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 Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)

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MessageSujet: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyDim 23 Déc - 10:26

Charles et Avaon avaient réquisitionné le carré de canapés qui entouraient une petite table basse, devant la cheminée de la salle commune des Gryffondors. A vrai dire, la réquisition était passée relativement inaperçue : il était dix-neuf heures et tous les élèves de la Maison étaient encore au dîner, à se lamenter sur les cours de la journée, sur les cours de la veille et sur les cours du lendemain, à méditer leurs projets pour le bal de Noël et à établir des pronostics pour le prochain match de Quidditch qui les opposerait aux Serpentards.

Les deux compères, eux, avaient mangé en quatrième visite pour pouvoir remonter dans leur tour et profiter du calme exceptionnel de la salle commune pour mettre au point leur prochain voyage. Si ce départ conjoint et précoce de la table des Gryffondors n’avait pas été sans éveiller, dans l’esprit de leurs voisins immédiates, et singulièrement de ceux qui connaissaient la réputation un peu volage d’Avaon, des doutes sur le motif réel de leur escapade, les deux jeunes gens n’en étaient pas moins sages.

A vrai dire, le lien qui les unissait était fort et solide, mais il n’était pas très intime. Il était rare que leurs conversations ne fussent pas consacrées à leurs aventures passées, présentes ou futures et une certaine pudeur toute masculine (et sans doute un peu stupide) les avait toujours empêché de parler ouvertement de leurs vies respectives, de leurs espoirs, de leurs sentiments, fussent de la plus simple et plus élémentaires des amitiés.

Bien entendu, pour Avaon, les choses ne s’exprimaient pas exactement dans ces termes. Il appréciait Charles. Il l’appréciait même beaucoup. Dans le monde du Gallois, cela n’impliquait pas nécessairement de mesures particulières, mais tout autre que lui, en proie aux mêmes impressions, en eût jugé différemment. Mais pour Avaon, entre l’amitié intense et l’amour, avec les garçons, il n’y avait pas une grande différence. Il aimait Charles parce que c’était Charles, sans trop se soucier de la manière de caractériser la chose.

Bref, ce soir-là, ils étaient tous les deux penchés sur une carte du nord de la Roumanie, que l’aîné des Gryffondors avait dégotté chez l’un des marchands qu’il paraissait connaître aux quatre coins de la Grande-Bretagne. Avaon parcourait du doigt les chemins, la ligne des montagnes, et expliquait que dans ces contrées infestées de vampires, il y avait probablement des artefacts anciens. Bref, c’était l’endroit rêvé pour passer deux des semaines de leurs vacances d’été.

Charles s’était lancé dans la liste à haute voix du matériel qui serait nécessaire, pendant qu’une Plume à Papote, posée à côté de la carte, prenait des notes. Un petit bruit insistant se fit bientôt entendre. Avaon se retourna pour jeter un regard vers une des fenêtres de la salle commune ; un hibou brunâtre tapotait la vitre de son bec. « Bouge pas, j’vais voir. » Le jeune homme se leva, ouvrit la vitre, détacha la lettre de la patte de l’animal qui s’envola sans demander son reste et le Gryffondor vint se laisser retomber dans le canapé, en face de Charles.

Ses yeux tombèrent sur l’emblème marqué dans la cire du cachet qui maintenait la lettre fermée et, aussitôt, l’air enthousiaste qui l’avait habité pendant toute la soirée s’évanouit. Il retourna la lettre pour vérifier qu’elle lui était bien adressée, l’ouvrit et en parcourut les quelques lignes d’un regard, avant de la replier lentement. Il y eut un instant de silence puis, d’une voix mal assurée, qui se voulait insouciante et dégagée, il tenta de reprendre la conversation : « Tu… Tu disais ? Il faudrait de l’ail. Oui. Pour… »

Il tordait nerveusement un des coins de l’enveloppe entre ses doigts. Son regard se perdit sur le feu qui crépitait dans l’âtre puis, sortant à nouveau de ses pensées, il acheva distraitement sa phrase : « Pour des potions de protection. »
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Charles A. Archer
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyMar 25 Déc - 17:34

    Voilà plusieurs jours que la salle commune des Gryffondors n'avait pas été aussi calme qu'en ce soir de décembre. L'effervescence qui animait les élèves à l'approche des vacances et du Bal de Noël avait laissé place à un silence réparateur lorsqu'ils étaient descendus prendre leur repas, mais Charles n'avait pas le temps pour se reposer. Assis en tailleur sur le plus grand canapé, il conversait rapidement avec son compagnon d'aventures, Avaon. Enfin, il préparait leur nouveau voyage. Un voyage qui, cette fois-ci, les emmènerait dans les contrées perdues du Nord de la Roumanie, véritable nid à créatures magiques. Si aujourd'hui la Transylvanie n'était plus qu'un vague souvenir d'une improbable magie dans l'imaginaire collectif Moldu, pour les Sorciers elle constituait un trésor pour la magizoologie et les anciennes formes de magie.

