorea tenta tant bien que mal de pousser son frère, pour qu’il puisse voir à quel point elle était en colère, mais la seule chose qu’elle parvint à faire c’est de le bousculer légèrement. Ce qui fit bien rire ce dernier d’ailleurs.
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Mon t-shirt préféré Sirius ! il est fichu à cause de toi!-
Mais non, je suis sûr qu’on va pouvoir te réparer ça. Fais voir.Un éclair passa dans les yeux de la petite fille tandis qu’elle sortait le fameux vêtement, qu’elle avait caché dans une de ses poches. Son grand-frère éclata à nouveau de rire, ne semblant vraiment pas regretter sa bêtise. Le t-shirt était maintenant trois fois trop grand, et les motifs, qui étaient auparavant d’un vert clair, avait viré au marron caca doigt. Le fond du t-shirt, lui aussi vert à la base, était maintenant noir. Bref, l’habit était maintenant horrible.
Cette fois-ci elle le poussa de toutes ses forces, à tel point qu’il tomba de la balançoire et roula dans l’herbe. Dorea laissa échapper un rire mauvais, heureuse d’avoir pue obtenir une maigre vengeance malgré tout. Seulement, elle s’arrêta net lorsqu’elle réalisa que son frère n’avait pas bougé depuis plusieurs secondes.
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Arrête de te fiche de moi s’il te plait !Pas de réponse. La petite fille s’approcha lentement du corps de Sirius, son cœur battant désormais de plus en plus vite. Elle le secoua légèrement mais, toujours pas de réaction. Alors elle se baissa à sa hauteur et se pencha, pour voir s’il respirait encore.
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BOUH!!!! hurla-t-il soudainement en se redressant.
Dorea fit un énorme bond en arrière et laissa échapper un cri perçant, ne s’attendant vraiment pas à cela. Elle reprit sa respiration tandis que Sirius affichait un large sourire, très fier de sa petite plaisanterie.
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Non mais ça va pas de me faire une peur pareille non !? J’ai vraiment cru que…La fillette ne put poursuivre et éclata de rire. En effet, son frère venait de rouler à nouveau dans l’herbe et avait attrapé ses jambes pour l’entraîner dans sa chute. Dorea était maintenant clouée au sol, morte de rire tandis que son frère la chatouillait. Ce jour là ils restèrent un moment dans ce parc, à s’amuser et à rire. Comme si elle pouvait rester bien longtemps fâchée contre lui, elle l’aimait beaucoup trop pour cela et il le savait…
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Voilà un an que Dorea était entrée à Poudlard. Elle n’était maintenant plus une enfant mais bien une très jolie jeune femme, une adolescente très heureuse et épanouit. La séparation avec ses parents, dont elle restait encore très proche, avait été difficile mais malgré tout elle s’était vite faite à l’ambiance du château. Le Choipeaux magique n’avait pas hésité longtemps avant de décider de sa maison : Gryffondor, pour le plus grand bonheur d’Harry et de Ginny d’ailleurs. La jeune fille était particulièrement fière de porter les couleurs rouges et ors, surtout qu’elle se sentait en parfaite harmonie avec sa maison qui lui correspondait tout à fait. Elle était courageuse, c’était inéluctable. Elle s’était mise plusieurs fois en danger pour venir en aide à quelqu’un, ou simplement pour se balader dans les couloirs la nuit lors d’une de ses nombreuses insomnies, notamment grâce à la cape d’invisibilité et à la carte du Maraudeur que Sirius et elle possédait et qu’ils s’échangeaient fréquemment. Fidèle, était également une de ses qualités, ses amis savaient qu’elles pourraient toujours compter sur elle, de jour ou de nuit, elle était là. Tolérante, un adjectif qui pourrait aussi très bien lui convenir, Dorea était quelqu’un de très ouvert, toujours à chercher à comprendre les autres. Elle avait d’ailleurs une grande passion pour la culture moldu qu’elle avait pu découvrir grâce à son père. Têtue, il est vrai qu’elle l’était aussi. Lorsque elle avait une idée en tête il était très difficile, voire impossible, de la faire changer d’avis. Elle adorait avoir raison et restait bien souvent braqué sur ses positions, même quand elle savait avoir tort. Mais bon, son père était aussi comme cela à son âge à ce qu’on lui avait dit.
