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 ADELADRIEL † now, it's too late to apologize

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ADELADRIEL † now, it's too late to apologize 1404036046-rang-membre
Mara Weasley
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MessageSujet: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptyMer 23 Oct - 12:45

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You tell me that you're sorry didn't think i'd turn around, and say... it's too late to apologize, it's too late.


Elle avait tout fait pour elle. Enfants, elle avait été prête à encaisser ses bêtises pour lui éviter de nouvelles réprimandes ; elle avait refusé de longs après-midis à passer avec le reste de leurs cousins pour simplement se consacrer à elle. Elle lui avait cédé son lit, chaque fois qu’elle venait dormir chez elle. Elle avait même été prête à partager Tristam ; et ça, Merlin savait qu’elle n’avait jamais été plus possessive qu’avec son frère jumeau. Elle avait tout fait pour elle. Se battre avec des gamins qui s’étaient moqués d’elle. Se disputer avec leur grand-mère lorsque celle-ci en venait à la blâmer au vu de son comportement envers ses parents. Elle aurait tout fait, tout sacrifié, juste pour un éclat dans ses si jolis yeux, juste un sourire ourlant ses lèvres un peu fades. Et, une erreur de parcours, et voilà qu’elle ne lui pardonnait pas ; qu’importe tout ce qu’elle avait jamais entrepris pour elle, Adelaïde n’avait vu plus que l’abandon, bref et brutal, qui avait suivi l’annonce de sa répartition. Juste une erreur ; juste une goutte amère dans un océan de détermination à la protéger, la préserver de tout. C’était peut-être, plus que le fait qu’elle fut répartie à Serpentard, l’idée qu’elle ne lui ait pas laissé le temps de s’y adapter qui avait rebuté Joy. C’est vrai, elle était tolérante de nature, avait l’esprit plutôt ouvert, et s’il y avait une seule chose au monde qu’elle exécrait véritablement, voilà que sa cousine s’y était jetée la tête la première ; et quoi, elle attendait sa bénédiction. Va, cousine, te corrompre avec les vipères ; ramènes tes crocs plein de venin, je ne dirai rien. Galadriel le savait pourtant, à l’époque, que cette attitude froide et lointaine n’aurait été que provisoire ; elle lui aurait simplement demander un peu de temps pour s’y faire, à cette idée que sa petite cousine qu’elle chérissait tant irait batifoler avec les serpents.

Ah, et non contente d’intégrer la maison de Serpentard – viles serpents persifflant sur son sang –, voilà qu’on lui annonçait qu’elle en deviendrait également une d’adoption. Déjà, Joy avait eu la décence de la fermer en apprenant la nouvelle. Adelaïde Weasley et Zane Goyle. Les sangs purs fronçaient le nez en parlant de ce couple parjure qui venait corrompre une nouvelle longue lignée de sorciers respectables, souillée par le patrimoine si prestigieux des Goyle. Manquerait plus que les gamins soient roux. Elle avait détesté leurs remarques ; pas tant parce qu’ils dénigraient les Weasley mais, surtout, car ils venaient insinuer la possibilité d’un avenir Zadelaïde. C’était comme lui balancer en pleine gueule la mort de sa tendre cousine ; gamine aux grands yeux d’azur pétillants lorsqu’elle les posait sur elle. Et le pire, c’était de savoir qu’elle n’aurait de cesse de se corrompre, qu’elle continuerait de chuter tant qu’elle n’aurait pas atteint le fond du fond. Et, cette fois-ci, elle sera sans doute trop bas pour qu’elle puisse seulement espérer la rattraper. Rends-la moi, vipère. Depuis ce matin, elle avait envie de fracasser les murs, de cogner, dépecer et crier. On l’avait regardée, comme si elle venait de débarquer ; après tout, ça faisait un moment que tout le monde s’y était fait, au couple atypique fiancé. Mais pas elle ; Galadriel avait été trop occupée à fusiller les Serpentard du regard, à traquer l’Ombre dans l’obscurité, à chercher qui. Qui était responsable de l’agression de Tristam.

Et elle les avait vus, tous les deux, discuter tranquillement, paisiblement. Comme avant. Tristam qui ne lui avait jamais tourné le dos, toujours présent, toujours fidèle au poste, lorsqu’elle songeait juste à une riposte. Elle avait vu rouge, Joy. À l’idée que la vert et argent puisse s’approcher de son frère, lui parler, le toucher lorsqu’elle trainait peut-être avec les agresseurs de ce-dernier. Merde, Ade, ouvre les yeux. Alors, malgré ces dernières semaines à éviter le moindre souvenir d’elle, de ses grands yeux aussi bleus que les marques qu’elle avait laissé sur sa peau des suites d’un tête à tête sur le terrain qui avait failli la faire tomber en miettes. Elle qui l’avait toujours protégée était devenue un danger pour sa cousine. Alors, elle s’était décidée à l’éviter, autant que Adelaïde pouvait s’évertuer à l’esquiver. Mais plus maintenant, elle ferait front, l’affronterait. Finalement. Pour le bien-être de Tristam. Pour le sien aussi, peut-être, à vouloir se préserver de ces pensées parasites qui venaient encore s’insuffler dans son esprit, de temps en temps.

Adelaïde avait cours de potions. Galadriel se maudit une seconde de se souvenir de ce minuscule détail, de toujours connaître tant de choses d’elle lorsque sa cadette s’évertuait à la renier de son existence. Et, toujours au nom d’une situation exceptionnelle, elle vint, de façon tout aussi exceptionnelle, en avance. Se posta devant la porte dont elle détailla les moindres striures sur le bois, se concentrant vaguement sur les échos qu’elle pouvait entendre, de l’autre côté de la porte. Celle-ci s’ouvrit finalement, délivrant un flot d’élèves qui arguaient dans leur totalité les couleurs de Serpentard. Ainsi, adossée au mur, bras croisés sur sa poitrine et un pied prenant appui derrière elle, toute couronnée de son aura de nonchalance qui lui était propre, Galadriel poussa le vice jusqu’à accorder quelques sourires narquois aux plus belliqueux des Serpentard qui ne semblaient qu’attendre le moindre mot de travers pour se jeter littéralement sur elle. Tous, sans exception, fusillaient ce blason qui jurait avec le décor, ne détonnait que trop bien au sein des cachots, exclusivement Serpentard lorsque tout dans son attitude trahissait un côté bien plus félin que reptilien. Elle se gargarisa plus qu’elle ne fut intimidée des regards noirs, toujours malicieusement moqueuse, à distiller regards plein de défis et légers rictus sans rien ajouter, toujours nonchalante, toujours fidèle à elle-même. Puis, brusquement, ses yeux accrochèrent ceux d’Adelaïde. Les élèves se dispersaient d’ores et déjà, abandonnant rapidement les cousines, seule à seule. Son sourire tomba, aux oubliettes ; un masque sérieux et austère se hissa davantage sur son visage, trancha avec son attitude habituellement souriante et mutine, tant et si bien qu’elle-même se trouva peu convaincante. Pourtant, elle n’avait jamais été aussi déterminée. « Il va falloir qu’on parle, Adelaïde. » entama-t-elle, derechef, sans prélude, entrant directement dans le vif du sujet. Ça promettait d’être le plus ardu sortilège qu’elle n’aurait jamais à conjurer : elle allait faire disparaître leur cousine de leurs vies.
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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptySam 2 Nov - 1:22

The one that wins will be the one that hits the hardest
Adélaïde & Galadriel



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Dans sa guerre continuelle pour marquer sa différence ; elle avait tout perdu. Tout ? Peut-être pas. Certes, elle avait perdu beaucoup : elle s’était montrée ingrate, vile, méchante envers Abigail qui ne cherchait qu’à nouer des liens plus sains que ceux qu’elles entretenaient. Elle avait perdu Galadriel. Joy. Sa Joy. Elle n’y pensait plus. Leurs dernières entrevues, perchées sur leurs balais, loin dans les airs avait brisé quelque chose en elle. Comme une promesse, elle s’était juré que plus rien ne serait jamais plus comme avant, que rien ne viendrait panser les blessures encore apparente sur sa chair, brulantes à l’intérieur. Cette dernière trahison lui avait fait mal, bien plus que les douleurs physiques : elle l’avait anéantie. A nouveau. Pour la deuxième fois et Adélaïde avait un ma fou à se pardonner de lui avoir encore donné autant d’importance après son premier abandon. Les apparences sont trompeuses et sous le masque inflexible qu’elle s’était efforcée de montrer à sa cousine depuis lors même de sa lâcheté première s’était peu à peu fissuré : elle avait versé des larmes. Les dernières. Elle ne pleurerait plus pour elle. Sous un sourire hypocrites, elle avait aperçu dans l’éclat des yeux de son aîné une lueur toute nouvelle, quelque chose qu’elle ne lui connaissait pas, qu’elle ne lui avait jamais connu et cette haine apparente lui avait en quelque sorte fait peur, l’avait poussée à être encore plus vilaime pour que voir les limites, celles qu’elle n’aurait pas du franchir. Qu’elles n’auraient pas du franchir. La rancune avait vaincu l’amour dans une lutte acharnée, une lutte à la mort, car oui, Adélaïde avait pensé mourir ce jour là, dans ses bras, sur le terrain de Quidditch. Tout aurait été tellement plus facile ; elle n’aurait pas eu à oublier tout ce qu’elle avait auparavant fait pour elle, n’aurait pas eu à bruler tous les t-shirts des concerts auxquels elles avaient été ensemble, n’aurait pas eu non plus à déchirer, découper, lancer au vent toutes les photos qui malgré la rancune tapissaient encore les murs de sa chambre. Parce que jusqu’à présent, elle n’avait pas été assez forte, pas assez déterminée : elle avait été faible. Faible devant la Joy qu’elle avait connu durant son enfance. Faible face à ses yeux mordorés qui avec une tendresse infinie l’avaient vue grandir.