    Avec son livre Vie et Habitat des Animaux Fantastiques grand ouvert sur les genoux, Charles faisait l'inventaire de tout ce qui leur serait nécessaire. Un voyage de cette ampleur, dans un pays aussi dangereux nécessitait une préparation minutieuse, mais l'excitation qui avait gagné le jeune Gryffondor l'empêchait de réfléchir correctement, la véritable préparation commencerai plus tard. Et si Avaon ne parlait que de vampires, Charles lui rêvait de dragons.

    « Bouge pas, j'vais voir.  » dit Avaon. Charles ne comprit pas de suite. Ce fut en suivant son compère du regard qu'il s'aperçut qu'un hibou se tenait dans l'encadrement de la fenêtre, une lettre à la patte. Charles était si excité qu'il n'avait pas entendu le bruit du bec de l'oiseau sur la vitre. Il observa Avaon et se remémora leur rencontre. Il avait suffi d'une ballade dans la Forêt Interdite pour lier ces deux êtres à tout jamais. De fil en aiguille, de mésaventures en aventures, ils s'étaient rapprochés au point de devenir un élément vital dans la vie de l'autre, mais ils n'en parlaient jamais. Il était des sentiments dont les mots ne faisaient qu'affaiblir leur force, c'était le cas ici. Charles ne voulait pas leur donner de définition, les ranger dans une case. Ils étaient eux, et ils aimaient ce qu'ils étaient. Il repensa à leur dernière escapade dans les montagnes infectées de trolls au Nord de l'Ecosse, la précarité de leur situation, les attaques violentes des créatures écervelées et leurs vies mises en danger, autant de souvenirs que les deux Gryffondors garderaient en mémoire pour le reste de leur vie.

    « Tu… Tu disais ? Il faudrait de l’ail. Oui. Pour… Pour des potions de protection.  »  Charles hocha la tête sans même regarder son ami. L'excitation était telle qu'il ne remarquât pas que l'enthousiame d'Avaon était retombé. « Oui. Et il va falloir que je maîtrise mieux les Sortilèges de Désillusion si on veut s'approcher des Cornelongues roumain. Après tout, c'est là qu'il y a la plus grande réserve de dragons du monde ! Et avec un peu de chance, on trouvera même des Pansedefers ukrainien. Tu te rends compte ?! Des dragons, une des créatures les plus belles et les plus dangereuses du monde !  » Charles était aux anges. Depuis petit, il était tombé amoureux de ces animaux, et de la magizoologie en général. Il ne savait pas vraiment ce qu'il ferait de sa vie plus tard, mais une chose était sûre, elle serait pleine d'actions et de dangers. Peut-être Auror ou éleveurs de dragons... Il leva ses yeux remplis d'étoiles vers son compagnon en quête d'approbation. Ce fut à ce moment là qu'il se rendit compte que quelque chose manquait. « Qu'est-ce … qu'il y a ? » Sa voix trahissait une certaine inquiétude, il avait peur qu'il veuille faire marche arrière, et ne plus aller en Roumanie. Baissant les yeux, il avisa la lettre ouverte et comprit que les dragons n'étaient pas le problème d'Avaon. « Qui t'a envoyé cette lettre ? »
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyMar 25 Déc - 18:13

Vraisemblablement, Avaon n’exerçait pas une influence très salutaire dans l’existence de Charles. Son rôle d’aîné n’était-il pas de tempérer la témérité de ses plus jeunes camarades ? De leur apprendre la prudence et la patience ? Ne devait-il pas poser sur l’épaule de Charles une main paternelle et lui dire gravement que l’existence était pleine de dangers et que rien ne valait la chaleur du foyer, que le feu de la cheminée était un charme plus puissant que le souffle enflammé des dragons et que les princesses en détresse dans d’hypothétiques donjons n’avaient pas la douceur robuste et solide de Marise, l’aimable laitière du village ?

Or, l’aîné des Gryffondors ne faisait rien de tout cela. Tout au contraire, en rencontrant Charles, il avait sauté sur l’occasion de s’associer un compagnon d’aventures et n’avait pas attendu pour l’entraîner dans des périples toujours plus lointains, toujours plus longs et toujours plus dangereux. Malgré tout, Avaon mettait plus de soins à préserver la vie de son ami que la sienne propre. Et puis, sans lui, comment savoir si Charles ne se fût pas jeté tout seul dans la gorge du loup, sans soutien ni protection ?

Cela dit, il était indéniable que, lors de leurs longues séances de préparation, Avaon s’ingéniait beaucoup plus à nourrir l’imagination de son ami qu’à lui inspirer une sage pondération. Après tout, ils auraient toujours le temps, sur le terrain, entre deux attaques de créatures sournoises, de songer à la prudence. Les deux Gryffondors étaient trop jeunes pour procéder toujours avec une parfaite sagesse et cette retenue eût diminué de beaucoup le plaisir qu’ils avaient à préparer leurs futurs voyages.