Bref, les vacances d’été avaient commencé depuis quelques jours à peine et la jeune femme profitait avec bonheur de son petit chez-soi. Le douze square Grimmaurd lui avait manqué malgré tout. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de bien discuter avec sa mère et cela l’attristait, elle avait tout de même pas mal de chose à lui raconter. Ginny avait dû le sentir d’ailleurs, puisqu’elle lui avait glissé, hier, pendant le repas, qu’elles auraient l’occasion de parler demain car ni Harry ni Sirius ne seraient là et qu’elle ne travaillait pas. Dorea était donc là, à se balader dans toute la maison à la recherche de sa mère. C’était cela d’avoir une grande maison, on ne savait jamais où se trouvait les autres. Elle la trouva finalement dans la cuisine, occupé à faire bouillir du lait. L’adolescente sentit également une odeur de cookie qui lui mit l’eau à la bouche. En voyant sa fille Ginny se retourna et vint l’embrasser tendrement.
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Coucou ma chérie, bien dormis ? J’ai fait des cookies et je te prépare du chocolat chaud, tu as des choses à me raconter d’après ce que j’ai pu voir... déclara-t-elle un sourire malicieux au visage.
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Oui ça va, ça fait du bien d’être de retour à la maison. Miam ! Ça sent trop bon, j’ai trop faim ! Et comment tu fais pour toujours tout deviner !?La mère rit tout en ébouriffant légèrement les cheveux de sa fille. Il est vrai qu’elles avaient toujours été particulièrement proches et que Dorea confiait beaucoup de chose à Ginny, sans que pour autant celle-ci ne la force. Justement, c’est cela que la jeune femme adorait chez sa génitrice. Elle était toujours là, à l’écoute, prête à donner des conseils mais n’avait jamais forcé sa fille à se confier à elle, elle l’écoutait quand elle en ressentait le besoin, voilà tout. Une fois que la rousse eu terminé de préparer à manger, elles prirent toutes deux un plateau qu’elles emmenèrent jusqu’au salon. Elles installèrent confortablement dans le canapé de la pièce. L’adolescente se jeta littéralement sur la nourriture et dévora goulûment un cookie en le trempant dans une tasse de chocolat chaud. Un pur délice ! Son petit-déjeuner préféré, tout simplement.
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Alors, que voulais-tu me dire ma puce, je t’écoutes l’encouragea Ginny après un petit moment de silence.
Dorea eut un petit sourire timide, elle aurait cru cela plus facile de parler à sa mère, mais maintenant qu’elle se retrouvait face à elle… Cependant, elle n’eut pas vraiment besoin de paroles pour se faire comprendre. Sûrement parce que Ginny la connaissait mieux que personne et que maintenant qu’elle commençait à grandir, il n’y avait pas beaucoup de choses qu’elle pourrait lui dire en voulant absolument lui parler seule à seule. De plus, les joues devenus légèrement rouges de l’adolescente en disaient beaucoup sans qu’elle ait besoin d’ouvrir la bouche.
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C’est un garçon n’est-ce pas ? Comment il s’appelle ? La jeune fille ouvrit de grands yeux étonnée, confirmant par la même occasion à Ginny qu’elle avait vu juste.
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Eh oui ma Dorea, moi aussi j’ai été jeune et j’ai eu le même sourire que toi maintenant alors c’est facile de savoir qu’il y a un homme là-dessous. -
Il s’appelle Lukas répondit enfin la jeune fille avec un sourire rêveur.