Instinctivement, elle espérait que son aînée aurait eu vent de ses fiançailles avec Zane. Si elle pouvait la frustrer un peu plus, elle ne s’en gênerait pas. Elle ne lui devait rien. Elle ne lui devait plus rien. Tous les moyens étaient bons pour lui faire payer cet affront qu’elle lui avait fait en la laissant seule, seule face aux loups. Pauvre mouton noir abandonné par son berger dans la bergerie. Car oui, Joy avait été son berger, son étoile, celle guidait ses pas dans la nuit. Mais ce temps était révolu. Qu’elle ait au Diable, elle et ses grands airs, ses beaux sourires. Toutes ses belles résolutions n’étaient enfaite que des parjures et depuis le terrible accident qui avaient scellé à jamais la séparation des deux âmes, Adélaïde n’avait cessé sa redescente aux enfers. Mais cette fois, pas de Joy présente à son chevet. De toute façon, elle n’avait pas été là la première fois non plus, lorsque d’un geste désespéré la cadette avait essayé de mettre fin à ses jours quelques jours auparavant, ou du moins si elle l’avait été, elle s’était arrangée pour l’être avant que la brune ne daigne reprendre connaissance et s’était assurée qu’elle n’ait jamais vent de sa présence à ses côtés. Elle l’avait laissée seule. Abandonnée et rien ne lui avait jamais fait aussi mal, ni les cicatrices sur ses poignets, ni ses poumons endoloris tôt le matin par leur inondation goudronnée. Non. Elle avait été la pire. La pire des souffrances pour une gamine de 14 ans. Elle aura tout de même tenu un an, Adélaïde, sans oser se diriger vers la porte de sortie de secours. Un an sans Joy, un an sans vivre. Mais on dit souvent que l’on ne se sent jamais plus vivant que lorsque l’on côtoie la mort et après l’avoir vue en face, elle avait décidé de reprendre sa vie en main. D’oublier. Oublier. De toute façon, il n’y avait plus rien d’autre à faire. Cependant, Joy était revenue cette après-midi là, sur le terrain et dans un ultime affrontement, elle avait brisé les moindres miettes éparpillées dans les bas-fonds de sa cousine, miettes d’une complicité rongée par la rancune.

Les élèves pressés s’amoncelaient dans l’entrebâillure de la porte qui bientôt cédait et s’ouvrait à la volée. Derrière les rires, elle était là, elle aussi : Adélaïde. Sombre. Seule. Ne trouvant pas d’intérêt à s’évertuer à se faire des amis dans sa classe, amis que très certainement elle ne verrait bientôt plus. Ils avaient déjà tout planifié : à la fin de leur scolarité –à défaut de le faire au plus vite- ils loueraient un petit appartement dans un quartier de Londres, pour s’éloigner de tout, pour être eux, tout simplement. Zadélaïde pour le meilleur et pour le pire, l’anneau qui ornait son annulaire en était la promesse. Ses pas moroses frappaient le parquet froid et souffrant de se faire piétiner ainsi par cette horde d’élèves en furie. Elle leva les yeux, une seconde, le temps qu’il lui fallut pour s’apercevoir qu’elle n’était pas seule et que quelque part plus loin, tapis dans l’ombre, ce même regard qu’elle avait connu depuis sa naissance était une fois encore, posé sur elle. Il était plus dur cette fois, rancunier, mauvais. L’étau se resserrait cette fois ; elle ne pouvait pas fuir. Il n’y avait pas d’échappatoire, il n’y en avait plus. Un soupire rauque vint battre l’air quand elle se figea un instant tout en n’étant pas sûre de bien comprendre la situation (ni même d’avoir vraiment envie de vivre ce face à face qu’elle fuyait depuis des mois). « Il va falloir qu’on parle, Adelaïde. » Fallait-il vraiment qu’elles parlent ? Adélaïde était convaincue de n’avoir plus rien à dire à son aîné et c’est ainsi qu’à travers un rictus malsain elle répliqua sans laisser de répit à la lionne : « J’ai rien à te dire. » Elle aurait voulu partir cette fois : mais quelque chose l’en empêchait et elle se maudissait profondément de toujours rester si faible devant sa cousine : « Je te dois plus rien depuis longtemps. » Ses paroles étaient crues, semblaient déterminées. Pourtant intérieurement, elle savait que ce n’était que mensonges, car en vérité, elle lui devait bien plus que tout ce qu’elle pouvait bien imaginer. Elle lui devait la vie. Car Galadriel aurait pu la laisser pour morte ce soir là, sur le terrain de Quidditch. Elle ne l’avait pas fait. Elle n’avait pas pu le faire.




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Mara Weasley
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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptyVen 3 Jan - 18:46

Regrets. Adelaïde était synonyme de regrets. Lui avoir tourné le dos au moment où elle avait le plus cruellement besoin d’elle, la rejeter, la repousser avec ardeur, l’engueuler avec aigreur, l’abandonner après avoir manqué de la tuer. La tuer. C’était une idée qui l’avait obsédée pendant des mois et, aussitôt, elle contemplait ses mains en se demandant si elles n’étaient pas d’ores et déjà souillées de sang. Leur sang. Celui que, malgré toute la rancœur du monde – malgré la haine, elles partageaient ; car telle était la vérité qui n’en rendait leur relation que plus chaotique encore ; elles pouvaient se renier, il leur était impossible de nier que le même sang coulait dans leurs veines et fusait, violent, demandant à gicler, faisant trois tours lorsqu’elles en venaient enfin à se chercher. Ça faisait longtemps, songea-t-elle, soudain frappée par la surprise en se rendant brutalement compte qu’elle ne parvenait même plus à se souvenir du timbre de la voix de sa propre cousine, qu’elle avait oublié les deux grains de beauté sur sa joue droite. C’était comme une opération délicate, opération à cœur ouvert, où elle s’était appliquée à extraire de sa mémoire le moindre souvenir de sa cadette. Ce fut presque avec regret qu’elle se rendit compte qu’elle y était finalement parvenue. Adieu, Adelaïde. Bonjour, l’étrangère ; étrange souvenir.

Un soupir et, déjà, résonnait enfin la voix honnie et à demi oubliée. « J’ai rien à te dire. » Joy soupira à son tour ; toujours aussi butée, malgré tout, malgré elles et leur stupide querelle qui prenait des allures bien trop disproportionnées. Voilà que tu la perds pour toujours. Toujours adossée au mur, elle s’appliquait à demeurer calme et immobile, nonchalance apparente pour masquer, déjà, cette colère devenue habituelle qui commençait à germer et à battre en son sein. « Tant mieux, j’veux juste que t’écoutes ce que, moi, j’ai à te dire. » Ton un peu trop sec, sans doute, juste la volonté d’en finir vite, d’aussitôt prendre la fuite, subitement devenue lâche lorsqu’elle scandait être une Gryffondor pure et dure. Elle détourna immédiatement le regard, feignant l’indifférence teintée d’ennui, comme si elle était celle à qui on imposait ces retrouvailles malvenues. Ne pas lui montrer qu’elle te manque. Serrer les poings, plutôt que de lui ouvrir grand les bras. Éviter son regard, plutôt que de se perdre dans l’azur de ses yeux jusqu’à la supplier pitoyablement de tout lui pardonner. Non. Jamais. Plus jamais. Adieu, je m’en vais. « Je te dois plus rien depuis longtemps. » Un rire lui répondit. Ça, plutôt que de bêtement grincer des dents d’agacement, de la fusiller d’un regard fugitif, et d’ordonner silencieusement à son myocarde de se calmer. Oui, ça faisait mal. C’était comme la perdre une deuxième fois, sauf que celle-ci prenait des accents d’éternité, de définitif. Sans espoir de rédemption. Aucun retour en arrière possible. Juste, imprimer ses traits une dernière fois dans sa mémoire, pour ses vieux jours, lorsque la nostalgie se fera trop pressante et qu’il lui faudra repenser à sa tendre cousine car elle n’aura plus la force de se battre contre ces souvenirs qui ne demanderont plus qu’à se heurter à sa mémoire. Souviens-toi ; la dernière fois.

Quelque part, son rire semblait méprisant ; pourtant, elle était passée par nombre d’états, face à Adelaïde, de l’émerveillement à l’adoration, puis le sentiment de trahison et celui de colère. Mais jamais, jamais de mépris. Elles étaient au-dessus de ça, toutes les deux, quoiqu’on en dise. Elles avaient été au-dessus de ça, en tout cas. « Parce que tu crois que c’est pour moi, que je viens ? » Il y eut une lueur dans son regard, un truc qui avait brillé et qui n’augurait rien de bon pour la suite. Pour la fin. Elle ferma un instant les yeux, les bras bien croisés sur sa poitrine, comme si elle pouvait empêcher son cœur de se briser de la sorte, retenir les lambeaux qui étaient voués à se déchirer d’une seconde à l’autre lorsque, enfin, la sentence tomberait. Lorsque l’épée de Damoclès cesserait de danser au-dessus de leurs têtes. Une inspiration, longue et calme, essentiellement pour s’appeler à garder son sang-froid lorsqu’elle avait la fâcheuse tendance à s’emballer pour un rien, et spécialement depuis ces dernières semaines – son altercation avec Alesya Lestrange dans la Grande Salle demeurait un bon exemple. Elle rouvrit les yeux ; tout finissait par s’embrouiller dans sa tête, elle s’efforça de ranger ses idées, les unes après les autres. Exit ses foutues fiançailles ; elle savait très bien que ça lui ferait trop plaisir, qu’elle en parle et lui montre clairement son désaccord. Ça voudrait dire qu’elle faisait encore attention à elle, ça voudrait dire je suis là pour toujours et, clairement, c’était tout, sauf le message qu’elle voulait lui faire passer. Bien au contraire. Ici, il était question d’adieux, et pas que les leurs. « Écoute, Adelaïde… », soupira-t-elle doucement, s’empêchant au dernier moment d’employer un surnom autrefois affectueux, aujourd’hui devenu une habitude. Le truc dont il fallait se défaire impérativement le plus rapidement possible. Elle ne se connaissait pas cette soudaine hésitation, comme tentant vainement de maîtriser le flot de ses paroles alors que, habituellement, elle leur laissait libre court, comme elles se formaient dans son esprit, sans barrage, sans soucis des conséquences. Mais, à cet instant, tout prenait des proportions bien trop importantes pour négliger ce qui risquait d’en découler.