Alors, naturellement, quand l’Enchanteur n’était plus là pour soutenir Charles dans ses dangereuses divagations, quand il ne renchérissait pas sur l’expérience fascinante qu’ils allaient avoir en s’approchant si près de créatures qui, vraisemblablement, n’auraient d’autres envies que de les gober tout crus, il manquait quelque chose à la jovialité inconsciente qui guidait d’ordinaire ces réunions. Hélas, le Gallois était un piètre comédien et il n’excellait pas lorsqu’il s’agissait de dissimuler ses émotions.

Le mensonge ne fut donc pas du tout convaincant quand Avaon répondit : « Rien. Rien du tout. C’est juste… Rien. » Certes. Le jeune homme se mit à fixer d’un air très concentré la carte de la Roumanie, à la recherche d’une quelconque singularité topographique qui méritât un commentaire, pour détourner la conversation. Hélas, l’inspiration n’était pas au rendez-vous et Charles, qui n’avait pas subitement perdu toute sa perspicacité, ne se laissait pas abuser par la réponse de son ami.

Avaon releva les yeux vers lui. Il y eut quelques secondes de silence, pesantes, puis le jeune homme murmura : « Azkaban. » Il retourna l’enveloppe pour montrer à Charles le sceau de la prison, sur le cachet de cire. Comme cette réponse n’était pas propre à dissiper l’inquiétude qu’il lisait dans les yeux de son ami, Avaon se sentait quelque peu contraint de donner de plus amples précisions. Et il devait bien s’avouer que, jusqu’à présent, le silence de plomb qu’il avait fait peser, même avec ses amis les plus proches, sur son enfance et tout ce qui pouvait s’y rattacher de près ou de loin ne l’avait guère aidé à surmonter ses problèmes.

Quelque besoin enfoui qu’il eût de se livrer cependant, sa pudeur et une certaine fierté mal placée le poussaient à balayer toutes les occasions qui se présentaient. Mais l’approche des fêtes de Noël entamait ses défenses. Il baissa à nouveau les yeux sur la carte et murmura ses explications : « Tous les ans, pour Noël, le Ministère m’invite à rendre visite à mes parents à la prison d’Azkaban. Officiellement, c’est… Humanitaire, disons. Officieusement, c’est plutôt un ordre qu’une invitation. Ils tiennent à ce que je sache bien ce qui attend ceux qui sortent du droit chemin. Tu vois, ils ont pas envie de trop indisposer ceux qui sortent des familles de Sangs-Purs. Les aristos. Mais ils ont pas envie non plus qu’on les accuse d’avoir la main légère. Du coup, ils me lâchent pas. J’suis un bon client. »

Ces quelques phrases constituaient certainement la plus longue et la plus intime confession qu’Avaon eût jamais fait à celui qui était pourtant l’un de ses plus proches amis. Mais le jeune homme paraissait déjà embarrassé de sa propre sincérité et, tentant de recomposer son visage et d’adopter un ton dégagé, il changea brusquement du sujet pour exploiter ce qui semblait faire, aux yeux de son cadet, l’intérêt principal de l’expédition : « Bref, peu importe. Donc, j’ai un ami qui étant ici, quelques années avant moi, et qui fait maintenant des études de dracologie en Roumanie. J’le contacterai. Peut-être qu’il aura des conseils. »
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Charles A. Archer
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyMer 26 Déc - 15:45

    « Rien. Rien du tout. C’est juste… Rien. » Charles ne se laissait pas tromper devant cette tentative de mensonge. Ce n'était pas au vieux singe qu'on apprenait à faire la grimace, même si en l'occurrence, Charles était le plus jeune. « Azkaban. » finit par lâcher Avaon, dans un murmure. Charles ne s'était pas attendu à cela. Regardant le cachet de l'enveloppe, plusieurs questions se bousculaient sa tête, questions qu'il ne poserait pas. Jusqu'ici, Avaon comme Charles n'avaient jamais parlé de tout ce qui avait pu se passer dans leur vie avant qu'ils eussent rencontré. Aujourd'hui encore, même avec son frère revenu à l'école, Charles n'en parlait pas, il ne voulait pas ; d'autant plus que la situation se compliquait toujours un peu plus. Voilà pourquoi il avait sauté de joie à l'idée de préparer un nouveau voyage. La perspective de s'éloigner de son frère était la bienvenue.