C’est un Gryffondor qui a un an de plus que moi. Je l’ai rencontré à la bibliothèque pendant que j’étais en train de faire un exposé pour mon cours d’histoire de la magie. Je m’ennuyais beaucoup et lui aussi. Il m’a sourit quand nos regards se sont croisés et on s’est mis à discuter. Il est super gentil, super attentionné avec moi. Au début c’était juste un super pote et puis un jour, il m’a embrassé, c’était… waouh, magique ! J’avais des frissons partout !Elle parla encore un bon moment de son premier amour à Ginny terminant même allongé sur ses genoux tandis qu’elle lui caressait les cheveux. C’était un premier amour d’adolescent, un amour, cliché, un amour à l’eau de rose, mais qu’importe. Quelques semaines plus tard ils n’étaient plus ensemble, les vacances d’étés les ayant décidés à rompre, en bon terme cependant. Dorea était triste, mais elle s’en est vite remise. Aujourd’hui encore elle garde cependant un côté très enfantin pour tout ce qui touche aux amours. Oui, elle croit au prince charmant, elle est sûr qu’un jour le sien arrivera pour elle. Elle est très fleur-bleue sans pour autant être bête. On se moque d’elle pour cela mais elle s’en fiche, elle trouve cela tellement beau d’aimer.
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Dorea a maintenant dix-sept ans et elle entame sa quatrième année à Poudlard. Rien n’a véritablement changé pour elle. Elle est toujours aussi proche de ses parents et continue à leur écrire chaque semaine pour leur donner de ses nouvelles… et celle de son frère aussi. Car cela fait maintenant presque un an que Sirius a quitté la maison suite à une dispute avec leur père. Il n’a jamais été comme eux et ça, la jeune femme l’a toujours su et accepté. Déjà, bien qu’ils n’en aient jamais rien dit, la répartition de leur fils à Serpentard a été très dure à vivre pour Harry et Ginny. Le Survivant n’était déjà plus très proche de Sirius, mais là ça a carrément creusé un faussé entre eux. Et ça, la jeune femme a eu énormément de mal à l’accepter. Ses parents l’avaient élevé dans un idéal de la tolérance, de respect de l’autre, de ses croyances, et voilà qu’ils n’étaient même pas capables d’appliquer leurs soi-disant principes avec leur propre fils. Elle, a toujours défendu son frère, elle a toujours essayé de l’excuser auprès d’Harry et de Ginny. C’est d’ailleurs un des rares sujets de discordes qu’elle a avec eux. Mais elle s’en fiche, elle continue. Elle ne supporte pas la façon dont ses parents traitent Sirius. Elle a appris en même temps qu’eux qu’il avait fait usage de la magie noire, mais là encore, elle l’a défendue. Il n’a tué personne et ça n’est pas parce qu’il est le fils d’un Auror qu’il doit absolument être irréprochable. Alors elle continue à faire le lien, elle dit à ses parents que Sirius va bien, qu’il a de bonnes notes et qu’il travaille beaucoup pour cela. Récemment Dorea a appris que son frère était bisexuel et il lui a demandé de ne pas en parler à Harry et Ginny, ce qu’elle à respecté, sans hésitations aucunes. C’est sa vie après tout. Elle est inquiète pour lui, mais tente de ne pas lui montrer, elle tient absolument à le laisser vivre comme il l’entend et surtout, elle ne veut pas se fâcher avec lui, elle l’aime trop pour ça. Des menaces grondent aux seins de Poudlard, celles de fils de Mangemort qui souhaitent venger leurs parents, leur redonner l’honneur qu’ils ont perdus à la chute de Voldemort. En fière Gryffondor qu’elle ait, Dorea n’a pas peur, elle est prête à se battre comme ses géniteurs l’ont fait avant elle pour préserver la paix du monde magique. Cette nouvelle année promet donc d’être très agité, c’est certain…