« Je ne veux plus que tu t’approches de Tristam. » C’était dit. Court. Sec. Tranchant. Et surtout – surtout – déterminé. Il fallait qu’elle comprenne que Galadriel aurait été capable de tout et n’importe quoi pour son frère. Pour le préserver. Et s’il fallait renier et couper les ponts avec leur cousine, eh bien, soit. Qu’importe si ça lui faisait mal à en crever. Tristam passait avant tout ; Tristam primait sur tout le reste. Elle s’était retrouvée confrontée à l’idée de le perdre et ne voulait plus jamais ressentir cet ignoble sentiment d’être perdue, complètement foutue. À choisir, même si ça lui déchirait le cœur, elle choisirait toujours Tristam, peu importe le reste. Pourtant, elle savait que c’était horrible. Horriblement égoïste. Loin de lui ressembler, dans un sens. Car, si elle avait toujours vu d’un mauvais œil la relation qu’entretenait Adelaïde avec son jumeau depuis l’entrée à Poudlard de cette-dernière, elle n’en avait jamais rien dit, par égard pour les deux, sachant pertinemment combien leur lien pouvait être important pour en avoir autrefois fait partie. C’était peut-être ça, au fond, toute la colère qui la submergeait lorsqu’elle posait les yeux sur la Serpentard ; de finalement se sentir mise à l’écart, elle, qui avait toujours été du genre à s’imposer et de se sentir à sa place aussitôt là où Adelaïde s’illustrait comme la marginale jusque dans leur propre famille. Là où Joy rugissait avec force et fierté le patronyme de Weasley, sa cousine semblait pressée de s’en détacher pour porter celui de Goyle. À cette pensée, les poings de la lionne se crispèrent brusquement ; la colère, encore. Parfois, elle se surprenait à penser que c’était elle, qui subissait les effets secondaires de l’agression de son frère, poussant leur gémellité jusqu’à des tréfonds bien plus obscurs et malsains qu’on n’aurait pu le penser. C’était lui qui s’était fait attaquer et sa raison à elle qui vrillait et partait en morceaux. Et, ironie du sort, c’était Adelaïde qui allait en payer les pots cassés. Désolée.
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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptyMer 22 Jan - 14:24

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Adélaïde & Galadriel



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Des étapes dans leur querelles incessantes, il y’en avait eu, et la cadette se répétait chaque jour qu’elle avait été, celle qui en avait le plus endossé, la plus atteinte. Parce que oui, il y’a eu un cycle qui s’en allait croissant mais jamais ne revenait en arrière, pas un espoir de réconciliation aussi minime soit-il. Le vide. La haine. Cette rage qui dévore, qui fait mal. Trahison. Galadriel l’avait trahie. Non pas cette petite trahison qu’elle aurait pu faire en allant voir ailleurs, en se trouvant une autre cousine avec qui partager le moindre de ses éclats de rire, non, une trahison plus grande, celle de l’abandon. Un abandon qui projette vingt mille lieux sous terre, qui fait perdre toute confiance en soi, celle que peut-être elle aurait pu donner aux autres. L’aînée se l’était dévorée, au Diable la confiance. Souffrance. Oui, elle en avait pleuré, longtemps, sauvagement. Elle avait épongé les ruisseaux qui coulaient de ses yeux avec des oreillers déjà trempés, des linges décolorés par le sel de l’amertume. Sa douleur croissante ne trouvait comme exutoire que les marques sur ses avant-bras, ces blessures qui font mal et qui restent pour graver les échelons décroissants d’une spirale infernale. Peur.Se retrouver seule, ne plus savoir où se situe l’issu d’un chemin quelque peu trop tumultueux. La peur de ne pas pouvoir s’en sortir toute seule, de n’être quelqu’un que par partage, que par amour. Elle était son tout, ne lui a rien laissé. Reconstruction. Parce qu’il est bien venu le jour où Adélaïde n’a plus eu le choix. Marche ou crève. Encaisse et relève toi plus forte pour affronter un lendemain incertain. Elle avait appris à vivre seule, se réconforter avec la lune lorsque le vague à l’âme s’emparait de sa nostalgie médisante. Les entrainement de Quidditch avaient pris une toute autre saveur, faisaient naître ce besoin de vengeance ; à chacun sa revanche Galadriel, tu ne perds rien pour attendre. Et là voilà qui s’en venait le chercher, son revers de la médaille. Plantée là, immobile devant celle qui lui avait tout ôté, Adélaïde avait encore du mal à comprendre le but de cette visite impromptue. S’était-elle seulement souvenue de son existence ?

L’insolence s’en allait bon train pour cacher cette peine qui cependant la dévorait à l’en faire crever. Une seconde de répit et déjà elle reprenait. « Tant mieux, j’veux juste que t’écoutes ce que, moi, j’ai à te dire. » Elle n’avait pas changé. Son assurance n’avait fait que croitre à travers les années là où celle de sa cadette n’avait cessé de dégringoler. Son regard était fuyant là où pour une fois, celui d’Adélaïde ne faisait que de le chercher. Elle avait besoin de lire dans ce regard autre chose que cette froideur. Pouvait-elle avoir tellement changé en quelques années ? Etre devenue une armure de glace impénétrable, indéchiffrable même pour celle qui une fois, l’avait connue mieux que personne ? Adélaïde aurait bien voulu dire quelque chose comme : Ah, parce-que toi, t’as encore des choses à me dire ? Mais le cours précédent semblait l’avoir vidée de ses forces, et presque prête à rester passive devant des accusations infondée, elle attendait de voir la tempête Galadriel s’abattre. Et voilà que devant les seules armes que pouvait encore hisser la cadette, son aîné lui répondait par un rire méprisant. Elles n’étaient plus. Le mépris, l’arrogance et le dégoût avaient pris possessions de leurs corps là où un jour avaient logés l’amour, la compassion, la complicité et la coopération. « Parce que tu crois que c’est pour moi, que je viens ? » La Serpentard commença à sentir ses jambes flageoler légèrement, elle n’avait jamais été forte devant elle, du moins pas plus que sa cupidité. Tout en inspirant un grand coup pour montrer tout son agacement mais aussi son envie d’être autre part, à cet instant, elle rumina sans pour autant mettre beaucoup de cœur à l’ouvrage : « J’en sais rien, c’est connu non, que t’as tendance à penser qu’à toi ? » Incapable d’admettre les blessures causées par le manque, pas plus capable de laisser de côté ces vieilles querelles adolescentes. C’était tout ce qu’elles pouvaient encore partager au fond, au moins le faire complètement. Parce que quitte à la perdre complètement, autant la garder quelque peu comme quelqu’un qu’elle a essayé de retenir par le mépris. Mieux vaut une haine grandissante que l’indifférence, pas vrai ? Je t’en prie Galad, dis moi que c’est vrai. Dis moi que tu m’aimes encore, au fond. Indubitablement, elle luttait pour faire taire en elle cette gamine qui ne cessait de pleurer devant les coups de feux meurtriers que lui lançait les regards de cette personne qui un jour avait compté. Il y’avait deux femmes en elle, celle qui voulait s’en défaire comme de la peste et celle qui s’y accrochait pour ne pas laisser les lambeaux d’une âme martyrisée s’écrouler sur le sol encore fumant de leur relation passée.

« Écoute, Adelaïde… » Le son de sa voix sonnait le glas de ce qui aurait pu quelques secondes avant encensé l’espoir d’une retrouvaille inespérée. Elle semblait hésiter, chercher ses mots et Adélaïde sentait son sang accélérer au niveau des artères qui le faisaient glisser jusqu’à ses membres. Elle était prête à démarrer, prédatrice sanguinaire prête à ne pas se laisser écraser, encore une fois. « Je ne veux plus que tu t’approches de Tristam. » Comme réagissant à une requête à laquelle elle ne s’attendait absolument pas, la vert et argent éclata de rire. D’un rire profondément incontrôlé, qu’elle n’avait pas pu retenir sous la pression. Reprenant son souffle, elle ajouta en maintenant difficilement son sérieux : « Non mais tu te fous de moi là ? » A vrai dire, elle ne comprenait pas le jeu auquel était entrain de jouer sa cousine. Mais peut-être n’était-ce pas un jeu ? Peut-être était-elle seulement sérieuse ? Cette idée la faisait paraître encore plus ridicule aux yeux de la cadette. Comment avait-elle pu en arriver là ? En venir à jalouser une relation qu’autrefois elle avait partagée ? Certes, Adélaïde en avait voulu à des entités que pourtant elle ne connaissait pas lors de l’attentat qui avait couté beaucoup à certains élèves. Son cousin aurait pu y passer et elle n’aurait jamais pu pardonner un tel affront. Elle avait beaucoup de respect, d’admiration pour Tristam qui lui, ne l’avait jamais jugée malgré toutes les erreurs qu’elle avait bien pu commettre. Il était rester là, à l’écoute, toujours prêt à dire quand quelque chose ne lui plaisait pas mais ne forçant pas le changement par la manière forte. D’un certain côté, il avait toujours été beaucoup plus rationnel dans ses réactions que ne l’avait été sa jumelle. L’eau et le feu. Différents mais pourtant complémentaires. « T’es quand même pas venue ici pour me dire ça ? En quoi ma relation avec Tristam te regarde-t-elle, je peux savoir ? Non parce que je veux dire, t’es pas sa mère, ni la mienne, et de mon côté j’ai AUCUN ordre à recevoir de ta part. Je ne sais pas ce qu’il se passe entre toi et Tristam, mais quoi qu’il en soit, ce n’est pas à moi de m’éloigner de lui, je ne suis pas du genre à abandonner ceux que j’aime moi. » Tu mâches un peu violemment le chewing-gum que tu avais sorti du paquet en sortant du cours tout en la défiant du regard. Doucement, tu l’observes de bas en haut et tu arques un sourcil, incompréhensive : « Tu te prends pour qui ? » Et bizarrement, cette question était la plus naturelle du monde, elle n’avait pas de mépris ni de haine, mais était emplie d’une grande incompréhension.