    Gardant ainsi ses questions pour lui, il attendit une explication de son compère. Il ne le forcerait pas à parler s'il ne le souhaitait pas. « Tous les ans, pour Noël, le Ministère m’invite à rendre visite à mes parents à la prison d’Azkaban. Officiellement, c’est… Humanitaire, disons. Officieusement, c’est plutôt un ordre qu’une invitation. Ils tiennent à ce que je sache bien ce qui attend ceux qui sortent du droit chemin. Tu vois, ils ont pas envie de trop indisposer ceux qui sortent des familles de Sangs-Purs. Les aristos. Mais ils ont pas envie non plus qu’on les accuse d’avoir la main légère. Du coup, ils me lâchent pas. J’suis un bon client. » Charles encaissa l'information sans broncher. Ainsi ses parents étaient enfermés à Azkaban. Il comprenait mieux le silence farouchement gardé jusqu'alors. Si les autres élèves l'apprenaient, sa vie deviendrait probablement un enfer. Quand à la lettre du Ministère, cela l'étonna. L'explication d'Avaon tombait probablement sous le sens et son statut de Sang-Pur l'avait certainement préservé de ce terrible endroit. S'il y avait bien une créature qu'il voulait éviter par dessus tout, c'était bien les Détraqueurs...

    Charles garda le silence, taisant tout commentaire mais aussi se etint de quelconque signe affectueux. En temps normal, il se serait rapproché, mis sa main sur la jambe de son interlocuteur mais avec Avaon, c'était différent. Quelque chose les retenait tout les deux. Et malgré cette absence d'affection physique, l'aîné des Gryffondors savait pertinemment que les sentiments et la compassion étaient présents. Soudain, Avaon changea de sujet, revenant à la préparation du voyage. Charles, lui, ne dit rien. L'engouement qui s'était emparé de lui au début de la soirée avait laissé place à un profond mélange de tristesse, mélancolie et compassion, saupoudré d'une once de regrets. Il chassa tant bien que mal l'image de la sombre prison et celle de son frère, en essayant de se concentrer à nouveau sur la carte. « Je connais bien la famille Weasley, et l'aîné Charlie travaille justement en Roumanie avec les dragons. Je demanderai à Hazel ou Joy si elles peuvent faire en sorte qu'on se rencontre. »

    Le cadet se pencha un peu plus sur la carte et son livre tomba sur le sol. Quand Charles le récupéra, il était ouvert sur la page Loup-Garou. Les récits Moldus sur la Transylvanie racontaient beaucoup d'histoires concernant les loup-garous. Peut-être en verraient-ils... Charles avait toujours trouvé ces créatures fascinantes : une dualité entre l'homme civilisé et la bête enragée... D'après la rumeur, des lycanthropes étaient à Poudlard. Charles se promit de partir à leur recherche. « Bon, comment on se débarrasse d'un loup-garou aussi déjà ? » Charles avait beau être l'un des meilleurs élèves en Soins aux Créatures Magiques, la révélation d'Avaon l'avait bouleversé au point d'oublier tout ce qu'il savait. Il regarda son livre, perplexe, puis le referma d'un coup sec avant de mieux examiner la carte. Si Avaon faisait l'effort de se recentrer sur leur expédition, il se devait d'en faire autant.
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyMer 26 Déc - 16:14

L’affaire Dilwyn était un secret de polichinelle. Si personne n’en parlait vraiment, c’était tout simplement qu’elle n’avait rien de très palpitant. Une histoire de mages noirs comme tant d’autres. Il n’y avait pas de puissances obscures et sinistres à l’œuvre, pas de personnalité charismatique qui eût menacé de dominer le monde, pas de grands mouvements de cape. Juste un couple de détraqués sanguinaires, dans un coin du pays de Galles. Certains des élèves les plus âgés l’avaient lu dans la Gazette, la plupart l’avait oublié et il n’y avait guère qu’Ambroise pour s’ingénier à le lui rappeler régulièrement.

Avaon, bien sûr, ne faisait rien pour exciter les mémoires. La majorité de ses camarades ne se posait tout simplement pas de questions sur ses parents et la vie en communauté, au sein de Poudlard, favorisait cette relative indifférence à l’égard de la famille de tel ou tel élève. Ses amis les plus proches savaient, en gros, qu’il avait grandi dans un orphelinat et cette seule information les retenait généralement de poser des questions, de peur de réveiller de douloureux souvenirs.

Charles, lui, ne savait rien. De temps à autre, Avaon se demandait ce qui le poussait à tout retenir, avec celui qui était pourtant l’un de ses plus proches amis. Parfois, il songeait simplement que l’occasion ne s’était pas présentée d’abord et que depuis, leur relation s’était un peu figée. Qu’il craignait que toute modification effrayât Charles et l’éloignât de lui. Alors, avec son cadet de Gryffondor, le Gallois se montrait particulièrement réservé — au point d’en devenir un peu inaccessible.

Précisément, après avoir parlé, il regretta de s’être trop étendu. Il avait littéralement cassé l’ambiance : leur enthousiasme commun était en miettes et Charles n’éprouverait probablement plus le même plaisir, désormais, à parcourir grimoires et cartes pour préparer leur expédition. Intérieurement, Avaon se reprochait d’être un si piètre acteur. S’il avait su mieux dissimuler ses émotions, Charles ne se serait rendu compte de rien et cette soirée eût continué à être, pour lui au moins, une occasion de réjouissances.