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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptyJeu 30 Jan - 14:19

« J’en sais rien, c’est connu non, que t’as tendance à penser qu’à toi ? » En guise de réponse, Joy se contenta de froncer les sourcils d’un air passablement courroucé et sévère, à la manière qu’aurait eu une mère de désapprouver totalement le comportement de son enfant. À la manière d’une ainée qui blâmait l’attitude de sa cadette. Et, quoiqu’elle fasse, malgré elle et surtout en dépit de sa volonté, elle demeurait cette presque sœur qui s’inquiétait, se souciait d’Adelaïde et de ses actions. Même si elle niait tout en bloc, elle était celle qui avait laissé une marque conséquente dans le mur de sa salle commune lorsqu’elle avait appris d’Abigail que sa sœur s’était fiancée à Zane Goyle. Elle t’échappe, infâme ritournelle qui tournait, encore et encore. Et tourne la colère, l’indignation, et la culpabilité. Elle ne voulait tant se détacher d’eux qu’elle s’empressait de se marier au fils d’une famille qui leur était profondément réfractaire ; elle voulait tant se détacher d’elle qu’elle allait dire oui à un foutu Serpentard, à un putain d’ami d’Alesya. Et, quand bien même elle n’en montrait rien, Joy ne saurait supporter l’idée que sa cousine continuerait inlassablement de s’enfoncer dans ce nid à vipères. (Et d’aussitôt faire taire cette voix qui lui soufflait combien elle pouvait être hypocrite lorsqu’elle-même s’était fiancée – oh certes, il ne s’agissait que d’une manigance le temps qu’il trouve sa véritable fiancée – à Benjen Lestrange.) Et, plutôt que de perdre son temps dans une joute aussi puérile qu’inutile (Non, elle ne pensait pas qu’à elle ; mais oui, elle avait été conne, ce jour-là, et les suivants.) elle préféra lâcher sa bombe, de but en blanc ; c’était comme une plaie encore à vif où il valait mieux arracher d’un coup brusque le pansement.

Et Adelaïde qui riait, riait. Elle riait à gorge déployée, se moquant ouvertement et éperdument d’elle. Une fois encore, Joy s’astreignit au mutisme autant qu’elle dardait sa cousine d’un coup d’œil sévère, comme l’intimant silencieusement d’arrêter ça, pour en finir au plus vite. « Non mais tu te fous de moi là ? » J’aimerai bien. La réplique meurt sur ses lèvres, à moins qu’elle ne reste coincée dans sa gorge serrée. Oui, elle aurait bien voulu mais tout était parfaitement sérieux ; elle y avait longuement songé, pendant qu’elle menait parallèlement sa petite vendetta et allait s’en prendre à Alesya puis Rohàn Lestrange – multipliant les conneries, de toute évidence. Elle y avait pensé et en était venue à cette conclusion. C’était peut-être le genre de décision crève-cœur à l’idée de la perdre, de devoir renoncer à elle, de lui demander – l’exhorter même – de renoncer jusqu’au seul Weasley qui l’aurait épaulée, quoiqu’il advienne, mais c’était la meilleure chose à faire. Pour Tristam. Toujours Tristam. « T’es quand même pas venue ici pour me dire ça ? En quoi ma relation avec Tristam te regarde-t-elle, je peux savoir ? Non parce que je veux dire, t’es pas sa mère, ni la mienne, et de mon côté j’ai AUCUN ordre à recevoir de ta part. Je ne sais pas ce qu’il se passe entre toi et Tristam, mais quoi qu’il en soit, ce n’est pas à moi de m’éloigner de lui, je ne suis pas du genre à abandonner ceux que j’aime moi. » Des reproches, encore des reproches ; toujours des reproches. N’était-ce pas là la base de leur désormais relation ; n’était-ce pas le seul moyen de communication qu’elles avaient trouvé pour ne jamais en venir aux aveux, aux tu me manques, et je suis désolée qui, fut un temps, auraient pourtant tout pu arranger. Quelques mois plus tôt encore, elle aurait pu sans doute faire marche arrière, laissant sa peur d’être rejetée de côté, s’excusant, encore et encore ; peut-être qu’elles auraient alors pu retrouver un semblant de cette relation passée qui leur tenait tant à cœur à une époque si lointaine qu’elle peinait aujourd’hui à s’en souvenir.

« Tu te prends pour qui ? » Des reproches que Galadriel a encaissé sans rien dire depuis des mois. Depuis des années. Cinq longues années où elle a vu sa cousine s’éloigner toujours un peu plus, lui échapper toujours davantage, tuant lentement mais surement le souvenir de cette gamine qu’elle chérissait tant lorsque ne subsistait sous ses yeux que la vipère contre laquelle elle menait sa petite guerre de gosse blessée dans son amour démesuré. Nonchalance, se rappelait-elle, s’efforçant de demeurer le plus calme possible lorsqu’elle était tout feu tout flamme et avait l’habitude de s’emporter pour un oui, ou pour un non. « Je me prends pour sa jumelle, pour celle qui est restée à son chevet pendant plusieurs jours lorsqu’il était à l’hôpital parce qu’on l’avait agressé. Tu t’en souviens, Adelaïde, ou t’étais trop occupée à t’amuser au bal avec Goyle ?  » Pour l’indifférence, on repassera ; ce sont des mots qu’elle a trop longtemps gardé en elle et qui ne demandent plus qu’à sortir, enfin. C’est un flot ininterrompu de paroles, presque hystérisques, pleines de colère, qui s’écoule soudain. Et l’orage grondait ; pourtant, le ciel était paisible, à l’extérieur. C’était dans les cachots, que la tempête menaçait de tout dévaster. Tout, même elle. « Tristam a failli mourir. Mourir, Adelaïde. Ces connards de l’Ombre ont manqué de le tuer. Et, tu pourras me dire tout ce que tu veux, que t’aimes ton Goyle, j’en ai rien à foutre, je suis sûre qu’il fait partie de cette putain d’organisation. Et s’il est dans l’Ombre, qu’est-ce qui garantit qu’il n’était pas au courant de l’agression de ton cousin, hein ? Parce que, avoue-le, les Weasley sont des cibles de choix pour eux, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? » Elle gueulait presque plus qu’elle ne parlait ; crachait leurs noms plutôt que de les citer. Elle était folle. Folle de rage, folle de douleur. Lui parler de tout ça, qu’elle s’évertuait à taire pour savoir qu’elle finirait dans un état semblable, lui parler de ça, c’était comme enfin avouer combien elle pouvait être faible. Faible dans l’amour qu’elle portait à chaque membre de sa famille, faible dans son cœur qui battait trop vite, avec beaucoup trop de force et encore plus d’emportement, faible dans tout ce qui pouvait sembler être une force. Si faible, putain.

« T’as choisi : ta maison, ou ta famille – parce que tu peux toujours cracher sur notre nom, c’est ce qu’on est, Adelaïde : ta famille. T’as fait ton choix, maintenant, c’est à toi d’assumer. Et je ne veux plus que tu t’approches de mon frère tant que tu seras susceptible de traîner avec ceux qui l’ont peut-être attaqué. » Regard d’acier, le visage dur, comme taillé dans la pierre ; plus de place pour la souffrance de l’avoir perdue, plus de beaux sentiments, rien. Et puis, merde, qu’est-ce qui ne lui garantissait pas qu’elle-même était membre de l’Ombre ? Cette pensée lui souleva le cœur, lui donna envie de vomir, de frapper. N’importe quoi, mais frapper. Frapper fort jusqu’à ce que la douleur disparaisse, jusqu’à ce qu’elle cesse de porter son cœur salement amoché en bandoulière. Elle savait que ses réactions étaient démesurées ; elle avait toujours donné dans l’excès, que ce soit dans ses moments de joie ou de colère – comme présentement. Plus de place, enfin, pour la rédemption, pour le pardon ; la sécurité avant tout, l’assurance que Tristam ne risque plus rien.

Il est trop tard pour demander pardon.
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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptySam 1 Fév - 1:08

The one that wins will be the one that hits the hardest
Adélaïde & Galadriel



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Adélaïde ne s’arrêtait pas, c’était plus fort qu’elle, elle continuait. Des reproches, encore et toujours, histoire de rappeler que, oui elle lui avait brisé le cœur, et après ? Sa vie aussi ? Au fond, elle n’avait toujours pas digéré l’histoire et, elle rêvait de tomber dans les bras de Galadriel pour se mettre à pleurer et lui dire à quel point son soutien lui manquait. Parce que quand elle avait peur, à l’époque, jamais elle ne se tournait vers ses parents, ni même vers Athena, c’était Galad, toujours Galad. Galad j’ai peur, Galad j’ai mal, Galad j’ai froid. Jamais un refus à essuyer, toujours des bras, des bras qui protégeaient coute que coute, des doigts qui sortaient les griffes devant les dangers pour ne pas avoir à abîmer le corps d’une cadette trop lâche pour affronter ses peurs. Pourtant sa lâcheté ne l’avait jamais gênée, jusqu’à présent : tu me manques, c’était irrémédiable. Trop de fierté, trop d’orgueil, trop de non-dits, trop de tout enfaite, trop de trop. A les voir se faire la guerre continuellement, Tristam avait abandonné le combat, ranger ses songes de les réconcilier profondément dans un placard et les laissaient se détruire, avec parfois un petit mot réprobateur, mais jamais de grands discours. Pourtant peut-être qu’il aurait pu, changer les autres, n’était-il pas le seul point commun qui unissait encore les cousines ? La seule colonne des fondations de leur complicité d’antan qui ne s’était pas encore effrité avec les années ? A l’heure actuelle pourtant, il n’y avait plus de Galad j’ai mal. Non. Ils s’étaient enfuis, balayés par le vent. Et voilà qu’elle tremblait de peur intérieurement, Adélaïde, de peur de perdre Tristam aussi, de se retrouver seule. C’était peut-être égoïste de penser ainsi, mais elle jurait que si elle découvrait qui avait intenter à la vie de son cousin et de ses camarades, elle ne se gênerait en aucun cas de lui trancher la jugulaire pour atteinte aux sentiments d’autrui. Mais n’était-elle pas elle-même coupable ? Meurtrière d’une relation autrefois fusionnelle avec son sang, sa chair ? Tu me manques, crève en silence.

L’offense était-elle que le rire jaune de la cadette ne cessait de ricocher contre les murs froids du château. Elle était belle, Galadriel, la superbe se décomposait quand il s’agissait de son frère et s’attaquait aux mauvaises personnes, sûrement à la seule personne qui, hormis elle, avait une réelle et profonde admiration pour Tristam, celui qu’elle même, Adélaïde, considérait comme son propre frère. (tout comme elle avait longtemps considéré Galadriel comme une sœur, elle aussi) L’étonnement fût grand que de voir que l’aîné encaissait une ribambelle de reproches sans jamais ne serait-ce qu’ouvrir la bouche pour répliquer. Etait-ce un moyen pour elle d’avouer ses tords, les accepter une bonne fois pour toute. L’espoir d’Adélaïde qui s’effritait de jour en jour de retrouver un jour sa cousine fit à nouveau surface pendant quelques secondes. Court laps de temps où, en cherchant à maintenir son regard plongé dans celui de la lionne, elle crut y reconnaître un éclat qu’elle avait autrefois bien connu. « Je me prends pour sa jumelle, pour celle qui est restée à son chevet pendant plusieurs jours lorsqu’il était à l’hôpital parce qu’on l’avait agressé. Tu t’en souviens, Adelaïde, ou t’étais trop occupée à t’amuser au bal avec Goyle ?  » Ravagé l’espoir. Rêve encore, petite conne. La réconciliation ne viendrait pas, elle ne viendrait plus, il était trop tard. Agacée, Adélaïde ouvrit de grands yeux et, chuchotant presque ces mots qui n’auraient pas du sortir de sa bouche, elle cracha, déboussolée : « Je t’emmerdes Galadriel. » Et de quoi se mêlait-elle ? N’avait-elle pas essayé, elle aussi, de lui apporter son soutien et tous ses vœux de courage ? Elle avait essayé. Oui. Et plus d’une fois. Seulement voilà, à quelques pas de l’infirmerie, elle l’apercevait déjà, à faire les cent pas, veiller au chevet de son jumeau. Elle n’avait pas eu la force de l’affronter, pas eu la force de se montrer présent pour Tristam au moment où il en avait eu le plus besoin, par peur de croiser Galadriel. Toujours Galadriel.

Mais c’était plus facile à dire qu’à faire, l’emmerder. Quoique en vérité, Adélaïde savait avoir le don d’emmerder sa cousine par sa simple présence. Elle n’était plus la bienvenue dans sa vie et elle ne se gênait pas de le lui faire sentir. Laissée pour compte. « Tristam a failli mourir. Mourir, Adelaïde. Ces connards de l’Ombre ont manqué de le tuer. Et, tu pourras me dire tout ce que tu veux, que t’aimes ton Goyle, j’en ai rien à foutre, je suis sûre qu’il fait partie de cette putain d’organisation. Et s’il est dans l’Ombre, qu’est-ce qui garantit qu’il n’était pas au courant de l’agression de ton cousin, hein ? Parce que, avoue-le, les Weasley sont des cibles de choix pour eux, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? » Elle n’avait pas revu Tristam depuis l’attaque et jamais, ô grand jamais elle n’avait envisagé la possibilité qu’il ait pu mourir. Comment aurait-elle fait sans lui ? Galadriel n’était pas la seule à nécessiter sa présence, et peut-être un jour, aurait-il fallu qu’elle se le mette en tête. Hors d’elle, la vipère lâcha ses livres de cours, tout comme son chaudron qu’elle ne tenait qu’à une main, incapable de contenir la rage qui ne cessait de grimper le long de sa colonne. « Ah ouais ? Et puis comme par hasard toi tu le connais assez bien pour être sûr qu’il est dans le coup ? Arrêtes de jouer aux petites filles parfaites putain. Merde, t’as jamais essayé de le connaître ! Et ouais je l’aime et j’ai pas l’intention d’arrêter de l’aimer. Ni pour toi, ni pour personne d’autres.  J’aimerais bien te dire qu’il est pas comme les autres, mais ça aurait aucune importance pour toi parce que t’as un besoin de viscéral de toujours trouver des coupables pour tout, pas vrai ? Et même quand tu sais pas, tu désignes au hasard, t’essaies pas de savoir, t’essaies pas de comprendre… et après tu penses vraiment être dans le juste ? Mais réveille toi bordel, je sais pas dans quel monde tu vis, mais réveille-toi ! » Elle débordait elle aussi. Trop d’amour longtemps refoulé, de rancœur étanchée par les larmes. Que ça déborde, une fois pour toute.   « T’as choisi : ta maison, ou ta famille – parce que tu peux toujours cracher sur notre nom, c’est ce qu’on est, Adelaïde : ta famille. T’as fait ton choix, maintenant, c’est à toi d’assumer. Et je ne veux plus que tu t’approches de mon frère tant que tu seras susceptible de traîner avec ceux qui l’ont peut-être attaqué. » Le choix ? Elle ne le lui avait pas vraiment laissé, elle s’était braquée au moment même de l’annonce de la maison de la cadette et puis depuis, plus rien. De la haine, des pleurs, des cris, de la haine encore, de la haine toujours. Les larmes commençaient à grimper dans ses yeux qu’elle ferma un instant pour cacher sa faiblesse passagère. Les mots de Galadriel la touchaient bien plus qu’ils ne l’auraient du et elle savait, au fond, qu’elle avait raison. Elle avait toujours eu raison. Elle s’approcha d’un pas ensuite, se dressant quelque peu sur la pointe des pieds pour arriver à la hauteur de sa cousine, qui était restée un peu plus grande qu’elle, et, tout en vociférant, elle tâchait de contenir les larmes au mieux : «  C’est bien facile de crier haut et fort que vous êtes ma famille, et moi, je suis la famille de qui, hein ? Parce que vous êtes bien gentils vous tous, à me jeter la pierre, mais vous êtes tous pareils… puis je sais même pas pourquoi je parle de ça avec toi. Ma famille maintenant, c’est Zane… » Elle s’arrêta, recula un peu, la peine se faisait trop grande, prends-moi dans tes bras, je t’en prie. Il était trop tard pour ça, et elle reprenait déjà de plus belle : « Je fais ce que je veux. » Réponse immature. Plus rien à dire. Elle savait pertinemment que cette réponse ne conviendrait pas à la tornade rouge qui s’étalait, mais elle n’avait pas le choix,elle n’avait plus le choix, ses forces l’avaient quittées au moment même ou Galadriel avait commencé à toucher le point sensible. Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, Adélaïde, elle n’en restait pas moins une adolescente qui crachait sur sa famille pour capter son attention, tâcher d’exister, à sa manière…



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Mara Weasley
Mara Weasley
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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptyLun 10 Mar - 10:40