L’Enchanteur hocha la tête quand son ami évoqua Charlie Weasley. Avaon en avait un peu entendu parler, puisque Poudlard et singulièrement la Maison de Gryffondor étaient envahis, année après année, par les différentes générations de Weasley et qu’il était de la sorte un peu difficile de passer à côté de l’arbre généalogique. Il ne les connaissait pas plus que cela cependant — et il était sans doute plus prudent de multiplier les contacts sur place, pour mener à bien leurs projets.

L’esprit un peu vide, Avaon chercha toujours un moyen d’alimenter durablement la conversation — son regard tomba sur le livre de Charles et, à la question de son ami, il haussa les épaules. « J’sais pas. On les décapite ? » Certes, dans la mesure où les lycanthropes n’étaient finalement des bêtes sauvages qu’une petite partie de leur temps, ce n’était sans doute pas la mesure la plus civilisée. « On peut leur injecter une potion Tue-Loup en intraveineuse pour les calmer, mais j’pense pas que ce soit le plus simple. J’suppose que c’est comme avec n’importe quoi. On les assomme et on court très loin. » Une méthode rudimentaire mais qui avait de nombreuses fois fait ses preuves.

Avaon se releva pour aller fouiller dans la pile de livres qu’ils avaient entassé sur un fauteuil vide. Il tira l’almanach de l’année suivante et revint s’asseoir près de Charles, pour en tourner les pages. « On peut aussi être un peu malin et éviter d’y aller à l’époque de la pleine lune. Comme ça, ça fera un souci en moins. On aura amplement le temps de consacrer plus tard une expédition rien qu’aux loups-garous. » Le jeune homme trouva enfin le calendrier lunaire et se mit à le parcourir du bout de l’index, pour les mois de l’été.

Comme cette activité lui donnait une contenance et, surtout, une excellente excuse pour ne pas regarder Charles, il se sentit le courage de murmurer : « J’suis désolé, Charles. J’sais que t’aimes pas qu’on parle de trucs privés et j’voulais pas plomber l’atmosphère. » L’absence de perspicacité psychologique d’Avaon avait encore frappé : il était persuadé que c’était parce que Charles ne s’intéressait pas tellement à sa vie que le jeune Gryffondor paraissait embêté. D’une voix à nouveau faussement dégagé, le jeune homme reprit : « Voilà. Début août, par exemple. »
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Charles A. Archer
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyMer 26 Déc - 23:57

    « J’sais pas. On les décapite ? » Charles sourit faiblement à la réponse de son ami. * Allez, remotive toi ! Il est en train de faire un effort là ! * Charles ne savait même pas pourquoi il était dans cet état. Après tout, cela en avait toujours été ainsi entre eux, pourquoi devait-il s'offusquer maintenant de la volonté d'Avaon de refermer la blessure qu'il venait d'ouvrir, quand lui-même se refusait à lui parler de ses propres problèmes. « On peut leur injecter une potion Tue-Loup en intraveineuse pour les calmer, mais j’pense pas que ce soit le plus simple. J’suppose que c’est comme avec n’importe quoi. On les assomme et on court très loin. » Charles rit cette fois, un peu plus de bon coeur. Maintenant qu'il y pensait, il n'y avait pas de meilleure solution que d'assommer lesdites créatures. Le plus sage était en effet d'éviter d'y aller lors d'un cycle de pleine lune comme le proposait son compagnon, mais les lycanthropes exerçaient une fascination réelle sur le jeune homme. Aussi quand Avaon évoqua la possibilité de faire une expédition consacrée exclusivement aux loups-garous, la jovialité passée de Charles revint illuminer son visage.

    Pendant qu'Avaon parcourait son livre, Charles se leva et alla dans son dortoir. D'un coup de baguette, il ouvrit sa malle et chercha plusieurs livres. Quand il les eut trouvés, il chercha aussi ses Cartes de Chocogrenouilles dont certaines étaient à l'effigie des créatures qu'ils allaient rencontrer. Il redescendit aussitôt et posa le tout sur la table. Avaon profita de ce moment pour s'excuser. « Non, c'est pas ça, loin de là. Je... je me faisais du souci pour toi, t'avais l'air... C'est juste que je ne t'avais jamais entendu parler de ta famille, ça m'a un peu surpris. T'en fais pas, il n'y a pas mort d'hommes » lui dit-il avant de s'apercevoir de son erreur. * Pas mort d'hommes ! Ses parents sont à Azkaban, bougre d'âne. Aussi stupide qu'un troll ma parole ... » Charles leva les yeux au plafond, dépité par sa propre bêtise. Il fallait vraiment qu'il apprenne à réfléchir avant de parler. Il espérait qu'Avaon ne s'arrêterait pas sur sa dernière phrase, mais il y avait peu de chances...

    Se maudissant, Charles entreprit d'étaler ses cartes à la recherche des vampires célèbres mais aussi des dragons qu'ils étaient susceptibles de voir. Il ouvrit aussi ses livres. « Voyages avec les Vampires et Promenades avec les Loups-garous de Lockhart. Bon, je sais, l'auteur est un imposteur mais ce sont de vrais souvenirs qu'ils a volé à d'autres sorciers, donc son livre peut nous apporter quelques conseils salutaires. » Charles évita de lever les yeux vers son ami. Avaon s'était dévoilé à Charles, s'en était excusé et tout ce que le cadet trouvait à faire, c'était faire inconsciemment des blagues de mauvais goûts. Certes, ses parents pouvaient être à Azkaban pour d'autres motifs, mais le meurtre était souvent une raison bien courante. Le jeune Archer balaya cette pensée de sa tête. Il avait réussi à rire quelques minutes auparavant, il n'allait pas plomber l'atmosphère à nouveau.

    « Tu parlais d'artefacts anciens ? A quoi tu pensais quand tu disais cela ? » Avaon était un passionné de sortilèges doué dans l'élaboration de nouveaux objets magiques. Il était sans cesse en train de créer de nouveaux objets dont l'utilité pouvait parfois échapper à Charles mais se révélait fort intéressants. Parfois, Charles se demandait pourquoi le Choixpeau n'avait pas envoyé son compère chez les Serdaigles tant il était un esprit aussi érudit que libre et inventif, artistique même. Mais leur goût du danger partagé lui rappelait la raison de sa présence parmi les Gryffondors et Charles ne pouvait que s'en réjouir. Il n'imaginait plus sa vie sans Avaon et leurs expéditions.
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyJeu 27 Déc - 0:27

Le doigt d’Avaon s’était figé sur le livre. Pas mort d’homme ? Le jeune homme doutait que ce fût l’avis de la famille de la vendeuse que ses parents avaient méthodiquement réduite en pièces. Et ce n’était là que ce qui était assuré ; Dieu seul savait les autres crimes que le couple avait pu commettre. Malgré lui, le jeune homme commençait à se demander si la raison mystérieuse qui les poussait, Charles et lui, à ne jamais se parler à cœur ouvert n’était pas une certaine insensibilité.

Le sorcier déglutit péniblement et s’abstint de toute réponse. Cette petite mésaventure de la conversation lui confirmait une chose : il était inutile et même dangereux de s’ouvrir, fût-ce en quelques mots elliptiques, sur son passé. Cette constatation était un peu amère et le Gryffondor sentit son cœur se serrer. Pendant un instant, peut-être sans en avoir conscience, il devait avoir cru fugacement à la possibilité d’un réconfort et désormais, il se reprochait de s’être laissé aller à une pareille naïveté.

Avaon referma un peu brusquement son almanach pour le poser à côté de lui et, faisant tous les efforts du monde pour ravaler sa peine, ce qui constituait, après tout, l’une de ses grandes spécialités, il porta son attention sur le volume de Lockhart. Avaon n’était pas réputé pour son intolérance livresque et, en matière de lectures, il allait des manuels de cuisine aux traités les plus complexes. Tout était toujours bon à prendre et, ce soir-là, n’importe que livre ferait l’affaire pour détourner son esprit de la réponse de Charles.

Les yeux toujours fixés obstinément sur la carte qu’il ne voyait même plus, Avaon mit quelques secondes à se tirer de ses pensées pour répondre à la question de Charles. D’une voix un peu automatique, un peu fatiguée, il commença : « A la fin de la dernière grande guerre des Moldus, après la chute d’Antonescu, l’Union Soviétique a étendu son influence sur la Roumanie et, comme partout ailleurs, elle a entrepris une campagne de rationalisation. Une partie des artefacts magiques anciens qui étaient encore mêlés à la culture populaire moldue a disparu de la circulation. Il paraît qu’il y a des caches dans les montagnes. Les descendants ont complètement oublié de quoi il était question et ça dort là. »

Comme à son ordinaire, Avaon n’écartait pas, pour éclairer l’histoire du monde magique, les grands événements de l’histoire des Moldus, quoiqu’il ne connût cet univers lui-même que très indirectement. D’habitude cependant, ses explications étaient beaucoup plus détaillées et surtout beaucoup plus enthousiastes — ce soir-là, il donnait plutôt l’impression de reformuler sans y prendre trop garde une notice encyclopédique, pour en livrer la substantifique moelle à un élève qui lui aurait posé une question, après une longue journée de cours.

Avaon se releva pour retourner vers le fauteuil aux livres, sans prendre conscience que son geste était guidé plutôt par un désir de s’éloigner un peu de Charles que par la réelle nécessité de compléter ses connaissances à l’aide d’un quelconque ouvrage. Il en saisit un sur l’histoire de l’artisanat magique dans l’Europe de l’Est, rédigé en allemand, qu’il avait apporté pour l’occasion et, au lieu de venir se rasseoir à côté de son ami comme il l’avait fait jusque là, il alla se rapprocher de la cheminée, pour feindre de profiter du feu.