« Je t’emmerdes Galadriel. » Range tes sarcasmes, ça ne te mènera nulle part. Il est fini, le temps où tu pouvais encore te permettre de répondre à ses insultes. C’est une époque désormais révolue, une innocence à laquelle tu ne peux plus prétendre ; pas quand tu mènes une guerre si effrénée face au reste du monde et que tu t’enivres de toute colère, de cette rage qui s’agite furieusement en ton sein. Tout ça, ta vendetta personnelle et le litige entre l’Ordre et l’Ombre, tu dois pleinement t’y consacrer, désormais. Et vos petites disputes de gamines puériles, à vous gueuler que vous n’avez plus besoin de l’autre pour ne pas trahir le manque indicible qui se fait inévitablement ressentir quand tu croises ces yeux d’azur et d’acier que tu reconnais et qui, pourtant, te sont aujourd’hui complètement étrangers. Non, tu n’as plus la moindre seconde à consacrer à Adelaïde. Un jour, peut-être ; dans un avenir plus ou moins proche, peut-être qu’enfin tu pourras tenter à nouveau de t’excuser, cessant d’appréhender l’infâme rejet, te répandant en excuses et lui avouant combien tu l’aimes, en dépit des apparences et de tes airs vindicatifs. Mais, en attendant, il te faut couper les ponts, purement et simplement. D’un coup net et sec. La douleur sera peut-être vive sur le coup – tu n’en doutes pas, mais elle s’estompera bien vite ; le temps guérit de tous les maux, te répètes-tu pour la millième fois, litanie qui t’obsède depuis que tu t’es décidée à venir lui parler et lui expliquer que, pour le bien de Tristam, elle ne doit plus l’approcher. Il le faut. C’est un mal nécessaire. Et si ton myocarde atrophié d’avoir renoncé à une des personnes les plus chères à ton cœur doit faire partie des dommages collatéraux pour enfin obtenir cette paix tant désirée, autant intérieure que celle au sein de la communauté magique, eh bien, soit, tu sauras te résoudre à un tel sacrifice. Par la suite, tu auras tout le temps pour te morfondre sur votre complicité d’antan, livrée en pâture à une guerre qui n’aurait jamais dû vous dresser l’une contre l’autre. Un fracas énorme retentit alors que livres et chaudron s’éparpillent sur les dalles sombres des cachots. La tanière des serpents. Tu sais que tu ferais mieux de filer au plus vite, détonnant dans le décor, trop féline parmi les reptiles ; mais Adelaïde te crucifie de son regard et réplique soudain avec véhémence : « Ah ouais ? Et puis comme par hasard toi tu le connais assez bien pour être sûr qu’il est dans le coup ? Arrêtes de jouer aux petites filles parfaites putain. Merde, t’as jamais essayé de le connaître ! Et ouais je l’aime et j’ai pas l’intention d’arrêter de l’aimer. Ni pour toi, ni pour personne d’autres. J’aimerais bien te dire qu’il est pas comme les autres, mais ça aurait aucune importance pour toi parce que t’as un besoin viscéral de toujours trouver des coupables pour tout, pas vrai ? Et même quand tu sais pas, tu désignes au hasard, t’essaies pas de savoir, t’essaies pas de comprendre… et après tu penses vraiment être dans le juste ? Mais réveille toi bordel, je sais pas dans quel monde tu vis, mais réveille-toi ! T’as rien compris ! » Tu te figes, tendue à l’extrême, la fixes, l’air un peu perdu, te surprenant toi-même par le cri qui se répercute contre les pierres froides du château et étouffent une colère incompréhensible qui aurait dû alerter toute l’école si vous n’étiez pas à ce point isolé. T’as gueulé avec force et colère, comme un animal blessé hurlant à l’agonie, comme souhaitant la couper dans son élan parce que, vraisemblablement, tu ne peux tout bonnement pas supporter ses reproches. Enfin, c’est pas comme si tu supportais encore grand chose venant d’Adelaïde, hein, Joy ? « C’est pas Goyle, le sujet, mais Tristam. Tu dis que t’es pas prête de le laisser, ton cher et tendre, alors, essaie de me comprendre, pour une fois, Adelaïde. Je suis prête à tout pour lui, est-ce que tu peux le comprendre ? N’importe quoi. Je… »

Ta voix meurt dans ta gorge, obstruée, serrée à l’extrême alors que t’as presque envie de pleurer, brutalement. Mais comme toujours face à elle, à n’importe quelle époque, que ce soit lorsqu’elle était ta meilleure amie ou la vipère contre laquelle tu te massacres le cœur, t’as jamais pu montrer un semblant de faiblesse. En tant qu’ainée, t’as toujours voulu lui montrer l’exemple, qu’elle soit fière de toi et t’admire ; quelque part, t’en dépends un peu, de cette lueur dans son regard quand elle le pose sur toi. On te disait son idole, à une époque, lointaine, dans une autre vie ; sauf que les idoles, le soucis avec elle, c’est bien qu’elles cessent d’exister quand on ne croit plus en elles. Et, à en croire aux éclairs qui pourfendent l’azur de ses yeux, Adelaïde ne croit plus en toi depuis longtemps. Alors, Joy s’efface et menace de disparaître. Une dernière volonté ? Ma cousine. Rendez-la moi. Tu serais prête à donner tous les rires, tout le détachement du monde, toute la légèreté, juste pour cinq secondes de plus à contempler cette môme que t’aimes encore tant, malgré le temps. Et puis, tout à coup, c’est comme si tu t’étais pris deux siècles dans les dents ; t’as dix-neuf ans, on t’en donnerait cent lorsque tu baisses les yeux, les épaules affaissées, brutalement affligée. « J’ai mal, Ade… » Le surnom résonne dans tout ton être avec une force violente, s’explosant contre ta cage thoracique et meurtrissant ta peau, soudainement parcourue d’une décharge électrique minime. Ade. Ça fait combien de temps que tes lèvres n’ont pas formé ce sobriquet, Galadriel ? À une époque, c’était pourtant tellement simple, naturel ; t’aimerais revivre un jour comme ceux-là, où il suffisait d’un sourire pour qu’elle te suive les yeux fermés, toute sa confiance placée en toi, elle t’aurait même confiée sa vie entre tes mains. Tu trembles imperceptiblement. Tes jointures blanchissent tandis que tes poings se crispent à l’extrême ; t’as des vieux réflexes qui remontent soudain et une envie irrépressible d’enfoncer ton poing dans le mur. T’as toujours été plus douée pour encaisser les coups, que ce soient les tiens ou ceux des autres ; pour supporter les mots mauvais, plutôt que les maux gravés. Gravés à l’encre de tes yeux, terriblement coléreux, atrocement belliqueux. Gravés sous ta peau d’opale, derrière tes sourires pâles. Au lieu de quoi, ton poing, tu t’en sers pour étouffer ta honte qui rugit lentement au fond de sa gorge ; ce sanglot intolérable qui te saisit, là, et manque de t’échapper – t’étrangler, oui. Tu mords ton poing et, mentalement, commences le décompte, t’accordant dix secondes pour retrouver un semblant de calme. Dix secondes pour que tes failles s’estompent, pour reprendre cet air inébranlable et implacable. Si tu le pouvais, tu te secouerais de toutes tes forces jusqu’à t’exhorter à l’impassibilité sur-le-champ. Et, sitôt que tu lui laisses miroiter tes tares, qu’enfin elle peut entrevoir tes blessures encore à vif, tu t’empresses de tout recouvrir d’un voile d’amertume ; comme si cet instant de faiblesse où, enfin, tu t’es livrée à elle sans faux-semblant, juste toi avec tes vices et déficiences, n’avait jamais existé. Jamais. Et, aussitôt, tu retrouves le fil de ton laïus, visant à lui faire comprendre combien elle peut vous être néfaste tant qu’elle sera là, à jouer au funambule, enchaînant les pas hésitants sur la corde tendue entre les deux camps, entre Ombre et lumière — Ordre, pardon.

Tu les vois, les larmes dans les yeux de ta cadette, Joy ? Tu sais que tu en es responsable, hein ? Évidemment, qui d’autre que toi saurait comment s’y prendre pour la pousser dans de tels retranchements en ne s’armant que de quelques mots, certes un peu durs aux sonorités définitives, mais dénués de toute violence ou de volonté de lui faire du mal. Ta raison flanche, n’est-ce pas ? Tu ne dois pas, pourtant. Tu le sais. Le reconnais ; c’est Tristam qui a toujours primé. Tristam, et sa sécurité. Pour Tristam, te répètes-tu inlassablement alors que tu ravales ta salive en percutant soudain son regard pour la première fois depuis, tu ne sais combien de temps. Enfin si, tu sais : depuis beaucoup trop longtemps. Elle est si proche, tout à coup. Il te suffirait d’écarter les bras pour qu’elle vienne s’y nicher, pour la serrer jusqu’à l’en étouffer et la bercer lentement, en te balançant nerveusement d’un pied sur l’autre parce que la tristesse de ta cousine a toujours eu le don de te mettre foutrement mal à l’aise. Et puis, le choc. T’es percutée de plein fouet par ses mots emplis d’amertume et de colère. Il n’y aura personne pour te plaindre, c’est toi qui est l’instigatrice de cette joute. La dernière, te promets-tu en silence. « C’est bien facile de crier haut et fort que vous êtes ma famille, et moi, je suis la famille de qui, hein ? Parce que vous êtes gentils vous tous, à me jeter la pierre, mais vous êtes pareils… puis je sais même pas pourquoi je parle de ça avec toi. Ma famille maintenant, c’est Zane… » T’as un hoquet de surprise alors que tu refuses obstinément d’admettre que, quelque part, ça te fait du mal de l’entendre parler ainsi. Tu l’as rejetée, et voilà qu’elle te renie. Et toi, tu nies. Tu nies la douleur et l’envie, de plus en plus forte et irrésistible d’exulter tous tes ressentiments en de grands coups de poing contre le mur, jusqu’à t’en faire saigner les mains ; larmes de sang lorsque d’autres ne parviennent pas à couler.