Tenant le livre d’une main, tournant les pages d’une autre, il reprenait d’une voix plus pensive et, malgré tout, un peu plus concernée par ce qu’il disait : « Je suppose qu’il y a aura un certain nombre d’objets de protection. Des talismans, peut-être des crucifix. Des objets pour les personnes et pour les maisons. Vraisemblablement, des articles de nécromancie. Des coupes pour préserver la vie dans le sang mort. Des poignards sacrificiels. Ce genre de choses. »

Avaon s’interrompit, en se rendant compte que les derniers objets qu’il venait d’évoquer, il en tirait la connaissance beaucoup plus des souvenirs de son enfance que d’une quelconque lecture. Il y eut quelques secondes de silence, pendant lesquelles ses yeux se firent un peu humides, puis il cligna rapidement des paupières pour refouler ses larmes et reprit d’un ton mal assuré : « Aussi des… Des choses plus répandues. Des instruments d’orientation magique. Ou… Des bâtons de pouvoir. Les ancêtres des baguettes, quoi. »
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Charles A. Archer
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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyLun 14 Jan - 23:08

    Encore une fois, le manque cruel de tact de Charles se faisait ressentir. Il pouvait presque palper le silence qui avait investit la salle commune tant il était dense. Il n'osait plus lever les yeux vers son compagnon. * Pas mort d'hommes... * Charles réfléchissait à toute vitesse. Ce silence gênant en disait long quant à la raison de la présence des parents d'Avaon à Azkaban. Ils avaient tué... Charles comprit l'ampleur de l'ineptie qu'il avait pu sortir et se sentit encore plus mal-à-l'aise. Pas parce qu'il avait en face de lui un enfant de meurtrier, non, Avaon restait son ami, peu importait qui étaient ses parents ou ce qu'ils avaient pu faire. Non, Charles était mal-à-l'aise pour son ami : cette situation était déjà très gênante pour lui, il ne pouvait s'imaginer alors ce qui pouvait se passer dans la tête de son aîné.

    Le temps défilait lentement, et Charles cherchait désespérément quelque chose qui attirerait son attention pour changer de sujet. Il ne savait plus comment ils en étaient arrivés là, comment cette soirée qu'il avait attendu avec impatience avait pu devenir si tendue... Avaon brisa la silence en répondant à la question de Charles. D'une manière générale, le jeune Gryffondor se perdait souvent dans les explications d'Avaon tant elles pouvaient se révéler compliquées, pleines de savoir ; il lui était déjà arrivé de lui répondre sans avoir compris au préalable de quoi il parlait ou même de se perdre dans le fil de leurs discussions – c'était souvent de cette manière qu'il s'apercevait que, malgré ses bonnes notes, ses connaissances étaient assez limitées – mais ce soir, il portait une attention particulière sur chaque mot que son compère utilisait. Ce n'était pas la soif de savoir qui l'intéressait, il cherchait juste désespérément quelque chose à quoi se raccrocher pour changer de sujet, passer à autre chose et oublier ce regrettable incident. * Pas mort d'hommes... *

    Interrompant son explication, Avaon se leva et se rapprocha du feu. Charles leva la tête et regarda son ami s'éloigner. Il le fuyait, Charles l'avait compris. Il s'était ouvert sur son passé qui n'était pas des plus joyeux, et Charles avait trouvé le moyen de faire un mauvais jeu de mots A présent, Avaon se garderait bien de retenter l'expérience, pensant probablement Charles trop immature ou finalement pas digne de lui pour s'ouvrir de la sorte. Cette pensée chagrina le jeune Archer. Mais bientôt, l'énumération des objets magiques aux sombres desseins attira son attention. * Pas mort d'hommes... * Charles fixa son ami des yeux. * Pas mort d'hommes... * Rien ne lui échappa, ni le clignement des paupières pour chasser les larmes qui montaient, pas même le manque d'assurance – qui ne lui était pas familier – dans la voix d'Avaon.

    Un nouveau silence s'installa après l'explication, toujours aussi pesant. Charles n'en pouvait plus. S'ils ne parlaient pas maintenant, l'incident entacherait à jamais leur amitié et les éloignerait. Aussi se décida-t-il à rompre le silence. «  Écoute Avaon, je … Comment dire … Je suis désolé pour ce que j'ai dis, je voulais pas te blesser. Ce n'est pas parce que t'es parents sont à Azkaban que ça va changer quoi que ce soit entre nous, tu es mon ami. Et.. Et je veux que tu saches que tu peux me faire confiance, tu peux me parler si t'en as envie.. » Charles sentit sa gorge se serrer, et déglutit avec quelques difficultés. Il laissait une chance à Avaon de s'ouvrir et lui parler, mais il avait peur que ce dernier ne le fasse pas. Il continua de fixer son acolyte droit dans les yeux, sans ciller, comme s'il le mettait au défi de parler. Après tout, leur amitié était basée sur le danger et les défis que les deux sorciers aimaient s'imposaient et ce défi là était d'une toute nouvelle ampleur.


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MessageSujet: Re: Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles)   Sans peur & sans reproche. Presque. (Charles) EmptyMar 15 Jan - 18:49

Les yeux toujours fixés sur son ouvrage, Avaon faisait de mine de ne pas se rendre compte qu’un silence pesant s’était abattu sur la salle commune des Gryffondors. L’aîné des deux acolytes parcourait des yeux les lignes de texte sans les voir et son esprit, trop préoccupé par les souvenirs que la conversation ne cessait plus, désormais, de faire remonter en lui, ne parvenait pas à se concentrer assez pour retrouver la rigueur d’une syntaxe allemande et suivre les explications sur tel ou tel artefact légendaire, sans doute perdu mais dont on avait identifié des reproductions dans divers musées d’Europe.

Machinalement, le jeune homme cherchait une porte de sortie. Ce rendez-vous dont il s’était fait un plaisir était devenu une petite séance de torture et l’idée que cet ami si proche en fût la cause, sans doute involontaire, ajoutait une tristesse amère à la violence silencieuse de l’instant. Avaon avait beau, à trop examiner la situation, de se rendre compte que son affection pour Charles était disproportionnée et que leur pudeur couvrait une incompréhension beaucoup plus qu’une entente intuitive.

Quand il entendit la voix de Charles s’élever à nouveau et qu’il comprit que le jeune homme ne consentait plus à prétendre qu’il ne s’était rien passé, Avaon sentit une crispation involontaire parcourir son corps. Révéler à son ami le contenu de la lettre et expliquer, même en quelques mots, les raisons de son envoi, avait constitué déjà un effort considérable pour celui qui maintenait à propos de son enfance un silence de plomb et, après une première déconvenue, il se sentait incapable de recommencer.

Du reste, il était persuadé que l’intérêt de Charles ne naissait plus que d’une politesse compatissante, peut-être même simplement de l’embarras. Tout ce qu’Avaon voyait, c’était qu’il n’avait pas su assez dissimuler son trouble et qu’il l’avait imposé à un interlocuteur qui ne désirait guère s’en occuper. Les derniers mots de son ami lui firent l’effet d’une formule de pure courtoisie, que Charles prononçait sans vraiment le penser.

Il y eut quelques secondes de silence pendant lesquelles Avaon rassembla son courage et recomposa un air calme avant de relever finalement les yeux de son livre pour les poser sur Charles — enfin, plus ou moins près de Charles, un peu à côté, pour ne pas avoir à croiser son regard. Le jeune homme força un sourire et répondit : « T’excuses pas, c’est pas grave. Et puis, j’ai pas envie de t’ennuyer avec ça… » Ce n’était pas très convaincant et l’on avait plutôt l’impression qu’Avaon s’excusait d’avoir évoqué les problèmes d’isolation de sa résidence d’été.

Néanmoins, le Gryffondor était bien déterminé à éluder totalement le problème, comme il l’avait toujours fait, et à miser sur ses talents (tout à fait inexistants) de psychologue et de comédien pour donner le change désormais. Il essayait de ne pas songer qu’une semblable décision revenait à enterrer une amitié qu’il avait crue, à tort peut-être songeait-il à présent, solide et intime et, pour convaincre Charles que décidément tout allait bien dans le meilleur des mondes, Avaon tira un fauteuil pour le placer en face du canapé où son ami était installé — et maintenir la table basse entre eux.

Il pointa de l’index un endroit dans les régions montagneuses. « Les dragons sont là, si je me souviens bien. La réserve doit comprendre toute la chaîne ici. Nous, on pourrait arriver à Cluj-Napoca, traverser la Transylvanie jusqu’au fleuve Mures. Murech. Je sais pas comment ça se prononce. Bref. Ensuite, on le remonte jusqu’aux Carpathes, à l’Est. En deux semaines, c’est peut-être faisable. » Avaon avait adopté une méthode éprouvée : noyer son interlocuteur sous un flot de paroles pour éviter de parler de l’éléphant dans la pièce. Il mesura la cartouche de l’échelle entre son pouce et son index et entreprit de reporter la distance sur la carte, en calculant la distance réelle. « Si on loue une voiture et qu’on l’enchante un peu, on devrait pouvoir parcourir la distance de la ville aux terres intérieures assez facilement, et ensuite, on pourrait partir en trek vers la montagne. Il faudrait calculer le budget, du coup. »

Aussitôt dit, aussitôt f ait. Il sortit un parchemin, une plume et de l’encre, pour entreprendre d’énumérer à haute voix les dépenses qu’ils seraient susceptibles de faire et les reporter sur un tableau.
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