« Je fais ce que je veux. » Coup de grâce, comme on dit. Toi, ça a juste le don de te foutre dans tous tes états. Tu grognes et soudain, ton regard se fait plus dur. Il y a comme une colère dégueulasse qui rugit en ton sein ; un lion en cage qui feule et donne de puissants coups de pattes jusqu’à faire sauter le verrou. Et toi, tu ne peux plus rien faire ; encore une fois, tu disparais. Et la bête féroce s’élance. «Mais t’as quel âge, putain ? » Ça claque sur ton palais. Acide, amer, blasé et courroucé. Elle se comporte comme une véritable gamine ; autant, quand elle était môme, son côté rebelle t’amusait et te faisait sourire ; autant, maintenant, t’es juste autant agacée que les adultes de la famille quand elle venait se révolter face aux ordres. Pourtant, t’es loin d’être la plus mâture, bien au contraire ; enfin, quand on a George Weasley pour père, la maturité, on ne sait pas quoi en faire. Non, vraiment, t’as toujours eu cette attitude d’éternelle gamine, un brin puérile, à t’amuser d’un rien et jouer de tout mais là, c’est différent. Adelaïde se la joue enfant capricieuse et toi, t’as tout bonnement horreur de ça ; merci, maman, elle t’a éduquée de manière à t’inculquer un minimum de respect. Et là, t’exclure comme ça, te dénigrer comme ça, c’est clairement une marque d’impertinence. Habituellement, toi-même, t’embrasses l’irrévérence, mais t’as jamais poussé le vice jusqu’à virer dans l’insolence. Elle veut se comporter comme une sale gosse désabusée qui a tant morflé et à qui on a tout arraché ? Soit. Pour lui plaire, tu veux bien endosser le masque de la mère sévère. Et tu ne manques pas de la contempler comme si elle t’exaspérait au plus haut point, ça relève presque de la répulsion à ce point. Merlin, qu’elle t’énerve. « Mais bordel, Adelaïde ! J’me serai traînée à genoux, à tes pieds, pour que tu me pardonnes d’avoir été aussi conne. J’ai toujours espéré que, nous deux, ça puisse redevenir comme avant. Tu peux croire ce que tu veux, j’ai jamais cessé de t’aimer, de garder un œil sur toi ; j’aurai massacré n’importe qui, tant qu’il aurait pu s’en prendre à toi. Mais toi, t’as craché sur tout ça, juste parce que j’ai mis trois malheureux mois à accepter l’idée que t’es allée dans la seule maison que je pouvais pas supporter ? » On s’étonne parfois – souvent – de la dualité de tes propos : tu clames la tolérance envers le patronyme de vos camarades, arguant qu’il ne faut pas leur en tenir rigueur pour l’agissement de leurs parents ; et, à côté, t’es la première à cracher sur le blason des serpents. Évidemment, t’as jamais eu le cran d’en parler ; il y a tout juste quelques cousins qui sont au courant, et puis Tristam, évidemment, qui le sait. Mais à Adelaïde, t’as jamais pu lui avouer, ces premières semaines à Poudlard, fraichement débarquée, archétype même de la Weasley que tout le monde connaissait malgré ta crinière brune : fière Gryffondor, à peine arrivée aussitôt collée, amie des moldus, répugnant son statut de sang pure et arborant les nobles couleurs de Godric. Évidemment, tant de tares aux yeux des Serpentard, de ces gosses de Mangemorts qui avaient dû encaisser les coups et les insultes des autres élèves ; ils ont cherché à se venger. À te chopper au détour d’un couloir pour tenter de te terroriser, te poussant à bout jusqu’au point de rupture, au point de non-retour, et puis les coups pleuvaient et les sorts fusaient, et les retenues n’y faisaient rien, vous vous en foutiez. Ils t’appelaient Weasley, et crachaient ton nom comme on profère une insulte. Les premières semaines, les verts et argents t’avaient prise pour cible, et toi, la rage et la rancœur avaient rugi férocement en ton sein pendant que tu te faisais les armes. Alors, évidemment, ta petite cousine que t’as toujours protégé de tout et du monde, envoyée rejoindre ceux qui s’étaient improvisés tes détracteurs, forcément, t’as eu du mal à l’avaler.

Tu sembles te calmer soudain, comme si tu ne venais pas de lui avouer qu’en dépit des apparences et de vos querelles incessantes depuis plus de cinq ans, tu continues de tenir à elle comme autrefois. Comme si tu comprenais à retardement ses derniers mots. « Enfin, si ta famille se résume à Zane, tu grimaces à l’emploi de son prénom quand tu as l’habitude de simplement le surnommer Goyle, tu peux tout à fait accéder à ma requête, non ? De toute manière, je n’ai pas cru comprendre que Tristam et toi vous étiez beaucoup fréquentés depuis Noël, non ? » Tu fronces les sourcils et ton regard se fait un tantinet plus dur, sévère et réprobateur ; quelque part, c’est mieux ainsi, ça sera moins dur pour ton frère et Adelaïde de ne plus s’approcher mais, d’un autre côté, tu aurais aimé que leur complicité – la vôtre – te survive que, même en amputant le trio d’un membre, ils auraient su demeurer proches envers et contre tout, même si, tu ne peux le nier, ça te rassure quelque part que Tristam et votre cousine ne soient pas trop proches, il demeure ton frère jumeau et tu ne saurais supporter qu’une autre – même le sang de votre sang – te supplante à ses yeux. Tu inspires longuement, hausses nonchalamment les épaules et la dardes longuement du regard, comme tentant de la sonder, ce que tu faisais autrefois avec une aisance indécente tant tu la connaissais sur le bout des doigts. Mais aujourd’hui, c’est une étrangère à qui tu fais face ; laquelle te rappelle parfois brièvement des flashs percutant ta mémoire, te ramenant ta tendre cousine avant que son souvenir ne s’estompe dans un sursaut de lucidité. C’est fini. Ça va bientôt finir. Ça doit bientôt finir.
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MessageSujet: Re: ADELADRIEL † now, it's too late to apologize   ADELADRIEL † now, it's too late to apologize EmptyDim 23 Mar - 11:05

The one that wins will be the one that hits the hardest
Adélaïde & Galadriel



[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ce jour-là, à l’infirmerie, elle s’était jurée de ne plus jamais verser de larme pour son aînée ; promesse peu vaillante que pourtant elle était bien décidée à tenir. Aveugle, elle refusait de faire face à sa faiblesse, préférait proférer des insultes grotesques plutôt que d’avouer sa peine pourtant cuisante. Malgré les apparences cependant, elle n’était pas cette bête d’amertume vide, n’était pas ce monstre sans remords, aussi impassible que la couverture qu’il laissait paraître. Non. Quelque part, caché profondément, une enfant apeurée se recroquevillait dans le coin d’une chambre vide, lançait des SOS alarmants aux oreilles de ceux qu’elle aurait souhaité présents. Quelques mots. Quelques phrases mêlées de pleurs perdues sur un oreiller immaculé : Va, je ne t’aime plus. Mais l’amour dans toutes ses nuances ne se commande pas. Il donne comme il reprend, n’obéît qu’à ses propres règles, valeureux guerrier plein d’arrogance lorsque de sa poigne il traine les lois de la raison dans une boue salissante. Il n’est pas preux, ni honorable ; vil destructeur. Il broie les cœurs, détruit les âmes, ronge les carcasses, salit les promesses. Enflammé, il consume l’homme jusqu’à la moelle de sa condescendance et ne laisse derrière lui qu’un pantin de bois désarticulé. Vulgaire marionnette qui répond à ses ordres tel un bon petit soldat. Sa perfidie n’a d’égard que pour sa maladresse lorsqu’il dévaste quelques vierges effarouchées. Cruel. Il détruit tout. Il avait tout détruit. Son amour pour Galadriel l’avait rendue faible, innocente. La vipère avait perdu son crochet devant la fourrure étincelante de l’extraordinaire lionne. Toutes deux avaient tant perdu, tant à perdre encore. Les éclats de rires avaient doucement faits place aux éclats de voix et la complicité qui les liait s’était métamorphosée en une animosité vindicative. Et pourtant, malgré l’amertume de ses regrets, l’acidité de ses remords ; elle ne cessait au fond d’elle d’admirer sa sublime cousine. Elle ne cessait, du coin de l’œil, de guetter le moindre de ses gestes pour y déceler un signe, une faiblesse peut-être ; quelque chose qui ait été humain. Quelque chose qui aurait pu lui montrer qu’elle aussi, elle lui manquait. Mais jamais rien ; Galadriel restait fière, Galadriel restait forte. Alors elle avait fait profil bas, s’était estompée de son champ de vision pour ne plus être dans la ligne de mire. Pour un répit. Une pause de respect, histoire de compter les cadavres d’un camp comme de l’autre ; cadavres sanguinolents d’années d’histoire ternie par le temps qui n’avait cessé de s’écouler. Son maigre état de rébellion pourtant ne faisait pas le poids face à la tornade rouge et, bien qu’elle se soit laissée submergée par la colère, bien qu’elle en ait perdu son latin, qu’elle ait laissé son souffle dessiner la souffrance de ses dernières paroles, elle ne put s’empêcher de faire un pas en arrière quand sa cousine prit à nouveau la parole ; « T’as rien compris ! » Obstinée. En effet, elles ne se comprenaient plus. Et ce depuis longtemps. Bien des années. Alors pourquoi aujourd’hui aurait-elle du comprendre plus qu’un autre jour ? Le message avait pourtant été clair –cruel, mais clair-. Adélaïde fit un pas en arrière avant de finir contre le mur du couloir. Elle sombrait, perdait pieds ; s’écroulait sous les yeux rancuniers de la guerrière déterminée. Ses jambes tremblaient et les gouttes sur son cou ne cessaient de couler. Désespérément, elle préférait fuir le regard de Galadriel pour ne pas qu’elle y décèle sa faiblesse : celle que si longtemps elle avait voulu cacher pourtant. « C’est pas Goyle, le sujet, mais Tristam. Tu dis que t’es pas prête de le laisser, ton cher et tendre, alors, essaie de me comprendre, pour une fois, Adelaïde. Je suis prête à tout pour lui, est-ce que tu peux le comprendre ? N’importe quoi. Je… » Elle débordait. Le cirque avait assez duré. Baissant la tête, elle essuya une larme solitaire qui avait trouvé le chemin de ses joues. Blessée. Elle n’était pas seulement emplie de rancune ; elle était atrophiée, mutilée par les assauts véhéments de sa cousine. « Je laisserai jamais personne faire de mal à Tristam. » Une promesse prête à passer insignifiante aux oreilles de Galadriel mais qui pourtant à celles d’Adélaïde sonnait comme lourde de sens. Non. Jamais elle n’aurait laissé personne faire de mal à l’unique personne qui, malgré ses choix souvent douteux, n’avait cessé de la soutenir, de calmer ses sanglots. « Tu t’attaques pas à la bonne personne, cette fois. » Et malgré la fragilité de sa voix ; elle se voulait ferme. Son regard fuyant refusait toujours de croiser à nouveau celui de la Gryffondor, alors, pour masquer les choses, elle se baissa pour ramasser ses affaires et, habilement, elle tâchait de faire le tri dans le capharnaüm désordonné présent dans son esprit.

Elle masquait ses larmes avec assiduité pendant que son cœur refusait de cesser de saigner. Certaines plaies cicatrisent mal, ne cicatrisent pas. La sienne demeurait béante, aspirait tout sur son passage. La confiance, le courage, l’amour ; tout ça n’avait plus sa place. Peu à peu, elle réapprenait à prendre goût aux simples plaisirs de la vie avec Zane, à travers sa patience. Mais son inadaptation aux conventions sociales demeurait problématique. L’huitre peu à peu s’était repliée sur elle-même, avait appris à faire face : seule. Or, personne ne devrait avoir à lutter seule contre les aléas d’une vie souvent cruelle. Son désavantage n’avait fait que de la desservir là où d’autres s’en sortaient à dose d’huile de coude. Mais se livrer vraiment lui semblait aujourd’hui impossible : trop difficile. La trahison d’un être cher avait pour réputation de détruire une personne, la remplacer par une autre. Et elle avait changé, Adélaïde. Elle serait les dents pour étouffer les sanglots de l’enfant effrayer, rongeait son frein pour ne pas faire le plaisir de faiblir encore une fois à tous ceux qui se seraient fait une joie de la voir sombrer. Elle se revoyait, quelques années plus tôt, plongée dans un lit d’hôpital à se demander ce qu’elle aurait fait si son geste désespéré avait porté ses fruits. Une mort lente, silencieuse, douloureuse. Tant de choses à dire encore, à comprendre. Ce jour-là ; elle n’était encore qu’une enfant inconsciente. Obnubilée par l’éphémère et la fragilité du fil sur lequel reposait sa vie, elle avait voulu la défier. Défier le temps, défier les gens. Parce qu’elle s’est toujours cru plus forte que tout le monde, plus forte que cette vie qu’elle ne s’était pas choisie : Demain, ce ne sera plus Weasley. Plus forte qu’un nom, que cette amour inconditionnel que pourtant elle portait à de nombreux membres de sa famille. A cultiver sa différence, elle en avait presque oublié l’essence des choses et c’était aussi pour ça qu’elle était si faible devant Galadriel, car si quelqu’un au monde pouvait bien la rappeler à la raison, ce n’était d’autre qu’elle. Toujours elle. Adélaïde avait défié le ciel et elle avait perdu. Elle avait perdu la candeur de l’adolescence, l’innocence de l’enfance, s’était laissée piéger dans une spirale infinie de mal-à-l-âme. Rancœur. Amertume. Regret. Vengeance. Remords. Amour. Refoulé, toujours amour. Je t’aime. Un ne me quittes pas tremblant qui ne cessait de se perdre en écho contre les murs du château. Osant parfois quelque peu lever les yeux, elle regardait la force de son aînée qui restait immobile, droite, forte. Ne montrait-elle donc jamais ne serait-ce qu’une seule part de faiblesse ? Invincible. Mi- déesse, mi- femme ne partageant avec l’humanité que sa mortalité. Mais il lui sembla soudain déceler quelques faiblesses trop longtemps dissimulées, alors, elle baissa les yeux et laissa couler quelques larmes. Des larmes de douleur de voir où le temps les avait menées. Galadriel et Adélaïde, Adélaïde et Galadriel, au fond, c’était la seule chose en laquelle elle aurait du se permettre de croire. Là où Zane jamais n’aurait cessé d’aimer Alesya, l’amour d’une cousine lui, était éternelle, exclusif. Et dans ses yeux verts à cet instant, on pouvait y lire toute cette fragilité qu’elle avait longtemps cru envolée, tout cet amour que pourtant elle s’efforçait à toujours cacher. A bas la fierté. A bas l’ignorance. Qu’elle pleure elle aussi, déverse les flux longtemps barrés par un mur d’impassibilité. Et dans le doute d’être un jour assez forte pour porter le poids du monde sur ses épaules, elle se laissait choir. Faiblissait tout en veillant à ce que ses larmes soient invisibles. Qu’elles disparaissent, avant que tu ne relèves la tête.

Elle souffrait en silence, depuis longtemps, si longtemps. Alors les mots qui passent les frontières de sa bouche sont lourds de sens, cruels, dévastateurs, amers. Le pardon n’est jamais une chose aisée, il prend du temps. Etait-elle seulement prête à pardonner ? Etait-elle prête à oublier ces années plongée dans l’obscurité du doute, de l’insécurité ? «Mais t’as quel âge, putain ? » Peu surprise, elle se mordit cependant la lèvre inferieure pour accepter le flux de parole qu’elle savait suivre. Il allait faire mal, avoir raison de ses dernières forces. Alors, elle restait accroupie, soucieuse de ramasser ses affaires pour déguiser sa peine en mascarade. Elle avait toujours été la première à céder, autrefois, lorsque parfois, les éclats de voix fusaient dans le Terrier. Mais aujourd’hui… Aujourd’hui tout était différent comme au final rien ne l’était vraiment. Elle restait la plus faible, celle qui n’avait pas découvert toutes les armes pour lutter vaillamment. Mais elle n’était pas vaillante, Adélaïde, loin de là. La vipère avait toujours été plus lâche que ses cousins, que ses cousines, plus mesquine parfois, rusée également. Elle laissait les autres endosser le rôle du coupable pour ne pas avoir à justifier ses actes, pour ne pas avoir à payer les conséquences de ses méfaits. Galadriel le lui faisait remarquer parfois, au détour d’un sourire. Le courage lié à la lâcheté ; deux cousines hors des normes. « Mais bordel, Adelaïde ! J’me serai traînée à genoux, à tes pieds, pour que tu me pardonnes d’avoir été aussi conne. J’ai toujours espéré que, nous deux, ça puisse redevenir comme avant. Tu peux croire ce que tu veux, j’ai jamais cessé de t’aimer, de garder un œil sur toi ; j’aurai massacré n’importe qui, tant qu’il aurait pu s’en prendre à toi. Mais toi, t’as craché sur tout ça, juste parce que j’ai mis trois malheureux mois à accepter l’idée que t’es allée dans la seule maison que je pouvais pas supporter ? » Le jugement dernier ne se fit pas attendre. Il sonna ; froid, dur, amer. Mais l’enfant apeurée à ces mots refit surface et, chassant la rebelle déchaînée, elle releva la tête avec peine, coupable d’avoir fait tant de ravages. Elle se redressa et tâcha de s’éloigner un peu, histoire de ne pas montrer ces maux qui ne cessaient de la ronger de l’intérieur. Ses jambes vacillantes devenaient capricieuses, auraient voulu céder sous le poids des tremblements. Sa lèvre inférieure tremblotante masquait difficilement ses sanglots qui n’auraient su s’échapper. Dis lui que tu l’aimes. Elle aurait bien voulu, mais les mots faisaient mal, les mots ne voulaient pas sortir. « Je… je suis… » Non, c’était trop dur. Elle n’en était pas capable, alors, chassant tant bien que mal cet élan de fragilité, elle préféra de longs discours à de plates excuses, après tout, pour les discours ; elle avait été à bonne école : « J’avais besoin de toi Joy. J’avais besoin de toi plus que personne d’autre. » Elle en avait oubliait presque ce vieux surnom qu’elle lui donnait autrefois, elle avait tâcher d’oublier tellement : « Je me suis sentie trahie par la seule personne en qui j’avais foi absolue. Tu crois franchement que ça a été facile pour moi ? Plus que ma cousine, plus que ma sœur, t’étais ma meilleure amie, t’étais la seule personne pour qui j’aurais tué, la seule pour qui je me serais pas barrée en courant si elle était en danger. J’étais pas habituée à ce que ce soit toi qui fuis. C’était moi la lâche, ça a toujours été moi, alors oui, j’ai craché sur tout ça parce que ça m’a fait mal. Ca m’a fait tellement mal que j’me forçais tous les matins à sortir de mon lit quand même pour rien laisser paraître, parce que j’étais fière, parce que j’étais faible et qu’encore une fois j’ai préféré fuir que de venir te cracher tout ça à la figure. » En quelque sorte, elle lui avouait ses tords tout en ne sachant pas vraiment ce qu’elle attendait de cet acte délibéré. Une trêve peut-être. Une opportunité de ne pas avoir à se battre sur tous les fronts.


« Enfin, si ta famille se résume à Zane, tu peux tout à fait accéder à ma requête, non ? De toute manière, je n’ai pas cru comprendre que Tristam et toi vous étiez beaucoup fréquentés depuis Noël, non ? » Blessée d’avoir à nouveau à tenir face à des menaces, fatiguée de toujours répliquer par l’incisive, elle se contenta de froncer un peu les sourcils. Elle n’avait plus la force de se battre contre elle, n’en avait plus la foi. « Si c’est vraiment ce que tu veux, et bien soit. J’espère que vous vous porterez mieux sans moi, vu que c’est ce que tu sembles sincèrement penser. » Et face à sa surprise de te voir céder, tu préfères fermer les yeux. Plus jamais rien ne serait comme avant, ce temps était révolu. « J’en ai marre de tout ça. Ca me fatigue. Alors bon vent Joy, on arrête. J’arrête les frais, c’est fini. Fini… » Un pas en avant, dix pas en arrière. Et ce dernier mot lui restait fatalement dans la gorge, la séquestrait, la mutilait. Elle l’avait plus dit pour se convaincre elle même que pour réellement convaincre sa cousine. Après tout, qu’avaient-elles encore à espérer l’une de l’autre ?




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